
avoit de ces pilaftres, temples à antes. ( Voye^
A ntes ).
C antonné fe dit aufll d’une certaine difpofi-
tion de colonnes, qui confifte à engager dans
les angles d’un pilier quarré, celles qui doivent
foutenir la retombée de quatre arcs. ( Voyeç
C olonne ).
CANUSIUM ( aujourd’hui C anosa ) , ville
antique d’Italie, dans l’Apulie , fur l’Aufidus, peu
éloigné du lieu où fe donna la bataille de Cannes.
Cette ville étoit confidérable du tems des Romains.
Ce fut-ia que fe retirèrent ceux qui avoient
pu échapper au maffacre de l’armée lors de la
bataille qu’on vient de nommer. Un chétif bourg ,
fitué fur la hauteur où étoit autrefois le château
de Canujium, & quelques reftes d’antiquités indiquent
encore l’exiftence & la fituation de cette
ancienne ville.
On peut évaluer fa grandeur par l’étendue du
terrein que couvrent fes ruines. On y recqnnôît
lin arc de triomphe. l’ovale de l’arêne d’un amphithéâtre
, & des grands arcs d’aqueducs.
Parmi les fuperbes débris dont eft formée l’églife
de S. Savin, l’on admire fix guindés colonnes en- ■
tières de verd antique. On auroit peine à en
trouver ailleurs d’une pareille groffeur & d’une
aufli belle confervation.
Deux monumens finguliers s’y font remarquer.
Le premier eft une colonne de marbre de couleur
, qui exprime une confécration à Vortumne,
6c porte des noms d’empereurs qui feroient croire
qu’elle appartient à la voie. Le fécond marque
le rang que tenoit Canujium, non-feulement par
rapport à l’Apulie , mais encore à la Calabre. Ce
morceau & fon explication font dans la collée--
tion de Grævius , T . 9 , part. 5.
Je ne parle point de la table.de cuivre contenant
tout l’ordre politique de la ville qui y fut
trouvée en 1675, & quia été expliquée par Da-
madène.
On voit à Canujium les veftiges de quelques
tombeaux. Il y en avoit un entre autres terminé
par une efpèce de colonne, au. bas de laquelle
on lit une infeription peu intéreflànte. Il y avoit
de chaque côté deux maffes de liâeur pour toute
décoration. Ces faifeeaux de liâeur n’ont point de
hache,"une des baguettes dépaffe feulement les
autres d’environ deux pouces. A quelques diftances
de ces ruines, & dans le milieu de la campagne
font des reftes encore allez entiers d’un monument
antique, qui a la forme d’un -arc-de-triomphe,
& auquel on donne très-improprement dans le
p a v s , le nom d’arc de Terentius Varo. On ne
fauroit effectivement comprendre pourquoi un
pareil monument auroit pu être élevé à l’honneur
de ce général, puifqu’il n’eft fait mention de lui
dans l’hifloire romaine, qu’au fujet de la bataille.de
Cannes, comme ayant été la caufe unique de la défaite
des Romains, & comme ayant fui des premiers
pendant le combat.
Ce prétendu arc de Varon n’eft antre chofê
qu’un monument très-fimple d’uné feule arcade,
“ cônftruite en briques. L’on voit encore qu’il étoit
décoré de pilaftres avec une corniche, mais détruite
, de manière qu’on ne peut distinguer ni
le profil ni aucun ornement. Il eft encore plus
difficile de pouvoir déterminer pour quelle raifon
cet arc a été élevé en cet endroit, & fi l’on doit
le regarder commÇ un monument hiftorique , ou
fi ce n’auroit été qu’un tombeau bâti en forme
d’arc, comme il, y en a des exemples. Maffei,
dans la Verona illujlrata, cite celui de Gavius à
Vérone, comme ayant été.un tombeau. Les niches
fervoient à dépoler les vafes & urnes cinéraires
, .&c.
Tous les environs de Canujium font femés de
ruines & de débris antiques, qui font voir que
cette ville fut autrefois confidérable. Un aqueduc
y conduifoit l’eau de vingt milles : ce qui refie
de ces veftiges indique un grand ouvrage.
