
I l voyagea long-temps en I ta lie , & s’attacha
fur-tout à étudier les ouvrages de Palladio, dont
il recueillit plus de fojxaiite deflins originaux qu’il
a publiés , comme on le dira à l’article de ce grand
M a ît re , a vec un volume des T hermes antiques.
M y lord Burlington a joint plufieurs deflins de
fa compétition à ceux de Palladio , dans la belle
édition qu’il a donnée des ouvrages do cet architecte.
Il s’eti contenté de mettre au bas : Burlington
archite&us invtnit, inventé par Burlington3;-architecte.
C e feigneur faifoit avec, raifon beaucoup
plus de cas d’un titre qui eft le fruit d ’une longue
étu d e, que de celui qu’il devoit ail hafard.
I l fit bâtir , en 1 7 2 4 un palais pour le général
Y ad e . Le rez-de-chauflee efl orné de boflages
qui font le plus grand effet : au-deflus s’élève le
fécond étage décoré par des pilaftres doriques bien
difiribués, & qui fupportent une Ample frife. Les
fenêtres font dans le A y le le plus fimple & ornées
de baluftrades. Le tout enfemble annonce une certaine
folidité, beaucoup de correction, & une unité
qui enchante.
Sa belle maifon de campagne à Chifwich a
été embellie par plufieurs morceaux d’archireCture
dont il donna les deflins. C ’eft un enfemble capable
de faire honneur aux plus grands maîtres
par la belle entente qui y règne. O n trouve la :
gravure de cette maifon de campagne en quatre
feuilles. Un temple qu’on vo it à Londres, bâti
fur fes deflins , peut encore donner la plus haute
idée de fes talens.
B U S C . T m. ( terme d'architecture hydraulique ).
Affemblage de charpente compofé d’un fend des
heurtoirs contre iefquels s’appuie le bas des portes
d’une éc lnfe avec un poinçon qui joint enfemble ’
le feuil aux heurtoirs, & quelques liens de bois
pour entretenir le tout. Beiidôr dans fon architecture
hydraulique , tome premier , fécondé pa rt.,
liv . 1 chap. 8 , enfeigne la manière de déterminer
les pièces qui appartiennent au bufc, & celles qui
conviennent aux heurtoirs & aux poinçons. C ’eft
un détail utile & qu’on ne peut faire entendre
qu’avec la figure fous les y eux . ( Voye^ le dltgion-
naire des Ponts & Chauffées de cette Encyclopédie ).
O n dit une porte hufquie, quand elle eft revêtue
de cet affemblage de charpente, & que ces v en teaux
s’areboutent réciproquement, s’ouvrent &
k ferment à volonté pour l’écoulement des eaux
& le paffage des bateaux. ( Voye% les articles, C a n
a l , Ecluse & Radier ).
B U S C H E T T O ( de dul ich ium ) , architeà e
grec de l’ifle de D u lich ium , né dans le dixième
fiècle.
L e fol de la Grèce avoit été fi favorable aux
arts que rien n avoit pu en extirper les racines.
Semblables a ces productions fpontanées que l’in-
fluence feule de l’air fa it croître fur un ferrein-
propic e, les arts n’avpienî ceffé de fe reproduire
en G r è c e , malgré tou te slès révolutions qui fem-
ploient en avoir étouffé'les germes. Il n é fallut'
j pas moins ' que la religion de Mahomet, pour
1 frapper de ftérilité un fol fl fertile. La -religion
catholique n’avoit pu déraciner les arts de la Grece.
C eft à elle au contraire qu’on en doit la conféra
i 011* L ’efprit de difpute & l’enfeignement public
firent renaître là dialectique & l’éloquence. Le
talent de la parole fi naturel aux G re c s , pouffa
de nouveaux rejetions dans les ouvrages des peres
dp l’églife. Les orateurs & les poètes de l’antique
Grèce furent les modèles de ces nouveaux rhéteurs
chrétiens j & fi l’on fait abftraétion du fujet,
on y retrouve le même efprit, mais feulement plus
diffus , plus pompeux, plus furchargé de richelfes.
Chrifoftôme eft- à Démofthène, ce que Sainte-Sophie
de Conftantinople eft au Parthenon d’Athènes,
En tolérant les ftatues & les images dans fes temples,
la religion catholique perpétua les procédés
de tous les arts ; & lôrfque le refte de l’Europe
ignoroit jufqu’aux noms de peintre & de ftatùaire,
la mofaïque , la peinture à frefque , l’art de tailler
le marbre, les proportions de l’architeChire , fe
retrouvaient en G rèce dans un état encore tres-
reconnoiflable. Le deftin voulut que ce pays fût
deux fois père des arts.
