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pendiculaire, fe porte du côté du pied qui eft à
terre ; & au contraire , s’en rapproche , lorfqu’on
porte le pied en ayant.
Je ne parle point ici d’exercer le foldat à baiffer
la pointe du pied porté en avant, parce que je
crois qu’il eft néceffaire de profcrire de l’exercice
des troupes ce qui n’eft qu’agréable ; j’ajouterai
que ce mouvement du pied eft une affe&ation gênante
& contraire à la marche naturelle.
X I X.
L'équilibre ejl à peu près aujji fimple & aujji facile ,
lorfqut le foldat ayant le corps d’à plomb fui; le pUd
pofé à terre, tient l’autre pied un peu en arriéré , de
forte que la pointe foit-pjès de la terre , fans y toucher
, 6» que le genou de ce même pied foie plié , & un
peu en avant de l'autre genou , fans aucune gêne.
Chacun peut obferver, en marchant, que cette
pofition eft celle que donne la nature.
X X.
Dans le premier équilibre, '(prop. 18 ) , il faut
que la partie pojlérieure ( P , fig, 377 ) , du talon du
pied'quon élève , foit perpendiculairement au-d<Jfus
de la moitié ( T ) du pars ( A B ).
Dans tout mouvement mefuré, fi on fubdivife
en portions égales les temps & les efpaces à. parcourir
, l’exécuiion en eft plus facile & plus pré^-
cife ; ici le pied élevé divife le pas en deux parties
égales ce mouvement uniforme aide à faire des
pas égaux , & fertà mëfurer les temps égaux dans
lefquels les pas doivent être faits. Lorfqu’on y
exerce un feul homme , on peut lui marquer le
point ( T ) au-deffus duquel il faut qu’il élève la
partie poftérieure ( P ) du talon , & le point (B )
où il doit la pofer ; ce qui fe peut faire fur-lechamp
à mefure qu’on en a befoin. Si on en exerce plufieurs
enfemble, il fuffit de marquer ces points à
celui delà droite. On peut auffi lui indiquer, à
peu près, la diftance. qu’il doit laiffer entre les deux
talons ; fi .on v.eut qu’il faffe un pas de vingt-quatre
pouces, on lui dira que le talon qu’il élève doit
dépafler d’environ trois pouces la pointe du pied
pofé à terre , & pour achever le pas, parcourir en
defeendant un efpace égale à celui qu’il a parcouru
en s’élevant. Mais , quelque moyen qu’on employé
, il eft inutile de vouloir atteindre à une pré-
cifion parfaite pour la mefure & la durée du pas ;
les feuls points ejfentiels font la fermeté du pas <5*
Falignement.
X X I .
Quand le foldat, ayant acquis quelque fermeté,
commence à garder le premier équilibre , ( prop. 18 ) y
il faut lui faire former le pas , de forte qu'il avance
le corps vivement & en même-temps que le pied qu il
porte à terre ÿ que ce pied aille droit à la place qu il
doit occuper ; que le corps demeurant ferme, droit &
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fans balancement , tombe en équilibre fur le pied qui
pofe à terre ; que l'autre pied foit laiffé en arrière
comme au fécond équilibre, ( prop. 19), après avoir
quitté vivement la terre ; quen/uite d Joit porté en
avant, le genou reftsnt un peu plié, jufquà ce que ce
pied ait dépaffé celui qui pof e à terre ; que le genou Je
tendant alors , & le pied qui a, dépaffé t autre s'élevant
de forte que la partie pojlérieure du talon foit au-dtjfus
de la moitié de la rn'furë du pas , ( prop. 2.0 ) , le
'foldat J'oit dans le premier équilibre, ( prop 1-8 ).
