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n i • I N V
hôpitaux militaires le même ufage que M. de Saint*
Germain. Il établit 500 invalides dans ces hôpitaux*
Il fixe les penfionsde retraite à 32 ans pour les fol-
dats 8c pour les bas-officiers. Ces penfions font pour
les premiers de 180 1. & de 2701. pour les féconds.
Il juge qu’il eft poffible de réformer un grand nombre
de compagnies détachées. Il affeéle enfin aux invalides
le quatrième denier pour livre levé fur l’ordinaire
& l’extraordinaire des guerres, & délire que
les tréforiersayent un traitement fixe , & payé directement
des coffres du roi. Par le tableau des
dépenfes que préfente M. le B. D. B . , il entretient
400 lieutenants , 1400 bas-officiers & 5 500 foldats
avec la fomme de 2,612,100 liv.
‘ § . V .
Obfervations fur Vétablijfement des invalides.
Comme il eft prudent, lorfqu’on s’occupe d’un
objet intéreffant, d’en faire le fujet de fa converfa-
tion, de fes recherches & de fes réflexions , j’ai fait,
pour compofer cet article , beaucoup de queftions
& de rapprochements : ce font les réponfes que j’ai
obtenues qui m’ont procuré ouinfpiréles idées que
je vais expofer.
Par des relevés affez exaâs, & dont j’épargne le
détail à mes lecteurs, il eft prouvé que les 65 compagnies
de fufiliers détachées de l’hôtel royal des
invalides , les 8 compagnies de canonniers ,& les
16 compagnies de bas-officiers, coûtent à l’état,
année commune, environ 1,222,600 liv. Avec cette
fomme , ©n n’entretient que 5000 & quelques
hommes ; fçavoir, 108 capitaines, 262 lieutenants,
213 fergents ,2 13 caporaux ,2 1 3 appointés, 1472
bas-officiers & 3185 foldats. Chacun des individus
qui compofent les compagnies , n’a que la paye absolument
néceffaire à fa lubfiftance 8c à fon entretien
: ils font touts invalides ; beaucoup font infirmes
& prefque impotents ; auffi les fervices qu’ils
rendent pendant la paix, font prefque nuis ; & ceux
qu’ils rendroient pendant la guerre, feraient encore
moins confidérables. D’ailleurs, fi l ’ordonnance
relative aux récompenfes militaires , n’eft ni
abrogée ni modifiée , ces compagnies auront infiniment
de peine à fe recruter, ou au moins ne feront-
elles compofées que d’hommes abfolument inca- '
pables de rendre aucune efpèce de fervice. Frappé I
par ces différentes réflexions, j’ai imaginé qu’il fe- j
roit avantageux de réformer toutes les compagnies !
détachées, & d’en renvoyer les membres chacun
dans fon pays. Par cette opération , on rendrait aux
provinces de l’intérieur du royaume, un nombre
d’habitants affez confidérable ; on y ferait refluer
une fomme d’argent affez groffe ; on diminuerait
les dépenfes de 1 état, 8c on pourrait néanmoins
procurer aux invalides qui compofent les compagnies
détachées , un fort plus agréable & plus doux
que celui dont ils jouiffent. En renvoyant les
membres aâuels des compagnies détachées, chacun
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chez fo i , on pourrait donner aux officiers, aux
bas-officiers & aux foldats qui les compofent, lés
penfions fuivantes : A chaque capitaine, 800 liv. ;
à chaque lieutenant, 600liv.; a chaque fergent,
300 liv. ; a chaque caporal, 240 liv. ; à chaque appointé,
190 liv. ; à chaque bas-officier, 170 liv. ; à
chaque foldat, 144 liv. : on devrait de plus les habiller
touts les fix ans. Ces différentes penfions coûteraient
à l’état 1,147,632 liv.
S A v o 1 R :
108 capitaines à 800 liv. .
262 lieutenants à 600 liv. .
313 fergents à 300 liv. . ,
213 caporaux à 240 liv. . .
213 appointés à 19ÖÜV. .
1472 bas-officiers à 170 liv.
3185 foldats à 144 liv. •
86,400 liv;
157,200
63,900
51,120
40,470
250,240
458,640
5666 hommes.
