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• • VI. D ’être d’une grande économie en ce qu’elles
peuvent, fervir tant que le liège dure, fans être
obligé de changer les batteries.
VII. De consommer fept ou huit fois moins de
poudre que les autres batteries , & de ne jamais tirer
inutilement.
VIII. De tirer plus jufte & plus promptement,
& bien plus efficacement que toutes les autres manières
de battre.
Après les batteries à ricochet » il n’en faut pas
d’autres que celles du chemin couvert, car pour
ce qui eft de rompre les défenfes , outre qu’elles
font de longue difeuffion, c’eft une erreur ; on ne
le fait jamais , & il n’arrive point qû’un parapet à
l ’épreuve foit affez rafé pour que l’on ne s’en pirfffe
plus fervir; d’ailleurs cela eft inutile quand le ricochet
eft bien placé 6c qu’il fait fon devoir ; ainfi
toutes les autres batteries néceffaires doivent s’établir
fur le haut du parapet du chemin couvert, Sc
le doivent border, elles foct toutes de même efpèce
, mais elles ont différents ufages.
Les premières en ordre doivent être les deux
D D , de 4 pièces chacune , deftinée à l’ouverture
de la demi-lune C ( fig. 333 ). On les place de part
& d’autre de fon angle , à-peu-près dans les endroits
marqués D D , & quand la demi-lune eft
prife , on les peut changer de place , en les mettant
un peu à droite 6c à gauche pour enfiler fon
foffé, afin de pouvoir battre en brèche les épaules
des baftions , comme on voit en E E.
Après que les brèches font faites , foit à la demi-
lune ou aux baftions , & bien éboulées, on tient
ces batteries en leur premier état, toujours prêtes
à battre le haut, jufqu’à ce qu’on çn foit le maître ;
on biaife'même les embrafures , pour aggrandir
davantage les brèches , obfervant que pour faire
brèche avec le canon , il faut toujours battre en
falve, & le plus bas qu’on peut, mais jamais le
haut, parce que cela attjre des ruines au pied, qui
tpmpent l’eftet du canon.
Pour bien faire, il ne fout pas que la fope ait
plus de 6 à 7 pieds de haut. On ne doit jamais
quitter le trou qu’on bat qu’on ne l’ait enfoncé de
8 à 10 pieds au moins ; après quoi on leur fait élargir
la brèche, comme on l’a dit ci-deffus , qui eft
«ne affaire de 24 heures au plus ; on peut donc
dire que les batteries des dçmi-lunes ont trois
ufages :
Le premier eft celui d’ouvrir la pièce attaquée.
Le fécond, de battre le haut de la brèche.
Et le troifième ? d’ouvrir le corps de la place près
des oriilons.
Les fécondés batteries en ordre font celles marquées
H H (j|gv 333 ) ,qui s’établiffent furie haut =
du chemin couvert, «levant les faces des baftions
A & B qu’on veut .ouvrir.
Celles-ci font compofées de 6 , 7 à 8 pièces chacune
; leur ufoge eft de battre en fope le pied des
baftions fur toute l’étendue des faces, pouf y faire
brèche , & quand les brèches font faites, & autant
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abattues qu’on le défire, on confervé une partie de
ces pièces pour battre le haut, & on en recule
3 ou 4 fur le derrière de la plate-forme , desquelles
on bouche les embrafures avec une barrique remplie
de focs à terre & d’autres , qu’on raage à côté.
Elles fervent pour lors à chafter l’ennemi du haut
des brèches , oc à achever d’abattre les défenfes ,
pendant que les ricochets continuent à plonger &
enfiler les dedans , & l’empêchent de s’y préfenter.
La troifième efpèce de batterie du chemin couvert
font les marquées 1 1 , qu’on oppofe aux
flancs ; celles-ci font pour l ’ordinaire de 5 , 6 , 7 k
8 pièces , félon l ’efpace que Ton peut avoir. Leur
ulage eft de démonter le canon des flancs oppo-
fés , ce qui n’eft pas bien aifé , & ne fe fait qu’en
, rompant le flanc même, & en abattant toutes fes
défenfes, ce qui va quelquefois à une longue con-
teftation, quand elles ne font pas aidées par les
échappées des ricochets & par les bombes, même
par les pierriers , l’un & l’autre y pouvant être
très utilement employés , quand elles font bien
placées.
