
parties que le proflyle, lequel ne diffère du temple à
antes qu’en ce qu’il a deux colonnes oppofées aux
autres angulaires. Suivant l’explication de Perrault,
le proftyle n’auroit eu que deux colonnes de plus .
que le temple - à antes, lequel n’en avoir que deux ,
& dès lors l’ Amphiprofiyle n’auroit eu que quatre
colonnes a fes périftyles comme le proftyle. ( Voyez
P rostyle. ) '
Saumaife a remarqué que ces temples à deux
porches , n’ont été employés que par les payens :
on verra les raifons de ces différences au mot Temple.
C V~oye£ T emple. )
a m p h i t h é â t r e , c- m. C e mot eft compofé
de 8c de figar^o<., théâtre de* côté & d’autre,
& théâtre vient de B2a.0p.cu regarder , contempler.
Ainfi Amphithéâtre fîgnifîe proprement un lieu formé
de deux théâtres, ou demi-cercles réunis , d’où les
Ipeclateurs rangés circulairement , voyoient également
bien. Auflî les Latins le nommoient-ils vifo-
rium. Il étoit deftiné aux combats des gladiateurs
des bêtes féroces ,» & à plufieurs autres genres de
jeux ou de fpectacles.
C ’étoit un bâtiment fpacieux, ordinairement ovale,
dont l’arène ou efpace du milieu étoit entourée'de
plufieurs gradins, ou rangs de fiéges élevés les uns
au-deflùs des autres , avec des portiques , tant au-
dedans , qu’au dehors. -
Qn doit rapporter aux Etrufques T origine des.
Amphithéâtres, & l’inventioiî> des jeux de gladiateurs.
C ’eft d’ eux que les Romains empruntèrent ce
goût qui dégénéra en fureur chez ce peuple guerrier
, & qu’ils communiquèrent à tous les peuples
fournis à leur puiflance. Romani, ubi primum
ludos facere coeperunt, hinc afciti artifices ab Etrufcis
civitatibus fuerunt, fero autern ludi ornnes qui nunc à
Romanis célébrait foUnt ,-fu n t inftituti. Athenceus.
I. 4. c. 17. Ainfi l’on ne trouve des reftes & Amphithéâtre
que dans l’empire Romain , & ceux qui
exiftent en Grèce n’y furent conftrüits qu’après que
celle-ci fut devenue tributaire de Rome.,
Sans doute il ne connut & ne dut point connoître
les jeux fanglans de VAmphithéâtre, ce peuple inventeur
de tous les arts qui peuvent embellir & améliorer
l ’efpéce humaine 5 ce peuple à la fois belliqueux &
fenfible , qui fut allier toutes les vertus de la guerre
â celles de la paix , tempérer la. férocité des armes
par les doux accents de la m ufique, qui ne donna des
couronnes, n’ouvrit des gymnafes qu’aux jeux & aux
exercices utiles, propres à adoucir l’efprit & à perfectionner
le corps. Tarit que les Grecs relièrent libres., ils furent
trop humains pour introduire fur leurs théâtres des
fcènes de fang &ces fpeétacles d’horreur, où des hommes
payés pour tuer adroitement & mourir avec grâce,
divertilfoient aux dépens de leur vie , & vendoient
a leurs femblables le plaifir d’une boucherie dégoûtante
& raifonnée. Quelques favants prétendent cependant
qu’il fe donna des fpe&acles de ce genre en
Ionie; mais il eft certain, dit Winckelïmann, que
s'ils furent connus dans cette province, ils n’y eurent
pas une longue durée. Antiochus Epiphane , roi
de S y r ie , fut le premier qui porta en Grèce le goût
de ces Jeux fanguinaires’ ; il fît venir de Rome
des gladiateurs : ces' malheureufes victimes de la
barbarie d’une populace féroce, n’excitèrent d’abord
dans l’âme des Grecs qu’un fentiment de pitié, mêlé
d’horreur mais , cette fenfibilité-.s’affoiblifiant par
dégrès, l’ufage rendit bientôt familiers ces fpeCtacles
affreux.
Les Etrufques adonnés à toutes les fuperftitions
religieufes, paroilfent y avoir porté toujours un
efprit fombre, une humeur dure & féroce , & des
préjugés farouches. L a foudre , les éclairs , les
fléaux ordinaires de la Nature , tout leur faifoit
voir des Dieux irrités dont la colère ne pouvoït
s’appaifer que par du fang. C ’eft dans- ces idées
fuperftitieufes que femblent avoir pris naiflance chez
eux ceS combats fanguinaires, qui .ne. furent point
en Etrurie , comme depuis à Rome ,. de Amples
amufemens d’une populace oifive & cruelle. L a religion
en Etrurie préfidoit à ces jeux : la religion
éleva les Amphithéâtres.
