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nommément l’exemption 'les charges personnelles.'
( Id. leg. V I . de J. C. 351 ).
Le même prince :7 intornié que des vétérans, indignes
de ce nom , commettoient des v o ls , or- ■
donna que ceux qui étoient bien intentionnés: s’a-
donnaflent à Tàgricülture ou au négoce, & que
ceux qui n exerceroient aucune de ces deux profef- '
fiOtré » fü biffent une peine capitale, parce que les
perturbateurs du repos public méritoient de perdre
touts leurs privilèges. Il voulait que ceux qui coni-
metroiem le moindre délitfuffent livrés à toute la
rigueur des loix.
Valentinien & Valens donnèrent aux vétérans
tjui.avoient bien fervi, le choix de leur domicile
oc une immunité perpétuelle. Ils ordonnèrent
qu’on leur diflribuât les terreins vagues ou inutiles ;
que les produits de ces terreins appartinflent à eux
feuls; qu’ils ne fuflent aflbjëttis à aucune redevance,
à aucun impôt annuel ; qu’il leur-fût donné
les beftiaux & les grains nécefîaires; favoir, aux
vétérans fortis de la troupe des protecteurs , deux
paires de boeufs & cent boiflèaux de grains de
deux efpèces ; à ceux qui auroient obtenu leur
congé pour caufe honnête ou pour celle d’infirm
ité , une paire de boeufs avec cinquante boif-
feaux de grains de deux efpèces , & l’immunité:
pour les enclaves & les valets qu’ils: auroient emmenés
dans leurs terres. ( Id. leg. VJ1I , de J. C.
3-64).
Suivant une loi des mêmes empereurs , les enfants,
des vétérans appellés à la profeffion des armes
recevoient, en y entrant, la même paye que ceux
qui, ayant pafle par le degré des tirons, fervoient
utilement la république en qualité de foldais. Si.
une conftitutipn foible ou une taille trop médiocre
leur interdifoit L’ufage des armes , ils dévoient, fer-
vir auprès des officiers généraux & fupérieurs. S i ,
à. l’âge prefcrit pour la milice, ils préféroient une
oifiveté honteufe , ils étoient fujers, fans difficulté
, à toutes les charges des curies ; mais ii des
infirmités., des maladies les rendoient abfolument
incapables du fervice militaire, ils étoient exempts,
à perpétuité, des devoirs ^ charges de la curie.
( Cod. Theod. de re miRu leg. V . id. ).
Les mêmes princes affujetrirent enfurte aux
charges curiales, tout vétéran qui n’auroit pas pré-
fenté volontairement fon fils pour le fervice militaire
, lorfque celui-ci étoit en âge & capable de le
remplir. ( Id. leg. V I I I , de J. C. 365 ).
Pour empêcher que lés vétérans ne cômmiflent
des dêfordfes, ils leur permirent, â eux & à leurs
fils, d’achefer , de vendre & dé négocier. Ils re-
nouvellèrent l’exemption de toute charge , redevance
en or ou en argent, & droits de douanne
que lés empereurs précédents leur avoient accordée’;
ils’lëur aflurèrent l’immunité pour les produits
de toutes les terres încultes.& détaillées qu’ils
auroient pu mettre eh valeur, & interdirent aux
propriétaires-de ces terrés l’efpèce dé droit tiommé
dÿràrium ; tju’ils^yenôient foulent demander pen-
T A C
d an t la m o lflb n au x v é té ran s qu i le s a v o ien t c u lt iv
é e s , ( Id. le g . I X , de J. €. 366* ld. leg. X I , de ƒ„
c. 370 o-
A r c a d iu s .& H o n o riu s f t a tu e r e n t , par une lo i .
q u e les lettre s ho n o ra ire s d’ex-protateur o u d’e x -
c om m en fa l du p r in c e , n’ e x em p te ro ie n t ni le dé-
cu rion d es ch a rg e s cu riales , n i le membre d ’un
c o llè g e de c e qu il de v o it à Ta p rop re v i lle , ni le
n é g o c ia n t de la con trib u tio n lu fi raie, ni quelque
membre que c e f u t , d’un o ffice fu b a ltern e ou d une
c o rp o ra tion c iv ile des d e v o ir s de fo n e m p lo i , &
q u e touts p a y e ro ie n t à l’état c e qu ’ ils lui d é v o i e n t ,
fo it par la co n d itio n de leu r naifiance , fo it par les
o b lig a tion s de leu r o f f ic e , de même qu e leu r s en fants
; mais la lo i con firmo it les p r iv ilè g e s ac co rd é s
au x v été ran s émérités , & à c eu x qu i a v o ie n t o b te nu
le u r c o n g é p ou r c au fe ho n n ê te o u p ou r celle
d’ infirmités 6c de b le fiu re s . ( Id. leg. Ill, de J. C.
