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tière déplora la perte de ce grand homme. La
Suèete arrofa de larmes le tombeau de fon héros,
dont les fublimes vertus auroient fait le bonheur
de fôn peuple pendant la paix . comme fes talents
militaires en firent alors & en feront à jamais la
gloire.
Obfervons que Guftavé avoit parfaitement combiné
touts les avantages qui, émanent du principe.
Il attaquoit l’Empire par l’endroit le plus foible ; il
embrauoit un front très vafte, afin d’employer «Via-
fois toutes fes forces & toutes celles de fes alliés,
tant en hommes qu’en munitions, & de n’en croi-
fer & embarraffer nulle part les opérations. Ce font
des parties fecondaires auxquelles il faut faire une
grande attention. Si vous embraffez un front trop
petit, vous ne pourrez pas y déployer vos troupes,
le fervice de vos munitions y fera ferré & em-
barraffé, l’ennemi vous enferrera vous-même, &
au lieu d’être attaquant, vous ferez attaqué. C ’eft
à ce changement d’état de la guerre que doit tendre
celui qui fe tient fur la défenfive. Il tâchera d’empêcher
l’établiffement des lignes d’attaque , de le
rompre en reprenant les polies que l’ennemi aura
occupés , de former , s’ il eft poflible , une ligne de
contre-attaque plus vafte, & d’embraffer lui-même
celle avec laquelle on fe propofe de l’enceindre.
Si fa foiblèfle ne lui permet qu’une défenfive pareille
à celle d’une ville alfiégée, il fuivra , autant
qu’il lui fera poflible, les principes de défenfe donnés
dans l’article G u e r r e ; mais s’il eft bien attaqué
, il ne peut que reculer fa défaite.
Un plan de guerre bien conçu eft invariable. Il
doit être fuivi avec prudence , patience & aâivité,
fans aucune précipitation. On pourroit perdre
beaucoup de temps, fi on fe flattoit d’en gagner
-en allant trop vite ; un plan de campagne eft relatif
& Subordonné au plan de guerre ; il en fait partie.
Le travail d’une campagne dans une guerre ,
eft comme le travail d’une nuit dans,un liège; il
tend à l’objet principal. S’il eft interrompu , fuf-
pendu par des opérations contraires de la part de
l ’ennemi, il faut réparer cette perte de temps dans
"une autre campagne qui tend toujours à l’objet
unique , à letabliftement des lignes d’attaque. On
peut voir aux autres articles , & fur-tout au mot
g u e r r e , les autres principes fecondaires & dépendants
de ce principe général.
POIGNARD. Voye\ Armes.
POITRINAL. Arme pyro - balliftique. Elle tenait
le milieu entre l’arquebufe & le piftolet; oa
s’en fervoit fous François Ier, & il en eft fait mention
dans une relation du fiêge de Rouen , par
Henri IV , en 159a. Cette arme , plus courte que
le moufquet „ mais d’un plus gros calibre , étoit
portée, à caufe de fa pefanteur , à un baudrier , &
couchée fur la poitrine de celui qui la vouloit tirer ;
ç’eft pourquoi elle étoit appellée poitrinal ( D. J. ).
POLICE. Jufqu’à préfent on a borné à très peu
d’objets la police des armées , où on l’a confondue
Vvec la difeipline ; mais çes deux parties font infi-
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n îm e n t diftinéles l’une de l’autre ; ne confidèré-t-oti
une armée que comme deftinée à agir contre les
ennemis de l’état, alors c’eft un corps purement
militaire, auquel il faut une difeipline. Mais fi vous
vous occupez des moyens de procurer aux individus
qui compofent cette armée , de la nourriture,
des vêtements , des commodités, des agréments,
fi vous voulez en écarter les maux qui,cherchent à
s’y introduire de touts les côtés , une armée alors
devient un corps civil , auquel il faut une police ;
& toutes les démarches qu’on eft obligé de faire ,
les précautions qu’on eft obligé de prendre(pour lui
procurer les avantages dont on vient de parler,
font du reflort de cette police.
