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numer.s, qu’on appelle indiftin&ement des fontaines.
La, fa meule fontaine de Trevi feroit un
véritable château d'eau, fi la décoration de fon
archite&tire avoit plus de rapport avec ce qui
convient an caraâère d’un tel monument, & fi le
pompeux étalage de la fculpture , le fracas des
eaux & tous les ornemens extérieurs ne fai-
foienr uns diverfion trop grande à l’afpeft du corps
principal de l’édifice , dont le genre au refte ,
comme on l’a dit, fort des convenances.
Un monument moins pompeux, mais plus d'accord
avec la bienleance, & dont l’effet eft peut-
être plus grand, eft le château d’eau de la fontaine
Pauline, fur le mont Janicule à Rome.
On peut, au refte, fe faire une autre idée d’un
château d’eau. On peut n’envifager ce genre de
monument., fans le fecours apparent des eaux jail-
liftantes, que du côté des formes, du ftyle & du
goût, qui peuvent en caraâérifer l’effeace ; &
fans doute il y auroit un peu plus de difficulté à
y réuffir. Mais nous devons l’avouer, un pareil
monument refte encore à faire. Car, on n’oferoit
plus citer , comme digne d’arrêter les yeux &
l’attention des gens de goût & ,des artiftes , ce
foi difant château d’eau qui fait face au Palais Royal,
à Paris. La renommée qu’a eu cet édifice;, ne prouve
autre chofe, fin on qu’il y eût un teins où la renommée
étoit à fort bon compte.
C h â t e a u f o r t . Un château fort une for-
terefle. ( Voye^ ce mot & le diélionnaire cFArt
militaire ).
C H A T E A U DE P L A I S A N C E , eft une grande &
belle maifon de campagne deftinée aux plaifirs des
grands. ( Voye^ le mot C h a t e a u & celui de
C a m p a g n e ) .
CHATAIGNIER,f. m. (confiruÜiùh) C’eft l’arbre
dont on tire la plus belle charpente. 11 fert anfli à
faire des perches pour les treillages. Dans plufieurs
anciennes églifes de France, & dans nombre de
châteaux , on trouve de fort belles charpentes
exécutées avec ce bois. L’opinion commune eft qu’il
n’eft. point fujet aux araignées ni aux autres in-
feéles * ce qu’on pourroit attribuer à une odeur
allez forte , dont on s’apperçoit lorfqu’on entre
dans un ouvrage de charpente fait de ce bois. C’eft
même le moyen de le diftinguer d’une efpèce de
chêne qui lui reffemble beaucoup, & que plufieurs
prennent pour du châtaignier. En général, le bois
de châtaignier eft plus plein , moins fec que le
chêne St plus facile à travailler; fésfibres font
moins groffes, & il eft parfemé de petites lignes
noires. Dans plufieurs pays , fur-tout à Bordeaux ,
on trouve une efpèce de châtaignier avec lequel
on fait de très-belle menuiferie , & même de la
fculoture. Le pied-cube de cette efpèce de bois
pèfe environ 5 3'livres , 8c le chêne de même efpèce
, environ 66 livres.
CHAUFFOIR ,f. m. On appelle ainfi, dans une
maifon religieufe-, ou autre communauté, une (allé
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avec une cheminée adoffée, ou ifolée aumîlîeïr}
pour fe chauffer en commun,
CHAUFFOUR, f. m. Ce nom fe donne ait
lieu où l’on tient le bois & la pierre à chaux,
comme aufli au four où on la cuir, & au magafin
couvert où on la conferve.
On nomme Chaufourniers les ouvriers qui font
là chaux & les marchands qui la vendent.
CHAUME , (. m ., en latin JlipuLi, eft le tuyau
des épis de bled dont les habitans de la campagne
fe fervent dans certains pays, pour couvrir leurs
maîfons, leurs granges,, étables, écuries, &c. De
chaume, on a fait :
CHAUMIÈRE, f. f. ( Jardinage). L’on défigne
par ce mot une maifon couverte de chaume, qui
eft, dans certains pays, 8c en France fur-tout,
l’habitation ordinaire des villageois.