3 9 6 )•
L a même lo i laifla au x d écu rio n s & au x m emb
r e s d e to u t o r d r e , c o llè g e 8c co rp o ra tio n , q u e lc
on qu e , les titres ho n o ra ire s q u ’ ils d é v o ien t à la
fo llic ita tio n & à la f a v e u r , & qu e lq u es -un s des
p r iv ilè g e s q u e c e s titre s c o n fé ro ie n t. Mais A r c a -
dius & H o n o r iu s ne tardèrent pas à les r é v o q u e r
en e n tie r * & à d éc la re r que: c eu x qui le s a v o ien t
mend ié s ne fe ro ien t e x em pts d’au cune ch a rg e far-
\dide, ni du ch â tim en t ju d ic ia ir e des v e rg e s » quand
■ l’état & la c on d itio n de la p e r fo n n e p o u rro ient le
p e rm e ttre . ( Cod. Theod. de decur. leg. CLlll 6* CLVl.de J. C. 3 9 7 ) .
L e s mêmes p r in c e s , in ftru its q u e plu fieu rs c ito
y e n s a y a n t o b ten u d es b r e v e ts par in trigue ,
frau d e & fu rp r ife , jo u ifîb ie n t de la -v é té ra n c e
: a v an t ,.p o u r ainfi d ire , q u e d’ê tre fo ld a t s , & te re-
tiro ien t à la fleu r d e leu r â g e & au c om m en cem en t
; de leu r s fe rv ic e s , o rd o n n è ren t qu e to u t len d e A l lem
and , ( letus alamanus) , tout Sa rmate , v a g a b
o n d ou fils d e v é té ran , o u de q u e lq u e é ta t &
co n d itio n q u ’il fû t , qu ’il fe ro i t fu je t à la le v é e &
au fe r v ic e m i li ta i re , fe r o i t e n rô lé parmi le s t ir o n s ,
q u o iq u ’il eût o b ten u un b r e v e t , fo it d ’un p ro te c t
e u r , fo it d’ un com te o u d e q u e lq u e au tre d ign itaire.
I ls v o u lu r e n t de p lu s , q u e f i un homme de
’ g u e r r e , fou s pré tex te de c o n g é , q u it to it fa trou p e
ap rès fe s premières an n ée s de f e r v i c e , o u avan t
d’a v o ir fo n temps , le c o n g é qu ’il a v o it o b ten u fût
de n u lle v a le u r , à moins qu’ il n ’eût p o u r caufe
un â g e a v an c é , une c o tn p lex io n fo ib le ou d’ho n o rab
le s b le flu re s . I ls a jou tè ren t qu e plufieurs foi-
difant c le r c s ou eon fa c rés a u x c é rém o n ie s d e s ob-
fè q u e s , fe fo u fira y o ien t plutôt à la m ilic e par pa-
r e fle & lâ c h e t é , qu e par des' mo tifs r e lig ieu x ,
qu ’ori n’ auro it d on c nul égard dans la fu ite à ces
p r é t e x t e s , mais feu lem en t à la v ie i l le f l e , à la de-
| b i lit é , ou à la pe tite fle de ta ille ; & c ep en d an t que
fi q u e lq u e d écu rion p r in c ip ila ir e , membre d’un
c o llè g e V ap pa riteu r o u au tre o ffic ie r des ju rifdic-
tions c iv ile s ; a v o it fa it’le fe rm en t m ilita ire , i l ne
p o u r ro i t , fo u s le p r é te x te d u fe r v ic e militaire ,
TAC
prétendre â l’exemption des charges civiles. ( Id.,
hg. X I I I , de J. C. 407 ).
Honorius & Théodofe le jeune accordèrent l’immunité
à ceux qui parvenoienr au tribunal &. aux
autres commandements par les travaux & les dangers
de la guerre , foutenu pendant tout le. temps
•prefcrit par les loix, & non à ceux qui les obte
noient par l'intrigue & la faveur. ( Id. leg., X I I I ,
de J. C. 407 ).
Ils ordonnèrent que touts les hommes de guerre
retirés du fervi :e né pourroient y rentrer ni v o lontairement
ni; forcément ; mais que depuis la
date de fa retraité , il ne feroit plus fujet aux fen-
tences des juges militaires,, à moins queTaéh’On
n’eût été intentée confré lui il6rfqti’il: étoit ert'core ,
au fervice, & qu’il ne fût point muni d’un privilège
fpécial du prince. ( C'o.i. Juftin. leg. l i ).
Je dois à M. JBouchaud, de l’académie royale des;
infçriprions & belles lettres , U plus grande partie;
des détails qu on vient de lire fur les loix militaires
des empereurs. Il n’y avait qu’un jurifconfulte
auîfi verfé que lui dans le droit romain , q.u,i pût
connoître 6c extrafre ces loix , confondues4 avec
,toutes les autres, dans les codes ,de ces.princes; Je
faifirai aufli cette occafion pour témoigner ma re- •
connoifliince à M. l’abbé Garnier, de la même aca- :
démie , qui a bien vSulu me communiquer un
mémoire qu'il a fait fur les loix & ufages militaires^
des Grecs ; j’en ai tiré beaucoup de fecburs pour!
jouis les articles où j’âi parlé de la inili’ce grecque.!
M O D E R N E S .