Parmi ces ruines éparfes dans la campagne 9 on
trouve une malle a fiez confidérable de maçonnerie
, où l’on apperçoit encore des fragmens de
pavé en mofaïque. La grandeur de cet édifice a
fait croire aux habitans du pays qu’il devoit renfermer
quelque tréfor. Cette perfuafion n’a fervi
qu’à le faire dégrader encore davantage. Ce n’étoir,
fuivant toute apparence , qu’une maçonnerie
pleine, qui avoit pu former anciennement la bafe
de quelque ancien tombeau élevé dans la forme
d’uné pyramide.
On apperçoit parmi ces débris une indication
d’amphithéatre : on fème, on laboure fur les gradins,
& les corridors font abfolument comblés de terre.
Cependant la forme de ce monument eft jaffe?
diftinéte pour qu’on puiffe en mefurer l’étendue,
qu’on trouve être de quatre cens cinquante-pieds
de long fur trois cens foixante & quinze de large.
Il paroît que cet amphithéâtre avoit été bâti dans
la forme d’un ovale très-arrondi ; ce que l’on
pourroit regarder comme une particularité : le plus
grand nombre & même préfqtie tous les édifices
de ce genre, dans l’antiquité, décrivant une ellipfe
parfaite.
On ne connoît en forme à-peu-près circulaire,
que l’amphithéatre. Cafirenfe à Rome.
CAP ITALE ( ville ) fignifie la principale ville
d’un royaume, d’un état, d’une province, celle
où fe portent & viennent aboutir les richeffes
d’un pay s , celle par conféquent où les monumens
doivent être plus magnifiques. ( Voyeç
V il l e ).
CAPITOLE. En plufieurs villes de l ’empire
romain on donnoit ce nom à l’édifice où les ma-
giftrats s’affembloient, A l’imitation de la forte-
reffe de Rome, les colonies romaines fur-tout
voulurent avoir leur capitole, foit temple , foit
fortereffe. Conftantinople , Jérufalem , Carthage ,
Milan , Raven ne , Verone, Ausbourg, Trêves,
Cologne, Nifme, Reims,, Touloufe fe conformèrent
fièrent à cet tégard à la capitale de l’empire.
Dans beaucoup de ces villes, eapitolé étoit l’équivalent
de ce que nous appellerions aujourd’hui
niaifon ou hôtel*de-viUe.
Le capitale de Rome, fitué fur le mont Tar-
péïen, commença par en être la fortereffe. Les deux
fommets du mont Tarpéïen, l’efpace qui les fé-
paroit, & la roche tarpéïenne, furent enfuite renfermés
dans l’enceinte fortifiée du capitole & couverts
d’édifices publics & facrés. On y comptoit
plus de.cinquante temples, dont le plus magnifique
fut fans contredit celui de Jupiter capitolin.
On a beaucoup differté pour favoir fi ce temple
fameux étoit fur ia cime orientale où eft aujourd’hui
le couvent d’Araceli 9ou bien vers la roche
tarpéïenne du côté du Tifire. Il paroît très-probable
qu’il étoit à l’orient, & qu’il y avoit fur
la roche tarpéïenne un temple de Junon où étoient
les oies facrées. Le témoignage de Plutarque le
donne à pe-nfer, lorfqu’il dit que les Gaulois
montant à l’affaut vers la roche tarpéïenne, furent
découverts par les cris de ces oifeaux, qui réveillèrent
les gardes endormis.
Le temple de Jupiter capitolin , fuivant le plan
qu’en donne Nardini, avoit deux cens pieds de
long & autant de largeur, y compris les portiques
dont il étoit environné. Syila l’avoit enrichi des
colonnes grecques du temple de Jupiter olympien,
mais il n’en fit pas l’ïaauguration. Cet honneur
étoit réfervé à Lutatius Gatulus,qui en fit dorer
les tuiles de bronze. Il fut brûlé {pus V itellius,
rebâti par Vefpafien , & une troisième fois par
Domitien, avec plus de magnificence qu’aupara-
vant. La nef étoit confacrée à Jupiter, & les deux
ailes à Junon 8c à Minerve. Les colonnes qui
formeient ces ailes étoient formées , félon Denys
d’Halycarnaffe , de briques cuites. Mais Domitien ,
dans la reconftrution, y employa des colonnes de
marbre qu’il avoit fait venir d’Athènes. Il n’eft pas
probable cependant que ce foient celles qu’on voit
dans l’églife d'Araceli, parce qu’elles font de granit
6t de grandeur inégale.*
On voyoit anciennement dans ce temple la
ftaïue de Jupiter, affis , la foudre dans une main ,
& la lance dans l’autre. Cette ftatue avoit d’abord
été de terre cuite ; elle fut enfuite d’or. Scipion
l’Africain, par une diftin&ion bien extraordinaire, *
avoit une ftatue près de celle de Jupiter.
