<5S8 C I T
plus ancien quartier, dans quelques-unes le lieu |
où eft cette êglife eft la cité.
Cité n’eft quelquefois qu’un titre d’honneur,
qui dit plus que le mot de ville, quoiqu’il y ait |
bien des cités en ce fens-là qui ne valent pas des
villes. • .
Cité fe prend aufli Amplement pour ville*, &
s’emploie comme fynonyme de ce mot. t'oyez
dans le DiEl. d’Antiq. , la "vraie fignificadon chez
les anciens, au mot Civitas.
CITERNE, f. f. ( conftruÜion) , réfervoir fou-
terrain , deftiné à conferver F eau de pluie : ce mot
vient du latin cijlema^ formé de cis terrarn, qui lignifie
dans terre. L’ufage des citernes eft de la plus haute
antiquité, fur - tout en Afie. Il y a des pays &
des circonftànces où elles font d’une utilité indif-
penfable ; par exemple, lorfqu’on ne peut fe pro-,
curer d’autre, eau que celle de la pluie, ou lorfque
les eaux que l’on trouve font de mauvaife qualité.
L’idée d’ouvrir des citernes peut être venue aufli
de l’obfervation faite que l’eau de pluie, bien épu-
rée, vaut mieux que toute autre pour boilfon, pour
la préparation des alimens, pour le blanchifla^e du
lin g e , la teinture , &c. La raifon, c’eft qu’elle ne
contient aucun des fels terreftres dont la plupart
des eaux de fontaines, qui paroiffent les plus pures,
font imprégnées.
La grande citerne de Conftantinople paffe pour
une des plus belles & des plus vaftes que l’on con-
noifl'e. C ’eft un réfervoir immenfe, foutenu par deux
rangs de piliers; chaque rang en contient deux cents
douze. Ces piliers, qui ont deux pieds de diamètre ,
font difpofés circulairement & en rayons qui tendent
tous au pilier du centre.
L’objet effentiel qu’il faut fe propofer en conf-
truifant une citerne, doit être de faire un ouvrage
folide, capable de contenir & d’épurer la quantité''
d’eau dont on peut avoir befoin. Pour remplir ce
but, autant que poflible, il faut,
jo. connoître la quantité d’eau de pluie qui tombe,
année commune, fur une fuperficie determineè.
a°. De quelle matière font les furfaces fur lef-
quelles on reçoit l’eau qu’on veut recueillir, pour
qu’elles ne puiffent leur donner ni goût, ni mauvaife
qualité. A . ,
V , Déternainer quelle doit être la capacité de la
citerne.
4°. Quelle doit être fa difpofition pour fournir
l’eau la plus pure. . - , ,
50. Quelles font les formes & les ütuations les
plus avantageufes des citernes.
6°. Les différentes manières de les conftruire.
De la quantité, d’eau de pluie qui tombe , année commune
, fur une fuperficie déterminée.
Une longue fuite d’obfervations météorologiques,
a fait connoître que lé nombre des jours de pluie
étoit, année commune, de cent-quarante-quatre,
& que la quantité moyenne d’eau qui fomboit étoit
C I T
d’environ vingt pouces de hauteur, ce qui fait lifté
ligne deux tiers pour chaque jour de pluie, & deux
tiers de ligne pour chaque jour de l’année ; d’où
il réfulte qu’il faut fix toifes fuperficielles pour
produire un pied cube d’eau par jour , équivalent à
une voie. Comme l’eau qu’on recueille dans les
citernes provient ordinairement de celle qui tombe
fur les toits, il en réfulte qu’une couverture dont
l’étendue feroit de foixante toifes fuperficielles, produisit
dix pieds cubes d’eau par jour, ou dix voies
d’eau.Dans une ville comme Paris, foixante toifes fuperficielles
de bâtimens à trois étages, peuvent contenir
trente habitans, dont la confommation doit
être de fix à fept voies d’eau par jour': ainfi, l’on
voit'que fi l’on vouloit recueillir l’eau de pluie qui
tombe fur les toits des maifons , elle feroit plus que
fuffifante pour fournir aux befoins de fes habitans.
Des matières les plus propres à former les furfaces fut
le f quelles on veut recevoir l’eau de pluie.
Ces matières font la pierre dure, la terre ciiite,
l’ardoife, les pavés de grès, les aires de Ciment, de
pouzzolane, le plomb.
