
déjà célèbres du tems d’Augufte. » ‘C ’eft une choie
M tout à fait admirable , dit la Martinière , que fes
» bains fe foient confervés , jufqu’à ce jour , durant
sû . tant de fiècles. On a trouvé une très-grande quan-
« tité de monumens de fon ancienne magnificence
» qui juftifient ce qu’en dit Tacite. L ’an 14 10 ,
» comme on ouvrit la grofle fource des 'bains , on
M y trouva quelques figures de divinités Payennes ,
quelques ftatues d’anciens Romains, faites-d’albâ-
» tre, & quelques pièces de monnoie Romaine de
» bronze.»
B A D IG E O N , f. m. Efpèce de peinture en détrempe
dont fe fervent les maçons pour donner aux enduits
de plâtre la couleur de la pierre. Elle fe fait avec
des recoupes de pierres écrafées , pafTées au tamis ,
& délayées dans l’eau. Us figurent enfuite fur cet
enduit des joints montans & de niveau, pour faire
paraître des chaînes, des piédroits de croifées & de
portes , des arcs de vouffoires y--des plates-bandes- de
claveaux.
Les fculpteurs s’en fervent aufii pour réparer les
défauts des pierres ou de leurs joints , en y mêlant
du plâtre, & pour donner à leurs ouvrages un ton
égal de couleur.
B A D IG E O N N E R , C ’efl colorer avec du badigeon
un ravallement en plâtre fait fur un pan de bois, ou
fur un mur de moellons, de briques, &c. Quand on
veut que le badigeon imite la pierre de St Leu qui eft
plus jaunâtre, on y met de l’ocre pour le rendre plus
coloré.
B A F F A , ( Voye^ P a ph o s . ) * %
B A G A N U M , félon Ptolomée , & Bagacum "fui—
vaut l’itinéraire d’Antonin , eft une ville très-antique
du Haynault : elle fe nomme aujourd’hui Bavay , &
eft encore célèbre par les beaux reftes d’antiquité
qu’elle renferme. Un grand nombre de ruines atteftent
que cette ville , actuellement fort petite , étoit autrefois
auffi étendue que floriffante.
L a pierre à fept coins , dit M. M ongès, dans le
JDictionnaire dC Antiquités ," eft un-des monumens les
mieux confervés qu’on y voit. Elle eft pofée aujourd’hui
au milieu de la place. O n la fubftitua dans le
treiziéme fiècle à une autre plus ancienne , & d’une
élévation extraordinaire. A cette pierre comm encent
ou viennent aboutir fept chemins militaires. ( §jH 8 |
le D itf. d A'nticj. )
Les habitans de Bavay appellent murs des Aldus
les reftes du bel aqueduc qui amenoit l’eau de cinq
lieues de diftance depuis Flourfîe & Avefnes. Elle
paffoic fous la Sambre , remontoit par des tuyaux de
plomb dans, un château d’eau , d’où elle étoit dirigée
dans un canal pavé de terre cuite porté par d&s arcades.
A l’embouchure de cet aqueduc, on remarque,
encore les veftiges des bâtimens fpacieux & magni-
ques qui formoient les thermes. Les bains étoient
jaYés de pierres bleues très-polies, & d’une grandeur
extraordinaire. Les cloaques qui formoient les
décharges des eaux de ces bains fervent aujourd’hui
de caves aux habitans de Bavay.
Il y avoit dans l’enceinte des anciens murs ruinés
de cette ville , un fuperbe monument érigé en l’hon-
neur de T ib è re , lors dé fon arrivée à Baganum. Les
ftatues de cet empereur & de Livie , fa mère , y
etoient placées , avec une Infcription qu’on voit
encaftree aujourd’hui dans la muraille qui entoure
la maifon des Oratoriens. On y admire encore les
deux ftatues dont nous avons parlé.
B A G U E T T E , f. f . Petite moulure ronde, moindre
qu’un aftragale , & quelquefois taillée d’orne-
mens , dont on fe fert dans les profils d’architefture.
Elle reçoit plufièurs noms de la diverfité de fes orne-
mens. Àinfi l’on dit :
Baguette à rofes : C ’eft celle qui eft taillée en
ruban tortillé autour , tant plein que vuide , avec
rofes fculptées dans les intervalles:
Baguette à rubans : .C ’eft une baguette taillée en
rubans tortillés ou croifés , ou tortillés double , &
aufii avec baguettes de feuilles de laurier fculptées
dans les intervalles.