Au fiège de Fribourg en 1713 , la place fut prife
avant qu'on eût pu entièrement démonter Les batteries
des fanes , parce que les oriilons les couvraient de
revers.
On peut encore placer des batteries de canon
fur les places d’armes des angles rentrants, comme
il eft marqué au plan K K , dont l’ufage eft de faire
brèche à la courtine, & de tourmenter les tenailles.
Celles-ci font rares, & ne doivent pas trop bien
réuffir; c’eft pourquoi il vaut mieux y mettre des
pierriers.
Outre ces batteries, qui toutes fe placent fur le
haut du chemin couvert, on peut encore ajufter
des ricochets fur les flancs, les plaçant, comme il
eft marqué fur le plan , en K K , moyennant quoi,
il y a peu d’endroits où le canon de l’ennemi puiffe
tenir longtemps.
Voilà à-peu -p rè s toutes les batteries prati-
quables , à moins qu’on n’ait toujours recours à des
revers éloignés & léparés des attaques par des rivières
6c des eaux non guéafeles, ce qui arrive affez
fou vent aux places qui font fort irrégulières &
fituées fur des rivières, comme on Ta pratiqué à
Namur, lorfque le roi s’en rendit maître, & à
B rifack, lorfque monfeigneur le duc de Bourgogne
en fit le fiège & le prit.
Réflexions fur t u f âge des batteries de canon qui
tirent à pleine charge.
Il n’y a rien de plus important que le bon ufage
du canon dans un fiège ; mais il eft très rare d’en
voir qui foit bien fervi, 6c encore plus qui ajufte
comme il le devroit. On s’étonne , avecraifon, de
l’inégalité de fes coups & de leur peu d’effet ; mais
peu de gens en voyent le défaut. Il eft cependant
très vifible , puifqu’il ne provient que de la mau-
vaife conftruâion dés plates-formes & de l’inéga-
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lité de la cha rge q u ’« n lu i d o n n e ; p o u r tire r plus
iufte . il faut donc : § . . . I
1 i». Faire ces plates-formss complettes, folides
& non pliantes , comme celles dont on fe fert.
î ”. Charger de mefure, comme il eft propofe
pour'les batteries à ricochet.
1 ,0. Obferver les coups qu on tire, & quand on
aura bien ajufté, les marqser fur le coin dem.re ,
ou fur la femelle , & recharger de meme tant qu 1
V aura de la même poudre. Quand les barrils fur
lefouels on fe fera réglé feront vuides, il faudra
examiner de nouveau les premières charges dont
«n fe fervira ; il eft fur que tant gu on chargera
de la même poudre, les coups ajufteront incom-
PaE^fia^rneIfàutXpoint fe négliger fur les batteries
mais les faire folidement, avec les foins &
précautions propofés , moyennant quoi, on en
verra de bons effets ; c’eft fur quot le general doit
étendre fes foins avec application ,& ne s en pas
rapporter aux officiers d'artillerie, qui,,par négligence
ou par intérêt , pourroient fe relâcher de
leur devoir à cet égard, ce qui eft d une conie-
quence infinie ; car c’eft le bon emploi du canon
& des bombes qui prend les places 6c abrégé les
lièges. , .
Des batteries à. bombes & a pierres.
Les batteries à bombes doivent être fituées à
droite , & à gauche de la tranchée , affez éloignées
d’elle pour que les allants & les venants n’en toy eut
point incommodés; *
A l’égard de leur diftance de la place, il faut
les placer entre les premières & fécondés places
d’armes ,ou attenant & joignant les batteries à ricochet
, afin qu’elles puiffent auffi battre d’enfilade
; ainfi leur fituation la plus convenable eft les
endroits marqués O. ( Fig. 326 ). _ a
Le parapet de leurs batteries doit etre de la
qualité de celui du canon , excepté qu’on n y fait
point d’embrafures. Comme il importe peu que
leurs plates-formes foient élevees ou non , on peut
les enfoncer de 2 ou 3 pieds pour plus grande
commodité & pour avoir plutôt fait, 6c les éloigner
de 9 ou 10 de Fépaulement.