Les furfaces en dalles de pierre dure , font cellqs
qui conviennent le mieux, fur-tout lorfqu’ellesfont
élevées à une certaine hauteur, comme les dalles qui
forment les terraffes pratiquées au-deflus des bâtimens,
tant par la facilité de les entretenir nettes,
que parce qu’elles ne peuvent communiquer aucun
goût ni mauvaife qualité à l’eau.
Au défaut des terraffes, on recueille l’eau qui
tombe fur les couvertures de tuiles, d’ârdoifes ou dç
• plomb bien entretenues.
De la grandeur des citernes.
Cette grandeur dépend de l’étendue des furfaces
fur lefquelles on reçoit l’eau de pluie & de la dépenfe
journalière. Il faut encore obferver que les pluies ne
font ni périodiques, ni également abondantes. Quelquefois
il pleut plufieurs jours de fuite, d’autres fois
il ne pleut qu’une fois ou deux dans l’efpace d’un
mois. Il y a des orages qui produifent en un inftant
plus d’eau que des pluies qui durent plufieurs jours.
D’après toutes ces confidérations , iTeft à propos de
donner aux citernes affez de capacité pour contenir
environ la neuvième partie de l’eau qui peut tomber,
année commune, fur la furface deftinee à la recueillir.
Suppofons , par exemple , que l’étendue de la fur-
face .qui reçoit l’eau, foit [de foixante toifes, la
neuvième partie de'la hauteur de l’eau de pluie qui
y tombera^, année commune, fera deux pouces
deux neuvièmes, ce qui produira quatre cens pieds
cubes ; d’où il réfulte qu’il faudroit une citerne de
dix pieds de long fur dix pieds de large, pour contenir
les eaux de pluie qui tombent fur une furface
de foixante toifes, indépendamment de la dépenfe
journalière, qui pourroit être de neuf à dix pieds
i cubef, hauteur de l’eau feroit de quatre pieds ; fur
quoi
C I T
quoi il faut obferver que plus il y a d’eau dans
une citerne, mieux elle s’y-conferve. Quant à la hauteur
de la citerne, i! fiifiit,qu’elle ait fept ou huit pieds
fous le fommet de ici voûte.
De la manière dont il faut que les citernes foient dif-
pofées pour épurer l’eau.
Vitruve <3i t , à la fin du huitième livre de fon
ouvrage fur Farchiteélure, que pour rendre l’ufage
de l’eau de pluie plus falubre, il faut faire les citernes
doubles ou triples, afin que cette eau puiffe fe
clarifier en paflànt d’une citerne ,à l’autre, & dépofer
le limon dont elle eft quelquefois chargée. Par ces
précautions , ajoute-t-il, les eaux arrivées à la dernière"
citerne, y confervent leur goût naturel, fans
contrarier aucune mauvaife odeur. Si ce moyen eft
infuffifant, il confeille d’y jetter du fel pour faciliter
la féparation des matières qui la troublent ou
qui la corrompent.
On voit à Rome, auprès des bains de Titus, les
refies d’un réfervoir immenfe, appellé les fept f ailes s
divifé par des murs parallèles, formant des corridors
voûtés. Les ouvertures percées dans ces murs
pour la c'ôinrnunication de l’eau, au lieu d’être placées
en enfilade, en face les unes des autres, font
difpofées. de riianière que chacune répond au milieu
de l’intervalle de celles qui font v is -à -vis. Nous
penfons que cette difpofition, qui a tourmenté l’imagination
de plufieurs antiquaires, n’avoit d’autre but
que de faire circuler l’eau , afin qu’elle dépofât plus
facilement le limon & Jes autres matières qui pou-
voient nuire à fa pureté.
C ’eft fûrement pour la même raifon, que la fo-
meufe citerne des environs de Pouzzol, connue fous
le nom de P if c in c admirable , eft divifée par cafés
carrées , formées par des murs à hauteur d’appui,
'Conftruits entre les piliers qui foutiennent les voûtes.
Il y a une conferve d’eau antique, à L yon ,
dans le jardin des Urfuîmes, fur là montagne de
S. Juft, qui eft difpofée1 à-peu-près de même que la
pifcine admirable.