Aufll ce pays nous préfente-t-il encore des reftes
aflez confidérables de femblables monumens. Les
premiers ne furent 'qu’un vafte folié creufé en terre :
les fpeCtateurs étoient aflis tout au tour fur des
gradins de gazon ; plus, on vouloit introduire de
rangs de gradins , plus on creufôit profondément.
L ’Amphithéâtre de la ville de Pæftum , nous donne un
exemple de cet ancien ufage ; & nous laifîe voir dans
fes reftes, l’union des deux manières. Une moitié
des gradins eft affilie fur le terrein creufé en pente,
& l’autre partie , c’eft-à-dire la fupérieure , s’élève
fur une conftruCtion peut-être faite poftérieurement.
On ne fauroit vdouter de ce la , lorfqu’on fait attention
au plan de l’arêne , , q u i', bien que relevé
par les démolitions, fe trouve cependant très-ihfé.-
rieur encore au plan , & à l’aire de la ville. ( Voyez
de Amphith. Patfiano. Rovine délia citta di Pcefto. )
Cette manière de faire les Amphithéâtres é tan t'la.
plus naturelle, & la moins difpendieufe, dut être
la première de toutes. C ’eft ainfi que les premiers
théâtres furent taillés eux-mêmes dans des rochers &
dans des collines. ( Voyez T h eatre. )
On fit dans la fuite les gradins avec des planches
qui s’enlevoient quand les jeux étoient finis. Çet
ufage fut pratiqué chez les Romains : mais les incon-
véniens, & les açcidens qui réfultoient de ces lièges •
poftiches & peu folid es, en firent faire d’une charpente
ftable , & magnifiquement décorée. Enfin les
incendies déterminèrent à les faire en pierre.
Les premiers Amphithéâtres à Rome n’étoient
conftrüits que pour l’inftant des je u x , & ils l’étoient,
hors de la ville , dans le champ de mars. Statilius
Taurus en bâtit un de pierre dans Rome , l’an 7Z5
de fa fondation, Ce lu i-c i, dont on ignore l’empla-
«ement, âc celui qu’on appelle le colifée , furent les
feuls renfermés dans-la ville.
Les Amphithéâtres de Rome dont le fôuvenir s’eft
Confervé ou dont les ruines fe voyent encore , font
ï \ L 'Amphithéâtre Caftrenfe, bâti peu t-ê tre par
Tibère , fur la colline des Efquilies, dans la cinquième
région. On en voit les débris à gauche de
Ste. Croix de Jérufalem. J1 étoit de. briques , revêtu
d’un ordre Corinthién. z°. U Amphithéâtre dé V e f -
palien , aujourd’hui le colifée , dont nous 'allons
parler. 30. L ’Amphithéâtre de Statilius Taurus •
On en ignore la place : peut-être étoit-il dans le
petit champ de Mars. 40. L ’Amphithéâtre bâti par
Trajân dans .le champ de Mars , .& détruit pat-
Adrien.
Nous né ferons qu’indiquer' ici lés principaux
Amphithéâtres dont les reftes nous font parvenus ;
chacun de ces monumens trouvant fa defcription aux
articles des villes antiques.
A Albe , petite ville du Latium , on. découvre
les traces d’im Amphithéâtre 3 mais, de quelle manière
il fut b â t i, c’eft ce qu’on ne fauroit deviner. On
en voit les reftes près des capucins de eette ville ;
&.les fiéges font taillés dans la pierre appellée Pepc-
rïjio. Il en exifte un près du T ib re à Otricoli, ville
de - l’Ombrie ; un près d u . Gariglianô , autrefois le
fleuve Lyris : il étoit bâti en briques ; un àPou zzol
dont il refte encore une partie d’arcades , & les loges
où l’on enfermoit'les bêtes féroces ; un àC ap o u e ;
un à Vérone ; ( Voycz plus bas ) un au pied du
mont Caffin dans. lé voifînage de la maifbn de
Varron ; un à Pæftum ; ( Voye^ce qu’ on en a dit plus
haut. ) un à Syracufe ; un à Àgrigente ; un à Ç a -
tane , un à Argos ; un à Corinthe. On en voit un
magnifique à Pola en Iftrie ; un très-grand à Hi-
pella en Efpagne. L a France-en compte un à Nîmes ,
(Voye% P^us bas ) ; un à Arles ; un à Fréjus; un à
Saintes; un à Autun. Celui de cette dernière ville
étoit à quatre étages comme le colifée de R om e ,
ou l 'Amphithéâtre de Vefpafien.
