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diques euflent été les fynonymes du tribunal?,'&
les lieux où fe rendoit la jnftice, ce ne feroit
pas dans les parties fupéricures de la bafilique
qu'il conviendroitde les chercher. Mais j’ai fait
voir au commencement de cet article qu’il ne de-
voit y avoir rien de commun entre le tribunal &
les chalcidiques qui, félon Vitruve, n’a voient lieu
que dans le cas d’une'longueur furabondante de
terrein ou d’emplacement. L’on a vu que les chai-
cïdiqües étoient de grandes falles. Je me difpenferai
donc de réfuter plus, au long le fentiment de Perrault,
uniquement fondé fur le témoignage d'Au-
fone, qui appelle une falle élevée à un premier
étage, chalcidique, comme s’il ne pouvoit pas y
avoir des chalcidiques ou de grandes falles à toutes
fortes d’étages.
Prefque tous les archite'&es, qui dans leurs plans
& leurs deflïns ont cherché à rétablir la bafilique
antique d’après la defcription de Vitrnve, ont
été fort en peine d’y ajouter lés chalcidiques.
Aufli prefque tous ont-ils profité de la permiflïon
que laiffe 'Vitruve, de n’y en point pratiquer du
tout, moins fans doute par économie du terrein
que pour s’épargner de la peine.
Palladio va môme jufqu’à donner à .fa -bafilique
moins de longueur que le double de fa largeur,
contre le précepte formel de Vitruve. Peut-être I
n’ayant pu fe déterminer fur ce qu’il devoit entendre
par chalcidique , a-t-il raccourci fa bafilique
pour faire comprendre que celles qui étoient fans
chalcidiques, n’avoient pas la proportion que Vitruve
leur donne en général.
Dlautr.es ont imaginé que cesjgrandes falles étoien t
indépendantes de la bafilique; & les traitant comme
des hors-d’oeuvre indifférens corps du monument
, ils n’ont pas même jugé à propos d’en
faire mention dans leurs deffins. Ainfi Les uns fe
font trompés en cherchant les chalcidiques ou ils
ne fauroient ê t r e & les autres, pour ne .pas fe
tromper, n’ont pas même pris la peine d’,en.chercher
la fituarion.
Léon-Baptifte Albertieft le feiil qui, dans Ton explication
& dans les defiins de fa bafilique, ait foup-
çonné ce que pouvoient être les chalcidiques. L’erreur
dans laquelle il eft tombé fur le changement
de chalcidicum en caufidicum, n’eft qu’une erreur de
mot a fiez indifférente ,"Yur-tout lorfqu’on ne fe
trompe pas fur la chofe. On ajouta., dit-il, auprès
du tribunal une allée. tranfverfale-que nous appelions
caufidique , -à raifon de la multitude d’avocats &
de plaideurs qui s’y raffemblenr, & l’on joignit
ies deux parties dans la forme qu’a la lettre T.
Maintenant, fi l’on veut fe rappeller que le tribunal
étoit placé dans l’hémicycle, ou le demi-cercle
qui forme le fond de la bafilique , & qui comme
oh l’a dit , eft devenu dans les bafiliques chrétiennes
le choeur ou le presbyterium, on verra que
l’erreur de mot de Léon-Baptifte Alberti n’eft pas
fi/importante., & que l’allée tranfverfale qu’il prend j
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pour "techalcidicum changé en caufidicum \ pouvoir
réellement faire partie de cëluirci, lorfque le refte
de la bafilique n’étoit confacré qu’aux gens de
commerce où d’affaires. Ainfi, ce qu’Alberti appelle
caufidicum étoit la véritable place des chalcidiques.
C’eft ce qui va s’expliquer en deux mots.
La bafilique de S. Paul à Rome nous donne
cette explication. On fait qu’elle éft la plus ancienne
des bafiliques chrétiennes, & l’on.a prouvé
ailleurs que ces monumens du chriftianifmè furent
des imitations très - exaftes des palais de juftice.
