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variété ; mais variété n’eft pas bigarrure» Qui n*eft
point révolté de voir dans plufieurs de nos temples
ces dil'parates de décoration irrégulière 6c fans relation
avec l’ordonnance générale ? Ici ce ‘font des
frontilpices foutenus par des colonnes ; là des
réiables tourmentés, des gloires, des peintures,
des bas-reiiefs. L’une vous offre l’éclat du marbre
& des métaux précieux ; l’autre, la pauvreté & la
ïïiefquinerie des boiferies & des matières les
moins propres à figurer. Ici, des peintures fans
motif découpent une chapelle du refte de l’édifice ;
ailleurs, la nudité de la pierre forme un concrafie
choquant avec les richefles qui l’avoifinent.
C ’eft pour prévenir tout ce détordre d’ornemens
indigeftes, que l’archite&e doit fixer la forme, la
difpofuion Ôi la décoration de toutes les chapelles,
& l'ur-tout des autels, qui en font la partie principale.
Une forte de variété , on l’a déjà dit, doit
entrer dans les delfins qu’on on fera. Mais il ne
faut entendre par variété qu’un mélange raifonné
des mêmes formes, qui , fans s’écarter de l’unité
de motif, fâche fauver l’ennui d’une redite continuelle
dans une fuccetfion de parties neceffai-
rement uniformes. Ainfi , deux ou trois motifs
variés fans être diffemblables , peuvent s’entremêler
; & ce retour alternatif des mêmes formes
pourra procurer encore au fpe&ateur quelques fu-
iets de diverfité, par un emploi combiné adroite-
mtnt de tous les moyens que fait employer la
décoration pour différencier entre eux des objets
de même nature. Mais le grand principe de l’harmonie
générale ne devra point fouffrir de ces com-
binaifons heureufes. Car , s’il falloit choifir entre
l’un ou l’autre des deux excès à craindre, celui de
la monotonie feroit fans doute encore à préférer.
L’abus cfont on vient.de parler doit fon origine
à l’opinion très-fauffe que Ton pouvoit confidérer
les chapelles comme de petits temples annexés à
.un orand, ou renfermés dans fon enceinte. Cette
opinion a été l’objet d’une difeuflion affez vive
entré Frezier & le P. Cordemoi. Mais ce dernier
lui répondoit d’une manière vi&orieufe : « Je veux
bien accorder que nos chapelles font de petits temples
, mais confentez anfli que l’églife en foit un
fait uniquement pour le maître-autel ; on ne peut,
me le refufer. La fainte antiquité, la raifon & le
bon goût le veulent ». Il faut donc convenir que
toutes ces chapelles ou petits temples, doivent
entrer , autant qu’il eft poflible , dans le deflin
général du grand temple qui les renferme ; & qu’il
en faut exclure tous ceux qui n’y conviennent
pas. Toutes ces parties doivent concourir à l’unité
du rout, ainfi que tout ce qui entre dans un poème
on dans un tableau , fans être préeifément du fujet,
y doit être fi bien ménagé , que l’attention né foit
pas trop détournée dit deflin principal ; autrement
ce feroit un vice infupportable.
Comme le but de cet article eft de faire voir
.ce que les chapelles ne doivent pas être dans nos
jêdifes, plutôt que de dire ce qu’elles y font, je
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nè l’aloiSgéraî pas de la deferiptton inutile de cü‘s
compofmons nombrétifes, où le génie des architectes
s’eit plus égayé qu’exercé, quoique dans le
nombre on pûr eu citer quelques-unes dont le feul
défaut eft dans la dire mvenance de'rapport avec
la comaofmon générale du tout dont elles font
partie. C’eft clans les églifes d’Italie fur-tout qu’oU
pourroit trouver des modèles de goût en ce genre*
ifiuiteurs forment réellement des petits monutnensv
où la rtchelle des plus beaux marbres & toutes
les fortes de magnificence ont été épuifées. Telles
font les chapelles de la Madonnadel Popolo, dont ou
'attribue l’architeéhtre à Raphaël; celle de Corftni
a Saint-Jean de Tartan, dont le deflin fut donné
par Gaiiiæi. Tellës feroient anfli foutes les cha-
pelles de l’églife de Saint-Pierre , formées par autant
de coupoles , dont les dimenfions pourioient
appartenir à de grandes églifes. Mais l’harmonie
de décoration générale qui règne dans ce premier
temple du monde, ne fouffre point de la fplen-
deur de fes chapelles, comme cela eft arrivé à
prefque toutes les autres églifes. Un defftn Uniterme
, quoique varié dans les détails , unit routes
ces chapelles par un motif déformé & de décoration
generale. Le lpeélateur y trouve unité & variété.