Habillement de 5,666 hommes à
7 liv. par an. . . .
39,662
Total • . • • ... 1,147,632 liv.
Les membres des compagnies détachées gagneraient
infiniment à cet arrangement ; car la folde
que je leur attribue dans leurs provinces , eft plus
forte, pour les plus néceffiteux d’entr’eux, que celle
dont ils jouiffent aujourd’hui qu’ils font éloignés de
leurs familles , obligés de vivre dans des grandes
v illes, 8c ‘tenus à faire un fervice fatiguant & ennuyeux.
L’état ne gagnerait, il eft v ra i, dans le
premier moment, qu’une fomme de 74968 liv. :
mais à mefure que les membres des compagnies
détachées s’éteindraient, fes bénéfices augmenteraient
de la manière la plus fenfible: car avec la
fomme de 1,222,600liv. qu’il dépenfe aujourd'hui,
& avec laquelle il n’entretient qu’environ 5600
hommes, il pourrait fournir à l’entretien de plus de
7000 officiers, bas-officiers ou foldats.
S A v o 1 R :
100 capitaines de la première claffe
à 1000 liv. . . . . . 100,000 liv;
100 capitaines de la fécondé claffe
à 750 liv. . . . 75,000
100 lieutenants de la première clafi
fe à 600 liv. . . . . . 600,000
xoo lieutenants de la fécondé claffe
à 500 liv. . . . . 50,000
100 fergents-majors ou maréchaux-
de-logis en chef à 300 liv. • 30,000
200 maréchaux de-logis à 200 liv. 40,000-
100 fergents de grenadiers à 1801. .18,000
300 fergents de fufiliers à 168 liv. 50,400
200 caporaux de grenadiers ou brigadiers
à 126 liv. . . . 25,200
500 caporaux de fufiliers à 120 1. 60,000
2500 grenadiers ©u cavaliers à
90 livres. . . • 225,000
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3 ooo fufiliers à 80 livres . ; ^240,000
7300 hommes . . . . .
Habillement des 7300 hommes à
5 liv. p a r an . . . . . 36,500
Total . . . . . . . 1,010,100
Au m o y e n d e c e tte d iftrib u tio n , co n fo rm e à l’o rd
o n n an c e , o n ré com p en fe ro it p rè s d e 2000 h ommes
d e plus q u ’en e n tre te n a n tle s C ompagnies déta chée s ;
& il re fte ro it e n c o re u n e fom m e d e 212,500 liv . ,
q u e je ré p a rtira is d e la m an iè re fu iv an te fu r les caporaux
, les fufiliers , les g re n ad iers & les cavaliers
d o n t la re tra ite , ainfi q u e n o u s le d ém o n tre ro n s
dans l ’articleRÉcoMPENSES m il it a ir e s , n’eft p o in t
affez fo rte .
S A v O I R :
A 200 caporaux des grenadiers pour
les porter à 150 liv. . . . . 48001.
A 500 caporaux de fufiliers pour les
porter à 144 liv. . • .. ♦ 12,000
A 2500 grenadiers ou cavaliers pour
les porter à 130 liv. • . . 75,000
A 3000 fufiliers pour les porter à
120 liv............................... ....... 120,000
’ Total . . • . . . . 211,80b
On me demandera fans doute qui remplacera
pendant la paix 8c pendant la guerre, les compagnies
détachées que je propofe.de fupprimer ? Cette
réponfe eft fimple. C e fera les troupes réglées pendant
la paix, & les bataillons provinciaux, aidés
par les foldats penfionnés , pendant la guerre. ,
Les Gardes - Françoifes 8c Suiffes pourroient,
avec la plus grande facilité, garder l’arfenal de
Paris, les palais des Thuileries & du Louvre, les
châteaux de Vincennes, de la Baftille & l’Ecole
Militaire, &c. Ces corps pourroient, ou faire relev
e r leurs gardes chaque jour, ou plus rarement s’ils
le jugeoient à propos : ils font affez nombreux pour
faire ce fervice fans augmenter infiniment les fatigues
de leurs foldats. Une efcouade de Gardes-
Fiançoifes ou Suiffes, compofée d’hommes bien
forts, bien vigoureux, bien vigilants , remplirait
aifément toutes les fondions confiées à une compagnie
d'invalides, & fouvent caducs.