( Voyeç B a s i l i q u e ) . Cette bafilique eft en même
temps la plus fpacieufe & la plus longue de toutes
celles qui exiftent ; .& fans doute elle- fut faite
fur le modèle des plus. grandes. Eh bien, les
grandes falles ou chalcidiques dont parle Vitruve,
font precifément ces deux bras de côté & d’autre-,
ajoutés à l’extrémité de la bafilique , & qui donnent
à fon plan intérieur la figure d’un T. C’eft
cette addition pratiquée ainfi au bout de l’édifice,
& qu’on appelle aujourd’hui croifée , qui fans
doute a induit les architectes à introduire depuis
dans les églifes cette forme de croix latine, qui eft
la vraie forme des grandes bafiliques, & dont
l’analogie,, avec le figne du chriftianifmè , n’a
peut-être eu d’autre fondement qu’une rencontre
fortuite de reffemblance.
L’on ne fauroit comefter que les ■chalcidiques en
eux-mêmes n’aient été de grandes falles. Comment
vouloit-on que Vitruve appellât cette addition, qui
n’a voit lieu que dans les longues bafiliques , &
qui produifoit réellement, de côté & d’autre /une
grande & fpacieufe falle, dont le coup-d’oeil & le
plan étoient indépendans du refte de l’édifice? 11 eft
bien certain aùfis que cette addition de ces deux
falles collatérales exigeait que la dimenfion du
terrein pût s’y prêter ; que l’efpace néceffaire à
cette croifée étoit pris aux dépens de la longueur
de la bafilique, & que la grandeur de l’emplacement
étoit la première chofe à confulter , dans
l’intention qu’a-voit l’architeéte d’ajouter au tribunal
'des chalcidiques. ( Voye^ les figures 134
Dans l'explication entière du pafTage de Vitruve.
il refte cependant encore une petite difficulté,.-
c’eft le mot extremis qui a fait croire à quelques
perfonnes que chacune des falles appellées chal-
cidiques .devoit fe, trouver à chacune des extrémités
de la bafilique. D’abord, pour q.ue cela fût
ainfi , il aurait fallu que l’entrée de la bafilique
eût été, non pas4 une des extrémités, mais au
milieu, comme Vitruve le pratiqua à celle deFano.
Mais on fait que celle-ci différait prefqu’en tout
point des bafiliques ordinaires ; de celles que Vitruve
lui-même a décrites; de celles dont les plans
nous font parvenus; de .celles qui fubfiftent en
grand nombre, & dont l ’entrée occupe une des
extrémités, lorfque le tribunal ou l'hémicycle occupe
l’autre ; ce qui s’oppofe entièrement à une
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hypothèfe fondée fur une interprétation trop ri-' j
goureufemeiït littérale du mot extremis.
Mais enfuité il eft clair qu’il y a ici un mot
foiis-entendù , comme cela eft ordinaire air latin ,
& qu’il’faut entendre, in extremis purtibiis. Dans
tous les cas , l’on fait que le pluriel fe prend pour
fè fingulier, en for te qurih extremis partibus eft parfaitement
fynonyme à in extrema parte. Enfin , fans
qtfil foîr néceffaire de pointiller fur ces minuties
grammaticales, on p-.ut encore dire qne les parties
extrêmes oh les extrémités de la bafilique font
Véritablement au lieu indiqué pour les chalcidiques
qui en font' comme les bras ; & puifque la
difpofition connue des bafiliques répugne à 1 explication
grammaticalement jufte du mot extremis,
& que le pluriel peut-ici, comme dans beaucoup
d’autres occafions, être pris pour l’équivalent du
fingulier; je ne crois pas qu’il doive refter d’équivoque
ni fur le paffage de Vitruve , ni fur la
nature des chalcidiques, ni fur celle de leur position
dans les bafiliques où la longueur du terrein
permettoit : de. les- admettre.
CHALCICECOS, eft un mot g^ec qui fignifie
maifiôn ,d'airain. Ce nom fui donné à un temple
de Sparte, d’où Minerve prit au (fi. le fur nom de
Chalcicecos. Le temple dont il. s’agit étoit véritablement
revêtu de. bronze , dans toutes les parties-•
intérieures comme extérieures. Le poète 6c fculp-
teur Gitiadàs, Spartiate d’origine &. de naiffance, en
a.voit été TaEchiteéle. C ce ^11 a élé dit -au
mot Bronze, de ce prodige de luxe- &. de conf-
truôion ).
CHAMBRANLE, f. m. Bordure avec moulure
autour d’une, p o r ted ’une, croifée, d’une cheminée,..
&c.
Le chambranle te compofë de\trois- parties, dés
deux côtés qu’on appelle montans, & .du.couronnement
qu’on appelle tràverfie.
