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capacité & l’expérience requifes pour la conduite
& le maintien des régiments , clans un aufli grand
nombre de colonels , lieutenant-colonels &. majors
que l’on emploie à préfent. On voir même
qu’il ne fort pas aujourd'hui un jeune homme de
l ’académie , que ce ne foit pour être à U tète d une
troupe. /.
' Sans m’étendre davantage fur ce fujet, je m’en
rapporterai Amplement à ce qui s’eft vu depuis
quelques années , pour faire convenir qu’il faut
de plus gros corps , afin qu il y ait moins de colonels
, & que l’on oblige la jetrnelie, de quelque
qualité qu’elle foit, de palier par les degrés , afin
que par l’obéilfance elle fe rende capable du commandement.
• Je trouve de grands abus fort préjudiciables au
fèrvice du roi, dans la manière même dont les
corps de troupes qui forment une armée Lorfquelle
eft aflemblée, ont été compofés dans ces derniers
temps. Ils ont été multipliés à un tel excès , que ce
ne font prefcjue plus que des noms fur un ordre
de bataille, fans confiftance fur la ligne lorlqu’il
faut que l’armée combatte.
• Les jeunes gens fans expérience à qui on a donné,
des régiments , ont dégoûté les vieux ofiiciers qui
étoient à la tête des vieux corps, parce qu vis le
font trouvés dans la néceflité d’obeir à des enfants.
Ces mêmes enfants ont propofé au min titre des
fujets incapables de former de bons états-majors ,
qui ont tonts été agréés.
L’avidité du gain & la facilité de s’entendre avec
les commiliaires des guerres , ont fait que les revues
ont été peu exaâés ; de forte que le roi fe
trouve à préfent continuellement volé, &. fur le
nombre des foldatsqui manquent dans les compagnies
, quoique payés par l’état de la revue. ___
AuSi trouve-t-on un bataillon excellent, lorf-
qu’ il entre en campagne, à cinq cents hommes : au
lieu que fous les miriiftres précédents, on auroit
cafle un capitaine , ou au moins lui auroit-on retenu
une fomme , fi la compagnie ne sétoit pas
trouvée complette en entrant en campagne * & le
colonel auroit reçu une lettre de réprimande fort
févère , dans le régiment duquel il fe feroit trouvé
plu fi eu rs compagnies qui n’auroient pas été com
.p Jettes.' ” ; ’* * ’ ■
' Il s’eft encore introduit dans la guerre préfente
un abus d’une conféquence infinie pour le fervice
du roi; Voici quel il eft. i
Le minière n’a pas trouvé de moyen plus comJ
mode pour lui de recruter les armées de Bavière ,,
d'Iralie 8c d’Efpagne , qu'en faifant fournir par les
pardi fies du royaume , le nombre d’hommes qui
nanquoienr dans .ces années. Ce mauvais expédient
a produit un abus conficlérable ; c eft que le
capitaine a trouvé tin gain considérable à être foible
dans le cours de la campagne , parce qu’aprés la
première revue où le roi mettait fa compagnie complexe
, il tournoit à fon profit le revenant-bon de
la foide 8c du pain du foldat qu’il a’ayoit plus ;
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i ainfi il abandon noir fon foldat, qui lie lui ceutoie
plus rien à remplacer , & dont la perte lui ctoic
un profit.
Je fai bien que les colonels inappliqués allèguent
pour s’exeufer , que ce font les directeurs 8c tes
iufpeéteurs qui font à préfent chargés par 1e rot
du foin du complet des compagnies & de la qualité
du foldat ; mais quoiqu’il fait vrai que ce font
eux qui rendent compte au miniftre de l’état des
t'oiipcs & de leurs befoins , eft ce pour cela une
raifon recevable aux colonels , pour être aufli peu
appliqués qu’ils le font , 8c pour veiller aufli peu
qu’ils le font à ce que les compagnies de leu« ré-,
giments foient bonnes 8c en bon état ?
