
i ° . En forte que la première divifion de ta colonne
tienne le pivot, & qu’elle fe dérange le
moins de fa pofition aâuelle , pendant que touts
les autres parcourent le plus de terrein pour prendre
celle A J , A L ou A E , ou toute autre direction
quelconque, à la droite ou à la gauche de
la première A B .
a°. En forte que les derniers pelotons de la colonne
parcourent le moins de terrein , pendant que
ceux de la. tête font obligés de prendre le plus
grand circuit, foità- droite pour gagner la nouvelle
pofition B S , foit 11 gauche vers celle B R ; la
divifion B faifant pivot, & n’étant dérangée de fa
direction qu'un peu de côté. ,
Que cette colonne converfe de A ou de B , a
droite ou à gauche de fa première direction B A D >
il faut toujours en converfant d une direction dans
une autre , que les pelotons parcourent circulaire-
ment une ligne plus ou moins grande,fuivantleur
éloignement plus ou moins confidérable du pivot.
En exécutant ce mouvement, il faut que toute
la colonne de l’armée refie exaûement dans le
même ordre de marche' primitif'ou elle étoit fur la
première direâion A B , c’eft à dire , que les divi-
fions doivent conferver entre elles la diftance ni
plus ni moins grande que celle prefcrite, & qu’elles
doivent toujours marcher parallèlement.
11 fuit delà que quand c’eft la première divifion
de la tête A qui tient le pivot, les divifions V i vantes
doivent parcourir parallèlement les cercles
N , T , O , F , Ÿ , W , finon parfaitement réguliers
, du moins en approchant fur des lignes parallèles
, fuivant la nouvelle direciion donnée.
Mais comme il eft impoffible, dans cette marche,
de conferver exaâemem la difiance néceffaire &
prefcrite entre deux divifions, telle quil la leur
faut pour fe remettre en bataille, les chefs de
divifions doivent la juger de maniéré qu elle approche
de cette exactitude autant qu il eft poffible.
d’une armée entière foit exécutée fur une ligne-
parfaitement droite-, fur laquelle toutes fes divifions
Ohfervons, relativement à l’enfemble de l’armée
, ou’il vaut mieux que les divifions ayent entre
elles moins de difiance que fi elles étoient trop
grandes, parce qu’on doit préfumer que l ’armée
doit encore marcher en colonne , en avant, après
avoir pris cette nouvelle pofition , ce qui donne le ;
temps aux pelotons trop rapproches de reprendre
la difiance prefcrite ; au lieu que des pelotons trop
éloignés auroient beaucoup de difficultés pour la
regagner. ,
Quant à la ligne de profondeur dune armee
marchant en colonne & converfante , ainfi que je
viens de dire , il faut encore confidérer que plu-
fieurs circonftances peuvent exiger que le front de
quelques divifions foit mis en bataille & aligné fur
la nouvelle pofition , avant que ceux qui font obligés
de parcourir la plus grande étendue de la converfion
foienr à même d’y arriver & d’entrer dans
la ligne du front. . t . A «.
Au refle , il n’y a jamais des circonftances allez
importantes p<?ur demander que la converfion
doivent fe tranfporter à-la-fois dans la nouvelle
pofition ; il eft cependant vrai que la jjiftance
néceflaire & prefcrite entre elles en feroit bien
mieux confervée , & que la conversion de 1 armée,
s’exécuteroit en cercles bien plus réguliers.^
Mais comme l’exaâitude géométrique n’eft pas
néceffaire ici , parce qu’il fuffit de conferver militairement
dans cette marche les diftances etitre les
divifions , en fe dirigeant fur celle de la divifion
de la tête de la colonne , dont la ligne de marche
particulière doit être prife avec la plus grande
exaélitude ; les pelotons doivent touts exécuter leur
marche d’un bon pas ordinaire ,& fans faire attention
en arrière à la ligne de profondeur de 1 armee
converfante, afin qu’un peloton après 1 autre #
puiffe entrer dans la pofition que la colonne doit
occuper après la converfion , fuivant qu il fe trou,-,
vera plus ou moins éloigné du pivot. .