Si le foldat n’avance pas tout le corps en méine-
rëmps que le pied, la partie fupérieure du corps
reliant en arrière-, s’éloigne du plus facile équilibre
, (prop. 18 ) ; il faut employer plus de -force
pour la tourenir; & la peine que le foldat y prend
le diftvait de l'attention nécelTaire à laconlerva-
tion de l'alignement, (prop. 10). S’il traîne avec
lenteur le corps & le pied , il cit prelque impoffible
que ce mouvement foit fait enfemble , car le
dernier degré de vivacité eft à .peu près le même
pour tours-les hommes , fur-tout quand ils font
exercés, & il y a pour eux , au coniraire, plufieurs
degrés de lenieur ; ainfi , plus il y a de lenteur dans
un mouvement, plus il eft difficile qu’il foit fait
enfemble; & au contraire, plus on fait un mouvement
avec vivacité , plus il eft facile d’y mettre un
parfait accord. C eft ce qu’on éprouve dans la pratique
des arts , où les mouvements font mefurés „
tels que la danfe & la mufique. Prétendre qu'une
troupe marche enfemble en traînant le pied , c’eft
préférer le plus facile-au plus difficile ; ceft vouloir
que dans le maniement des armes, le foldat
paffe le fufil d’une pofition . à !• autre , lente-ment &
enfemble, deux conditions que ies.foldats de:quinze
jours favefit être incompatibles.' Qn pourra dire
que cette marche lente & molle , eê pàffage infen-
fible d’un pas à l’autre, eft plus conforme à la nature
; mais fi nous confidérons ici la nature primitive
, nous y trouvons autant de pas que d'hommes
différents ; leqùel eft le meilleur ? Celui-là „
fans.doute , qui, en atteignant le but de l’ar t, s’éloigne
le moins de la nature primitive ; il né faut
donc pas uniquement avoir égard1 à cette nature ,
qui n’enfeigne nullement aux hommes à marcher
par rangs & par files ; mais il eft néceffaire de fe
conformer à la nature de l’art, dont l’effence eft
l’ordre, ( 2 e défi dé taEl. ) , & qui exigé que- les
hommes faffent des pas égaux en temps égaux ,
( prop. 13 ) , dans toutes-fortes de terreinsy (prop.
14 ). On n’obtient cet enfemble que par des mouvements
vifs ; mais leur vivacité doit avoir des
bornes ; il ne faut pas qu’elle dégénère en dureté
pefante & capable de fatiguer inutilement le foldat.
Si le foldat lève trop le pied en le portant en
avant, il emploie plus de force & prend plus de
peine qu’il n’eft néceffaire ; il perd l’avantage
énoncé à la propofition 18, lequél eft de divifer le
pas en parties égales , & la courbe que fon pied
décrit n’étant pas déterminée, il eft plus difficile
que le pas foit fait eofemble.
TAC
$*H cherche à frapper la terre avec le pied qu’ il a levé, il faut nècelfairement que fon autre pied
foie encore à terre, & qu’à l'inftant qu’il frappe ,
le poids de fon corps.foit partagé fur les deux
pieds ; ainfi fon corps ne tombe pas en équilibre
fur un feul pied , ( prop. 18 ). Cependant il faut
qu’il revienne à cet équilibre , afin de porter en
avant le pied refté en arrière ; ainfi , outre la
peine inutile qu’il prend pour frapper à terre , il
tait en deux fois ce qu’il auroit pu faire en une
avs£ plus de facilité. Lorfque le pied refté en arrière
quitte la terre, le haiit du corps s’avance un
peu plus que les reins, & revient enfuite en arrière
pour reprendre l’équilibre, qu’il eft difficile
alors de faifir ; le corps balance de l’arrière à l ’avant
& d’un côté fur l’autre ; le pas n’eft plus
ferme; le port du fufil devient moins facile; l’alignement
fe perd ; & fi le rerrein eft inégal & fur-
tout pierreux, ce défaut rend impoffible l’accord
delà marche.
Lorfque le pied refté en arrière eft porté vers
l’autre pied, fi le genou ne reftepas un peu plié,
jufqu’à ce que ce pied, ait dépaffé celui fur lequel
le corps eft en équilibre, le talon touche à terre ;
le mouvement du corps d’un côté fur l’autre eft
plus grand; le fufil vacile fur l’épaule ;& pour peu
que le terrein foit inégal, il eft impoffible d’y marcher
de la forte; fi l’on monte, plus la pente eft
grande, plus il faut plier le genou ; fi l’on marche
dans des bleds ou des herbes hautes , il faut le plier
beaucoup ; 6c dans ces deux cas, le fécond équilibre
(prop. 19 ) , eft néceffaire ; mais lorfqu’ii faut
avoir recours à ces grands mouvements, la nature
les enfeigne, & ils font faciles à qui fait garder l’équilibre.
