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3°. Comment l’armée fe remet en bataille , fa «
marche étant fin ie ., j
Pour ce qui concerne ici la difiance des divi- j
fions , la direction de leurs lignes de marche & leur j
converfion en quittant leur po fit ion & en (e re- ;
mettant en bataille, les rapports font tours les ;
mêmes- que dans un bataillon feul;il ne faut donc
rapporter ici que ceux que l’armée doit obier ver
dans fa divifion en plufieurs colonnes.
Une armée peut être divifèe en quatre ,e n trois
& même en deux colonnes > fui va m la 'prôx mite
de l’ennemi, fuivant l’étendue du chemin qu elle
aura à faire, & fuivant la nature du terrcin iur
lequel elle doit pafler, & fur lequel elle doit le
remettre en bataille.
La grande taClique/Qnfeigne la meilleure mamere
de divifer en colonnes une grande armée , lelon
•les circonstances que je viens de citer.
Je fuppofe ici un corps d armee forme en bataille
fur une ligne feulement , marchant de cette
première pofition A B , (7% 4 4 2 ) > Par '^ro'te
fur deux colonnes , pour prendre celle donnée-
C D .
Touts les bataillons de ce corps doivent en-
femble, au commandement pour former la colonne
, converfer à droite par pelotons fur la ligne
de la première pofition A B , excepté les deux
pelotons de la tête de ces deux colonnes B E &
F G , parce qu’ils doivent conferver invariable-^
ment leur côté vifuel & marcher en avant fur-le-
champ fuivant les lignes B H & F J, perpendiculairement
à A B , afin d’arriver en même-temps fur
K L & M N , au moment où les autres pelotons
ont achevé leur converfion , c’eft-à dire , lorfque
les féconds pelotons font entrés en E L & en
G N. . .
Enfuite , il faut que les-premiers pelotons continuent
de marcher en avant fur la direéhon K B
& F M , & auffirôt les féconds pelotons doivent
converfer de L E en L K , & de N G en G M ,
pour les fuivre; c’eft ainfi que les pelotons fui-
vants des deux colonnes doivent paffer fùccefii-
ment de A B , dans les lignis de marche B K &
F M , parce que le mouvement de converfion de
touts ces pelotons doit être exécuté uniformément
Qç enfemble par les deux colonnes.
11 faut que chaque peloton marche éloigné de
celui qui le précède, à la difiance néceflaire à fon
front, perpendiculairement à la 1 gne de marche
B A , & que les ailes droites extérieures de touts
iBs pelotons marchent toujours fur une.ligne exactement
droite, fur chaque ligne de marche que les
deux colonnes font obligées de prendre.
Remarquez qu’il y a deux côtés vifuels à confi-
dérer dans cette marche, favoir-, celui de 1 ensemble
général qui efi à la gauche de toute la profondeur
d’une colonne qui a marche par la droite ,
& celui des colonnes en particulier ou du front de
leurs pelotons, vers le côté où la marche de 1 *r-
Hiée efi dirigée,
TAC
Chaque colonne doit quitter fa première portion
en baraille, à compter de la place pofitive-
ment qu’occupoit le peloton qui marche en avant
le premier, ( voye^ B E & F G ) ; les autres pelotons
doivent converfer précifément au pivoi L &
N . pour arriver à la nouvelle pofition par le chemin
le plu* court ; St les deux colonnes doivent,
en marchant , tâcher de conferver entre elles la
d ftmce toujours égale de E j 11 {qu’à F , pour l’intervalle
dé leCir front particulier , pour être toujours
également éloignées de la nouvelle pofition ,
St garder de même en profondeur la difiance toujours
égale à leur front particulier.
