
les efpions ou gens mal intentionnés, d’y mettre
le feu. Il feroit bien à fouhaiter que le général eût
toujours d,es états bien exaéls de ce qui fe trouve
dans chacun des magafins de l’armée ; on éviterait,
par-là , dans dss circonftances malheurcufes ou
Ion fe trouve obligé de les diffiper & de les.abandonner
, l’inconvénient de s’en rapporter pour leur
eftimacion , a la bonne foi de ceux qui en font
chargés. D ’ailleurs , le général feroit par-là en état
de juger fi les entrepreneurs des vivres rempliffent
exaéîement les conditions de leurs marchés pour la
quantité des munitions qu’ils doivent fournir. M de
Santa-Cruz prétend qu iI eft à propos que le général
ait des gens afidés.qui vifitent les magafins , St qui
lui rendent urr compte exaâ de l ’état des provi-
fions , pour s’affurer fi elles font conformes aux
mémoires que les entrepreneurs en donnent: «.Ces
fortes de gens , dit cet auteur, font dans l'habitude
de différer l’exécution des engagements auxquels
ils font obligés, dans l ’efpérance de trouver quelque
conjoncture favorable d’acheter à bon marché, &
de pouvoir faire pafi’er pour bon ce qui eft gâté, ou
de manquer à leur traité par malice ou par nonchalance
, en difant toujours que tout eft prêt ; ce qui
peut, continue toujours le même auteur , être
caufe de la perte d’une armée qui , fur cette
croyance , fe fera mife en campagne ». ( Refi.
mïlit. ).
M a g a s i n a p o u d r e . On ne faifoit point autrefois
de magafins à poudre, comme on le pratique
actuellement dans notre fortification moderne. Ôn
la ferroit dans des tours attachées au „corps de la
place ; ce qui étoit fujer à de grands accidents : car
quand le feu venoit a y prendre , foit par hafard
ou par trahifon, il fe formoit une brèche dont l’ennemi
pouvoit fe prévaloir pour fe procurer la prife
xle la place.
Les magafins à poudre , fuivant le modèle de
M. le Maréchal de Vauban , ont ordinairement dix
toifes de longueur dans oeuvre, fur vingt-cinq pieds
de largeur. Les fondements des longs côtés, ont
neuf ou dix pieds d’élévation. Sur ces fondements ,
on élève des pieds droits de neuf pieds d’épaiffeur ,
lorfque la maçonnerie n’eft pas des meilleures , &
de huit pieds feulement, lorsqu’elle fe trouve com-
pofée de bons matériaux. On leur, donne huit pieds
de hauteur au-deffus de la retraite ; de forte que i
quand le plancher du magafin eft élevé au- deffus du !
rez-de-çhauffée , autant qu’il eft néceffaire pour le
maître à l’abri de l’humidité, il relie à-peu-prés fix
pieds depuis l’aire du plancher jufqu’à la nailfance
de la voûte. Cette voûte , qui eft à plein cintre , a
trois pieds d’épaiffeur au milieu des reins : elle eft
compofée de quatre voûtes de briques répétées
l ’une fur l ’autre ; l’extrados de la dernière eft terminée
en pente , dont la direction fe détermine en
donnant huit pieds d’épaiffeur au-deflus de la clef;
ce qui rend l'angle du faîte un peu plus ouvert i
qu’un droit.
Les pignons fe font chacun de quatre pieds |
MAI
d’épaiffeur , élevés jusqu’aux pentes du to it, &
meme un peu au-deftiis. Les pieds droits ou longs
cotes, fe fou tiennent par quatre contre-forts de fix
pieds d’épaiffeur, & quatre de longueur, efpacés
de douze pieds les uns des autres.
Dans le milieu de l’intervalle d’un contre-fort à
1 autre , on pratique des évents pour donner de l’air
aux magafins. Les dés de ees évents , ont ordinairement
un pied & demi en tout fens ; tk l’efpace vuide
pratique autour, fe fait de trois pouces de largeur ,
contournés, de manière qu’ils aboutiffent au parement
extérieur & intérieur, en forme de créneaux.