L e . chambranledifférent félon les ordres ,
c’eft-à-d ire, qu’on l’enrichir ou qu’on l’appauvrit
de moulures & d’ornemens, félon le caraéière.-de
l’ordonnance des édifices. Quant il .eft-.fimple &
fans moulure, on l’appelle bandeau,-.
La manière, dit Vitruve ; de faire-Ies portes &
le'urs chambranles eft telle, qu’il faut premièrement
convenir de quel genre on les -veut ; car il y a
trois fortes-de portes, favoir : la dorique; 1 ionique
& l’atticurge. ( ¥oye^ Porte ).
On- rapportera à cet article les differentes manières
de’ faire lés chambranles & de les orner ;
car cette décoration principale des- portes -ou- des
croifées confiitne, prefque en entier ce que 1 archi-
teâure’a de rapport;a-veo ces objets.. ( les
fig. 136 8c 137 )•
C h am b r a n l e a cr o s s e t t e s . Chambranhs\ni
a.des crollettes ou des oreillons à fes encoignures.
Chambranle A-.CRU i.c’eft celui qui porte
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fur Paire du payé ou fur un appui de croifee fans
plinthe.
CHAMBRAY ( M ). Si ce connoiffeur fin Si
judicieux ne doit pas trouver place parmi ceux
qui exercèrent l’architeélure, il -en mérite certainement
une- très - diftinguée entre tous ceux
qui, par leurs écrits, .leurs lumières & leur^gout,
ont pu concourir au développement de lart &
aux progrès des artiftès-
Le parallèle de l’architcBute antique avec U moderne
a duré, à Chambray une réputation durable, & doit
lui donner entrée dans cet ouvrage, où l’on a
cherché à recueillir les noms de tous ceux qui
ont bien mérité de- l’architeélure.
Le titre du livre qu’on vient de cirer, annoncé
à la vérité un projet plus étendu, une idée plus
impofante que la realite ne i offre. Ce parallèle
des antiques .avec les modernes ne confifte que
dans les proportions fous lefquelles les uns &
les autres ont exécuté les différais ordres d*
colonnes,& dans le rapprochement des di-verfités
qui s’y rencontrent ; &, fous -ce point de vue ,
l’ouvrage de Chambray doit fe confidérer comme
un ouvrage claffique, dont, on ne fauroit trop
recommander la eonnoiffancc & 1 étude aux jeunes
architefles. ( Voye^ Pa r a l l è l e . ) C’eft aufii à ce
livre, où toute la juileffe & la correction des formes
fé trouve jointe à la beauté de la gravure & des
planches, qu’il faut renvoyer ceux qui voudraient
prendre l’idée du favoir-de Chambray &dn.point
de vue qu’il s’étoit propofé. Cependant pour faire
connoître cet'écrivain a-vec tout 1 intérêt qu i 1
mérite, je vais rapporter, dans leur ftyle original,
les principes & les idées qu’il a confignés
fut rarclûteélnre dans l’avant-propos de fon ou,
‘ v r a g e i . .
u Je m’attends , ditdl j que n’étant point ortiftè ;.
on me-dira que ce n'eft point mon fait de pref-
crire aux autres-les règles de leur art que je
, n-lapprends. rien ici de particulier ; .qu’il eût■ mieux
valu chercher & produire quelque.chofe qui n’ait
point encore été vu; que l’efprit eft libre; que
nous-avons auiant de droit d’inventer 8t.de-fuivre
notre génie que., les -anciens , fans-nous, rendre
comme leurs efdaves, vu. que l’art eft une chofe
infinie .qui fe va. perfeftionnant tous, les jours s
8t s’accommodant à l’humeur des fiècle.s & des
nations, qui jugent.diverfement & définiffent la
beau chacun-à fa mode, 8t-piufietus autres-fem-
hlables raifonnemens vagues 8t fr.iv.oles.qui font
néanmoins grande imprefllon fur-l’efpr-it-de cer-
tains demi-fa va ns que la pratique des arts n’a point
encore défabufés, 8tfur les ouvriers fimples qui
n’ont leur métier qu’au-bout- des doigts : mais il.
ne.faut pas sien rapporter à-de-tels-arbitres.
„ On en trouve d’autres, quoique rarement à la'
vérité, qui, ayant bien établi leur première étude
furies principes de la géométrie, avant que-ci--