Le temple étoit rempli de trophées, de dépouilles
& de riches prèfens, offerts par les confias
, les généraux , les rois, les empereurs. On
en peut voir l’immenfe détail dans Marlianus Sip-
fius, Rickius, Donati. Hiéron, roi de Syracufe,
y avoit confacré une ftatue de la Vi&oire, en
o r , qui pefoit trois cens vingt livres romaines.
On y voyoit trois mille .sables de bronze, où
étoient l’hiftoire & les loix de la république. Les
portes étoient de bronze, ornées de lames d’or ;
les voûtes étoient dorées.
Il ne refte de tout l’enfemble d’édifices qui
ArcKiteâuu. Tome lf
compofoient le capitole, que quelques ruines incertaines
, & un maffifaffez confidérable de foubaffe-
ment, fnr lequel a étéconftruide palais du fénateur.
Le capitole moderne , à la magnificence près des
édifices, ainfi qu’à l’importance de ceux qui les
occupent, a confervé une partie de fon ancienne
beauté- & de fa deftination première. C’eft aujourd’hui
la maifon de ville occupée par le fénateur
& les confervateurs de Rome. Dans fon état
aéluel le capitole eft encore digne de l’attention
des connoiffeurs, tant par les objets précieux
qu’il renferme, que par la nature & la' difpofi-
tion de fes bâtimens modernes.
On attribue à Michel-Ange les plans & les
deflïns de tout cerenfembie. Le palais fénatorial,
qui fait face à la grande montée , eft d’une archi-
teéhire différente de celle des 'deux ailes dont on
a parlé dans la vie de Michel-Ange. ( Voye^ Buo-
n a r o t i ). U eft décoré d’un grand ordre corinthien
en pilaftres, pofé fur un foubaffement. En
avant de ce foubaffement règne un grand efcalier
à rampe double, qui monte à la hauteur de l’ordre.
Sur le devant de l’efcalier, eft une fontaine ornée
d’une ftatue de la ville de Rome tiomphante,
pofée dans une niche au milieu de deux ftatues
de fleuves qui reprèfentent le Tibre & le Nil.
Quant à l’arehiteélure de cette façade, la maffe
générale en eft bonne , & fait bien pour la place,
en ce qu’elle domine fur les. autres édifices qui
la décorent. Cependant les divifions n’y font pas
heureufes ; les détails font maigres & mefquins,
& peu capables de faire honneur à la manière -
de Michel-Ange à qui l’on attribue les deffins de
cet édifice exécuté par Jacques de la Porte.
Sur les deux côtés de la place font, à droite,
le palais des confervateurs, à gauche le mufeeum
capicolinum, ou le cabinet des' antiques. On a
parlé de cette architeéture à la vie de Buonaroti.
( Voye{ cet article ).
Une des chofes remarquables du capitole moderne
eft la rampe d’efcalier en pente douce,
qui conduit à la place & aux bâtimens dont on
vient de parler. Cet efcalier eft bordé de deux
baluftrades, au bas defquelles font deux fphinx
égyptiens de hafalte. Au haut & à l’autre extrémité
de la baluftrade font des piédeftaux fur lef-
quels s’élèvent les ftatues colofiales de Caftor & ■
Poilux, tenant chacun un cheval par la bride. L’ef-
calier n’occupant qu’une partie de la largeur de
la place, qui eft entièrement découverte dans
cette partie, on y a prolongé de chaque côté
une baluftrade pour fermer la place fur la droite
& fur la gauche. Sur celle-ci font placés les trophées
qu’on appelle de Msrius, des figures, en
marbre des deux fils de Conftantin , & deux colonnes
milliaires. Le milieu de la place eft décoré
de la ftatue équeftre de l’empereur Marc-Aurèle.
( Voye{ Equestre statue ).
C A P R IC E , f. m. On donne en morale ce nom
à tout defir fans befoin que l’huagination produit,
N n n