La correfpondance établie entre l’Italie & les
ifles de la G rè ce , donna lieu à cette reproduction.
Les Vénitiens & les Pifans y recueillirent
ces germes précieux. Venife avoit employé déjà
lès plus riches matériaux de la G rè c e , & des ar-
tiftes de ce pa ys , à la conftruétion de l’ églife S.
M a rc , le premier de tous les monumens modernes
oii l’on retrouve les traditions de l’archire&ure
grecque. Les Pifans , dans leurs fréquens voyages
& par leurs conqueres, s’étoient aufli procuré des
débris de l’art des Grecs. Ils portoient dans les
îles du Levant des denrées & des marchandifes, &
au retour ils leftoient leurs vaifféaux de fragmens
d’architeétiire^ ou de fculpture, de colonnes pré-
cieufes , de demembremens d’édifices antiques. Ils
les avoient raflemblés de toutes parts. Ils réfo-
lurent' enfin d’en compofér un édifice, qui devînt
un monument de leur g o û t ,, de leur riçhefle &
même de leurs viâo ires ; car ils dévoient une
partie de Ces riches dépouillés à la défaite des
Sarrafins, qu’ils avoient châtiés de Sicile.
Bufchetto, architecte G r e c , fut l’homme qu’ils
choïfîrent pour mettre en oeuvre tous ces matériaux
épars, & de tous ces membres divers com-
pofer ce grand corps d’ édifice qui forme la cathédrale
de Pife.
Il eft difficile d’évaluer' lé mérite d’un arclii*-
teô e dans un édifice àirifi compofé de données
auxquelles il fe doit conformer, de matériaux tous
taillés dont il lui faut faire emp loi, de parties
étrangères, qui âflujettiffent Ton invention , mais
qüi la dirigent aufli. O n ri’ôfe décider, dans le
monument de Pife , fi c’eft: à Tarchiteae qu’on
doit lé bel emploi de ces matériaux , ou aux matériaux
eux-mêmes qu’on doit l’architefte. Notis
n’avons pas d’autre ouvragé de Bufchetto , qui
puiffe nous donner à connoître la valeur intrîn-
.fèque de cet a r tifte , & nous faire deviner ce qu’il
eût produit, livré entièrement à lui-même, & dénué
des reffources antiques dont il fut tirer un
parti fi grand' dans l’édifice dont il s’agit.
Sans doute il faut convenir qu’il dut aux dépouilles
de la G rè ce les plus grandes beautés d’un
monument, q u i , é lev é dans le onzième fiècle ,
peut encore aujourd’hui fe comparer à tout ce
que l’architeâure moderne a produit de plus grand
depuis cette époque : mais en revanche il faudra
suiflï attribuer à la contrainte & à la fujétion pénible
qu’entraîne néceffairement l’emploi de fragmens
& de matériaux tout donnés, les difparates,
les irrégularités qu’on rencontre dans cette com-
pofttion d’architeflu re, & qui y devenoiem.iné- .
vitables.
Au re fte , notre aichiteflé a la gloire . d’avoir
fait dans ce monument un emploi bien plus grand
& bien plus riche des matériaux antiques, que
ceux qui conftruifirent avec de femblables moyens
l’églife d e S, Marc à V enife. La forme de bafi-
lique qu’il adopta lui donna lieu de difpofer fes
colonnes de la manière la plus avamageufe & d’en
tirer le plus grand effet dans fon intérieur.-Il faut
aufli lui faire hbnne.ni; du bel accord qui règne ■
dans tous les rapports de ce vafte enfemb le, du
caraétere ferîeux , quoique un peu fom b re , qu’il
imprima à ce temple , & de l ’ajuftement heureux
qui fut reunir a' un leul motif tant de parties difparates.
Entrons dans cet éd ifice , qui ne mérite
d’être déçrit.que pour fon intérieur. Sa décoration
extérieure n’offre de remarquable que les marbres
précieujc qui en font le. revêtiffement, & des fragmens
de bas-reliefs antiques qu’on y a incrnftés. :
Le plan .de cette églife. eft une croix la tin e ,
longue dé quatre -cens quinze palmes & large de
cent quarante-cinq. La b randie de la croix a trois
cens vingt palmes de long fur foixante-quinze de
large. La largeur de la grande n e f eft de cinquante-
cinq palmes , fa hauteur eft de . cent foixante-
quinze.