Ne pouvant s'occuper pour le foldat qui va combattre
, que des objets abfolument indifpenfables
pour la fubfiftance , les gouvernements ont toléré
à là fuite des armées, ( en beaucoup trop grand
nombre peut-être ) , des vivandiers , des marchands
, des ouvriers de toute efpèce. Les armées
fe trouvent auffia fiez fouvent campées auprès de
bourgs , villes'ou villages , où lé foldat trouve à
acheter les différents objets dont il peut avoir befoin.
Souvent il lui eft néceffaire d?échanger la
monnoie qu’il a reçue de fon fouverain , avec celle
du peuple chez lequel il achète ; il eft forcé de fe
fervir des poids, des mefures de ces mêmes peuples;
quelquefois on a du butin à lui diftribuer, il campe ,
il marche , il fourrage , il va en détachement, il
fe trouve à portée de bois où il y a du gibier ; de
rivières où il y a du poiffori ; de terres , de jardins
qui font couverts de grains , de fruits , de légumes
; il a befoin de bois pour fe chauffer ou
faire cuire fes vivres, certains ouvriers lui font
quelquefois néceffaires ; enfin les befoins l’afliègent
de toute part, aùifi que les maux & les maladies ,
& il eft infiniment ifolé & à la merci de la multitude
avide & trompeufe à laquelle il eft obligé d’avoir
recours ; d’urnautre côté, le foldat n’eft que
trop enclin à abufer de l’efpèce de force que femble
lui donner (on état, fes armes , le befoin qu’on a
de lui, l’habitude qu’il a de combattre, &c. ; il eft
donc infiniment effentiel qu’uné police éclairée &
très exaéïe , veille continuellement à- Ce qu’il ne
foit trompé, fur rien, & qu’en même temps touts
ceux que l’appât du gain fait courir à la fuite des
armées , y trouvent juftice , fureté & proteélion.
La police des armées eft donc très étendue, puif-
qu’elle doit s’occuper de la fureté des individus qui
les compofent, au dedans & au dehors.
Sûreté au dehors;.
Cette fureté regarde i° . les armées elles-mêmes ;
2°. les camps en,général & en particulier ; .3®. le foldat
; 40. les différentes perfonnes dont il peut avoir
befoin; 50. enfin certaines précautions qu'il ejl .nécef
faire que Von prenne.
i°. Sûreté au-dedans pour îarmée.
La police doit empêcher les affemblées fufpe&es,
elles
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elles ont prefque toujours un but contraire au
bien public ; c’eft dans ces affemblées que fe concertent
les moyens de marauder, de piller , de dé-
ferter, fouvent même on y forme de plus noirs
complots.
Elle doit tâcher d’étouffer dans leur principe ,
les propos féditieux : ils tendent touts à troubler
le repos public ; ils font très dangereux , & occafionnent
fouvent des défordres.
Autant qu’elle le peut, 1 tl police doit empêcher
ces raifonnements trop connus dans nos armées ,
qui tendent à faire fufpe&er les ordres ou à les
rendre méprifables.
2,°. Sûreté en-dedans pour le camp.
Les attroupements font fuivis pour l’ordinaire de
défordres auxquels on remédie quelquefois difficilement
; il eft du devoir de la police de les empêcher;
les querelles commencent ordinairement au
jeu, & finiffent. par des batteries & des duels ; la
police prendra les mefures les plus fages pour prévenir
les uns , empêcher les autres , juger les différents,
arrêter les altercations particulières , & punir
les coupables, notamment les agreffeurs. Elle
aura foin que pendant la nuit tout foit tranquille
dans les tentes, & que par-tout les gardes & les
patrouilles fôient exactes à maintenir le bon ordre ;
la police veillera auffi fur le feu, en ne fouffrant ■'
aucune lumière dans les tentes des foldats & des
officiers, ni aucun feu dans les intervallès entre les
tentes, ni à portée du parc d’aftiilerie, après une
certaine heure ; elle ne permettra non plus nulle
part; après l’heure fixée, ni danfe, ni jeux, ni
boilïon ; elle chaffera du camp les filles ou femmes
débauchées, fi dangereufes pour les forces du foldat,
qu’elles énervent, & trop fouvent pour la
fanté , dont elles occafionnent la perte.