Dans la partie de l’ancienne ville de Pompeii,
qui eft aéhiellement découverte , prefque toutes les
cours des maifons ont des citernes deftinées à recueillir
l’eau de pluie, par la raifon que cette ville étant
fituée fur une hauteur, ne pouvoit fe procurer plus
facilement de l’eau. On a pratiqué au milieu de ces
cours, des éfpèces de baflins quarrés , peu profonds,
revêtus en mortier de pouzzolane ; les côtés de ces
baflins font formés en glacis ; ils ont à leurs angles
des ouvertures par lefquelles l’eau couloit dans les
citernes placées au-deffous. Il eft probable que ces bafi-
fins étoient remplis de gravier ou de pierres ponces,
pour épurer l’eau avant qu’elle entrât dans les
citernes. Dans plufieurs endroits, on a pratiqué des
petits piédeftaux ronds, percés dans le milieu en
forme de puits, dont le diamètre eft d’environ un
pied ; on voit encore à l’intérieur de ces piédeftaux,
les entailles faites par le frottement de la corde,
Architecture. Tome I.
C I T 689
qui fcrVoit à tirer les vafes avec lefquels on puifoit
l’eau dans les citernes.
Les modernes ont imaginé, pour purifier l’eau de
pluie, de conftruire à côte des citernes dans lefquelles
on veut conferver cette eau, un récipient plus
petit, qu’on appelle citerneau. On remplit le citerneau
jufqu’à la naiffance de la voûte ou environ,
de gravier ou de gros fable bien net. L’eau de pluie
qui tombe fur lês furfaces des terraffes ou des toits
préparés pour la recevoir, vient fe rendre dans le
citerneau, dont le fond doit être de 4 à 5 pieds
plus élevé que celui de la citerne qui lui fert de réfervoir.
L’ouverture par laquelle l’eau paffe dans
la citerne, doit être garnie d’une plaque de plomb
ou de fer , percée d’un grand nombre de trous
affez petits pour qu’il n’y ait que l’eau feule qui
y puiffe couler. En Italie on bouche cette ouverture
avec un vafe de terre , dont le fond eft percé
comme une écumoire. M. de la H ire, de l’académie
des fciences & profeffeur de celle d’archite&ure , a
propofé, au lieu d’un trou garni d’une plaque de,
métal ou d’un vafe de terre percé, de former dans
l’épaiffeur du mur, une efpèce de fiphon avec des
tuyaux de grès, comme on le voit repréfenté à la
figure 130. Dans ce cas , il n’eft pas néceffaire que
le fond du citerneau foit plus élevé que celui de la ci*
terne. Les ouvertures des branchés de ce fiphoit
doivent être à même hauteur, environ à 3 ou 4
pouces au-deffus du fond du citerneau. Le haut
dé la courbure du fiphon fera à la hauteur du fable
qui eft dans le citerneau. Par le moyen de ce fiphon ,
il arrivera que dès que l’eau du citerneau fera aufli
élevée que le haut du fiphon, elle commencera à
couler dans la citerne & continuera jufqu’à ce qu’elle
foit de niveau dans lès deux. Cette eau ayant été
purifiée en paffant au travers du fable, ne pourra
entraîner avec elle en remontant, aucune partie du
fable ni du limon dont elle pouvoit être chargée
en entrant dans le citerneau. Ainfi , toutes les fois
qu’il entrera de nouvelle eau dans le citerneau ,
’ celle qui s’eft déjà purifiée en traverfant Fépaiffeur
du fable, paffera dans la citerne, de manière que
le fiphon étant plein , les eaux de la citerne & du citerneau
fe maintiendront toujours de niveau ; c’eft-à-"
dire, qu’à mefure qu’on puifera de l’eau dans la grande
citerne, il en coulera du citerneau pour la remplacer.
On conduit l’eau de pluie dans le citerneau par
un tuyau, à l’extrémité fupérieure duquel eft une
grille de fer, afin d’empêcher les grottes ordures
d’y entrer. Pour tirer l’eau de la citerne, on fait
ufage d’une pompe ; enfin on pratique dans la
voûte de la citerne & dans celle du citerneau, une
ouverture affez grande pour qu’un ouvrier puifle
y defeendre dans le befoin , foit pour changer le
fable , foit pour y foire quelques réparations.
De Informe & de la fituation qui conviennent le mieux
aux citernes.
La forme la plus ordinaire qu’on a coutume
de donner au* citernes & aux citerneaux, eft
S s ss