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n'en dirons rien de plus particulier jufqu’à la prife
de la corne ; mais lorlqu’on fera maître de cet
ouvrage , il faudra loger 3 ou 4 pièces de canon fur
chacun des demi-baftio ns , & 6 ou 8 fur le milieu
de la courtine pour être employées.
i°. Contre les retranchements & traverfes du
dedans.
Et 20. contre le baftion même dont il faudra
battre les défenfes , & fi on pouvoit le plonger affez
bas, le battre en brèche ; fi cela ne fe peut, il faut
occuper fon chemin couvert à l’ordinaire, ou le
bord de fa contrefcarpe , s’il n’y a point de chemin
couvert, & y établir des batteries pour faire
brèche aux deux faces, dans le temps qu’on travaillera
au paffage des deux folles.
Pendant que la tranchée s’avancera par le dedans
de l’ouvrage à corne , on marchera aux demi-lunes
collatérales, dont la prife fuivra celle de ce grand
ouvrage , à quelques jours près.
Attaque d'une place fituée fur une grande rivière..
(F ig . 341 )•
Soit une tête de place dont l’attaque a été réfo-
lue , bâtie fur le bord d’une rivière de 80 ou 100
toifes de large , avec un pont deffous fait de ba teaux,
ou fur pilotis , foutenus à la tête par un
efpèce de dehors ou petit fort D , & le fort attaqué
de cette place renforcé par un ouvrage à corne,
fait comme il eft marqué 3 , planche 22 , & la tranchée
fuppofée avancée jufqu’à la troifième place
d’armes; nous reprendrons les attaques pour les
Conduire à leur fin, fuivant l’ordre ci devant pref-
crit pour la diftribution générale des attaques, dont
il ne- faut jamais s’éloigner jufqu’à la prife de l’ouvrage
à corne, qne l’on doit attaquer comme un
front de place. Ce qui étant fait, il faudra établir
des batteries fur les demi-baftions de la même
corne, comme dans le premie'r exemple , & percer
dans l’ouvrage parles angles rentrants de la courtine
& des flancs , 8cc., & delà marcher en avant
vers les traverfes 4 , comme il eft marqué au plan,
planche 23.
A mefurè qu’on fe rend maître de cette corne 3,
on doit couler le long des chemins couverts, de
ces longs côtés, continuer la tranchée vers les
baftions, fe dirigeant par les capitales ; on s’approchera
des angles du chemin couvert, dont on
fe pourra emparer peu de temps après la pnfe de
la corne. Le farplus fe doit conduire à lordinaire.
I L 8c M , marqueront les places des batteries à
ricochets , à prendre de part & d’autre de la rivière.
O eft une tranchée qui va chercher le front.
D N , 8t N des batteries des deux côtés de la
rivière, pour tirer au pont & le couper. Le fur-
plus de ces attaques tombant dans la conduite
ordinaire, n’a pas befoin de plus grande explication.
Attaque £une place entourée de faujfes braies.
S ’il étoit queftion de l’attaque d’une place où il*
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y eût des fauffes braies qui fourniffent une défenfe
double, baffe & rafante, 8c qui rende le paffage
du foffé delà place difficile 8c très dangereux, on
pourroit le rendre inutile par Üeffet du ricochet,
lequel eft leur grand deftruéleur , 8c par les batteries
du chemin couvert, qui les enfilent de revers
& de plongée, de forte qu’on les fait aifément
abandonner. Comme l’ennemi peut revenir de
temps en temps, 8c faire abandonner le paffage du
foffé avec grande perte, pour peu qu’on y dè-
meure , le mieux eft d’en couvrir la tête par cette
montagne de fafeines dont il eft parlé au paffage
des foffés.
Il y faut ajouter l’ufage toujours prêt de bombes
8c de pierres.
Attaque d?une place ayant une vieille enceinte cou•
verte de dehors à la moderne.
Quand on attaque de vieilles places dont les
corps ne font flanqués que par des tours 8c revêtements
terraffés , 8c fondés fur berme, il fe rencontre
affez fouvent qu’ayant de bons foffés , elles
font d’ailleurs environnées de dehors qui luppléent
affez bien au défaut desbaftions, comme Tournai,
Douai, Barcelonne , 8c autres. On attaque celles-
ci par tranchées 8c batteries, comme les autres,
auquel cas les ricochets, places d’armes & fapes,
y peuvent êrre d’ufage Comme aux autres places.
