
culiers. Mais fl y en avoit dans de plus vaftes dimen-
lions qui occupoient les grandes falles des thermes,
Sc où plufieurs perfonnes fe baignoient à la fois.
Telles font les baignoires de granit de la villa medici,
& celles des fontaines de la place Farnèfe.
Ces dernières font de granit oriental. L a plus grande
a 18 pieds de long , fur io de la rg e, & 4 pieds
3 pouces de haut. Les bords , ou ce qu’on appelloit
labrum , ont 15 pouces de large. Ils fervoient à s’af-
fe o ir , ou du moins à s'appuyer pour fe laver plus
commodément. L e vuide de la baignoire a 1 6 pieds
de long , fur 7 -pieds & demi de> large , & i pieds
10 pouces'de profondeur ; de forte qu’il pouvoit
contenir douze à quinze perfonnes. L ’autre eft un
peu moins grandej elle n’a que 18 pieds de lo n g ,
fur 9 pieds 1 pouce de large. L e vuide eft de 1 j pieds
Sc demi de long , fur 6 pieds & demi de large , &
2, pieds 8 pouces de profondeur. On trouve aufli
d’autres baignoires ornées de b a^ e lie fs , & de têtes
de lion qui fervoient à l’écoule nSht des eaux. -
I l faut diftinguer des baignoires , dont nous venons
de parler, & qu’on nommoit baptifterium , celles qui
étoient en forme de balfin creufé ou faillant. On les
nommoit pifeina. Il y en avoit de telles dans tous
les bains publics ; & cette forte de baignoire étoit
principalement deftinée à la multitude. Il s’en trou-
vo it aufli quelquefois dans les bains particuliers, à
en juger par la defeription que Pline nous fait des
liens. On entre, d it- il, dans la falle des bains où eft
un réfervoir d’eau froide. Cette falle eft grande &
fpacieufe. Des deux murs oppofés fortent deux baignoires
circulaires, fi larges & fi profondes qu’on
pourroit y nager à l’aife. ( Voye^ B a i n s . )
Dans les ufages modernes les baignoires fe font
de cuivre rouge. Elles ont ordinairement 4 pieds &
demi de longueur , fur 2 pieds & demi de largeur,
& environ 26 pouces de hauteur. Ces baignoires font
-étamées en-dedans pour empêcher le verd-de-gris,
& font fouvent décorées en-dehors de peintures à
l ’huile , relatives à leur ufage. Pour plus de com- ;
modité , on place dedans, des linges1 piqués & dés
oreillers des deux' côtés. A leurs extrémités fupé-
rieures font deux robinets à droite & à gauche ;
l’un pour diftribuer de l’ eau chaude amenée de
f étuve , l’autre de l’eau ffoide tirée du réfervoir. A u
fond de la baignoire eft pratiquée une bonde, qu’on
lève pour faire écouler l’eau , à mefure qu’on a
befoin d’ en remettre de la chaude, ou de la renou-
veller 3 félon lé teins qu’on veut refter au bain. Cette
bonde fermée contient l’eau > & lorfqu’elle eft levée,
elle la précipite dans un tuyau de décharge, d’où
elle fe- perd dans les baffes-cours ou dans les puifards
pratiqués exprès.
Ces baignoires font ordinairement placées dans des--
niches, qui prennent le plus fouvent la forme d’un
de leurs côtés , & font couvertes d’un-baldaquin ou
impérial décoré de pentes &.de rideaux.
Par économie , les baignoires fe font quelquefois
de b o is, & fe portent chez les particuliers* 1
J B A IN ou BO U IN , f. m. ( confirüftion. ) On dit
I maçonner à bain ou à bouin de mortier, lorfqu’on
pôle les pierres, qu’on jette les moëlons", 8t qu’on
afiied les pavés en plein mortier;
B A IN S , f. m. pl. Nom qii’on donnoit chez les
anciens, ou à des édifices publics deftinés à fe baigner,
ou à une fuite de pièces faifant partie des maifons
particulières , & confacrées à l’ufage du bain'.
L a pratique du bain fe retrouve chez tous les peuples
de l’antiquité. Les Orientaux en usèrent dans tous
les tems : ils l’ont cpnfervée jufqu’à nos jours. Leur
méthode aétuelle eft encore-très-conforme à ce cju’on
fait de celles des Grecs & des Romains. Si l’on en
croit Homère , Mofchus & Théocrite, les premiers
fiècles de la Grèce n’auroient connu d’autres bains
que ceux des rivières. C ’eft dans l’eau, des fleuves que
vont fe baigner les princefles Nauficaa , Europe &
Hélène. CèpendantHomère nous indique que, de fon
tems, les bains conftruits & particuliers étoient déjà en
ufage. ce Télémaque & Pififtra te, dit ce poète, furent
»«conduits dans des bains d’une propreté extrême j les
» plus belles efclaves du palais les baignèrent, les par-
» fumèrent d’eflences , leur donnèrent les plus beaux
» habits. » C e n’eft pas le feul endroit où il foit parlé
de femblables bains. Les Romains qui fe baignèrent
long-tems dans l’eau du Tybre , empruntèrent des
Grecs , les bains artificiels , lès pratiques diverfes que
leur manière de vivre & de s’habiller avoit rendues
néceflaires , enfin toutes les inventions de la molleflè
que le luxe des empereurs fut multiplier & réunir,
dans les vaftes bâtimens dés thermes.
