
Les clairières peuvent être tranchées par quelques
arbres ifo lé s , ou par de petits grouppes répandus
ç à & l à , & même entre-coupées d’eaux ; qu’elles
foient tapiffées d’un gazon uni* afin qu’on puiffe
jouir des coups de lumière qu’elles reço iv en t, &
de l’effet des ombres que les arbres projettent.
Lorfqu’il s’en trouve plufieurs dans le même b o is ,
il faut les diftinguer par la différence de leur gran-
. d e u r , de leur forme , de leurs contours, par la
Variété 8c la difpofition des arbres ifolés 8c des
grouppes; ch a cu n e, en un mot, doit êtrecarac-
térifée & marquée par quelque particularité.
L ’artifte jardinier fera enforte que les bois 8c
les clairières fe combinent de la manière la plus
heureufe & la plus propre à fe donner réciproquement
un a fp e â plus gracieux.
C L A IR -O B S C U R . C e terme, qui eft plutôt de
peinture que d’architeéhire, exprime l’effet de la
lumière confidérée en elle-même, c’eft - à - dire ,
rendant les objets qu’elle frappe plus ou .moins
clairs par les diverfes incidences , ou plus ou moins
obfcurs , lorfqu’ils en font priyés. C e font ces
différens accidens de clair ou d’ombre q u i, dans la
peinture, donnent lieu à la fcience du clair-obfcur.
Si cette fcience paroît moins appliquable à l’ ar--
ch ite&ure, on ne fauroit dire combien au moins
le fentiment du clair-obfcur eft néceffaire aux architectes
dans les deffms qu’ils font de leurs monu-
mens. Sans c e fentiment, jamais la peinture muette
& plate de leurs projets .ne faura leur en faire
deviner l’effet'
Combien de projets fur le papier paroiffent beaux
6c impofàns, qui trompent dans ^exécution l’attente
8c le jugement qu’on en avoit porté.! C ’eft
que l ’effet réel de la lumière fur l’enfemble & les
parties de l’édifice leur fait jouer un tout autre rôle
que celui que le deffm avoit promis. La trop grande
profondeur donne de la dureté à certaines parties,
le trop peu leur fait perdre tout effet, & femble
leur ôter toute faillie.
L ’effet d’un édifice dans fa maffe générale 8c
dans • fes détails , eft une chofe d’une importance
telle , que pour les monumens d’une certaine
grandeur, les architedes prennent ordinairement le
parti d’en faire des modèles en relief. Cette méthode
eft fans doute la plus fû re , lorfque fur-tout
on donne à ces modèles de la grandeur & dé l’étendue.
Quelquefois on fait encore ces effais en
plus grand. C ’eft ainfi que M ich e l-A n g e , ayant à
couronner d’un entablement la grande maffe du
palais F arnèfe, fit exécuter en bois une portion
d e cette corniche de la grandeur dont elle devoit
ê t r e , 8c la fit placer fur l’angle du palais pour être
plus fur 8c de fes proportions 8c de fon effet. Mais
on ne peut pas faire toujours ces effais d ifpendieux;
& fi le fentiment des effets de la lumière ou du
clair-obfcur ne fert de guide à l’architeâe dans fes
conceptions, il s’appercevra trop tard de fon igno-
fance à ce fujet.
Çette feule raifon devroit faire defirer que les
àrchiteâes étudiaffent au moins les élémens de &
peinture. La pratique de cet art leur donnerait infailliblement
le fentiment dont on parle. Les pratiques
linéaires dans lefquelles les architeéfes modernes
ont circonfcrit 8c l’étude 8c les opérations
de leur a r t , font infuffifantes pour leur faire acquérir
les notions en queftion; la connoiffance même de
la perfpeélive ne fauroit les leur donner.
Dans la peinture, la fcience, du clair-obfcur a
toujours été jo in te , chez les artiftes qui l’ont pof-
fédé e, au fentiment de l’harmonie, dont il eft l’effet
comme.le principe. O n ne fauroit douter que les
architeâes qui auroient, dans la pratique de la
peinture, étudié cette fcience, n’en rapportaffent,
pour la pratique de l’architeéhire, un fentimènt
d’harmonie qui influeroit bien avantageufement auffi
fur toutes leurs produirions dans cet art. Tous les
genres d’harmonie ont peut-être, plus qu’on ne
pen fe, des principes communs; 8c à n’envifager que
généralement l’étude dont on parle , on ne fauroit
nier que les effets 8c les refultats en feroient
avantageux pour l’architeéhire.