Pour établir une batterie à bombes , il fout préparer
un efpace de 10 à 12 pieds quarrés pour
chaque mortier , qu’il faudra applamr 6c bien battre
à la demoilelle, avec une pente de 4 pouces du
derrière au devant, fur lequel ©n pofera des poutrelles
de bois quarré, tant plein que vuide, de 8
à 9 pouces de gros , fur 9 à 10 pieds de long ,
qu’on arrêtera ferme fiir le terreiivpat des piquets.
Après avoir égalé leur diftance & leur pente, on
remplit les environs 6c les entre-deux de la plate-
forme de même terre battue, 8c égalée au rez des
poutrelles, qui feront couvertes de madriers bien
joints fur les poutrelles l’un contre l’autre, de 3
pouces d’épais , fans être cloùés ni chevillés fur
les poutrelles, mais feulement arrêtés par des pi-
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què'ts tout autour, de manière que quand il s’agira
de les défaire, on le puiffe fans les gâter. Cela
fait , on environnera la plate forme d’une tringle
tout autour , pour arrêter le recul du mortier ; on
aura foin de bien déblayer 8c applanir les environs
, afin que leur fervice foit libre 6c dégagé ,
remarquant que la diftance d'un mortier à l’autre
doit être de 15 à 16 pieds. Il faudra en même temps
prolonger un bout de l’épauiemenr, & faire un
trou ou deux bien couver; s , à quelque diftance fée,
parée de la batterie , pour mettre en fureté les
poudres 6c les bombes chargées.
Tout cela préparé de la lorte, il n’y aura plus
qu’à mettre les mortiers fur les plates-foi mes ; ft
on les placé bien la première fois , il ne fera plus
néceffaire de les changer ; c’eft: pourquoi il faudra
les approcher dès le commencement, du moins
autant que les batteries à ricochet, marquées fur
le plan G , H , I, K , L , (fig. 326 ) .,
Cela fait, 6c les mortiers montes fur les plates-
formes , il faudra fimplement tirer aux défenies ,
aux batteries de la place , 6c dans le centre des baftions
6c de la demi-lune , où on, peut faire des retranchements
, 6c non aux niailons, parce que ce
font autant de coups perdus , qui ne contribuent en
rien à la prife de la place, & les dommages qu’on
y fait tournent toujours à perte pour l’amégeant ;
c’eft pourquoi il eft néceffaire de bien apprendre
aux bombardiers ce qu’ils doivent battre , 6c leur
défendre très expreflément de tirer aux bâ iments.
Des mortiers à pierres,
Les pierriers fe doivent mettre bien plus près
que les batteries à bombes ; leur fituation , quant
à la diftance, fe partage en deux, dont la première
eft entre la troifième place d'armes.6v. le pied
du glacis , parce qu’ils ne portent pas loin ; 6c la
fécondé , fur les angles Taillants 6c rentrants du
chemin couvert ,tant des demi lunes que des baftions.
Il ne faut à ceux-ci qu’un épaulemenr comme
aux batteries à bombes, 6c une plate-forme toute
fimple , parce qu’il ne s’agit pas de foutenir l’effort
d’une étoffé charge , cemme aux mortiers à bombes«1
Le vrai lieu de les bien placer feroit dans le chemin
couvert, fur les angles flanquants 6c rentrants J
mais ils y feroient trop difficiles à fervir.
Au furplus, les mortiers à bombes font de 12 3?
13 pouces de diamètre ; fi on en pouvoir avoir une
demi douzaine de l’efpèce appellée comminge, qui
ont 16 ou 18 pouces ,6c 1000 bombes par mortiers
, ils feroient très utiles pour faciliter l’éboule-'
ment des brèches 6c ruiner les retranchements.’
Ceux de 8 pouces font de peu de fervice ; les
pierriers font beaucoup moins chargés de métal
que les autres, ils doivent être de 18 pouces de
diamètre.
On feroit fort bien débattre en ricochet les faces
des demi-lunes collatérales M 6c N , ( fig. 326 ) ,
qui ont vue fur la droite 6c la gauche des attaques ,