Les thermes, ces monumens prodigieux de la magnificence
Romaine, ne furent aufli qu’une imitation
des gymnafes des Grecs. Dans les uns comme dans
les autres, on avoit raflemblé toutes les inftitutiohs
favorables à la fanté , tous les exercices du corps,
tous les délaflemens de l’e fp r it , tous les amufemens
du peuple. ( Voye% G ym n ase . ) Quoique le nom de
thermes, donné par les Romains à ces fortes d’édifices,
ne fignifie qu’un lieu deftiné aux bains chauds ,
cependant la diverfité de leurs ufages ne nous permet
pas de comprendre leur defeription dans un feul
article. T o u t ce qui eoncernoit l’ufage des bains
entrera dans celui-ci. On trouvera au mot thermes
( Voyéç ce mot. ) l’enfemble , les détails , & to u t ce
qui compofoit l’univerfalité de ces immenfes bâtimens.
Les bains les plus complets 81 les plus beaux étoient
compofés de fix pièces principales.
L a première , appellée apodyterium, étoit le lieu
dans lequel on fe déshabilloit 5 il y avoit des tablettes
tout autour pour dépofer les habitsj & des gardes nommés
capfarii étoient prépoféé pour en avoir foin. Cette
pièce étoit appellée aufli fpoliatorium par les Romains.
Tous les bains n’avoient point un apodytere. Il paroît,
par Lu cien, que dans ceux qui en manquoient, le
frigidaire en tenoit lieu. On ne trouve l’apodytere,
ni dans le gymnafe de V itru v e , ni dans la palxftre
décrite par Lucien, Il eft probable qu’il n’y en avoir
point dans le gymnafe des G re cs, 8c qüe le frigidaire
fuppléoit à ce défaut. Pline eft le feul auteur qui
faîfe mention de l’apodytere. Il en parle dans la
defeription des bains de fes. maifons de plaifance.
La fécondé pièce étoit le bain froid , nommé
Aovrpov par les G re c s , & frigidarium par lès Romains.
C ’étoit là que fe prennoient les bains froids :
cette falle étoit ordinairement expofée au Nord. Elle
fervoit, comme on l’a dit , d'apodytere aux bains
qui n’en avoient point ; & elle devenoit alors la première
pièce du bain. Le marquis Galiani prétend que
[ le frigidarium & le tépidarium étoient la même chofej
cependant la peinture' antique prouve le contraire :
ce n’eft pas non plus l’avis de Mercurialis & de
Baccio.
La troifieme étoit le tepidarium : fon principal emploi
femble. avoir été de prévenir, par l’air tempéré
qu’elle contenoit, les effets dangereux du paflage trop
iubit d un endroit très-chaud dans un lieu très-froid.
Aufli, dans là peinture des thermes de T i t e , elle le
trouve entre le frigidarium & la comamerata fudatio.
( Voye^ Fig. 2 .0 7 . J Le tépidàire, au Rapport de tous
les hiftoriens , joignoit le frigidaire au bain chaud 5
c’eft pour .cette raifon que Pline l’appelle.la chambre
du milieu , cclla media. Galen lui donne le même
nom , & prétend qu’elle méritoit d’être ainfi nommée,
non feulement-a caufe de la fituation , comme
étant au centre, mais aufli par rapport à fa chaleur.
Ca r, d it-il, cette chambre étoit d’autant de dégrés
plus froide que la troifîéme , 011 le bain chaud,,
qu’elle étoit plus froide que la première, ou le fri<n-
daire. Quoiqu’il y eut des baignoires dans le frigidaire
& le tepidaire , il femble qu’on s’y baignoit
peu ; qu’on le contentoit de traverfer ces falles à
î as lents y que c’étoit la température de l’air , & non
celle de l’eau , qui portoit tant de gens à les fréquenter..
