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la quantité à délivrer à chaque compagnie, pour
former le total du pain qu’il a demandé. Chaque
foldat préfente fon lac & on le remplit de la quantité
qu’il doit porter, en verfant dedans quatre
rations à la fois , dites un compte , autrement deux
pains. C ’eft le charretier qui feul a le droit de monter
fur le caiffon , qui compte Si verfe dans l’ha-
vrefac du foldat le pain demandé, & quand la
quantité à fournir à une compagnie ne peut pas
exactement fe former avec un nombre de comptes
déterminés , parce que par fuppofition , il faudra
163 rations qui font quarante comptes , un pain &
une ration , on commence par nombrer les 40
comptes qui font 160 rations ; on s’arrête , Si on
ajoute un pain & la moitié d’un pain pour les trois
rations de furplus : mais ordinairement encore ,
MM. les officiers prennent tout de fuite pour la
totalité du régiment , & répartiffent enfuite par
compagnie , & les compagnies par chambrée ; cela
fe fait tranquillement, lorfqu’on ne met par chaque
foldat qu’un même nombre de pains dans chaque
l âc ».
« Quand ilfurvient quelques plaintes à la diftri-
bution fur la qualité du pain , l’employé à la diftri-
bution eft toujours autorifé à faire raifort à la troupe
de la plainte qu’elle forme quand elle eft fondée ,
& pour l’ordinaire , ces eipèces de plaintes fe
terminent à la diftribution même, entre l’officier
& l ’employé. Quand elles font graves , & que
l ’employé ne peut y remédier , ou ne croit pas
devoir le faire , parce qu’il ne la juge pas bien
fondée , alors, fans humeur , ni parler de fa part,
il doit prier l’officier chargé du détail, de fufpendre
la diftribution, de prendre un échantillon du pain
qui forme la conteftation, 'de le porter avec
lui chez le major général ; en même temps il doit
en envoyer un pareil au général des vivres, en
lui rendant compte de la plainte des troupes. Si
là difficulté étoir portée plus loin , & que cette
formalité ne mît pas fin à la conteftation , ce qui
n’arrive prefque jamais , alors le munitionnaire en
rend compte à M. l’ intendant, & celui-ci ordonné
qu’un commifîaire fe tranfporrera à la diftribution,
examinera le pain , lui en rapportera des échantillons,
& fur le rapport du commifîaire, il juge
fi le pain doit être reçu ou non. Voilà pour la
qualité du pain. A l’égard du poids , quand il arrive
que les troupes s’en plaignent , fi la plainte fe
trouve fondée , l’employé à la diftribution ne
manque pas d’en rendre compte au général des
vivres, & celui-ci ordonne alors le fupplément, en
réglant à combien il doit être évalué »,
« Mais il faut obferver que ce n’eft pas fur un
feul pain qui fe trouvera foible d | poids , que ces
fortes de plaintes fe jugent. Quan’d le cas arrive ,
& que l’on a lieu de s’appercevoir qu’il y a de la
prévention , ou de l’humeur mal fondée de la part
de la troupe > on n’héfite point à demander que
le pain foit pefé en bloc & non en détail ; l’officier
alors choifit 50 pains , l’employé 50 ^on pèfe les
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100. Si enfemble ils fe trouvent pefer les 300 livres
qu’ils doivent pefer , la plainte ne peut être fondée
, parce que s’il y en a par fuppofition quelques
uns de foibles, il y en a auffi qui ont plus que
leur poids , puifqu’au total le poids'des 10a pains
eft jufte, & qu’à la rigueur on ne peut parer à
ce que les boulangers ne faflent quelquefois des
erreurs en pefant ia-pâte ; mais toujours la troupe
a ce qui lui appartient. Toutes ces difpures font
fort rares , & pour ainfi dire n’arrivent point, ou
s’arrangent toujours , fans qu’il foit nécefîaire de
les porter aux oreilles des officiers de l’état major
& de l’intendant de l’armée , quand les entrepreneurs
fbnt réellement jaloux de l’honneur de
leur fervice , parce qu’ils préfèrent plutôt abandonner
à la troupe quelque chofe qui ne lui appartient
pas, que de contefter avec elle ».
