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A IG L E , f. m. C ’eft du nom de cet oifèau que
les Grecs appelèrent cette partie de l’Axchitefture
que nous nommons fronton ccsto<. Peut-être comparèrent
ils à l’oifeau qui s’élève -dans les plus hautes
légions de Pair le comble qui eft la partie la plus
élevée des édifices ; peut-être virent-ils dans la forme
d’un fronton, la rell'emblance d’un aigle dont les ailes
iont étendues. Peut-être l’ufage des Egyptiens de
iculpter au-defl'us de leurs portiques le faucon ou
I’’aigle p les ailés étendues, ou ce qu’on appelle le
Globe a i lé , donna-t-il naifiance à cette métaphore
8c au mot qu’on employa pour l’exprimer.
Winckelmann penfe qu’on plaça dans le commencement
un aigle fur le comble des temples parce
que les plus anciens étoient çonfacrés à Jupiter &
qiie de-là fera venue cette dénomination d’ cderoi pour
exprimer un fronton. I l paroît, par quelques médailles
dont Pôcocke fait mention 8c par la mofaïque
de Palæftrine, que les ’Egyptiens avoient auffi l’ufage
de placer un aigle de ronde bolTe fur le lommet
de leurs portes.
: C e t oifeau fe trouve répété très - fréquemment
dans les chapiteaux antiques. O n le voit à ceux du
portique de Septimius à Rome. ( Voye^ D es Godets,
p. 73. ) .11 fervoit d’attribut aux chapiteaux des temples
de Jupiter. L ’Aigle à Rome étoit plus fouvent
fymbole de confécration ou fymbole même de la
V ille .
On en faifoit fouvent à Rome un ornement d’Ar-
chiteéture dans les frife s , & les diverfes parties de
l ’entablement. T e l eft ce beau morceau qui fe voit
à Rome fout le portique de -l’églife des Saints -Apôtres,
o u i 'Aigle tient dans fes ferres une-couronne
du milieu de laquelle il fort. C e bas relief que
tous les Architectes ont copié, & dont le defiin eft
entre les mains de tout le monde , eft d’autant plus
précieux qu’outre la beauté de fa fcuipture, l'Aigle
n’y a point la tête endommagée. C e défaut qu’on
obferve à prefque tous les Aigles antiques dont
les têtes font rompues, comme à celles de la colonne
T rajane, ou dégradées comme en tant d’autres
endroits, n’exifte point à celle des Saints Apôtres*
O n croit qu’elle eft prefque la feule qui ait échappée
à la vengeance injurieufe des barbares qui fe plurent
à déshonnorer par-tout le fymbole orgueilleux
d ’une Puiffance qu’ils ne redoutoient plus.
A IG U IL L E , f. f. fynonime d’obélifque : on
appelle aiofi ces pierres énormes que les Egyptiens
taiiloient en pointe Sç que les Grecs nommèrent du
mo o£êàcç qui%îifie Broche Voyc\ O bélisque.
A IG U IL L E c eft me pyramide ’ de . charpente
établie fur la te d’un clocher , ou le comble d’une
égli fc j pour lui :en ir de couron r.emenr Une Aiguille
eft compofée d une pla re-forme qui 'ui fert d’empâtement
{Voye K. E.MP ATEMF.NT ). C ette plate-forsne
qui porte 1ur la maçonne) ie de la T o u r , eft
rrav erfee par pl ufi iurs entraits. (V o y E n t r a i t )
oui fe croifeht au -centre du clocher •Un poinçon
appellé proprement A igu ille, eft élevé- fur le point
de réunion de ces en traits 3 il eft foutenu dans cette
fituation par plufîeurs arbalétriers ( Vpyer ce mot )
emmortaifés dans ce poinçon & dans les entraits k
& entouré de chevrons dont toutes les extrémités
fupérieures fe réunilfent près du fommet. Les che-4
vrons font emmortaifés par en bas dans la plateforme,
8c foutenus dans différens points de. leu#
longueur par de petits entraits qui s’afiemblent avec'
le chevron 8c le poinçon autour duquel ils font
placés. On met enfuite des lattes fur les chevrons*
{Voyez L atte) & on couvre le tout de plomb ou
d’^rdoifes.
Cette çonftruéHon des Aiguilles des clochers fè
pratique pour celles qu’on met fur les combles des*
Eglifes , avec cette différence, que ces Aiguilles <
n’ont point pour empâtement une maçonnerie j mais
le haut de la cage du clocher, qui eft de charpente , -
& qui leur fert de plate-forme. Voyeç . P l a i e «
forme.