Baguette à cordon : .Moulure ronde taillée en cordon
tortillé avec ou fans reuilles fculptées dans les intervalles.
Il en eft encore plufîe'urs à feuilles tournantes , à
rubans 6* feuilles , à feuilles de chêne , à bouquets de
laurier. ( V o y e z Aftragale. )
B A H U , f. m. C ’eft le profil bombé d’un chaperon
de mur , de l’appui d’un qua i, d’une terrafle,
d’un foffé ou d’une baluftrade.
B AH U , ( terme de Jard ina ge) On dit qu’une
plate-bande, qu’une planche , ou qu’une couche de
terre eft • en bahu , lorfqu’elle eft bombée fur fà .largeur
pour faciliter l’écoulemeut des eaux , & mieux
élever les fleurs. Les plate-bandes fe . font maintenant
en dos d’âne , c’eft-à-dire en glacis à deux égouts.
B A IÆ , ( Voye£ Baies.)
BAIES, V ille antique d’Itafie fîtuée entre le Cap
Misène & Putèoli, aujourd’hui Pouzzol , dans un
Golphe particulier qui fait partie de. celui de Naples.
Fort petite par elle-même , fi l’on en croit Jbfephe
qui l’appelle une villette IloA^p/oi» j cette ville ne
dut fa réputation qu’au luxe des Romains. Les con-
ftruérions immenfes dont fés environs furent bientôt
remplis , lui donnèrent enfin l’apparence d’une très-
grande ville. Ariftobulê, roi de Judée, débarquant à
B a ie s , pour venir à Rome , fe croyoit arrivé dans la
capitale de' l’Univers. Baies étoit le lieu que les riches
& les voluptueux de Rome avoient choifî pour faire
le centre de leurs débauches, & y cacher leurs déré-
glenaens à leurs concitoyens : auffi fut-il b ientôt décrié..
On le mettoit, aiilfi que Canope en Egypte , SC
Daphné près d’Antioche, au nombre des féjours, do
la licence & du libertinage. Si le S a g e , dit Sénèque
épit. ƒ 1 , veut choifir une retraite , il ne préférera
point Canope , quoique perfonne n’empêche d’y vivre
en homme de bien j il fongera tout auffi peu à
Baies , &c. Mais les fcrupules des Romains fe diffi-
pèrent bientôt. La beauté du climat, la richeffe du
port,, le grand nombre de maifons délicieufes qui
bordoient cette côte } en firent une des villes les plus
fréquentées de l’Italie. Les reftes prodigieux des con-
ftruétions ruinées qu’on y admire encore, atteftent
fon ancienne fplendeur.
On voit fur fon rivage trois édifices qu’on appelle
des twnples, & q u i, plus probablement, ne font que
des reftes de palais ou de thermes.
Le premier fe nommé temple de Vénus. C ’eft une
rotonde ruinée, dont une partie de voûte fubfifte
encore , quoi qu’elle ne fe foit foutenue que d’un
côté. On y remarque trois chambres , qu’on appelle
chambres ou bains de Vénus. Il n’y en a que deux qui
méritent attention. L ’ une eft fur un plan quarré ; le plan
de l’autre eft moitié quarré , moitié ovale. Les voûtes
de c,es deux chambres font réparties en caiffons remplis
de ftucs de la plus çare beauté. On y voit repré-
Tentée, d’une manière admirable, Ve'nus Anadyomène,
avec des Tritons, des Néréides, &c. Ces ouvrao-es fe
font bien confervés jufqu’à nos jours , ce qu’il faut
attribuer au peu de relief qu’ils ont.
Le fécond de ces temples, que les uns difent être
de Mercure, & d’autres d’Hercule eft à cent pas
du premier. Il confifte dans une grande rotonde bâtie
en briques. Sa forme & fa proportion font très-belles.
Elle reçoit le jour par une grande ouverture circulaire,
au Commet de la coupole , comme le Panthéon
de Rome , & par quatre autres fenêtres. Son
diamètre eft de vingt-cinq pas communs ; & fa voûte
eft elliptique.
Le troifiéme édifice auquel on a donné le nom de
temple de Diane , quoiqu’il foit probable que c’ étoit
une partie des thermes de Pifon , eft encore une
rotonde en .briques dont la voûte s’eft écroulée , &
dont le diamètre inférieur eft de 90 pieds 7 pouces.