Les chapelles ne comportent donc point une
ordonnance différente du refte de l’églife. Si l’on
y admet des colonnes, qu’elles foiear de l’ordre
déminant dans l’intérieur. Leur mode , la mefure
de leur richeife ou de leur fimplicité, doivent
dépendre du caraftère de l’enfemble, & lui être
fubordunnés. Rien n’eft plus ridicule que cet étalage
de richeffes, qui, dans certaines églifes, n’ea
fait que mieux reffortir la pauvreté. Il femble voir
du galon fur des haillons.
Refteroit maintenant à parler de la fituation des
chapelles, fi l’ufage & la forme ordinaire de nos
églifes pouvoit laiifer une grande liberté à cet égard.
C’eft en général dans Us enfoncentens des nefs
collatérales qu’elles trouvent leur place la plus
naturelle, lorfque Us églifes font confinâtes en
arcades. Dans les églifes foutenues fur des colonnes
portant entablement, Us enfoncemens en
- queftion n’ont point lieu, & la place des chapelles
eft contre Us murs des bas-côtés, Bt toujours au
milieu des entre-colonnemens. Oa les voit de cette
forte à labaftlique de Sainte-Marie-Majeure à Rome.
Tout autel qui a un rétable ou un couronne-,
ment, de quelque nature qu’il foit, & en quelque
endroit qu’tl foit placé , porte U nom de chapelle.
La décoration la plus ordinaire confifte en
tableaux qui repréfement ou la figure du faint
dont la chapelle porte U nom , ou des traits de
fon hiftoire , ou des ftijets pieux, dont la dévotion
s eft plu a multiplier les représentations-
Souvent, & ce genre n’eft pas le moins noble , la
ftatue du faint s’élève au-deflùs de l’autel, foit dans
une niche enfoncée, foit dans une niche formée
par des colonnes. C’eft de ce dernier genre que
lbnt les chapelles du Panthéon, les plus belles & les
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plus fages qu’on puifîe citer. Quoique Cordemoi »
d’après les principes auftères d’une raifon rigoureuse
, y blâme les fromons qui les terminent
comme des parties qui ne doivent jamais paroître
dans des intèiieurs, il faut avouer cependant qu on
feroit bien heureux de n’avoir pas de plus grave
reproche à faire à tous les ouvrages du-même genre,
& que les autels dont on parle font encore, a
tous égatds, les meilleurs mosèles qu’on puifle
offrir aux artiftes.
On place aufli des chapelles du genre de ces
dernières , en plein air, foit dans des cimetières ,
foit dans des rendez vous de dévotion comme les
calvaires; & alors le mode de celles qu’on vient
de décrire fe trouve d’accord avec toutes les
convenances.
J’aurai occafton de reparler encore des chapelles,
dans leur rapport avec la difpofition & 1 embel-
liflement de nos églifes, & l’on trouvera le refte
de ces détails au mot Eglise. ( Voye^ct mot ).
Chapelle (Sainte). C’êtoit la chapelle de l’ancien
palais de S. Louis, à Paris. Ce monument
gothique a quelque chofe de remarquable par
4a grande légèreté, par la beauté de lès vitraux.
C hapelle (jardinage ). Dans les grands parcs
où l’on aime à raffembler & à varier routes les
fcènes qui peuvent produire différentes émotions,
on place quelquefois des chapelles. Leur fttuajion
doit être celle où une efpéce d’obfcuriré reli-
gieufe porte famé au recueillement , & invite
aux fentimens que l’afpeâ de ces petits monu-
mens fait renforcer. Un air d’antiquité doit fe mêler à leur conftru&ion, qui fera fimple & fans luxe;
car ces petits édifices doivent inlpirer la vénération,
fans prétendre a laricheffe ou à l’élégance
qui commande 1 admiration.