C L A IR E -V O IE ( conflruEl. ) , fe dit de. la manière
d’efpacer les poteaux d’une cloifon , les folives
d’un plancher , les chevrons d’un comble, de manière
qu’il refte un intervalle entre chaque pièce.
O n fait auffi des couvertures à claire-voie, c’eft-à-dire
où les tuiles ne fe joignent pas immédiatement.
( Voyei Couverture ).
En parlant des cloifons, on défigne particulière*
ment par le mot de claire-voie, des cloifons de planches
refendues, que l’on pofe a quelque diftance les
unes des autres pour être lattées 8c recouvertes en
plâtre. (Voye^ Cloison). Lorfqu’on pofe les lattes ,
foit pour recouvrir des c loifons, des pans de bois ,
des plafonds ou des lambris, de maniéré à laiffer
une certaine diftance entre elle s , c’eft-à-dire de trois
ou quatre pouces, on dit que ces ouvrages font
lattés à claire-voie.
Les grilles, les treillages , les claies, 8c la plupart
des ouvrages d’ofier font à claire-voie. .
C L A P E T , f. |m. ( terme d'archit. hydrauV) , efpèce
de petite foupape plate, de fer ou de cuivre , que
l’eau fait ouvrir ou fermer par le moyen d’une charnière
, dans un tuyau de conduite, ou dans le corps
d’une pompe.
C L A S S E S , f. f. pl. C e font plufieurs falles au rez-
de-chauffée de la cour d’un collège, garnies de bancs
8c de fièges, où l’on enfeigne léparément diverfes
parties des humanités 8c des fciences.
C L A V E A U , f m. C ’eft une des pierres en forme
de coin, qui fervent à former une plate-bande.
Dans les pays où les carrières ne fauroient fournir
à l’art de bâtir des matériaux affèz étendus 8c affez
tenaces pour former les plates-bandes d’un feu lb lo c ,
on a imaginé de fuppléer à cette infuffifance de la
matière par l’art des claveaux. Cette reffource, il
faut l’avoue r, eft d’un grand prix. On lui doit-de
pouvoir élever des périftiles qui le difputent en graudeur
à ceux des anciens: mais peuvent-ils leur disputer
en folidité ? c’eft ce que le temps 8c l’expérience
n’ont pu encore juftifier. Il eft douteux même,
malgré toutes les précautions induftrieufes, les armatures
de fer , les évidemens adroits faits pour
affurer la durée de ce genre de. conftruétion, qu’il
parvienne à fe faire admirer des fiècles éloignes.
Mais l’art de bâtir ne fauroit être comptable dans
chaque pays que des moyens que la nature lui préfente
, oc c’eft beaucoup faire à lui que d’éluder,
neferoit-ce que pour quelque temps, fés refus, 8c
de vaincre fa réfiftance.
I l femble que les architeâes modernes aient regardé
l’art* des claveaux dans la eonftrudion des platesr
bandes 8c des architraves, comme une de ces v ic toires
que l’art remporte quelquefois fur la nature.
Peut-être à cet égard fe font-ils abufés trop 8c trop
tôt. Peut-être auffi ont-ils mis trop d’oftentation
dans l’emploi de ces moyens, qui ne feront jamais
qu’un foible équivalent des reffources que la nature
a refùfées à certains pays.
On l’a déjà dit au* mot A rchitra ve ( voye^
cet article ) , quelque heureufes' 8c fûres que puif-
fent paroître les reffources de l’art des claveaux, '
l’oeil ne voit pas fans inquiétude ces plates-bandes
formées d’une multitude de parties, dont il prévoit
là ruine 8c la décompofition. Il femble que l’intérêt
de l’archite&ure feroit de cacher ces m o y en s, au
Heu d’en faire parade, comme on le fait quelquefois
fi îndifcrétement, en marquant avec tant de
foin l’appàreil des claveaux. Rien ne dément plus
l’idée de folidité néceffaire à un architrave que cet
affemblage de claveaux, dont les joints s’altérant
bientôt par les injures du temps , s’éloignent de
plus en plus de l’apparence d’intégrité 8c de continuité
que demande la maîtreffe poutre de l’édifice.
( Voyeç Architrave ).
Claveau , f. m. ( confiruaior} ). C e mot défigne,
dans l’art de b â tir , une des pierres taillées en
co in , qui fervent à former une plate - bande ou
voûte plate pour une porte ou une croifée.