----- ------.. , «.s* L iin n u c Gure. mies
font toutes des plus belles matières , & ont qua-
rante-fix palmes de hauteur fur environ quatre de
diamètre. On en compte foixante-douze dans toute
letendue de.Téglife dont foixante-deux font de
granit oriental, & do.üzç dés plus; belles efpèces'
de marbre. -L e * colonnes n e font point réunies
par des architraves , mais TuivantTufage des conf-
trutuons.des bas-temps % leurs chapiteaux- font fur-
montes par des arcades qui foutiennent: ellesvmêmes
un ordre de colonnes plus petites .& plus nom-
reuies, Celles-ci. forment un portique fupérieur
u galerie^ qui fervoit aux femmes félon les ufâees
.e a P*im}tive églife. Ce tte féparation des-femmes •
_ans. les travees fupérieuros e f t encore une 'dés râi-
adopter aux premiers, chrétiens-
orme des bafilïqués antiques dans leurs égljfes.
On a vu que dans les grandes bafiliques il régnait
de même un ordre de -galeries fùpérieûres. ( Voyez
Basilique.) , 1
La bafiliquè moderne de Pife a , comme les
grandes bafiliques antiques , deux rangs de bas-
co té s , formés par une file de colonnes corinthiennes
plus petites que celles de la grande neff
Mais l’a'rchiteéle a regagné cette inégalité de hauteur
par des foc le s’ fort hauts , fur Iefquels il *
jugé a propos‘ de les élever pour les mettre au
niveau des antres! La grande nef eft à foffite en
bois ou en compartiment; de caillons dorés, mais
les bas-côtés font voûtés, & ces voûtes font peintes
en entier. La croifée lé compofé de trois nefs contiguës
, formées par des colonnes ifolées de la
I même grandeur que celles, des petites nefs colla-
! térales. j ’ai dit que la grande n e f avoit cent foixante»
cinq palmes de h a u t , celle de la croifée n ’en a
que.cent quarante-cinq , les nefs collatérales n’ont
que foixante palmes de haut. O n vo it dans la grande
n e f quatre piliers, au-deffus defquels quatre grands
arcs foutiennent une coupole ovale haute de cenc
quarante palmes. Cent fenêtres donnent du jour a
ce vafte intérieur, q u i, malgré cela , refte un peu
obfcur. La n e f , qui iemble avoir trop d e hauteur,
eft mal éclairée.
L ’édifice eft environné' à l’extérieur d’un perrorî
qui a cinq marches & mille fept cens quatre-vingt
palmes de circuit. Il forme devant & derrière l’é-
g life , une petite place de quarante-quatre palmes
de la rg e , & dans les côtés un efpace d e v in g t
palmes.' La façade du temple a cinq étages. L e
premier eft compofé de fept arcades foutenues par
fix colonnes d’ordre corinthien & par deux pilaftres.
L’arc du milieu eft le plus grand de tous.
Le fécond étage a dix-neuf arcades, fupportées
par dix-huit colonnes & par deux pilaftres. L e rroi-
fiême étage eft d’une compofition tout-à-fait fin»
g libère. Comme c’eft à fa hauteur que fe termine
celle des nefs., la façade »’eft plus aufli la r g e ;
elle forme deux plans inclines de chaque cô té.
On v o it encore .dans le milieu quelques colonnes
de la même hauteur qui foutiennent des arc s, mais
on obferve que les colonnes qui font entre les côtés
des plans in c lin és, diminuent de hauteur félon l’ü j-
clinaifon decesmêmes-côtés. O n remarque la même
chofe au cinquième é ta g e , qui forme une efpèce de
fronton triangulaire, orné de co lon n es, qui fe t a .
petiffent aufli à mefure qu’elles f e rapprochent des
angles de la baie.
Les trois portes dé bronze qui donnent entrée
dans l’é g ü fe , font aujourd’hui l’objet de cette façade
, qu’on admire le plus ; elles font de Jean
de B o lo gn e , & remplacèrent celles de Buorrano
.qui périrent dans l ’incendie de 159;»
Les : côtés, extérieurs de la cathédrale-de Pife
ifoHjtsortes de pilaftres accouplés, qui forment d eux
■ ordresl’un fur l’autre. L e rois de la grande nef
eft foutenu en dehors par des colonnes dont .'tes