tion , connoître les difficultés & les reflburces qui
peuvent les vaincre ; être pénétrant, honnête &
jufte dans le choix de ceux auxquels il donne fa
confiance. Toutes ces qualités, ou du moins la
plupart, le font trouvées réunies dans M. Paris du
Verney. Il avoir de grandes vues , étoit aélif,* v igilant
; rien ne l’embarraffoit. Il favoir prévoir les
opérations du général , vaincre les difficultés par
fes précautions , & faire fùbfifter les armées dans
l’abondance. Au contraire , les munuiohnaires qui
ne connoiffent le fervice que de nom , ou qui n’ont
que des notions relatives aux fournitures de garni-
ions , trouvent tout difficile ou impoffible , même
dans les pays remplis de denrées & traverfés de
rivières navigables. Ils n’ont aucune reffource dans
l’imagination , aucun expédient dans la pratique ;
le fond 8c la forme les inquiètent également ; la
cupidité les éblouit; la parcimonie les rend tenaces
fu r ie s dépenfes les plus néceffaires , 8c les fait
marcher terre-à-terre d’un pas timide & chancelant.
Le miniftre de la guerre ne doit pas avoir beaucoup
de confiance dans un munitionnaire qui offre
de fe charger du fervice des vivres à quelque prix
que ce foit. Il ignore les premiers éléments de fon
entreprife ; il ne prévoit pas les mécomptes , les
jnalverfations de fes fubordonnés , dont l ’unique
but eft de s’enrichir ; malverfations dont il peut
bien diminuer le nombre , mais qu’il ne peut empêcher
entièrement au milieu d’opérations variées,
imprévues , toujours vives' & fouvent tumul-
tueufes; ou il efpère des indemnités quelquefois
très difficiles à obtenir, ou il compte remplacer la
médiocrité du prix par des manoeuvres déshonnêtes.
Le choix du munitionnaire d’une armée eft de la
plus grande importance. Il faut bien moins s’y arrêter
aux claufes du marché qu’aux talents & aux
qualités qui peuvent affurer le fervice. Sans eux ,
avec le marché le plus avantageux en apparence ,
l ’armée peut courir les rifques de manquer de
pain, & le général d’être arrêté dans fes opérations
faute de fubfiftances.
Le munitionnaire doit auffi avoir une réputation
fondée fur des talents éprouvés , des fervices réels,
8c un grand crédit, qui ne peut être fondé que fpr
une probité reconnue. Il y a des cirçonftances où
çes conditions peuvent mettre à couvert la chofe
publique ; on a vu dans la guerre terminée en
1714 , un. munitionnaire général ( M. Fargès ) ,
trouver, par fon crédit, les moyens de foutenir
dans une difette d’argent & de grains, le fervice
des vivres.
MUNITIONS. Provifions des chofes néceffaires
aux troupes. On diftingue les provifions en munitions
de guerre , qui font la poudre , les boulets ,
bombes, balles, grenades, &c. ; & en munitions
de bouche , qui font les vivres & les fourrages.
Lorfqu’on a deffein de faire »la guerre , les mu-
gîtions de toute efpèce ferment un objet qui mérite
la plus grande attention. Il faut en faire des
amas de longue main , & comme on ne le peut
fans argent, on peut établir que l’abondance de
ce métal eft d’une néceffité abfolue pour fe préparer
à la guerre. On a déjà obfervé , article
Guerre, que lorfque Henri IV eut deffein de
porter la guerre en Allemagne, M. de Sully l’engagea
à fufpendre fes opérations jufqu’à ce qu’il
eût dans fes coffres de quoi la faire plufieurs années
, fans mettre de nouvelles impofitions fur fes
peuples. Lorfque Perfée fe préparoit à la guerre
contre les Romains, il avoit en réferve, outre les
fommes néceffaires pour la folde & la dépenfe de
fon armée, de' quoi ftipendier dix milles hommes
de troupes étrangères pendant dix ans. Il avoit
amaffé des vivres pour un pareil nombre d’années ;
fes arfenaux étoient remplis d’armes pour équiper
trois armées auffi nombreufes que celle qu’il avoit
fur pied; les hommes ne dévoient point lui manquer;
au défaut des Macédoniens , la Thrace lui
en offroit une fource inépuisable. Si ce prince avoit
porté la même conduite 8c la même prudence dans
le refte des opérations de la guerre à laquelle il fe
p réparo iton peut douter s’il n’auroit pas trouvé
le moyen d’arrêter la puiffance des Romains. Mais
tant de chofes" différentes concourent aux fuccès
des opérations militaires , que ce n’eft pas affez
d’en bien adminiftrer quelques parties ., il faut
qu’elles le foyent toutes également. Nous réduirons
volontiers l’effentiel des préparatifs néceffaires
pour commencer la guerre à deux objets
principaux , qui font l’argent & de bons généraux.
Avec de l’argent , on ne manque ni d’hommes ni
de munitions , & avec des généraux habiles , on a
toujours de bons foldats & de bons officiers ; on
fait la guerre avec fuccès , quel que foit le nombre
d’ennemis, que l’on ait à combattre; au lieu que,
fous des généraux médiocres , les préparatifs formés
avec le plus de foins 8c de dépenfe, ne font
fouvènt qu’une charge pour l’état, qui n’en tire
aucun avantage. Les Romains n’avoient jamais eu
d’armée plus nombreufe que celle qui combattit à
Cannés contre Annibal ; ils navaient jamais fait
plus de dépenfe & 'pris plus de précautions pour
vaincre ce redoutable ennemi ; mais la mauvaife
conduite de Varron leur en fit perdre tout le fruit.