La quatrième falle étoit celle de l’étuve appelléè
laconicurn, du riom du poêle qui l ’échauffoit. Elle
ne renfermoit qu’une chaleur sèche , comme il paroît
par Galen, qui confeille aux perfonnes d’un, tempérament
chaud de ne point y entrer, mais de fe mettre
plutôt dans l.e bain chaud , où l’eau qu’iis abfor-
beront'empêchera que la 'chaleur n’ait pour eux de
mauvaifes fuites. Le laconique étoit ainfi appellé ,
parce cjue Tufage en étoit venu de Laconie. Martial
1 0lt a u" Aam* 3 « Si la coutume des Lacédémoniens
M v° us plaît,.vous pouvez jou ir , à votre aife , de la
chaleur sèche du laconique , & vous baigner
* enluite> &c. . ' N &
Ritus f i placeant tibi taconum,
Contenlus potes arïdo vapore
ruda virgine Martiâquc mergi. I. 6 . ep. 4 1 . *
P^n. nous apprend que ceux qui fuoient dans le
^ conique , s’oignoient d’huile & entroient enfuite
ns e bain froid 5 cepèndant ce laconique , dans fon
®lne* fte deftiné qu’aux vieillards & aux infirmes.
L e laconique, félon V itru v e, & d’après la peinture
antique des thermes de Tite , étoit contigu air
tepidarium , & lui communiquoit une chaleur plus
tempérée. Ce n’étoit qu’une efpède de poêle place
ordinairement dans l ’angle de la pièce : il étoit circulaire
, & furmonté chine petite coupole ouverte
par le haut. La flamme de Vhypocauflum éntroit dans"
le laconique , s’élevoit ou s’abaiflbit, fe modéroir
enfin par un bouclier d’airain, fulpendu à une chaîne
au moyen duquel on régloit, dit Vitruve , le degré-
de chaleur qu’on vouloit donnef à la pièce. Danslà-
peinture antique des therme^ de T ite , on voit le
laconique 3 au lieu du boucher d’airain, c ’eft un-
globe attaché à une chaîne, qui, pofé fur l’ouverture-
par laquelle s’élève la flamme , fert à l ’écarter , à la.
multiplier & à en augmenter- la force. Il paroît indu-
bitable que le laconicurn n’étoit autre chofe q.ue ce
poêle ou fourneau. Les méprifes qu’il a occafionnées-
viennent de ce qu’il a pu donner fon nom à la pièce
ou il fe trouvoit. Cette piè ce, dans notre peinture -,
s’appelle comam^ta fudatio. Dans la fuite on prit la
p r t ie pour le tout. Mais Vitruve en fa i; fuffifamment
la diftinélion , lorfqu’il dit : Laconicurn fudationes
quczfunt conjungendez tepidario , 1. 5. ch. 10. Il s’explique
encore plus clairement au chapitre fuivant, où
il compte l’étuve au nombre des pièces delà Palæftre.-
Elle doit a v o ir , dit-il , dans un de fes aindes 1®
laconicurn , & dans un autre le bain chaud; Concainerata
Judatio longitudine duplex quàm latitudine qu<z habeat
in verfuris ex unâparte laconicurn^... ex adverfo laco-
nici çaldam lavationem. D o n c , fi le laconicurn étoit
dans un com de l’étuve, il eft- clair-qu’il n’étoit point
1 étuve , mais qu’il n’en étoit qu’une partie. C a r , s’il
l’eût é té , comme quelques-uns l’ont prétendu, à quoi
eut lervi la comameyiia fudatio\3 8c à quoi bon deux
étuves. Le laconicurn , ou récuve , lelon Vitruve
avoit des niches qu’on appelloit fudationes : c ’étoir
la que le plaçoient ceux qui ufoient de ces bains fecs
ainfi qu’on le voit dans la peinture antique. C e s
niches, dit V itru v e , dévoient avoir autant d’élévation
vers la courbure de la v oû te , qu’elles avoienC
de largeur.
L a cinquième pièce étoit le balnmm ou le bain.
d eau chaude , appellé thermoloufia. C ’étoit le plus
frequente. Sa.grandeur , dit V itru v e, doit être proportionnée
au nombre de ceux qui s’y baignent Elle
doit, avoir en largeur un tiers moins de f t hauteur
fans comprendre la galerie , appeffie fchola , qui
régnolt autour , & qui fe terminoit du côté du baffin
par un petit mur d’appui. Cette galerie devoit être
allez grande pour contenir ceux qui attend'oient leur
tour. L e milieu étoit occupé par un badin appellé'
pifeina, ou par une baignoire appellée alveum, comme
on le voit au balneum de la peinture antique. L ’en-
iro it ° li ' ’on Ce baignoit devoit être immédiatement
au-dêffons de la fenêtre par laquelle venoit la lumière
pour ri être point obfcurci par l ’ombre de ceux qui f e
promenoient autour.
L a lîxieme falle étoit Veleothefium o u i ’ontfuariuml