Enfuite la ligne de la nouvelle direâion doit
toujours être alignée par les ailes des pelotons qui
la décrivent les premiers en ligne droite , & cette
ligne fert de règle aux pelotons fuivants de 1 armee
qui doivent s’y placer perpendiculairement a me-'
fure qu’ils prennent cette nouvelle pofition.
Les foldats doivent toujours porter la vue vers,
le pivot, parce que les pelotons prennent delà la
i; a ne de profondeur néceffaire que la colonne doit
tenir dans la continuation de fa marche en avant J
& c’eft ici particulièrement oiula préfence du général
en chef eft néceffaire, parce qu il eft obligé
^e fixer toujours cette ligne lui même.
11 eft entendu que les divifions peuvent conver-
fer à droite comme elles l’ont fait à gauche dans
cet exemple ; que dans touts les cas la ligne da
profondeur de l’armée eft toujours obfervée par
les ailes de fes divifions vers un cote, & que les
chefs des divifions doivent marcher à 1 aile qui décrit
par fa marche la ligne générale de la colonne,
afin que toute la converfion puiffe être exécutés
d’autant plus régulièrement, & que la difiance
prefcrite entre les pelotons en foit d’autant mieux
confervée.
Enfin , comme il eft impoffible de faire conver-
fer la colonne d’une armée fur une ligne parfaitement
droite , & autrement que par échelons ou par
divifions marçhant en avant, les commandants des
bataillons doivent veiller à ce qu elles ne s éloignent
pas trop les unes des antres, mais quelles
s’appliquent à obferver , autant qu’il eft pomble ,
la difiance & leur ligne droite particulière de profondeur,
fans faire attention aux grandes ouvertures
entre les bataillons , toujours inévitables dans
cette marche en converfion. ( Voye^lafig 4 3 9 /*
Il eft très aifé de comprendre qu’on ne peut pratiquer
que très rarement ces deux maniérés de faire
converfer la colonne et une armée entière , c.eft-a-
dire , quand la plus grande étendue du cercle extérieur
n’ eft tout au plus que d’ une demi-lieue,
Dans les terreîns' difficiles, quand la nouvelle
pofition eft fort éloignée, il faut employer la troi-
fième manière de faire converfer une armée entière ,
parce'qu’étant plus fimple que les deux manières
précédentes , une armée peut être mieux apperçue
& dirigée dans touts fes rapports , & parce que fa
difpolition, dont le méchanifme va fuivre , en facilite
infiniment la marche vers cette pofition.
Je fiippofe d’abord qu’une armée mile dans la
pofition en bataille A B , (j%. 441 ) , eft forcée
par des circonftances imprévues de prendre une
nouvelle pofnion très éloignée, comme C D ; il
faut commencer par la divifer en plufieurs colonnes
, en quatre , par exemple, E , F , G , B ,
qui doivent gagner ainfi la nouvelle pofition de la
manière la plus facile fur toute efpèce de terrein ,
& la plus prompte pour reprendre toutes fortes de
pofirions pofîibles. >
Ces colonnes doivent marcher à la fois, chacune
par divifion , par le même côté ; par exemple, par
la droite ; cependant ces quatre colonnes O , N ,
M , L , peuvent fe former, foit à diftances entières
entre les pelotons , foit à demi-diftances, fuivant
que le général en chef veut les remettre dans la
nouvelle position, foit pour continuer de marcher
en colonne, foit pour fe remettre en bataille.
Auffitôt que ces colonnes font prêtes à marcher ,
le général en chef doit leur indiquer le chemin le
plus court que chacune d’entre elles eft obligée de
prendre pour gagner leurs nouvelles pofitions ,
q u i, dans cet exemple, ont pour objet de fe remettre
en bataille. Voye^ D H , J K.