A IL E . f. f. C e mot fe dit par métaphore d®
plufîeurs parties de bâtimens : Il a des lignifications-v
différentes chez les divers peuples qui l’ont appliqué
a l’Architecture.
'C h e z les Egyptiens, Strabon nous apprend qu’on
appelloit les ailes du temple, ces deux murs qui
enfermoient les deux côtés du Pronaos , 8c qui s’é- ■
levoient à la même hauteur que le temple. Ces"
murs , dit-il, au fortir de terre s’éloignoient l’un de
l’autre, d’un peu plus de la largeur des fondemens
du refte du temple j mais ils fe rapprochoient eu
s’élevant 8c penchant l ’un vers l’autre, jufqu’à la
hauteur de cinquante ou foixantë coudées. G ’eft
peut-être, dans la forme d’une - aile qui fè termine -
en pointe, qu’on vit une relïemblence avec la, diminution
des ces murs qui accompagnoient le P jq-
naos o u ïe portique du temple. ( Voye^ A rchit.
Egypt. ) . Quoique Pocfolce ait trouvé de la difficulté
dans le paffagé de Strabon , il nous.femblè qù’il
eft impoflîble de donner une autre explication de ces
ailes qui ne reffembloient en rien à celles des temples
Grecs; , ’ • .
Dans c e u x - c i,l’on appelloit ailes 'itrepct les colonnades
qui environnoient la Cella ou corps du temple.
L e Monoptcre étoit celui qui n’avoit que des
colonnes fans murs intérieurs. Le P tripière n’avoit
qu’un rang de colonnes autour de la. Cella. Le D ip tère
en avoit deux. L e Pfeudodipi ère oü fau x Diptère
inventé par Hermogénes , étoit celui ou l’on avoit
fupprimé le rang des colonnes qui, dans le Diptère,
fe trouvoit entre le mur du temple 8c la colonnade
extérieure. Ainfi , par cette métaphore, les colonnes
étoient regardées comme les ailes du temple, V i -
truve , lïv. 6. appelle encore ailes les deux plus
petits côtés d’un yeftibule.
Nous, donnons quelquefois aujourd’hui le nom
d'ailes au bas côtés d’une églife y ce qiïi rentre dans
la lignification de ce mot chez les Grecs, Mais le .
plus
plus fôiivent il s’applique à tous corps de bâtimens
ou fubordonnés à une maffe principale, ou retour-
nans en angle & tenans au corps’ du r milieu
de l’édifice. On dit Aile droite ou A i le -gauche
par rapport ail bâtimens où elles tiennent' 8c non
a la perfonne qui les regarde j ainfi la grande galerie
du Louvre eft l'A ile droite du Château des
Tuileries. — On dit encore,
A IL E S de Cheminée. Voyeç le Dictionnaire
de M açonnerie.
A iles de mur. Voyeç Mur en A iles.
A iles de Pavé. C e font les deux côtés en pente de
la chauffée d’un p a vé, depuis le tas droit jufques aux
bordures.
* A iles de Théâtre : ce font les côtés du Théâtre
où fe meuvent les chaffis de décoration , & où fe
tiennent le aéteurs pour entrer fur la fcène , félon
que l’exige la pièce, par la droite ou par la gauche.
* A iles de pont font les évafures circulaires
ou triangulaires quon pratique fur les culées pour
en rendre les iffues plus commodes.
A IL E R O N , f. m.lignifie en général petite aile. On
appelle ainfi ces petites confoles en amortiffemens
ou enroulemens dont on décore les lucarnes de
maçonnerie ou de charpente. On en voit beaucoup
d’exemples à Paris, comme, à la Place Vendôme,
&c. Ce t ornement eft jd’auffi mauvais goût que les
manfardes auxquelles on l’applique.
Cette forme , màuvaife en elè-même , devient
oncore plus vicieufe lorfqu’on l’employe en „grand,
dans ces portails à plufîeurs ordres, dont on n’au-
roit que trop d’exemples à citer. Le but de ces
Ailerons ou confoles renyerfées fur le devant d’un
portail eft de lui donner de la folidité , de cacher
les arc-boutans élevés fur les bas-côtés de l’églife,
& de raccorder les deux derniers ordres enfemble.