Ces des fervent à empêcher que des gens mal intentionnés
ne puiffent jetter quelque feu d’artifice
pour faire fauter le magafin. Pour prévenir ce malheur
, il eft encore à propos de fermer les fentes
des évents par plufieurs plaques de fer percées ,
parce qu’autrement , on pourroit attacher à la
queue de quelque petit animal, une mèche ou quel-
qu'autre artifice , pour lui faire porter le feu dans
les magafins ; ce qui ne feroit pas difficile , puif-
qu on a trouvé plufieurs fois dans les magafins à
poudre , des coquilles d’oeufs & des volailles que
les fouines y a voient portées'. ((Science des Ingénieurs
, par M. Belidor ).
Les magafins à poudre, ainfi conftruits , font
voûtés à l ’épreuve de la bombe. Il ne leur eft arrivé
aucun accident à cet égard dans les villes qui;
Ont le plus fouffert des bombes. Il en eft tombé
plus de 80 fur un des magafins de Landau , fans
qu’il en ait été endommagé. La même chofe eft
arrivée dans les fiièges de plufieurs autf.es villes ,
notamment au fiège de Tournay de 1709 : les alliés
jettèrent plus de 45,000 bombes dans la citadelle
, dont le plus grand nombre^omba fur deux
magafins qui n’en furent point ébranlés.
Les magafins à poudre fe placent ordinairement
dans-Je milieu des baftions vuides : ils y font plus
ifolés de la place en cas d’accident, & entièrement
cachés à l’ennemi par la hauteur-du rempart. Il y a
cependant des ingénieurs qui les font aufll conf-
truire le long des courtines , afin de fe conferver
tout l’efpace du baftion, pour y former différents
retranchements en cas de befoin.
Pour empêcher qu’on n’approche, des magafins ,
on leur fait un mur de clôture à douze pieds de
diftauce tout au tour: on lui donne un pied &
demi d epaiffeùr , & neuf ou dix de hauteur.
La poudre , qui eft ea barri!, s’arrange dans le
magafin, fur des efpèces de chantiers , à-peu-près
comme on arrange des pièces de vin dans une
cave. ( Voyei Belidor, Science des Ingénieurs ).
MAIL ou MAILLET. Arme de main : efpèce de
long marteau dont on fe fervoit autrefois dans lès
combats : « Jean V , duc de Bretagne , dans un
mandement pour convoquer les* communes de
fon duché, leur marque , entr’autres armes dont
les foldats pourraient être armés , un mail de
plomb ».
« En
„ En 1351 , dans la bataille des trente , fi fa-
stfcufe dans les hiftoires de Bretagne, & qui fut
ainfi nommée du nombre des combattants, qui
étoient trente de chaque côté, les uns du parti de
Charles de Blois & du Roi de France , & les autres
du'parti du comte de- Montfort & du roi d’Angleterre
dans cette bataille, dis-je , pu plutôt ce
combat, il eft marqué que Biileforr, du parti des
Anglois , frappoit d'un maillet pefant vingt-cinq
livres ; que Jean Rouffelet, chevalier, & Trillan de
Peft.ivien , écuyer, ..tours deux du parti françois ,
furent abattus d’pn coup de mail, & Triftan^de
Peftivien , autre écuyer du même parti, bleffé d un
coup de marteau/».
« Une autre preuve de l ’qfa.ge des maillets pour
les foidats, eft ce qu’on rapporte de la (édition des
Parifiens au epmçnenceme,nt du .règne de Charles
V I , où, la populace.,, auTpjet des. nouveaux impôts
, força l’arfehal ,"&Jen tira quantité de maillets
pour s’armer. Ôtaffommer les commis des douanes ;
ce qui fit donner à ces fédîtieux lé nom demàïllo-
tïns ». ( Daniel, Mil. Frahp.). (Q ) -
MAJOR. Officier chargé des détails du feryiee
des troupes. n
M a j o r -G é n é r a l . C’eft un des principaux officiers
de l’armée. Il donné l’ordre quil a reçu de.
l ’officier-général, à tou-ts les majors des brigades ;
ib-ordonne les détachements, & il les voit partir ;
il àffigne aux troupes les’poftes qu’elles doivent occuper.
Il doit tenir .un regiftrè exaét de ce que
chaque brigade doit fournir de troupes, & commander
les colonels |&c,lieurenants1-colon e l;s , félon .
leur rang : il doit aiifiî avoir grande attention que
le pain foit.bon, & qu’il ne manque rien aux
fpid^tj^. • ; r . .. .. , ; , . . .
