
166 L E V
7 den. ) ; la dragme d’Ægine valoît dix oboles attaques
, 8c à chaque cavalier une dragme d’Ægine ,
( i liv. 16 f. 8 den. ). ( Thucid. , liv. 1 1 1 , p. 182,,
C. av. J. C. c. 468 , v. p. 378 , av. J. C. 4 15 ).
Alliés & Mercenaires. "
Outre les feçôurs en troupes que les Athéniens
tir oient de leurs alliés , ils prenoient à leur folde
des troupes mercenaires , 8c fouvent ils en avoient
plus que des nationales. Oh voit toutës'ces efpèces
de troupes dans le dénombrement que fait Thuy-
cide de l’armée Athénienne, qsi fit voile de Co-
rure en Sicile. Il y compte quinze cents Athéniens
enrôlés ( e* kut*. Xoyn ) . & lept cents thèles ou citoyens
de la première claffe , qui étaient epihatés ;
ç’cft-à-dire , montoient les vaiffeaux ; le refie étoït
ou des villes fujettes d’Athènes , ou des Argiens ,
au nombre de cinq cents, ou des Mefleniens 8c des
mercenaires, au nombre de deux mille cinq cents.
( Thucid. , liv. 1 ,p. 78 , B. ).
L a c é d é m o n i e n s .
Education , forme des levées , enrôlement.
Nous ignorons les loix 8c ufages fuivis à Lacédémone
fous les Pélopides 8c les Héraclides pour l’enrôlement
8c la levée.
La rivalité des deux rois qui gouvernoient cette
v ille , 8c l’amour de la liberté que fes habitants
avoient confervé , caillèrent des diffentions , &
amenèrent un grand changement dans la confiitu-
‘tion de l’état. Lycurgiie , né du fang des rois,
homme intègre Sc bon citoyen , en fut chargé par
le peuple. Il avoit voyagé en Afie, en Egypte, en
Crète, pour en étudier les loix. Ce fut fur-tout à
celles de Crète qu’il donna la préférence.
Il entreprit de former un peuple vertueux, différent
de touts les autres; paifible chez fo i, toujours
prêt à fe défendre. Il régla 8c limita l’autorité des
deux rois, en plaçant un fénat de vingt-huit vieillards
entre, eux 8c le peuple. Il établit l’égalité par
un partage égal des terres; bannit le luxe 8c l’avarice
en fubflituant une monnoie de. fer à celle d’or 8c
d’argent ; les voluptés des repas privés, par l’étâ-
bliffement des repas publics, où- régnoit la frugalité.
Chaque citoyen y venoit armé, apportoit des
aliments fini pies, retournait de nuit chez lu i, fans
flambeaux: les ro:s n’en étoient pas exempts. Les
monuments 8c les édifices dénués d’ornements , ne
furent plus qu’un abri contre l’intempérie des faisons.
( P h tarefa, Lycurgav. J. C. 876 ).
L’éducation fut réglée, 8c tendit fur-tout à former
des hommes robuftes , capables de jouir fadement
des biens de la nature, 8c d’en fupporterles
maux avec courage. Les enfants nés contrefaits ,
étoient expofés fur le mont Taygete; ceux que la
nature avoit formés avec fuccès , lui étoient laifies.
Aucun lien ne s’oppofoit à leur développement : ils
L E V
* étoient lavés avec du vin ; on les accoutumoit dés
J le plus bas âge à l’abfiinence , à la folitude, aux té-
• nèbres. Ils étoient jufqu’à fept ans entre les mains
de leurs parents : à cet âge commençoitleur éducation
publique. On ne les confiait pas à des maîtres
mercenaires , c’étoient des citoyens qui formoient
des citoyens. Tout le fyfiême d’éducation tendoit à
les rendre efclaves des.loix, à les former aux peines
d’une vie dure, à leur donner des moeurs graves 8c
honnêtes, à les infirnire des arts 8c des iciences
utiles, 8c fur-tout à leur apprendre celui de combattre
8c de vaincre. Ils marchoient les pieds nuds,
avoient la tête rafée, jouôiènt enfèmble prefque
nuds. Dans chaque chiffe, celui qui montroit le
; plus d’efprit 8c d’intelligence , 8c le plus d’ardeur
pour la guerre, en devenoit le chef. Les autres
ôbéiffôient, 8c fubiffoient fans murmurer les peines
qu’il infligeoit. Ils combattoient entre eux devant
; ceux qui étoient plus âgés : ceux-ci les exciçoient 8c
remarquoient les plus courageux. Us. dormoient en-
femble fur dés lits qu’ils fe faifoient eux- mêmes
avec les aigrettes des rofeaux de l’Eurotus.En hiver
ils y mêloient le duvet d’une autre plante, qui don-
noit quelque chaleur ; ils quittoient la tunique , 8c
portoient un manteau qu’ils recevoient chaque année.