Il feroit inutile , fatiguant & rebutant
pour le foldat de plier beaucoup le genou , & de
leyer le pied fans néceffiré dans un terrein uni &
horifontal ; on doit réferver fes forces pour les
mouvements utiles.
X X I I .
Si deux ou -plufieurs foldats font fur un rang , de
forte que leurs brut fe touchent , i l faut qu'ils faffent
chaque pas du même pied.
Si l un faifoit un pas du pied gauche , tandis que
le foldat voifîn fait un pas du pied droit, leur balancement
fe feroit en fens contraire ; leurs mou-
vèments étant oppofés, fe nuiraient, l’ordre cef-
feroit, prop.. I ).
X X I I I .
’ at " y — , j v i i . /yu-i i/uuycè , ç n a cu n
fur un feul rang, & qu'ils forment chaque pas d,
même pied à un.fignal quelconque , foit coup de ba
guette , éclat de voix , ou frappement de main.
£n les exerçant ainfi, on les accoutume à tombe'
& à refter en équilibre fiir un pied ; on a le remp
& la facilité d’examiner chacun d’eux en parties
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. lier, de voir les défaits de la forme de leur pas 51
| de les en corriger. On employera lefignal ,on les
fera marcher lentement, jufqu’à ce qu’ils fâchent
marcher enfemble & bien alignés ; alors on les
fera marcher moins lentement ,& on les conduira
par degrés à faire chaque pas dans le temps fixé ;
un peu de lenteur eft préférable à trop de précipitation
; on parvient affez tôt à hâter le pas.
Quand ils fauront faire chaque pas dans le temps
preferit, on les fera marcher fans fignal, & fe régler
feulement fur leur droite ( ou fur leur gauche,
félon qu’il fera ordonné) ; ils fauront dans peu
marcher de cette manière, fi on les a bien inftruits
de ce qui précède ; alors on les dreffera à marcher
un pas auffi vif qu’il eft poffible de le marcher en
conservant l’ordre.
X X I V .
Lorfqu une troupe marche fur plufieurs rangs ferrés
plus près que la plus grande longueur du pas, chaque
foldat doit obferver de garder la difiance preferite entre
lui & le foldat qui le piécède , & fur-iout de le couvrir
! f i parfaitement, qu ils foient l'un & l'autre fur une
\ même droite perpendiculaire au front du bataillon.
D eux foîdats placés l’un derrière l’autre , de
forte que le côté gauche de celui qui eft devant ,
& le côté droit de l’autre foient fur une même
droite perpendiculaire au front, ne peuvent pas ,
dans cet ordre , marcher du même pied , à moins
qu’il n’y ait entre le talon gauche de celui qui eft
devant, & la pointe du pied droit de l’autre , une
diftance égale au moins à la longueur de leur pas.
Si cette diftance étoit moindre , le pied droit de
celui qui eft derrière heurteroit le talon gauche de
celui qui eft devant ; ils peuvent, dans ce même
ordre , marcher de différents pieds touts les pas
poffibles ; mais celui dans lequel ils couvrent
exactement leurs chefs de file ayant le même avantage
& étant plus fimple , eft préférable. Ainfi
chaque foldat des derniers rangs doit regarder celui
qui le précède, & non fa droite ou fa gauche.
X X V.
Quand les foldats fauront marcher bien alignés fur
un feul rang fans fignal, on les fiera marcher fur plufieurs
rangs ferrés , en avant, par le flanc & en con-
verfion.
Dans ce dernier mouvement , il faut leur faire
obferver d’aligner les épaules & la tête fur celles
des deux foldats qui font à côté d’eux vers l’aile
qui tourne , ou , ce qui eft la même chofe , de ne
voir que le foldat qui eft à côté d’eux vers l’aile
^ui tourne , de ne fe point féparer de celui qui eft
à côté d’eux vers l’aile qui foutient, & de s’avancer
d’autant moins à cette aile , que le front de la
troupe eft plus étendu. Il fera utile d’exercer quelques
foldats intelligents à marcher des pas qui
n’ayent que les trois quarts , la moitié, le tiers, 1«
■ quart du pas ordinaire, afin de les placer aux trois
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