« Cependant, quand on s’apperçoit qu’une troupe
fe prévaut d’une pareille comptaifance , c’eft alors
que l’on foutient fon procès, & il eft bien rare
que l’entrepreneur avec une pareille façon de
penfer , fe mette dans le cas d’en foutenir qu’il ne
gagne pas ».
« Après que tontes les troupes fe font fournies,
on rafîemble fur un même équipage tout le pain
reftant des diftributions. C ’eft fur ce reftant que
l’on fournit toutes les petites parties qui fe préfen-
tent, comme les équipages de MM. les officiers
généraux de l’état-major, les prifonniers , l’hôpital
ambulant, & les pionniers ».
« Quand une diftribution en bifeuit a été ordonnée
, l’ordre porte pour combien de jours elle
aura lieu. L’ordre donné , on 1 exécute , en délivrant
les tonneaux de bifeuit aux troupes , fur le
pied du nombre de rations miarquées defTus ; les
troupes ne peuvent faire refus de les acceprer fur
la terre , parce qu’elle eft cenfée avoir été faite en
préfence du commifîaire chargé de la confection
du bifeuit, & que de fait il n’a jamais été reconnu
une erreur à cet égard, quand les tonheaux n’ont
point été ouverts dans l’intervalle ; mais s’il arri-
voit que les troupes fifîent refus de' les recevoir
fur ce pied , alors on en vérifieroit' quelques
uns , & ceux-là vérifiés ,1a prétention des troupes
ne pourroit s’étendre plus loin , ni avoir de fuite ».
« Il eft d’ufage d’abandonner le tonneau aux
troupes , mais on a foin d’en faire faire mention
dans l’ordre pour la délivrance du bifeuit*».
« Il eft de règle que les troupes fourniflfent des
reçus particuliers pour le bifeuit , afin de faciliter
l’emploi des parties qu’elles en reçoivent, dans les
états qui doivent en être drefles ».
« La ration de bifeuit à 18 onces , tient lieu
de la ration de pain de 24 onces ».
Des distributions par gratifications»
« On entend par fourniture de gratification , une
fournitute dont on ne retient pas le prix à la troupe,
qui la reçoit ».
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« Tout le monde fait que la fourniture du pain
en campagne , fait partie de la folde du foldat ;
qu’elle lui eft précomptée pour 2 fols , quelque foit
le prix que le roi la paye aux entrepreneurs. Ces x
fols font donc le prix que le foldat paye la ration
qui lui eft fournie; mais quand il en reçoit par
gratification, le prix entier de la fourniture fe répète
fur le roi, au moyen des ordres du général , & des
états qu’il arrête des fournitures qu’il a données ».
« Il arrive donc quelquefois que le général de
l’armée , qui feul a droit de,le faire, ordonne de
délivrer aux troupes une- fourniture qu’il juge
à propos de leur accorder par gratification , ou
foienil leur affigne une certaine quantité de pain ,
pour la confommation particulière^ des voituriers ,
ouvriers, ou autres qu’il attache à des régiments
pour un temps , fans nulle difficulté. Ces gratifications
s’acquittent à la préfentation de Tordre du
général ; mais fans cet ordre , elles ne peuvent
avoir lieu, & il eft plus dans l’ordre qu’il ait la
bonté de le donner lui-même à l’intendant, qui
donne en conféquence le fien au munitionnaire
ou régifleur. C ’eft la vraie route que Ton doit
tenir; cependant il faut encore obferver que ces
ordres, quand ils font pour des quantirés un peu
Confidérables , ne peuvent s’exécuter qu’autant
qu’ils ont été prévenus Si annoncés à l’avance ,
pouf que celui chargé du fervice puifîe prendre
fes mefures en conféquence , fans quoi ils nui-
roient néceflairement au courant de ce même fervice
, fi on en demandoit l’exécution dans un moment
inopiné & non prévu , puifqu’ils ne fau-
roient s’acquitter qu’au préjudice de la fourniture
première & ordinaire à faire aux troupes, pour
laquelle feule il fe trouve du pain préparé. Le général
des vivres feroit donc admis à repréfenter
qu’il ne pourroit y fatisfaire qu’après que toute
l’armée auroit été fournie , Si feulement autant
qu’après cette fourniture faite , il lui refteroit des
moyens', fauf à prendre des mefures pour y fatisfaire
à la diftribution fuîvante ; encore faut-il admettre
que de pareils ordres ne feroient que momentanés
, & ne tireroient pas à conféquence, car
s’il s’agifibitd’augmenter confidérablement la fourniture
de chaque diftribution , il en réfulteroit non-
feulèment une diminution dans le fond des appro-
vifîonnements à laquelle il faudroit fuppleer &
pourvoir , mais encore il y auroit un- embarras
confidérabie pour fuffire au tranfpôrt de cette
même fourniture avec le feul fond de moyens en
Voiturek affeâés au fervice d’une armée ».