La foiblefle des compagnies, jointe à celle de
leur nombre dans les.bataillons & tes efeadrons 9
produit encore un inconvénient terrible dans les
occafious. C ’eft que pour faire occuper au bataillon
ou à l’efcadron le même front que celui du
bataillon on de l’efcadron de l’ennemi , on eft
forcé de ne mettre tes bataillons qu’à quatre de
hauteur , & tes efeadrons à deux ; ce qüi ne peut „
à la longue, faire tenir contre une troupe qui eft
fur fix ou fur trois de hauteur.
Ainfi je conclus que 1e fervice ne peut être ni
bon ni fi bien fait qu’il l’étoit autrefois , 8c qu’il
faut quitter la manière préfente pour reprendre
l’ancienne.; car enfin plufieurs désordres 6c abus
contribuent aux malheurs qui arrivent à nos armées,
8c il faut fe redrefler fur-tout, fans quoi le
dépérifîement deviendra fans remède.
L’expérience ayant confirmé de jour en jour
ces réflexions de M. de Feuquières -, on a remédié
aux vices qu’il a notés. foye^ C a v a l e r i e ,
In f a n t e r ie .
T ro u p e s lé g èr e s . Troupes d eft i nées aux découvertes:,
aux reconnoiflanc'es , aux expéditions
fubites , à la guerre de.parti.-
TROUSSE. Carquois où les arbalétriers 8c les
archers metroient leurs flèches. Le père Daniel
rapporte , dans Vhijloire de la milice françoife , un
mémoire du temps de Louis XI concernant l’armure
des francs-archers, par lequel on voit que
leurs troujjes dévoient être garnies au moins de
dix huit traits. ( Q. )
T rousse. Groflè 8c longue botte de fourrage
du poids de cinq à fix çentslivres. '( Q. )
TUNIQUE. Surtout ou cote d’armes portée fur
l’armure du corps.
La tunique eft proprement un petit furtout de
taffetas , court & fort large , fur lequel ou a peint
ou brodé des armes, comme en porrent tes hérauts
d’armes ; autrefois tes officiers généraux militaires
en porroienr aufli fur leurs armures , pour fe dif-
tinguer de leurs fubalrernes.
TYMBALE. Efpèce de tambour dont 1e cuir eft
tendu fur une caifle d’airain. Il étoit autrefois en
ufagê à la guerre chez les Sarrafins ; il pafla en-
fuite chez les François 8c chez tes Anglois.
Il n’y a pas longtemps que cet inftrument militaire
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taire eft en.ufage dans nos armées ] au moins le
père Daniel prétend qu’on ne le trouve point dans
nos hiftoires fous le règne de Henri IV 8c fous
celui de Lotus XIII.
La tymbale nous eft venue d’Allemagne. Jufte-
Liple, qui eft mort en 1606 , dit dans fon traité de
la Milice romaine , que tes Allemands s’en fervoient
de fon temps. On en prit dans le.combat aux A llemands
en quelque occafion, 8c U ne fut permis
d’abord à aucun r giment françois de cavalerie
d’en avoir , qu’à ceux qui en a voient pris fur l’ennemi.
Depuis on en a mis dans les compagnies de
la inaifon du roi ; il n’y a que les moufquetaires
qui n’en ayent point. La gendarmerie 8c les régiments
de cavalerie légère en ont aufli dans la
■ compagnie du meftre-de camp 8c dans les autres
compagnies qui en ont enlevé aux ennemis.
Les tynïbales font deux efpèces dé grands baf-
fins de cuivre rouge ou d’airain» ronds par le fond
oc couverts par-deflus d’une peau de bouc qu’on
fait tenir par le moyen d’un cercle de fer 8c plusieurs
écrous attachés au corps de la tymbale, 8c
d’un pareil nombre de vis que l’on monte 8c démonte
avec une clef. Les tymbales fe tiennent en-
fcmble par le moyen d’une courroie que l’on fait
pafîer par deux anneaux qui font attachés l’un de-
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vant 8c l’autre derrière le pommeau de la felle du
tymbalier.
Les tymbales font garnies de deux tabliers de
damas ou de fatin , aux armes du colonel, du
prince , ou du meflre-de-camp à qui elles appartiennent.
Quand il fait mauvais temps , on les
couvre d’ordinaire d’un cuir de vache noir.