30. Sûreté au-dedàns pour le foldat. '■
La famé du foldat eft un des points les plus
, inftants de eette fureté, & quoique les difpofitions
qui regardent cette fanté, ne paroiffént etre que
du reflort des médecins & des chirurgiens , les
moyens généraux , & peut-être les plus importants
qui occafionnent cette confervation & y concourent,
font du reffort de la police ; c’eft elle qui
doit écarter tout ce qui pourroit altérer la fanté -,'
& pfQcurer au contraire ce qui peut contribuer à la
maintenir & à la fortifier ; ainfi il faut un air pur,
de la bonne eau, des nourritures faines , un régime
régulier.
Air.
$| Pour empêcher l’infeélion & la corruption de
î air , fi nuifible dans les armées, quand il n’eft pas
très fain , chofe malheureufement fi commune
fur-tout dans les grandes chaleurs , par les ,exha-
laifons des excréments , ' des entrailles & du-fang
Art militaire, Tome III,
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des beftiaux tués , des chevaux & des hommes
morts ; la police fera- exactement boucher les latrines
touts les deux jours, & fera très rigide,
après avoir obligé les bouchers à ruer leurs bêtes
la nuit & très loin du camp , à tenir la ma'in à ce
qu’ils en te n terrent les entrailles dans des foffes très
profondes; elle prendra la même précaution pour
les hommes &les animaux morts ;. en veillant auffi
fur la propreté dans les hôpitaux, elle contribuera
à y entretenir un air plus pur.
E a u .
Comme l’eau eft un article très important pour
la fanté , la police examinera dans toute leur étendue
, celles qui peuvent être néceffaires pour la
boiffon de l’armée ; elle marquera celles qui feront
les plus fai nés , les fera'purifier &' maintenir dans
leur pureté, en prenant les moyens d'empêcher
qu’elles ne foient ni troublées, ni corrompues par
la négligence , la malpropreté ou le trop grand
nombre de ceux qui viendront en puifer. •
Nourriture.
Après avoir aflîfté aux diftributions du pain &
de la viande que'le roi fournit au foldat , après
avoir empêché les ' fraudes qui peuvent fe commettre
, relativement au pain de munition , &c. ,
là police empêchera les hoiflbns frelatées & artificielles
, la vente des fruits qui ne font pas murs ,
& des objets défendus par les médecins, Ôcc.
Régime.
Quoique les foldats faffent ordinaire, il eft certain
que l’irrégularité avec laquelle ils prennent
leurs repas , bons ou mauvais, ne peut que contribuer
au dépériffement de leurs forces & de leur
fanté. Pourquoi n’a-c-on pas encore fuivi le con-
feil fi fage du maréchal de Saxe , d’avoir des v ivandier^
dans chaque compagnie, qui feroient uniquement
occupés de la nourriture du (oldat, ce
qui lui en affureroitune bien meilleure, & le dè-
barrafferoit des marmites & autres uftenfiles de
cuifine ? M. de Saxe propofoit auffi, à l ’in fia r des
Romains:, de faire ufage du vinaigre , dont le foldat
mettroit quelques gouttes dans l’eau qu’il vou-
droit boire ; on fait que le vinaigre eft refrigora-
t if, fudorifique & corroboratif ; il eft recherché
comme préfervatif contre les contagions, & peut
être regardé comme fpécifique contre les épidémies.
Que de raifons pour s’en fervir !
, Après s’être occupé d’abord des objets les plus
généraux relativement à la fanté du foldat, il faut
que la police-s’occupe de ceux plus particuliers,
qui'exigent des détails' & des foins continuels.
Tels font touts les objets qu’on ne fournit pas au
foldat, & qu’il eft obligé d’acheter ; ^infi, le pain,
pour la foupe , le vin , la viande, l’eau-de-vie , la
b ierreles'.légumes, l’huile, le beurre , le fro-
I mage , le fe l, le tabac, &c. ; il n’eft que trop corn«