En général tous les citoyens fe regardoient
comme leurs pères,leurs inftituteurs 8c leurs maîtres.
Les vieillards qui remarquoient des enfants d’un
heureux cariaélère, s’y attachoient, les accompa-
gnoient aux lieux d’exercice , 8c les inftruifoient
eux-mêmes ; il n’y avoit ni temps, ni lieux, où ils
ne fuffent furveillés.
Un citoyen choifi parmi les plus fages, dirigeoit
tontes les claffes. Il pouvoit les affembler, les réprimander,
les faire jeûner ; chaque claffe étoit conduite
par un jeune homme dés plus fages 8c des
plus braves : on le nommoit ivene : il de voit avoir
deux ans au-deffus de l'âge de puberté, c’eft-à-dire ,
vingt ans. Lorfque les ivènes étoient dans la ville
avec leur troupe, ils employoiènt leurs élèves comme
des uperetes ou ferviteurs. Ils envoyoient les pliis
grands chercher du bois,les plus petits des légumes
& d’autres aliments , mais furtivement comme à la
guerre, foit dans les jardins , foit aux lieux où les
hommes prenoientleurs repas. Ceux-ci obfervoient
8c prenoient le moment où ceux qui gardoient ces
chofes s’endormoienr du fe négligeoient. S’ils étoient
découverts, on les battoit de verges. Un d’eux
ayant pris un jeune renard, l’enveloppa dans fon
manteau ; 8c , quoique cet animal lui déchirât le
ventre avec les dents 8c lés ongles , il le fouffrit en
filence , 8c en mourut. ( Plutarch. , p. 50 , E. ).
Mais ce que ces enfants fupportoient au temple
de Diane Taurique ne feroit pas cru , s’il n’étoit
pas attefié par les plus graves auteurs de l’antiquité,
dont quelques-uns en furent témoins. Ils y étoient
conduits touts les ans, 8c tellement battus de verges,
que le fang en couloit de toutes parts. Leurs pères
& leurs parens étoient préfents, 8c les exhortoient ;
& ces enfants, à l’envi des uns des autres, ne laif-
L E V
(oient pas échapper un feul gémiflenient. Quelques-
uns expiroient fous les coups, 8c montroient un
vifage g a i, jufqu’à la mort. L’éducation Spartiate
domptoit jufqu’à ce point la nature , ou plutôt en
faifoit une autreinconnue à touts les autres hommes.
C ’étoit employer la férocité à produire la vertu.
Un ufage plus humain,en ce qu’il tendoit à faire
juger, apprécier, honorer les moeurs, étoit celui
d’accoutumer les enfants prefque dès le berçeau à
çonnoître 8c eftimer les meilleurs citoyens. On leur
demandoit fouvent quel étoit le meilleur où le
moins bon de Sparte : celui qui héfitoit paffoit pour
une ame lente au chemin de la vertu : on exigeoit
de plus une réponfe brève 8c motivée. On aimoit à
Sparte un difèours piquant, mêlé de grâce ; un
grand fèns en peu de mots. La culture de l’efprit
n’y étoit pas négligée. On y en feignait des lettres,
des_arts 8c des fciences, ce qui eu vraiment utile.
Les rhéteurs, les dialefiiciens, les philofophes qui
n’étoient que difeoureurs, en étoient écartés; la
morale y étoit plus enfeignée par l’exemple 8c l’habitude
, que parles préceptes. On infpiroit aux enfants
l’horreur de lïvre fie, en amenant devant eux
des eielaves que l’on avoit ennivrés. On les exer-
çoit aux danfes guerrières , que Lacédémone difoit
tenir de Cafior & Pollux. Elles termrnoient touts
leurs exerciçes.On les infiruifoit de l’hiffoire 8c des
antiquités; on leur, apprenoitla mufique ; on leur
faifoit lire les poèmes capables d’enflammer le courage
ou former les moeurs, telles que celles çfHo-
mère ; de Tyrtée, de.Terpandre, d’Aliman , de
Spendon. Une poëfie fage & chafte, jointe au mode
mufical le plus noble 8c le plus modefte, faifoii
l’ornement de leurs jeux, de leurs fêtes, de leurs
exercices , 8c des affemblées civiles. Lucien dit que
rien ne fe faifoit à Lacédémone fans les mufes; on
formoit les enfants à une éloquence grave , précife,
fine 8c vive »genre dans lequel les Spartiates n’eurent
point d’égaux. Mais en les inftruifant ainfi dans
toutes les connoiffànces humaines, on leurappre-
noit à réferver pour eux feuls ce qu’ils s’en étoient
approprié , à cacher aux yeux étrangers les lumières
qu'ils avoient acquif'ês , 8c à n ’ambitionner
que la lupériorité militaire. {Heraclid. » Pohtic. ,
Herodian. IX , 3 a. P au fan. I I I , 15 , Athen. X i I I ,
p. 600, F. Plutarch.Lycurg. , 6* inflitut. lacon.