Légiférai en chef efi libre de déterminer quelle
partie de ces deux colonnes doit etre confidérée
comme partie principale , c’eft-à-dire , celle qui
donne,la difiance, le pas & l alignement de profondeur
à 1 autre colonne. Cette partie une fois
| connue , efi à 1 enfemble général de i’armée dans
toutes forres de rapports , comme l’aile de chaque
peloton efi aux fotdars qui le forment , c eft à-
dire , que les bataillons des deux colonnes doivent
fe diriger fur certe partie principale , relativement
à leur front, à leur ligne de marche 8t à leur
enfemble particulier, de même que les foldàrs d un
peloton doivent fe régler fur l’une de Es ailes;
Quant à la continuation de la marche de l’armee
dans ce troijiïme ordre de marche , il faut remarquer
, à caufe du prolongement de la profondeur
en colonne', qu’il en efi d’autant plus néceflaire
de déterminer chaque nouvelle ligne de marché
par deux points de vue bien didïnSls, extérieur< 6*
intérieurs , comme auffi de leur faire conferver
exactement par touts les pelotons julqu au dernier
de la colonne, à chaque changement de pivot,
pour ne pas fatiguer les foldais à force de, les
faire appuyer inutilement à droite ou a gauche, &
, conferver exactement les diftances néceflaires entre
les pelotons. ' '
Enfin, toutes les fois que la colonne' d’une armée
efi obligée de changer de ligne de marche,
dé quelque manière qu’elle exécute ce changement
, il faut lui faire obferver fur tout de ne jamais
perdre , dans la profondeur de fes pelotons ,
l’intervalle néceflaire à fon front général, ni de
fortir de fon enfemble prefcrit .& néceflaire avec
les antres colonnes.
Mais la marche générale d’une armée de fa pofition
en bataille , efi plus fimple & plus facile fur
une feule colonne , pour fe remettre en bataille ,
fuivant cet ordre , par exemple, dans la pofition
T U , parce qire’le prend le côté vifuel de fon
front général vers A B.
„ ü refie à développer la troifième circonfiance
qu’il faut confidérer dans ce troijième ordre démarché
d’une armée, c’eft à-dire , comment elle fe
I remet.en bataille après fa marche en, colonne finie.
Il faut d’abord quelle obferve , pourbafe de ce
mouvement, tout ce qui s’exécute pour remettte
eu bataille un bataillon feuL v
Des
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■ Î5ës que les colonnes fe font approchées de la ,
nouvelle pofition, elles doivent commencer par
prendre, le plus exaâement poffible, les diftances ■
néceflaires à leur front refpeâif, c’efi-à-dire, il
faut que l’intervalle depuis C jufqu’à Y , foit égal. .
à celui B jufqu’à F.
Donc chacune de ces deux colonnes doit diriger
fa marche , en forte qu’elle arrive fur la nouvelle
ligne à ia place précifément que fon aile gauche
doit y occuper en Y & en C ; c’eft-à-dire , à l’endroit
où touts les pelotons de chaque colonne doivent
(ucceffivement faire un quart de converfion
à droite, & marcher en avant fur la même ligne
droite C D , jufqu’à ce que leurs derniers-pelo-
ions ayant touts converfé en Y & en C , fe trouvent
fur la ligne générale D C , occupée par les
deux colonnes en diftances néceflaires & prefcrites
entre les pelotons ; o u , pour mieux dire , jufqu’à
ce que les premiers pelotons de la tête de ces
deux colonnes foient arrivés l’un à fa place S , &
l ’autre en R.
Auflitôt que la converfion refpeélive des deux
colonnes efi achevée aux points C & Y , elles doivent
prendre exaélement la ligne droite égale en
profondeur G D , enfuite touts les bataillons de
l ’armée ne doivent plus être confidérés que comme
un même enfemble , dont le général en chef a
id’abord déterminé la ligne de profondeur par des
points de vue extérieurs , ou comme une feule colonne
alignée de la droite à la gauche, du point D
■ vers celui C , d’après les principes démontrés précédemment.
, Si les circonftances exigent que l’armée arrivée
fur l’alignement C D continue encore de marcher
en colonne par delà du point D , alors ces deux
colonnes réunies marcheront comme n’en faifant
plus qu’une , en obfervant feulement*les diftances
néceflaires & prefcrites entre leurs pelotons refpec-
îifs, qui doivent être prifes le plus exactement poffible
, afin que leurs fronts particuliers foient touts
perpendiculaires à la profondeur de toute la colonne
de l’armée. .