Les têtes d^ ces colonnes,obligées de marcher
toujours dans l’éloignement nécefiaire entre elles ,
( voye^ leur marche D B , G H , F J , E K ) , &. à
hauteur égale, comme l’indiquent les lignes ponctuées
L O , P Y & R S , doivent ici fe diriger fur
celle de la droite, parce qu’elle a la plus grande
ligne de marche à parcourir, en obfervant que le
prolongement d’une de leurs ailes , félon les circonftances
, aboutiffe toujours à un certain point de
vue, qui fe rapporte à la difpofition ordonnée pour
fe remettre en bataille , en confervant la difiance
néceffaire à leur front particulier , foit à la droite ,
foit à la gauche ; cette diftance , dans cet exemple,
doit être confervée à la droite.
Mais il eft néceffaire que le général en chef détermine
pour point direheur principal de l’armée ,
foit feulement une aile , foit le centre de l’une de
ces quatre colonnes , fuivant qu’il importe que
l ’une ou l’autre partie occupe un objet de terrein
donné ; c eft d’après ce point direEleur que les colonnes
doivent prendre & diriger la hauteur de
leur marche , l’alignement du front de l’armée & ~
la diftance néceffaire entre elles pour fe remettre
en bataille ; & ce point important doit être indiqué
diftinâement aux officiers fupérieurs chargés de !a
conduite des colonnes , avant qu elles commencent
a fe mettre en marche.
Dans cet exemple c i , je fuppofe le point dir.c-
TA C 727
teur principal déterminé à l’aile droite de la prer
mière colonne de la droite de l’armée.
Ce point doit être un objet quelconque Taillant
& diftind -comme une tour , que les autres colonnes
puiftent appercevoir pour y diriger leurs
têtes, durant la marche pendant laquelle elles doi-
yenr de temps en temps être alignées vers la droite
par le général en cher lui-même.
Enfuite, peu avant que l ’armée fe remette en
bataille , il faut que le général en chef détermine
encore plus exactement la ligne du front de fon
armée par des points de vue pris extérieurement,
qu’il doit donner à connoître à touts les commandants
des bataillons.
Arrivées lur ce terrein , les colonnes doivent
être alignées plus parfaitement dans les intervalles
néceffaires entre elles , & les diftances des divifions
doivent être priles perpendiculairement au
front de l’armée pour fe développer , en obfervant
touts les rapports néceffaires à la formation
du front.
Les diverfes lignes de marche que ces colonnes
: pourront être obligées de parcourir jiffqu’à la nou-
! yelle pofition, doivent, à chaque changement ,
erre alignées félon les principes démontres précédemment.
On conçoit, fans difficulté , qu’il faut pratiquer
dans l’ordre inverfe tout ce que je viens de dire
quand l’armée doit converfer à droite pour y
prendre une pofition nouvelle de la même ma*
niére.
Des changements de pofition d'une armée.
Une armée confidérable marche de même qu’un
bataillon feul, favoir :
i°. Par un à droite ou par un à gauche.
a®. De front, ou pour mieux dire , en ligne ou
en bataille.
3 • En colonne , c’eft-à-dire , par divifions ou
pelotons.
lue premier ordre de marche ne peut que rarement
être pratiqué par une armée confidérable, obligée
de changer la pofition qu’elle ôccupoit, & à une
fi pente difiance feulement, que cela ne fauroit
faire un objet de confidératiori.
En pareil cas , tout ce qui eft relatif aux règles
à obferver pour prendre les nouvelles lignes, ne
varie pas plus dans une armée entière que dans un
bataillon fe u l, puifqu’elle eft obligée de conferver
les mêmes rapports que lui. m
Dans de trofieme ordre de marche d’une armée
nombreufe, il faut d’abord obferver trois circonf-
conftances, favoir :
i°. Le paffage de fa pofition en bataille à la dif-
pofition en colonne, & le rapport intérieur des
pelotons d une colonne , par rapport à leur front
& à leur profondeur.
2°. La continuation & les changements de fa
marché.