On introduit cette efpèce de fabrique dans les
jardins dont le genre & l’afped comportent la
prèfence des bâti mens ruftiques ; mais ce rapport
de rufticité n’eft le plus fouvent qu’extérieur ; car,
fous les dehors d’une pauvreté apparente, les chaumières
dont on parle, recèlent toute la richeffe de
la matière, 8c toutes les recherches du goût. Cette
humble couverture , ces murs d’argile, revêtus de
moufle, ne font qu’un déguifement qu’emprunte
le luxe pour réveiller, par un contrafte inattendu ,
l’attrait ufé de fés plaifirs impuiffans. Tel eft fans
doute l’objet que l’art fe propofe, en trompant
ainfi nos yeux étonnés de trouver fous les revê-
tiffemens de la plus agrefte fimplicité , tantôt un
cabinet élégant, tantôt un falon dont le faftueux
ameublement le difpute aux appartemens des
villes.
Ce n’eft pas fans doute ici le cas de réclamer
cette unité de cara&ère, ou du moins cette analogie
de goût, qui exige une corrélation entre l’intérieur
8c l’extérieur de tout édifice. La chaumière
que le caprice tranfporte ainfi dans les jardins
d’agrément, ne tire même fon plaîfir que du contrafte
piquant dont on a parlé. Ce feroit une
queftion de morale ou de métaphyfique allez oi-
leufe, 8c dont ce fujet me paroît peu fùfcrep cible,
que de favoir jufqu’à quel point de telles recherches,
dans les jouiffances des arts, annoncent le goût
de la fantaifie, ou le dégoût de la fimplicité, ou
jufqu’à quel point de femblables contraftes pour-
roient n’être que des contradiélions.
Quant à l’ariifte jardinier, que ces confidéra-
tions ne regardent pas , il choifira , pour la fitua-
tion de fa chaumière , le canton le plus éloigné de
la parure 8c de lîart_, où la nature fans apprêt
préfente , fans choix 8c fans arrangement, les plus
inodeftes attraits ; que les alentours déjà demeure
ruftiqae offrent tous les dehors de la fimplicité &
d’une agréable négligence ; qu’on l’apperçoive à
l’extrémité d’unbofquet, à travers un verger, dont
les arbres entortillés de vignes font chargés de
fruits de toute efpèce ; qu’un étroit fentier y conduit
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dnife à travers des gronppes d’arbres 8c de hui fions ; 1
qu’une treille forme fon périftile, 8c tapiffe en- |
core fes murs; qu’enfin la nature femblc y avoir I
tout fait, 8c que l’art n’ait, en agiffant, d autre I
fecret que celui de cacher fon aéiion.
CHAUSSE D’AISANCE , f. f. C’eft le tuyau
d’un privé de plomb ou de pierre, 8c plus communément
de boiffeaux de potetie percés en rond
ou en quarré. ( Voye^ le diftionnaire de maçonnerie
).‘
CHAUSSÉE, f. f. C’eft une élévation de terre
foutenue de berges en talu ou de files de pieux ,
ou de murs de maçonnerie, laquelle fert de chemin
à travers un marais, des eaux dormantes, comme
un étang, Sec., ou de digue aux eaux courantes,
pour en empêcher les débordemens.-Il eft règle
qu’on emploiera, dans les chaujjées, le pavé de la
pierre la plus dure du pays où on les cpnftruira,
de fept à huit pouces de gros en tout fens, apres
avoir été taillé quartément, 8c qu’on le pofera de
bout 8c de champ. Ainfi , on doit les purger de
tout, pavé tendre 8c du caillou , qui ne doit fervir
qu’entre les bordures. C’eft un réglement encore
de raffeoir le pavé fur une Bonne forme de lab e
du plus rude & du plus graveleux, & au moins
de.fix pouces d’épaifleur, 8c de n’employer des
vieilles bourdures que les plus dures , & qui aient
au moins un pied de long , ûx pouces de large &
huit pouces d’épaiffeur. ( Voyefiz diôionnane des
ponts 8c chauffées). , .
Le mot chauffée vient, félon Ménagé, du latin
calciata, ou calceata t dérivé de calcare, marcher ou
fouler aux pieds. :
C h a u s s é e d e p a v é . C’eft dans une large
rue l’efpace cambré qui eft entre deux revers.
C’eft aufli le nom d’un grand chemin avec bordure
de pierres ruftiques. Les chauffées des grands
chemins doivent su moins avoir 15 pieds de large,
fui vaut l’ordonnance.