Soit donc un front de place attaqué comme le
plus foible , ayant fes remparts à l’ordinaire , environné
d’un bon foffé tout autour, 8c d’une ceinture
de dehors, il en faudra dirigér les attaques à
l’ordinaire , y employant les trois places d’armes,
les lignes de direéhon . batteries, fapes 8c tranchées
, ainfi qu’à toutes les autres.
Il y a beaucoup- de vieilles places qui font fortifiées
de la forte, 8c qui ne laiffent pas de pouvoir
réfifter quelque temps ; mais cette réfiftance
n’eft pas longue, car fi lé foffé eft fec, 8c les dehors
de terre non revêtus , degroffes batteries,
bien placées, les mettent bientôt en défordre par
la rupture de leurs fraifes 8c paliffades , 8c par le
déchirement de leur gafonnage, 8c de leurs haies
vives , s’ils en ont.
Rarement après le chemin couvert perdu, 8c
les defeentes 8c paffages des foffés avancés, les gar-
nifons attendent un affaut général, principalement
fi le corps d e la place eft fort endommagé 8c ouvert;
c’eft pourquoi il faut plonger le corps de la place
par les batteries à ricochet, 8c fe battre en broche
de celles des places d’armes-, en même temps
qu’on travaille au paffage des foffés F. La défenfe
de fes dehors de rerre à foffés fecs, eft fort dangereux
quand les batterie- des afliégeans font bien
leur devoir ; car croifant de toutes parts, il n’y
a guères de fraifes 8c de paliffades qui n’en foient
rompues. ' ;
Si les foffés font pleins d’eau, c’eft autre chofe;
on peut attendre le paffage des foffés de toutes les
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pièces, tant que leur communication avec la place
peut fubfifter; mais quand elles font rompues, il
eft difficile que les retranchements , non plus que
les communications , puiffent fubfifter ; auquel cas ,
le plus fûr pour ceux qui les défendent, quand ils
fe voyent en cet état , eft {le n’y hafarder que peu
de monde à la fois , 8 c de ne pas attendre l’extre-
WÊÈ I . , , . , Il n’en "eft pas de même du corps de la place,
s’il a un bon foffé ; comme on ne pourra l’aborder
que par les comblements , 8 c paffages qu on y
fera, s’il n’y a plufieurs brèches, 8 c meme d affez
grandes, la garnifon , félon quelle fera forte,
pourra hafarder d’y foutenir un affaut coûteux,
parce qu’on ne pourra aller à eux qu en défilant;
mais il n’en feroit pas dé même s il y avoit des
batteries à ricochet qui enfilaffent le rempart par
les deux bouts ; pour lors il ne feroit pas au pouvoir
de la garnifon de s’y préfenter en groffe troupe,
à moins que d’être fréquemment traverfée ,^ce qui
pe feroit pas capable d’empêcher qu’il ne fût emporté
, fi les brèches étoient grandes, 8 c les aflie-
geants en état de s’affembler au pied des breches
avant que de monter.
Attaque d’une place fituée dans un marais. ( Fig. 343).
Suppofonsune autre place tellement environnée
de marais, qu’on ne la puiffe aborder que par des
chauffées, I ; fi ces marais ont quelques écoulements
, il ne faudra pas manquer de les rechercher
8 c de les deffécher tant qu’on pourra , c’efl>à-dire ,
en tout ou en partie, & de détourner en même
temps les eaux qui les forment 8 c entretiennent,
foit ruiffeaux ou rivières. C ’eft ce qu’on doit faire
dès le commencement du fiège, 8 c ce qui fe fait affez
facilement en pays plat. Mais fi tout cela ne fuf-
fit pas, 8 c qu’on n’en puiffe venir à bout, il faudra
s!y prendre d’autre façon , 8c tâcher de l’aborder
par les chauffées, auquel cas on examinera leur
largeur 8c leur élévation au-deffus du marais , 8 c
le terrein fec de leur droite 8 c de leur gauche qui
les bordent, 8 c fur-tout fi elles font enfilées par la
place t n tout ou en partie.