Il n’y a perfonne qui ne fente aujourd’hui' le mauvais
goût de ce genre de décoration qui tient plus
à la menuiferie qu’à l'Architecture. Les Italiens ont
épuifé , dans cette forme bâtarde, tout ce qu’a pu
leur fuggérer un génie auffi fertile 8c varié dans le
bon que dans le mauvais. Le moins vicieux exemple
de cette efpèce d’ornement, eft peut - être à
l’églife de Saint Ignace, à R om e , où l’Algarde ,
Architecte du portail, a terminé le haut de ces
confoles par une tête caryatide furmontée d’un chapiteau.
Néanmoins ces caprices qui tiennent de l’Ara-
befque, ne doivent jamais s’introduire dans l’Archi-
teéhire en pierre dont on dégrade ainfi le férieux , &
dont le caractère ne fçauroit fe prêter à de fembla-
bles bizarreries. Heureufement on s’eft d,égouté depuis
lpng-temps de ces portails à pîufieurs ordres
nécefïités patrie befoin de fe conformer à la hauteur
des nefs , 8c a leur difproportion avec les bas-côtés j
on peut efpérer de ne plus voir fe reproduire les
Architecture Tome /. P rem. paru
formes-viciêufes qui furent la fuite & l’effet de ces
mauvaises combinaifons.
Palladio-, dans-la décoration de- ces façades inégales
&. difprpportionnées , imagina le parti le plus
fimple & le plus naturel ; ce fut d’appliquer ua
grand ordre f e u l f u rm o n t é d'un fronton, a la
grande n e f, 8c un, petit aux baffes nefs, dont la
partie rampante du fronton fe trouvoit de chaque
côté coupée par le grand ordre. Il évitoit une grande
partie des abus qu’on remarque dans les portails à
plufîeurs ordres, & fur-tout celui des confoles ren-
verfées. ( Voye^ ce quon doit penfe r de cè goût au
mot Portail ).
A IR A IN , f. m. métal rouge connu fous le non^
de cuivre rouge de Corinthe, & fort eftimé chez
le$ anciens. C ’étoit un mélange dans lequel quelques
Auteurs prétendent qu'il entroit de l’or 8c de
l’argent. On a cru que les rofafles des caillons de
la Rotonde, étoient de ce m éta l, dont les Romains'
étoient fort curieux , même avant le Sac de C o rinthe
; ce qui prouve qu’il n’a jamais été le produit
des métaux fondus confufément dans l’incendie
de cette Ville . Il eft plus Yraifemblable que ,leç
Corinthiens avoient poflédé particulièrement l ’art de
compofer ce métal. Voye[ Bronze.
A IR E , f. f. ÇConfira fiion.) On appelle ainfi:toute\ _
efpèce d’enduit ou de maçonnerie qu’on étend fur
un fol de niveau, à rez-de-chauflee, fur la terre *
fur des voûtes, ou fur un plancher pour recevoir
ie pavé , ou pour en tenir lieu.
D e s A I R E S a n t i q u e s .,
V itru ve, liv. j chap. z " dit que les Aires polies
qu.’il appelle expolitiones fe faifoient fur un m affif appellé
ruderatio, 8c qu’il falloit faire ces maflifs avec
beaucoup de foin fi l’on vouloit que ces Aires fuf-
fenc durables.
Si le fol fur lequel il s’agiffoit de faire une Aire
étoit à rez-de-chauflée, on examinoit d’abord fi le
fol é to it. par-tout également ferme, s’il n’étoit pas
formé par des terres rapportées j 5 8c en ces cas ou
le faifoit bien battre, pour prévenir JL’affaifTement
iuégal qui cauferoit des ruptures à l'Aire > enfuite
on étendoit fur le fol bien maffivé , une première
couche appellée Jlatumen, compofée de pierres allez
petites, pour pouvoir être contenues dans la main t
fur cette première couche on en étendoit une fécondé
, compofée de pierres plus petites, broyées
avec de la chaux : on appelloit ces pierrailles Rudus.
Si elle provenoient de pierres nouvellement tirées des
carrières, on mettoit trois ; 8c fi elles provenoient
d’anciennes démolirions , on mettoit deux raefures
de chaux fur cinq de Rudus.
Après que cette première couche étoit p o fée, &
qu’elle commençoit à être féche, on la faifoit battre
par une dixaine d’hommes decurii, avec des battes
de bois , jufqu’à ce que les deux premières couche?