Platon, Pytagor. , toni. 1 , p. ,342. ).
Les enfants étoient pré fentes nuds aux magifirats
touts les dix jours. Ceux dont le corps étoit fort,
les chairs fermes , les mufcles robuftes , recevoient
des éloges ; ceux qui étoient gras 8c mous, des réprimandés
8c des coups. Les jeunes gens prépofés
aux differentes claffes , n’infligeoient les punitions
que devant les magiftrars 8c les vieillards. Ceux-ci
n’interrompoient pas celui qui puniffoir ; mais lorfque
les enfants étoient retirés, il étoit pupi lui-
même s’il s'étoit montré trop indulgent .ou trop
févère.
Les jeunes gens étoient exercés àchaffer., nager,
lutter, courir} fauter » lancer le difque, munir les
LE V 167
armes , prendre 8c garder les rangs, fe rompre, fe
reformer 8c combattre : Lycurgue avoit banni le
pugilat 8c le pannerace. Ils avoient même des combats
réels, mais nuds 8c fans armes. Partagés en
deux troupes, ils paffoient d’abord fur des ponts
dans une efpèce d’île , fe combattoient feul à feul
avec les pieds, les mains, les dents, les ongles *
fans aucun ménagement; enfuite réunis en troupes ,
ils fe chargeoient 8c s’efforçoient mutuellement dé
fe pouffer dans l’Euripe. Il étoit honteux de s’avouer
vaincu! Plutôt que dé céder , ils auroient combattu
jufqu’à la mort. ( Cicer. Tufcul. , liv. V) .
Après le combat 8c quelques repos , ils danfoient
au fon des flûtes : c’étoit leur délaffement 8c leur
plaifir ; l’oifiveté n’étoit pas permife à ceux qui for-
toient de l’adoiefcence. Ils continuoient les mêmes
exercices jufqu’à ce que l’âge leur permît les charges
civiles ou les emplois militaires, 8c ce n’étoit pas
avant trente ans. Lycurgue voulut suffi qu’il y eût
entre les éphèbes ou adolefcents, une rivalité fondée
fur le reffentiment 8c la jaloufie. Les éphos
choififfoient dans cette claffe trois jeunes gens, dont
chacun en choififfoit cent autres , en difant les rai-
fon s qu’il avoit de les préférer 8c de rejetter leurs
compagnons. Ceux qui n’étoient point admis à cet
honneur devenoient ennemis de ceux qui les avoient
exclus 8c de ceux qui étoient choifis. Les uns 6c les
autres s’ob.fervoient, 8c cherchoient dans leurs rivaux
des aâions contraires à l’honnêteté. Le combat
fuivoit toujours une querelle fur venue entre
eux. Tout citoyen étoit libre de les féparer. Celui
qui n’obêiffoir pas à l’in fiant même, étoit conduit
devant les éphores, 8c févèrement puni. Dansnm
Spartiate, la colère même devoir obéir aux loix.
Elevés dans ces travaux continus au fein de leur
ville, la vie des camps leur paroiffoit un repos ; c’é-
toit-là feulement qu’ils avoient une efpèce de luxe,
qu’ils laiffoient croître leurs cheveux, qu’ils les foi-
gnoient & les arrangeoient, lorfqu’ils dévoient marcher
à l’ennemi, comme les jeunes gens des autres
cités pour aller à une fête.
Ceux qui s’attaclioieni: à des enfants partageoient
avec eux ou le blâme, ou les éloges. Un enfant
ayant jeté dans le combat lin cri peu généreux, le
citoyen qui l’aimoit fut puni par les magifirats. Si
plufieurs s’attachoient au même enfant, ilsréunif-
foientleurs foins fans rivalité, pour le rendre plus
parfait, 8c cet amour étoit fi honnête , que l’on vit
les citoyens les plus refpeflables aimer ainfi de
jeunes enfants dune tendreffe vraiment paternelle,
& les femmes s’attacher de même à de jeunes filles.
( P lato. Hipp. Meyor.yp. 285 , D. ).
Celles-ci ne connoiffoienr point la molleffe dans
laquelle on élevoit leur fexe par-tout ailleurs. Les
vues du légiflatenr étoient de former des corps &
des âmes vigpureufes ; il en cherchoit les moyens
jufques dans le fein de leurs mères. Il falloir des
corps robuftes pour en produire,çj.è femblabies. Les
j|unes filles fuient exercées à. la courfe ?.. la lutte , à
lancer le difque 6c le javelot. En certains jours folen