Une des principales munitions de bouche eft le
pain; celui qu'on dfftribue à l’armée &.qu’on appelle
par cette raifon pain de munition , contient
deux rations ; (voye^ Ration ). Il fert pour la
nourriture de deux jours au foldar. Ce pain devoit
pefer, fuivant les anciens réglements militaires ,
trois livres ou quarante-huit ônces. Mais l’ordonnance
du premier mai 1758 ayantaugmenté la ration
de quatre onces , il pèfe aéhieïlement cin-
quante-fix onces ou trois livres 8c demie. Il doit
être compofé de deux tiers de froment & d’un tiers
de feigle. On employé ces grains fans en ôter la
paille ou le gros fon.'Il doit être cuit & raffis, 8c
entre bis 8c blanc.
' Comme le poids du pain qu’on donne ordinairement
pour quatre jours aux foldats, 8c quelquefois
pour fix , eft fort incommode dans les
marches, que d’ailleurs il exige une grande quantité
de charriots ou de caiffons pour le voiturer à
la fuite de l’armée , M. le maréchal de Saxe pen-
foit qu’il feroit fort important d’accoutumer les
troupes à fe nourrir de bifeuit. Les pourvoyeurs
des vivres, dit cet illuftre général , font accroire
tant qu’ils peuvent que le pain vaut mieux pour le
foldat ; mais cela eft faux : & ce n’eft, dit-il, que
pour avoir occafion de friponner,-qu’ils cherchent
à le perfuader. En effet, Montécuculi & plufieurs
autres célèbres auteurs militaires, admettent l’u-
fage du bifeuit. 11 fe conferve très longtemps ; il
faut moins-de voitures pour le tranfporter à la
fuite de l’armée , & le foldat peut en porter pour
huit.ou dix jours , & même pour quinze ,fans être
chargé d’un poids confidérable. Ces avantages méritent
fans doute la plus grande attention. Mais fi
l’on veut s’en tenir à l’ufage à cet égard , on doit J
au moins , comme le propofe M. le maréchal de
Puyfégur, avoir des magafins de bifeuit en réferve
idans le voifinage des armées ; on s’en fert dans les
cas où fes mouvements en avant l’éloignent trop
des lieux où elle tire le pain pour en avoir commodément.'
M U N i$7
Outre le pain , on fournit auffi en campagne une
demi-livre de viande à chaque foldat ou cavalier ;
il y a pour cet effet de nombreux troupeaux de
boeufs & de moutons à la fuite des armées.
Les munitions de fourragé font auffi de la plus
grande importance pour les armées. Lorfqu’on
entre de bonne heure en campagne, la terre ne
produit rien pour la nourriture des chevaux. Il
faut par conféquent y fuppléer par de nombreux
magafins à portée des lieux où l’armée doit agir ; il
en faut auffi pour la fubfiftance des chevaux pendant
l’hiver, lorfque le pays que l’on occupe ne
peut fournir la quantité dont on a befoin.
.Comme la formation des magafins peut donner
des indices à l’ennemi des endroits ou l’on veut
porter la guerre, il faut faire en forte de les former
fans qu’il en ait connoiffance , ou fans qu’il puiffe
en pénétrer le véritable motif. C’eft un art particulier
qu’avoit M. deLouvois , & cet art qu’il a employé
plufieurs fois avec fuccès , n’a pas. peu con-
j tribué à la gloire des entreprifes de Louis XIV.
Suivant M. le maréchal de Puyfégur , une armée
de cent vingt mille hommes confomme chaque
jour environ mille facs de farine, pefant chacun
deux cents livres ( Q. )
s a s»
N I D
N iD-DE:PIE. Logement fai. furie haut d’une I H l^ngle flanqué d’un baftion ou d’une
o * demi-lune.
O C
O Ci Flèche qui porte une petite boule de bois
au lieu de fer. Les Turcs s’en fervent pour l’exercice,
ainfi que les Tartares ; mais ceux-ci les ont
plus longues & plus groffes.
OFFICIER. Commandant d’une troupe.
On divife les officiers en officiers proprement dits
& bas-dffi.ciers. Voye£ ce dernier mot.
On fous-divife les officiers en officiers généraux 8c
officiers particuliers.
Les officiers généraux ne commandent point de
troupes particulières ; ils commandent des corps
de troupes foit à l’armée , foit dans les places. Ce
font les maréchaux de France , les lieutenants-généraux
& les maréchaux de camp.
Les officiers particuliers font chefs de troupes particulières.
On les diftingue en officiers jupérieurs 8c
officiers inférieurs.
Les officiers fupèrieurs font le meftre-de-camp-
hrigàdier , ou commandant une brigade, le meftre-
de-camp commandant un régiment, le meftre-de-
O R D
camp en fécond , le meftre-de-camp à la fuite d’un
corps, le lieutenant-colonel, le major. Ces officiers
ont autorité fur tout le corps auquel ils font
attachés , 8c n’ont point de.compagnies.
Les officiers particuliers font le capitaine commandant
une compagnie, le capitaine en fécond ,
le capitaine à la fuite , le capitaine de remplacement
, le lieutenant en premier , le lieutenant en
fécond , le fous-lieutenant à la fuite, le fous-lieutenant
de remplacement. Ces officiers n’ont d’autorité
direâe que fur la compagnie à laquelle ils font
‘ attachés.
Quant aux fondions 8c devoirs de chaque ef-
pèce d'officiers , voye^ leurs articles.
ORDONNANCE. Loi militaire.
Les changements arrivés dans les arts & dans
les moeurs ont modifié, changé , multiplié, 8c multiplieront
fans ceffe les ordonnances. Nous n’avons
encore que des extraits imparfaits de toutes celles
de nos rois. Celles qui font en vigueur fuffîfent