Il y a des claveaux fimples, 8c d’autres à croffettes ;
les claveaux fimples font ceux dont les joints font
formés par une feule furface droite. Les claveaux à
croffettes ont leurs joints fermés par des furfaces
brifées qui forment un redent qu’on nomme croffette,
qui fert à donner plus d’appui aux claveaux 8c à
fe raccorder avec les affifes horizontales des pieds-
droits.
Quelquefois les claveaux font ornés de refends,
pour fervir à décorer les édifices auxquels on veut
donner un caractère de folidité 8c même de rufticité,
relatif à l’ufage auquel ils font deftinés,
L e claveau du milieu des plates-bandes eft appellé
clef. ( Voye{ ce mot )'.
C L A V E T T E , f. f. ( conftruBion) , eft un morceau
de fer p la t , plus large d’un bout que de
l’autre, que l’on fait entrer dans une efpèce de
mortaife, pratiquée à l’extrémité des boulons ou
chevilles de fer- pour les maintenir à leur place.
Pour fixer ces clavettes on ïes fend par le b o u t ;
8c lorfqu’elles font entrées dans les mortaifes des
boulons, on écarte les deux parties féparées par
la fen te , afin qu’elles ne puiffent plus fortir.
O n fait quelquefois les clavettes avec une bandelette
de fer mince, repliée fur elle-mêmç , afin
de n’avoir pas befoin dè les fendre par le bout ;
quelquefois ces clavettes forment re ffo r t , c’eft-à -
dire , que lorfqu’on les a fait entrer, dans les mortaifes
des boulons, les deux bouts s’écartent d’eu x-
mêmes pour l’empêcher de fortir.
O n emploie . les clavettes au lieu d’éc rous, pour
tous les ouvrages de bois ou de fer qui font fu{-
ceptibles d’être démontés.
C L A U S 0 I R , f. m. ( confiruflion ). O n appelle
ainfi la dernière pierre de chaque aflife d’un ouvrage
en pierre de taille. Cette pierre ne fe finit
que lorfque toutes les autres font en p la c e , afin
de pouvoir lui donner les dimenfions juftes pour»
remplir exaélement le vuide qui refte.
Dans les voûtes en berceau il faut deux claufoirs
pour chaque rang de vo u ffo ir , un feul pour les
V- ûtes fphériques , deux pour les voûtes fphéroïdes,
à caufe du changement de courbure. Pour les voûtes
d’arête 8c le? voûtes en arc de c lo ître , il fa u t ,
pour une plus grande précifion, autant de claufoirs.
qu’il y a de panaches ou de pans de voûte.
C L A Y E , f. f . . ( conftruBion ) , efpèce de grillage
de b o is, dont la forme eft ordinairement un quarré
lo n g , compofé de baguettes ou petits bâtons droits,
rangés parallèlement 8c liés a v ec de l’ofier. Il y a
des clayes plus ou moins fines, c’eft-à-dire, dont
les bâtons font plus ou moins écartés on fait
ufage de ces clayes pour paffer le g ra v ie r, le gros
fable, la terre, le ciment, les recoupes d’e pierres, 8cc.
pour cet e ffe t, on les p o fe de manière qu’elles
fàffent un angle d’environ cinquante degrés, de
manière que le bas pofe par terre, 8c que le haut
.foit foutenn par deux bâtons ou piquets arrêtés aux
. angles S u p é r ie u r s8 c un peu inclinés du côté de
la claye. T o u t étant ainfi' d ifpo fé, on jette avec
une p e lle , fur la claye, le fable ou la terre que
l’on veu t paffer, les parties les plus fines paffent
au tra vers, 8c les plus groffes roulent au pied.
C L A Y O N N A G E , f. m. (conftruBion } , eft un
affemblage de fafcines , de fagots 8c de branches de
fau le , arrangés par lits pour foutenir des élévations
de terres rapportées, ou de terres mouvantes, 8c
fortifier les talus de g azon, qui fou v en t, fans cette
précaution, s’ébouleraient par le pied.
O n arrange les fafcines ou c layomiage s, enforte
que le gros bout foit du eôté du t a lu , environ
à un pied de diftance. O n . pofera alternativement
une' couche de terre 8c un lit de fafcinage r ces
fafcines doivent avoir au moins fix pieds de longueur.
Pour former les talus on met fur le bout
des clayonnages une couche de terre d’environ un
pied d’epaiffeur , fur laquelle on pofe le gazon après
l’avoir bien égalifé 8c maffivê.
Ces conftruétions fervent à faire des remparts 8c