CHAPERON, f. m. ( conftru&ion ). C’eft le nom
qu’on donne au couronnement ou à la couverture
d’un mur de clôture , pour le préferver de
l’écoulement des eaux de neige ou de pluie.
Il y à trois manières différentes de former les
chaperons , fa voir, à un feul égout (fig. 9 4 )» î° rf-
que le mur de clôture apparuent à un (eul propriétaire
; à deu* égouts (fig- 95), lorfque le
mur eft mitoyen & bâti à frais communs par deux,
propriétaires voifins. La troifième manière eft , au
lieu de faire les chaperons à deux pentes, de les arrondir
par en haut, comme on le voit à la fig. 96. *
Lorfque cette efpéce de couverture fe fait en
pierre de taille , on donne peu d’élévation aux
pentes ou à l’arrondiffement fupérieur ? c’eft à-
dire, le huitième ou 1« neuvième de l’épaiffeur
du mur. Mais lorfquVlk eft fa.te en tuiles, on lui
donne environ la moitié de l’èpaiflèur du mur.
Quelquefois au lieu de pierres de taille,, de moellons
ou.de tuiles, on c livre les murs en chaume.
On appelle chaperon en bahu , celui dont le contour
eft bombé comme on l’a dit ci-deflùs.
CHAPERONNER v, aft, (conjlrutfio/i ), Ce
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mot formé du précédent, fignifie faire le chape-,
ron d’un mur.
CHPITEAU f. m. Ce mot vient de l’italien
capitello, & dérive, comme celui-ci, du mot latin
caput, tête.
Ainfi l’étymologie de ce mot en fait la définition
; car le chapiteau eft véritablement la tête
de la colonne.
On peut confidérer cette partie de la colonne
fous deux rapports, l’un général ou Amplement
hiftorique, l’autre particulier & qui eft de théorie.
Sous le premier point de vue , le chapiteau
eft un objet d’utilité & de décoration , qui appartient
à l’arehiieéhire de prefque tous les peuples.
Sous le fécond afpeéf, le chapiteau, outre
l’utilité & l’embelliflement, a pour objet fpécial
d’exprimer les différences de mode qui n’appartiennent
qu’à l’architeéhire proprement en t dire, ou
celle des Grecs. Cette différence de notion rétablit
une divifion naturelle dans la manière de
traiter cet article ,& de claffer les diverfes formes
de chapiteaux. La première partie envifagera le cha-
piteau , fous le rapport général & commun à tous
les peuples: la fécondé traitera des formes & des
proportions auxquelles l’art & le goût des Grecs
furent réduire cette invention, en l’appropriant aux
modes de leur architecture , ou aux ordres, dont
le chapiteau forme un des principaux cara&ères*
Des chapiteaux dans leur rapport général ou hi[ÎQ\
fiques.
La voix du befoin fè fait entendre par-tout,'
& à - peu - près d’une manière uniforme. Aufli ,
rien de plus reffemblant par-tout que les préludes
de tous les arts. Aufli , rien n’eft moins
propre à conftater, entre les différens peuples, des
rapports de communication, que l’efpèce d’analogie
quife trouve entre certaines inventions qui
font compûmes à tous. Au refte, autant il eft jufte
de donner le nom d’invention s quelques-unes de
ces conrpofitions, qui, comme on le verra par
la fuite, ont honOré leurs auteurs , & les peuples
qui en confacrèrent l’emploi, autant ce nom convient
peu à l’idée fimple & naturelle qui a
produit, dans prefque tous les pays, l’ufage du
chapiteau.
On ne connoît guère que les Chinois qui emploient
les colonnes fans chapiteaux ; mais on
ne s’étonne point de cette particularité, quand
on connoît & la nature de leurs bois de charpente
, & le fyftême de leur charpente. Les colonnes
de bois qui entrent dans la compofition de
leurs édifices , font moins les fupports d’un comble
pefant, que les barreaux d’une cage légère. Les
colonnes fervent moins à foutenir qu’à entretenir
les folives & les traverfes ; ce dont on ne fauroit
douter, quand on fait que les poutres tranfverfales,
au lieu de porter fur la colonne, la traverfentdans
J lapanie fupérienre de fon fût, ( Voye^ Chinoise