La taâiqus a. été prefque ignorée en Europe, juf-
qu’à notre fiè'çle. On fait que Gùftave Adolphe•
tenta de renou velîer celle des anciens ; mais ce fût
fans, fuccès.. Il étpit réTervé à Frédéric I I , roi de
Prufle, de trouver celle qui cohvenoit Te niièux. à,
.l’efpèce de iios. armes. Les Allemands, contre ’lef-?
quels ce grand "prince fit' fes premières guerres , f
fentirent plufieurs fois l’effet de cettè' fa vanté tactique
, 8c adoptèrent bientôt ce qu’ils en purent:
connoître ; le roi çn cachoit ^vec (o.in le méca-:
nlfrne intérieur. M, lé comte de Gifors fut ub des
premiers François qui , ayant voyagé en Prufle ,
rapporta danÿ'fa patrie quelques connoiflances de
là tàüique pruflienne. Peu de temps après fon re-
.tour , un mémoire imprimé à l’infû de Ton auteur,
( M. de Kéralio,'colonel d’infanterie & depuis
gouverneur du prince dé Parme , qui avoit accompagné
M. le comte de Gifors dans fes voyages ) ,
donna une idée générale des manoeuvres pruf-
fiennes. Cette brochure , de 36 pages ïn-i± , eft ïnti-
tülee TaElique & manoeuvre des Prujjtens. Elle excita
l’attention & l’émulation'de tbuts les rtfi'firtflres ;
plufieurs cherchèrent des moyens d’obtenir i;^s éf .
£ets annoncés dans cet écrit. L’auteur dè éet'àfticle
^fa y travailler aufli, & depuis l’année 1758 juï-
T A Ç ^99
qu’en 1-769 , il enfeigna aux élèves de l’école
royale miliaire , les principes ’f[i}’ il>s’jé-tO}t tourné
d’après l’idée générale qu’il avoit reçue des 7/2/2-
noeuvrjs,pmjfiennes & les élèves' de-.c&t^e-école les
firent connoître dans nos troupes. En 1769, après
les avoir enfeignés & fait pratiquer penoanr d x
ans, il crut pouvoir les -publier fous le titre </e
■ [Recherches fur les principes généraux de: la taffique*
. Ce petit ouvrage fut fournis par M le-duc,de Cfioi-
1 f eul à l’examen de M. le ç.omte de Gui ber t , dont
touts les militaires & toutes les am.s honnê.tes déplore
nr aujourd hui la: p.erte. Il voulut, avec la
bonté qui lui étoit ordinaire > en rendre au mi-
nifire un compte avantageux , •& l’ouVrag'e. fut pu-
• blié, ;
On commeriçojt alors à pénétrer les fecrets de
cette tattique ; on avoit, fur cet objet , des mémoires
manuferirs &.détaillés ; M. le duc de Choi-
feul , jaloux de l’honneur de perfeélionner notre
état militaire , s’en étoit procuré,; fur celui de
Prufle & de toutes les puiflances de l ’Europe ; il
les avoir remis à M. le comte de Guibert, qui
avoit & ;niér£tc>it toute fa> confiance;
Il parut , vers ce temps *, une ordonnance fur
l’exercice de l’infanterie,, dans laquelle on peut
remarquer nos progrès Baiîs l’art. Les officiers fortis
de l’école royale militaire y reconnurent une
partie de ée qu’ils'avoient appris dans cette école ;
mai.s il? virent bien que télui qui l’avoit rédigée lie
-tendit’pa’s, encore leà, principes généraux.
, Enfin.parut, çn 1772 \XEjjfai, général fur la tac •
'Wÿfift,’da.as( .lequel l’auteur , digne fils de M. le
>çomte',de .Gù)berjt, dévçlpppk le fyflême pruflièn
avec une étend,lié , un.'ordre'’& une clarté qui .méritèrent
8c obtinrent l ’approbation générale.
Un officier Pruflien avoir publié à Brandebourg i
en 1771, & en fa langue, un ouvrage très détail s
.fur ,1a; majïièïe 'deyfoxtnen .e.n. bataille les corps de
(roup.esXuivçLnt les principes pruflîens. Cet ouvrage
a été traduit en françois par M. leTsaron d’HoIzen-
dorff , 8c à Paris, en 1777. J’en donnerai ci-après
la partie qui renfermé lés manoeuvres des corps
d’armée ; mais il faut , auparavant , expofer les
principes généraux de l’art. Quant aux principes
particuliers qui font touts renfermés.dans la c#n~
verjîon & la contre marche, voye.ç ç *,artic 1 çs.
Dans les développements que je vais expofer ,
je n’ai point employé la marche oblique des divi-
fions adoptée dans le fyft-êitie pruflien ,' parce que
j’ighoïdis le mécanifme'deValignement-, voy^ ce
mot ). J’en reconnois tout l’avantage ; cependant
comme il demande quelque appareil , pomme il
cônVtént-plu’s a un ebrps d’arméte qu’à une petite
trôu'pe, comme il pêuéy avoir 3 1a guerre des^oc•
càfrons & de's terreins* où on ine pourroit pas en
fàifémfage 4 il héferditÿoiflt-'inutile-lde favoîr s’en
pâfler:; è’efl dans cette vue que j’ofe doiïhér ma
méthode.
Tt t t i j