Le major-général y a au campement avec le maré-
chal-de.-camp dé jour : il diftribue aux majors des
brigades , le terrei-q que. leurs brigades doivent oc-
cu,per. i .... _, , , : _ , •
Le jour d’une bataille , 1 emajpr général reçoit du ■
général le plan de fon armée , pour avoir la diftri-
butiçn dé l'infanterie. S.cs! fondions dans un fiège
font fort .étendues: il. avertit les troupes qui montent
la tranchée , les détachements & les travailleurs;
il commande, le nombre de fafeines & de
gabions qui convient chaque jour , & il a foin de
faire fournir généralement tout ce qui eft néceffaire
à la tranchée. Cet emploi demande lin officier act
if, diligent, expérimenté, & bien entendu en
toutes cliofes. On lui paye 600 liv. par mois de
quarante-cinq jours , fans le pain de munition. Il a
pour le foirlager, deux aides-majors - généraux
plufieurs autres aides. Les aides - majors-généraux
font d'anciens officiers qu’on prend dans l’infan^
terie : il ont too écus par mois de campagne , ou
de quarante-cinq jours.
Chaque brigade d’infanterie eft obligée d’envoyer
un fergent d’ordonnance chez le major-
général : il s’en fert pour faire porter aux brigades
les ordres qu’il a à leur donner»
f in militaire. Tome I I lt
Cette charge eft de la création de Louis XIV :,
telle ne donne point rang parmi les officiers-géné-
•raux ; mais , le major-gcnéipt. a toujours quelque,
■ grade, foit de brigadier , de maréchal-dc-eamp »
ou de- ljeutenant-génér.al.
Quand le major-général vifite les gardes ordinaires
& autres détachements portés autour de l’armée
ou ailleurs , elles doivent le recevoir étant
fous les armes , mais le tambour ne bat pas.
Qn trouve fous Charles IX , dans un regiftre
de l'extraordinaire des guerres de 1.568 , «n major
de l’infanterie, françoife.
M a jo r DE b r ig a d e d e - ca v a le r ie OU d i n f a i -
te rie. C ’èft un officier qui. prend l’ordre du major-
général, & qui le donne aux majors particuliers
des régiments. C ’eft à lui à tenir la main que les
détachements qu’on commande de fa brigade
] {oient complets. Il doit les mener au rendez vous,
i foit pour les gardes , foit pour, les .détachements :
c’eft lui qui porte l’ordre au brigadier. Il doit affifter
aux diftributions des vivres qu’on fait aux troupes
de fa brigade : c’eft lui qui fait faire l’exercice aux
troupes dont elle eft compofée.
Ma jo r de r é g im e n t . Cet officier fait à-peu-
près dans le régiment les mêmes fonctions que le
major - général. dans rinfanterie.. Il eft chargé de
| faire, les logements , d’affembler , infpeâer & faire "
monter les garde-s & détachements ; d’aller prendre
l’ordre du majar, de le porter.au commandant, de
le donner aux fergenrs ou maréchaux-des-logis : de,
veiller à la police & ,discipline du corps , de l’exercer,
&.c. ■ • ' ' • ' - 1 ‘ ' *•. - -
Tout major > foit -d'infanterie , de ^cavalerie oti
de dragons., tient, du. jour de la date de fa cpm-
miffion de capitaine, rang av.ee ceux de fon régiment
, & commande à touts les capitaines reçus
i après lui.
Ils peuvent vifiter les régiments & compagnies ,
foit dans les villes ou dans le plat pays , au fît
; fouvent qu’dis le jugent à propjos : ils affiftent
; aux revues que les infpeâeurs ou commiffaires ea
font. : , -■ ■ -■ ■ ■ ‘ / ' • ■
Un major de cavalerie , peut, fe mettre a la tete
de l’efcadron de fon régiment, & le commander
toutes &.qnantes fois il le défire , lorfque fon rang
lui en donne le commandement.
Les majors doivent en campagne , tenir un état
des travailleurs , ainfi que des fafeines & gabions
. que le rég.ment fournit, fuivant le .nombre que
le major-général en .demande à la br.igade , afin
| que lorfqù’iïs .reçoivent le payement , ils puiffent
faire exaélement .â chacun le compte de ce qui lui
revient. - a
Ils doivent de plus tenir un contrôle bien exsél
des officiers qui marchent aux travailleurs pendant
un fiège , afin que dans un autre on continue le
tour : les différents mouvements que les régir
ments font n’y doivent apporter aucun changement..
-c- ^ -
Ils doivçat aiîlfi «ocfçryer le contrôle des pffi