Rien ne donne une plus haute idée de la puiflance
des Romains , & d e . leur grand favoir dans l’art de
bâtir, que ces reftes prodigieux & nombreux d’ Amphithéâtres
, qu’ils élevèrent dans la plupart des grandes
villes foumifes à leur domination. On en trouve,
comme-on le v o it , dans prefque toutes les : provinces
conquifes. Hérodes, jufques dans la Judée, avoit
bâti des Amphithéâtres , félon le témoignage de
Lipfius. Hérodes enim magnificus fané & illuftris rex,
non uno loco Judeæ Amphitheatra incedicavit. Jofeph
nous apprend qu’il en côiiftinifît un à Céfarée , &
jufques dans la ville Sainte.
Mais le plus vafte , le plus magnifique de tous ■
les Amphithéâtres , fut celui qui fut commencé à
Rome par Vefpafien,; & terminé par Titus fon fils.
Il fe nomme Colifée du mot latin Colifeurn, formé
de Coloffceum , nom qu’on lui donna , félon les uns ,
a caufe de fa grandeur coloflale & gigantefque, 8c
plus probablement félon les autres , à caufe du
cofofle de N é ro n , qui étoit voifin de cet Amphithéâtre.
Il fut conftruit dans le lieu où étoit l’étang
de la maifon dorée de Néron.
Hic .ubi confpicui venerabilis Amphitheatri
Erigitur moles, ftagna Ncro/.iserant.
Placé; au milieu des fept montagnes de Rome , fa
hauteur , difoit-on , égaloit le fommet des plus hautes
: & fa capacité ne le cedôit à aucune des vallées
-formées par ces montagnes. Selon Juftus Lipfius ,
les gradins contenoient quatre-vingt fept mille per-
fonnes ; & Fontana en ajoutant feulement dix mille
places fur les portiques, immédiatement fupérieurs
• à Y Amphithéâtre.^ ou, aux gradins , & douze mille
dans les : autres enceintes ,, tant d’en bas que d’en
h a u t , où l’on plaçoit des, fiéges portatifs , a trouvé ,
que cent neuf mille fpecrateurs poayoient y voir à
l’aife les jeux 8c les combats de l’arène! C e monument
a , dans tous les tems , excité l’enthoufiafme
. des Ecrivains qui en ont parlé. Ammien avoue que
l’oeil-même peut à peine, en embrader l’étendue, ad
cujus furnmitatem oegrè vifio hutnana confcend.it. Caflio-
dore s’exprime ainfi : Cogitavit cedificium fie ri un de
caput urbiutn potuijfet, 8cc.
Martial dans une de fes épigrammes :
Omnis Cefareo çedat lahor Amphitheaero ,
Ûnum pro cuiiüïs fuma làquatur opus.
^ L a partie de ce monument qui fubfifte encore , en
dépit dés ravages du tems & de la barbarie des fiécles
anciens & modernes , fùffit à l’oeil pour^émbrader
toute fon étendue , & laifle aflez comprendre toute
l’immenfîté de ce coloffe d’architecture. Mais comment
pouvoir s’imaginer qu’ une mafle fi p rodigieufe,
bâtie de pierres énormes , ait pu être terminée en
deux ans & neuf mois , Biennio pofi ac ménfes ferè
novem Amphitheatri perfeélo opéré, dit V ié to r ? C ’eft
ce qu’on a peine à expliquer , même avec les moyens
de toute efpéce qü’on fait avoir été employés par
les Romains dans la conftruétion de leurs édifices.
PajTons à la defcription de ce monument.
Pour donner une idée du. deflin, & dés proportions
fuivies dans la conftruétion de ce grand ouvrage,
nous allons rapporter la démonftratiori que Fontana
en a donnée ; & l’opération géométrique' d’après laquelle
il en explique la formation. (Voyez F ig . 14 1 .)
Ayant levé les mefures les plus exaétes de cet
édifice , dit ce célébré architecte , nous avons trouvé
que la forme elliptique de la cave a ou de l'a rène,
fe compofe dans fa longueur de deux cercles A. & B.
Divifant enfuite la circonférence de ces deux cercles
en. fix parties ., par les fécantes n°. r. z. 3. 4.
c Sc 6. de leur centre C . on tire jufqu’à l’extrémité
de l’édifice , les lignes droites qui terminent les