« C’eft précifément lé cas du fupplément de 4
onces accordées aux foldats dans la dernière guerre
dont* nous parlerons ci-après ».
« En attendant, nous obferverons feulement ici
qiiè les’ tVonpes ne' doivent faire aucune difficulté
de fournir des reçiis de fournitures par gràtiifica-:
tïBns qiTeîFés r'eéoivénr, éomriie de celles qui leur
f°nt faites jôurnellemêiit ; c’eft cependant fort foiï-
Ÿehr une pierre d-âchôppement vis-à-vis d’eilès
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& il eft difficile de les y déterminer ; cependant en
ne doit point leur délivrer la gratification fans
quelles donnent leur reçu , permis à elles de les
timbrer gratification, Si de l’énoncer dans le corps
du reçu ; mais il en faut un , parce que pour la
décharge du fournifleur, il ne fuffit pas que le général
ait donné Tordre de fournir , il faut encore
que celui-ci juftifie y avoir fatisfait ».
Supplément de quatre onces par ration pour le foldat,
accordée pendant Us campagnes de 1759 , 1760 ,
1761 , 1762.
« Sur les repréfentations des troupes & de M M .
les officiers généraux , que le foldat , avec 24
onces de pain par jour n’en avoit pas a fiez pour
fa fubjîfiance en campagne , il fut rendu au commencement
de la campagne 1758 , une ordonnance
par laquelle fa majefté vouloit bien accorder,
à compter du premier mai jufqu'à nouvel
ordre , quatre onces de plus par ration , à chaque
foldat d’infanterie , cavalerie , dragons , huffards
& foldats de troupes légères. La même ordonnance
portoit que les autres fournitures attribuées
à toutes autres parties qu’aux foldats , continueront
à fe faire fur le pied de 24 onces ».
« Cette fourniture a été executée fur ce pied
pendant les quatre dernières années de la guerre ;
toutefois la conftitution de la ration n’a point été
changée , l’ordonnance l’avoit décidé formellement
; elle eft demeurée fixée, comme d’ordinaire,
en 24 onces cuit Si raflîs„ le pain compo-
fant deux rations ou trois livre's ; mais pour fatisfaire
au fupplément accordé aux troupes dans les
diftributions qui leur étoient faites , M M . les officiers
chargés du détail, après avoir fait Té calcul
de leurs prifes & du pain qui revenoit à leur régiment
, tiroient le fixième de cette quantité fur
le total, & la demandoient par fupplément, ob-
fervant feulement d’énoncer dans leurs reçus, que
la quantité demandée & prife, étoit en rations de
24 onces, &dans les décomptes , après avoir porté
la quantité de rations appartenante à chaque corps
en rations de 28 onces , on en faifoit de même la
réduâion en rations de 24 onces , & fur cette
dernière quantité produite de ladite réduction , on
précomptoit les rations réellement fournies & reçues
en rations de 24 onces ».
Dé la viande.
«Après le pain , la viande eft,fans contredit, la
fourniture la plus utile & la plus intéreflante pour
ta vie Si la fubfifianc-e du foldat. Il n’eft pas poffible
que le foldat fe pafle de foupe , & bien qu’en réalité
on peut faire de la foupe fans viande, c’eft cependant
la viande qui en eft la bàfe & le fonde-
mènt ».
« Le roi fait délivrer à fes troupes en campagne
énè demi-livre de vrande par jou r, les^ Vendre dis
i E e e e ij