Le tymbalier bat avec des baguettes de bois de
cornier ou de buis , longues chacune de huit à
neuf pouces, Elles ont chacune au bout une petite
rofette de la grandeur d’un écu. C ’eft de l’extrémité
de ces petites rofettes que l’on frappe la
tymbale, ce qui lui fait rendre un fon plus agréable
que fi elle éroit frappée d’üne baguette de tambour.
Le tymbalier , aufli bien que le trompette , dans
les marches 8c dans les routes, eft à la tête de
l’efcadron , trois ou quatre pas devant 1e commandant;
mais dans tes combats , ils font fur tes
ailes dans les intervalles des efeadrons pour recevoir
les ordres du major ou de l’aide-major. Le
tymbalier doit être un homme de coeur , qui doit
défendre fes tymbales au péril de fa vie , comme
1e cornette 8c le guidon doivent faire pour leurs
1 drapeaux, ( Daniel, mil. franc. );
i II n’y a plus de tymbales dans tes troupes fran-,
{ çoi fes.
V A G
’\r AGUE-MESTRE. Officier qui a foin de faire
charger ? atteler 8c défiler les bagages d’une ar*
mée. Il va touts les foirs prendre l’ordre du maré-
chal-des-logis.de 1 armée , pour ifavoir la route
que les équipages doivent tenir, 8c enfuite fe
pourvoir de bons guides. Il fait avertir les bagages
de chaque brigade de fe trouver dans un endroit
marqué pour les faire défiler félon le rang des
brigades. Elles avoient autrefois chacune un étendard
de ferge qu'on appelloit fanion , mais il n’efj
plus d’ufage.
Il y a plufieurs vague-meflres qui font fubordon-
nès au vague-mejlre généra/, & qui prennent l’ordre
de lui. Ils font ch oifis dans tes brigades de cavale- j
rie 8c d’infanterie, 8c ils ont des aides ; ils marchent
à la tête des colonnes 8c des brigades. ( CM
VEDETTE. Cavalier p >fé en fentinelle.
VELITES. Voye^ Lé g io n .
VERGES. Voyei P e in e s .
VEXILLE. Voye{ En se ignes 8c L é g io n .
VICTOIRE. Heureux fuccès d'un combat. C ’eft
l’aélion la phis’brillante d’un général, lorfqu’oite
eft le fruit de fes difpofnions 8cde fes manoeuvres, ^
8c qu’il peut dire comme Epaminondas 9fai vaincu
les ennemis.
Ce qui fait le prix 8c la gloire d’une victoire, ce
font tes obftacles qu’il a fallu furmonter pourTob-
Art militaire. Tome III,
V I C
tenir. Ce ne font pas toujours , dit M. de Fôlard , les
victoires du plus grand éclat qui prodùifent les
grandes gloires , 6» qui illujlrent le plus la réputation,
des grands capitaines , mais la manière dt vaincre 9
c’eft-à-dire , l’art avec lequel on a fait combattre
tes troupes , 1e nombre 8c la valeur de celles de
l’ennemi , 8c tes talents du général que l’on a
vaincu. Lorfque la victoire n’eft due qu’à la fupcr
riorité du nombre des troupes , à leur bravoure ,
8c au peu d’ari 8c d'intelligence du général op-
pofé , elle ne peut produire qu’une gloire, médiocre
; à vaincre fans péril , on -triomphe fans,
gloire. Il faut donc que la victoire , pour illuftrer véritablement
le général, fait attribuée à fes bonnes
difpofnions, à la fcience de fes manoeuvres , à la,
manière dont il a fçu employer fes troupes, 8c que
d’ailleurs il ait eu en tête un général habile , à-peu-
près égal en force. Comme ces circonftances concourent
rarement enfemblë, il s’enfuit que toutes
les victoires ne font pas également glo ri eu fes.
Aufli n’eft-ce point 1e gain d’une feule bataille qui
fait la réputation des généraux, mais la continuité
>$es fuccès heureux , parce qu’on fuppofe qu’ils
font le fruit des talents 8c de la fcience militaire.
1' y a eu des généraux , tels que le fameux amiral
de Coligny 8c le prince d Orange, Guillaume III,
roi d’Angleterre, q u i, fans avoir gagné de ba-
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