Le plan extérieur eft oétogone. Sept grandes fenêtres,
& quatre vaftes niches divifent l’intérieur. Ôn y
remarque des conduits qui occupoient l’épaiflèur des
murs , & portoient.les eaux du haut en bas de l'édifice.
Il y a aufii plufièurs galeries prefqu’enterrées..
I ous ces édifices font bâtis en briques , dans un pays
cependant où la pierre eft très-commune. A l’égard
des voûtes , elles font faites, la plupart, d’une lave
très-fpongieufe & très-légère qui reflèmble à de la
pierre ponce. Cette matière eft très-propre à former
ainli de vaftes coupoles , qui ne font point deftinées.
a lupporter de grands poids. (V o y e z Lave.)
Ce qu on appelle le tombeau d’Agrippine eft une
partie de bat^mens en forme de demi-cercle avec des
gradins & une galerie tout au tour , ce qui femble
n îquer un théâtre. La voûte eft ornée de comparons
en ftu.c, traités de peu de r e lie f , & dont les
cadres, alnfi que les figures , font du goût le plus
excellent. On diftingue auffi fur ces murs des reftes
de peinture. C e lieu eft eiitetré , & l’on n’y peut
entrer que par une ouverture faite exprès. On ne
fauroit même s’y tenir de b o u t , tant le terrain eft
exhaulTé : auffi les flambeaux , dont on fe fert pour y
voir les précieux ornemens de la voûte ,. l'ont tellement
enfumés qu’on a de la peine à en diftinguet
la trace.
Lès environs de Baies font remplis de fouterrains
fans nombre : un des plus fameux eft celui qu’on
appelle cento carmerelle, les cent chambres. C ’eft une
fuite de chambres voûtées qui communiquent les unes
dans les autres. On les nomme àufli labyrinthe ; &
dans le fait on pourrait s’y égarer. Elles font prefque
toutes comblées , & l’on n’entre dans la plupart
qu’avec beaucoup de peine. Il y en a ainfi de plufièurs
étages, les unes au-deffùs des autres. Toute cette con-
ftrmftion, dont on îiAîevine pas l’emploi, paraît avoir
eu pour objet principal de fervir de bafe & de foutien
aux terrafles de quelque grand édifice.
Le monument le plus entier qu’on voye près de
Baies , eft celui qu’on nomme la pifeina mirabile , la
citerne admirable. ( Voyeç C iterne.) C ’eft un grand
bâtiment fitué , 800 toifes au midi de cette ville ,
entre mare morto & le rivage de la mer. Il a zi6 pieds
de long , fur 87 de large. Il eft foutenu par 48 gros
piliers difpofés fur quatre files. On croit que cette
citerne fut bâtie lor-iqu’Agrippa conduifit une armée
navale à Misène , ou bien du tems de Pifon pour
donner de l’eau douce à ce port.
Les reftes des maifons de plaifance qui bordoient
cette côte , & dont une partie s’avançoit jufques dans
la mer, ne laiffent plus aujourd’hui que des doutes
fur leurs formes, & fur leurs anciennes dénominations»
B A IG N O IR E , f. f. C ’étoit dans les bains des
anciens un vaiffeau deftiné à fe baigner. On peur
croire qu’il s’en faifoit de plus d’une matière. M.
Burette le donne à pen fer, en nous apprennant qu’il
y en avoit de deux fortes , les unes fixes & les autres
mobiles.. Ces dernières fe trouveient faites exprès
pour être fufpendues ‘ en l’air : on y joignoit au
plaifîr de fe baigner, celui d'être balancé , & comme
bercé par le mouvement qu’on imprimoit à la bai-
gneric. C ’étoit peut-être à cet effet qu’on attachoir
de chaque côté de la baignoire ces grands anneaux ,
dont on voit la repréfentation figurée aux baignoires
de marbre qui nous font parvenues.
Nous n’en connoiffons que de cette dernière e ftè ce .
Elles ne différaient entr’elles que par la qualité du
marbre, & par l’étendue qu’on leur donnoit. Il eft
peu de fontaines à Rome qui n’ayent pour baflln
une de ces baignoires antiques. Les plus ordinaires
font en marbre blanc : il s’en trouve en bafalte
en granit & en porphyre. Les moindres, pour!4étendue,,
ont fix pieds de lo n g j il paraît-qu’elles ne fervirenr
que pour une feule perfonne y & dans les bains, partir