. En pareil cas , il efi néceflaire fur-tout que toute
la colonne obferve de marcher toujours d’un pas
parfaitement égal de grandeur & de vîtefle , étant
autrement impoffible. que les pelotons puiflfent fe
fuivre touts deux dans l’enfemble néceflaire , de
forte que touts les officiers de l’armée, depuis le
général en chef jufqu’à l’inférieur, doivent ici redoubler
d’attention à touts les rapports indifpen-
fablement néceflaires , chacun pour fa partie.
Quant à la ligne déterminée du front de bataille
général de l’armée fur laquelle on doit la remettre,
il faut avoir égard à ce qui fuit.
Pendant toute la marche d’une colonne qui a
inarché par la droite, .& dont le côté vifuel de la
pofition en bataille eft à gauche , la ligne générale
de profondeur efi tenue par les ailes droites des
pelotons , & elle y eft auffi alignée; touts les alignements
néceflaires en pareil cas dans l’intérieur
Art militaire. Tome III,
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des pelotons , doivent être pris de la droite à la
gauche -, foit parce que généralement les foldats
font plus habitués de s’aligner à droite, foit parce
qu’il eft plus naturel à 1 homme de porter la tête
plutôt à droite que de la porter à gauche.
Ce princi*' néanmoinà n’eft plus admiflible ,
lorfque la coionne de l’armée doit fe remettre en
bataille fur la ligne de fa profondeur à diftances
néceflaires entre les pelotons , parce que la nature
de la chofe demande alors que la ligne generale
du front de l’armée foit alignée aux ailes gauches
des pelotons. Voye%_ T U.
Il Elit de-là qu’auffitôt que touts les pelotons
des deux colonnes ont achevé de converfer en Y
& en C , & qu’ils prennent l’alignement D C néceflaire
pour fe remettre en bataille , touts les
chefs des pelotons doivent fur le champ pafler à
l’aile gauche de leurs pelotons refpeâifs, parce
que touts les foldats doivent alors tourner la vue
vers cette aile, pour prendre de-là leurs aligne»;
ments néceflaires.
Le général en chef doit placer lui-même les
chefs des premiers pelotons de la ligne de l’armée
fur la direêfion que le front général doit occuper ,
en leur donnant à connoître les points de vue extérieurs
qui déterminent invariablement cette ligne.;
il doit auffi indiquer à la tête de la colonne les
points directeurs principaux extérieurs , & aligner
enfuite tout l ’enfemble aux ailes gauches de la
ligne générale de l’armée T U ; tout cela doit être
exécuté de fa part avec la plus grande exa&itude ,
en tranfpofant tout-à coup , pour ainfi dire , la
ligne de marche générale de l’armée de la droite
D C à la gauche T U , parce que le même alignement
doit toujours être confervé.
Il ne doit être permis à aucun peloton de la coJ
lonnè, dans ce moment-là, d’appuyer ni à'droite
ni à gauche ; touts doivent conferver Tuniformité
parfaite du pas comme s’ils ignoroient totalement
cette^tranfpofition apparente de la ligne de marche
générale, parce que le moindre changement qui
. arriveroit, fur-tout à l’un des premiers pelotons de
la colonne, relativement à la ligne qu’il occupe en
profondeur , & à fon rapport avec les points directeurs
intérieurs , occafionne fur le champ dans la
marche néceflaire de l’enfemble de l’armée, un
défordre d’autant plus confidérable,, que la co-,
lonne eft plus ou moins longue.
Quand toute la colonne doit fe remettre en bataille
& qu’elle a fait halte , elle doit auffi tôt être
alignée dans le même ordre où elle s’eft trouvée
dans fa première pofition A B , avant de prendre
celle C D , par le mouvement d’une converfion à
gauche, exécuté par touts les pelotons à-la-fois.
Dans une armée q u i, ayant marché en colonnes
par la gauche, efi obligée de fe remettre en bataille
par la droite , il ne fera pas difficile défaire
exécuter la manoeuvre inverfe de la précédente.
La grande tactique evxfeigne comment une armée
formée fur dgux lianes doit être divifée- pour la
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