CHAUX , f. f. ( conftruElion ). .C’eft le réfultat
d’une efpèce de pierre qa’on appelle calcaire
{voyei ce mot ) que l’on fait cuire dans des fours
conftruits exprès , pendant environ 60 heures.
Lorfque cette pierre eft fuffifamment cuite, elle
fe diffout dans l’eau avec bruit, 8c forme une pâte
blanche extrêmement fine, dont la propriété eft
de s’unir fortement aux fables pouzzolanes ou
autres matières, de former avec elles un mélange
qu’on appelle mortier, qui fe transforme en corps
dur, 8c qui fe lie étroitement aux pierres 8c aux
briques. ( Voye£ les mots A r t d e b â t i r , C im e n t
8c M o r t i e r ) :
Pour convertir les.pierres en chaux, il faut avoir
attention de ne chauffer le four que par degrés ,
8c pour deux raifons. D’abord, fi les pierres étoient
furprifes par un feu trop vif, plufieurs fe brife-
roient 8c feroient écrouler tous les autres blocs
que l’on difpofe dans le four en forme de voûte
à claire voie , pour faciliter leur cuiffon..Enfui te ,
Architecture. Tome 1 .
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il eft li craindre que les pierres trop rapidement
failles par le feu , ne puiffent plus ,fe convertir en ,
chaux y au lieu qu’un feu modéré les fait fuer
doucement & en retire toute l’humidité fans accident.
* . . . , ■
On connoîr que la chaux eft faite quand il s’élève
au-dëffusdu dèbouchemenr de la plate forme un
cône de feu vif fans aucun mélange de fumée-,
& lorfqu’en examinant. les .pierres on les voit
d’une blancheur éclatante.
Les caraélères de la , chaux font d’être fonore
comme un pot de’ terre cuite, de peler le tiers
de la pierre.avec laquelle elle a été faite. Il faut
que lorfqu’on la trempe dans l’eau, la fumée qui
s’en exhale foit épaiffe & s’élève avec promptitude.
Le bruit & l’efferyefcence'que produit la
chaux trempée dans l’eau , provient de ce que la
pierre ayant perdu par la calcination tout l’humide
qu’elle contenoit , elle abforbe avec avidité l’eaut
dans : laquelle on l’éteint.
La chaux la plus e (limée eft celle qui fe fait avec
des pierres qui contiennent une certaine, quantité
de matière phlôgiflique. C’eft par cette raiibn que
les coquillages de mer foarniffént une excellente
chaux vive.
En Italie, la chaux eft ordinairement excellente ;
parce que les pierres dont on fe fert pour la faire
font prefque par-tout des elpèces de marbres calcaires
-.très'.pursl .
Dans la plupart des provinces de France on fe
fert, pour faire la chaux, d’une pierre commune,’
dont.toutes les parties n’étant pas purement calcaires
, ne peuvent produire qu’une chaux médiocre
, bien inférieure à celle de l’Italie. On en
fait cependant dè beaucoup meilleure dans plufieurs
endroits avec une efpèce de pierre grisâtre ,
dure & pefante, & qu’on appelle, par excellence,
la pierre à chaux. Telle eft la pierre de choin à
Lyon , telle eft celle qu’on trouve dans un village
nommé Champagne, auprès de Fontainebleau.
La chaux dont on fait ufage à Paris, eft d’une
médiocre qualité. La meilleure vient de Senlis,’
de Cbampigny ; celles de Chanville & de Meudon ,
ainfi que celle du port de Matly, font grades 8c
onftueufes. La chaux de Melun , de Cotbei.1 &
Boulogne pàffe pour être de la plus inférieure
qualité. 1 -t" ' .
A Metz & aux environs, il y a une efpèce
de pierre fort dure, avec laquelle on fait de la
chaux excellente, Cette chaux, fraîchement éteinte
' & mêlée avec du gravier de rivière , forme une
efpèce de mortier ou béton , avec lequel on conf-
triât des voûtes fans pierres ni briques, ni moellons.
On dit que des ouvriers qui ne connoiffoient
point la vertu de cette chaux, s’avifèrent de.l’é-
; teindre dans-un badin qu’ils couvrirent de fable
cour la conferver. Au bout d’un an, elle fe trouva
‘fi dure , qu’ils furent obligés de la rompre avee
; des coins & des maffes de k r , pour l’employer
comme moellon, f Vayr, BÉTON ).
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