Le Corps Royal de l’Artillerie, remplirait avec
la même facilite , en détachant 4 compagnies , les
fondions confiées aux 8 compagnies de canonniers.
Si l’on objedoit que ces compagnies perdront de
leurinftrudion & de leur difcipline, je répondrais
que l’on fait par cette objedion une critique amère
de nos loix militaires, de la compofition & de l’inf-
trudion de nos troupes. En faifant relever ces compagnies
touts les.ans, on ne courrait je penfe aucun
riique à cet égard. N’eft-il pas bon d’ailleurs d’accoutumer
les troupes à vivre loin de leurs chefs 8c
de leurs drapeaux, fans pour cela s’abandonner à la
négligence, 8c fans tomber dans le relâchement ?
Ces détachements pourroient éclairer les infpec-
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teurs Sl le miniftre fur les qualités des officiers qui
les commanderaient. Celui qui aurait donné lieu à
des plaintes -graves , qui auroit laiffé détendre la
difcipline ou foiblirl’inftrudion, devrait être noté,
pour n’être jamais élevé à un grade fupérieur.
Quant aux compagnies détachées dans les provinces
, elles pourroient être remplacées avec facilité
par l’infanterie ou la cavalerie françoife. Dans
toutes les villes où il y a des troupes réglées en
garnifon , une garde journalière peu nombreufe
remplacerait les compagnies d 'in v a l id e s . Quant aux
châteaux, aux citadelles 8c aux forts qui ne font pas
contigus.aux places de guerre, ils pourroient être
gardés avec la même facilité par une compagnie ou
une demi-compagnie détachée de la garnifon la plus
voifine : ces détachements , relevés touts les ans ,
feraient , quant à l’inftruâion & à la difcipline ,
dans le même cas que ceux de l’artillerie. Voilà
pour la paix ; voici pour la guerre : {
Suppofons d’abord qu’on a formé avec le fonds
aéluel des foldats provinciaux, 34 régiments de
2 bataillons ; que chacun de ces régiments eft di-
vifé en 10 compagnies , dont une de grenadiers ,
une de chaffeurs, & 8 de fufiliers ; fuppofons encore
que le miniftre eft décidé à mettre à la tête de
chacun de ces régimens un état-major, compofè
d’un colonel commandant, d’un colonel en fécond,
d’un lieutenant-colonel &.d’un major, & adonner
à chacune des 34 compagnies, 2 capitaines , 2 lieutenants
, 2 fous-lieutenants, 1 fergent-major, 1
fourrier-écrivain , 5 fergents , 10 caporaux , & un
nombre indéterminé d’appointés ; fuppofons auffi
que tout homme qui quitte le fervice après avoir
obtenu une penfion de retraite , eft obligé de voler
au fecours de l’état, toutes les fois qu’il en eft
fommé , 8c nous aurons, en employant les officiers
, les bas-officiers 8c les (oldats penfionnés ,
trouvé une fource abondante en excellents colonels
, lieutenants - colonels, majors, capitaines ,
lieutenants , fous-lieutenants., fergents - majors ,
fourriers , fergents , caporaux 8c appointés. ( Voyeç
C o n g é s ) . Tout lieutenant-colonel recevra au moment
de fa retraite , un brevet de colonel provincial
, 8c il fera attaché au régiment de la province
dans laquelle il défirera fe fixer ; tout major recevra
le brevet de lieutenant-colonel ; tout chef de
bataillon, celui de major ; les capitaines, à mefure
qu’ils fe retireront, feront de même attachés au régiment
de la province dans laquelle ils fe fixeront ;
il en fera de même des autres officiers : aucun d’eux
n’aura néanmoins ni activité ni autorité , qu’autant
! qu’il fera employé par un ordre ^rticulier émané
de l’autorité fuprême. Cependant ,ia guerre arrive,
les troupes réglées ont filé vers la frontière ; il faut
pour les remplacer, mettre fur pied les régiments
provinciaux ; le miniftre, qui chaque année, fait
par des notes que lui adreffent les commandants ,
les intendants des provinces 8c les commiffaires
des guerres , quels font les colonels provinciaux les
plps en état de^fervir, donne dans chaque province