Si les chauffées n’ont d’élévation que celle qui
eft néceffaire au defféchement du chemin, c’gft-
à-dire, prefque au niveau du marais , cela ne vaudra
rien , parce qu’on ne pourra enfoncer fans
trouver l’eau.
Si la chauffée eft étroite, comme de deux toifes
ou au-deffous-, 8 c enfilée, elle ne vaudra rien non
plus, parce qu’on ne s’y pourra conduire par détour.
. Si elle n’eft point accompagnée à droite ou à
gauche de quelque terrein fe c , qui puiffe fervir à
placer du canon, il n’y aura pas moyen de rien
faire.
Mais fi la chauffée étoit de 3 ,6 à 7 toifes de
large, fur 3 , 4 , 3 pieds de haut, avec de bons
taluts des deux côtés, qu’il y ait quelque terrein
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aux environs élevés d’un, deux ou trois pieds au-
deffus de la fuperficie du marais , 8c que plufieurs
autres chauffées pareilles concourent à la même
avenue , on pourra s’en fervir, faute de mieux.
Il faudra d’ailleurs examiner où l'on pourra placer
les batteries à ricochet 8c à bombes , & le faire
à droite 8c à gauche des chauffées tant que l’on
pourra, pour n’en point embarraffer la tranchée
que le moins qu’il fera polfible ; que fi le terrein
eft fi ingrat qu’on ne puiffe trouver où les mettre,
on les placera fur les chauffées , en les faifant en
redans, comme les figures L 8c M le repréfentent.
Le fiège de Mons a été une efpèce de compofé
de tout cela; car on détourna la Trouille de la
place, 8c tant que le fiège dura , on travailla à l’é-
conlement des marais qui font aux environs de la
fortie de cette rivière de la ville ; on marcha toujours
par des avenues fort étroites, la planche 28
montre affez clairement le furplus de la conduite
qu’on pourra tenir à ces attaques , qu’il eu bon
d’éviter tant qu’on pourra.
Attaques £ une place fituée fur une hauteur.
Süppofons une place fituée fur une hauteur, qui
préfente pour fon foible un iront fi élevé, 8c dont
l’avenue foit fi étroite, qu’on ne puiffe trouver où
placer le ricochet, telles à-peu-près que font Char-
leroy , le château de Namur, 8c le fort Saint-
Pierre de Fribourg en Brifcaw , le fort Saint-André
de Salins , 8c les citadelles de Perpignan 8c de
Bayonne ; on ne pourroit pas obferver toutes les
règles ci-devant prefcrites, ni porter des batteries
à ricochet par-tout où il en feroit befoin ; en ce
cas, il faut faire en partie ce qu’on ne peut faire
en tout, 8c en placer où l’on peut ; car il n’y a
point de places , quelque fituation avantageufe
quelle ait, qui ne préfente toujours quelques parties
foibles qui peuvent être en prife.
Si la fituation eft bien reconnue 8c le ricochet
placé, il eft rare qu’on ne trouve moyen d’enfiler
quelqu’une des pièces attaquées, 8c c’eft à celles-
là qu’il fe faut principalement attacher, fans toutes-
fois ceffer d’agir contre les autres par les voies ordinaires.
Quant à celles qui ne peuvent être battues
en ricochet pour être trop élevées, il faut voir
à quoi peut aller cette élévation à-peu-près ; car fi
une pièce n’eft élevée au-deffus de la fituation du
ricochet que de 5 , 10, 1 5 à 30 toifes, 8c que la
batterie foit diftante de 250', 300,350 toifes , on
pourra l’enfiler par plongée ; il n’y a qu’à bien régler
la charge 8c molir le ricochet , jufqu’à ce
qu’on voie entrer le boulet dans les pièces , en effleurant
le parapet.
Soit, par exemple , la face d’un baftion attaqué
élevé de 15 toifes au-deffus du niveau de la batterie
, & cette batterie fituée à. 250 toifes de la place ,
on voit parle coup de canon tiré de la batterie 8c
réglé à une certaine élévation , qu’il ne çeffera pas
I de la plonger & d’y faire fon effet ; il n’y a pour