
qui puiffent s’oppofer à fon exécution ; a®. des
dépenfes que cette opération pourra coûter ; 3®. 8c
des avantages qu’on en pourra retirer. Le but
effentiei de toutes les entreprifes doit toujours
être ce dernier article. Il faut, dans tous les cas,
que les avantages foient au moins équivalens aux
dépenfes.
Lerfque l’eau d’un pays marécageux peut avoir
fon écoulement dans quelque rivière, ou dans la
mer, il faut s’affurer fi dans lés tems des fortes
crues ou des hautes marées, l’eau des rivières ou .
de la mer ne feroit pas dans le cas d’inonder le
pays, en remontant par les canaux du les foffés
qu’on auroit faits pour le deffécher. C’eft d’après
ces connoiffances qu’on peut juger s’il eft nécef-
faire de pratiquer des éclufes à l’extrémité des
canaux , pour retenir les eaux dans les tems de
crue.
Le plus sûr moyen pour réuffir dans dés entreprifes.
de ce genre, eft de ne rien négliger pour
tirer de ces canaux tous les avantages qu’ils peuvent
procurer, outre le defféchement, foit pour
la navigation, foit pour des machines hydrauliques,
ou pour d’autres établiffemens utiles.
CANAL ( Jardin ). C’eft une pièce creau beaucoup
plus longue que large, dont les bords font
revêtus de gazon ou dé maçonnerie , pour fervir
à l’embelfiffement d’un jardin ou d’un parc, &
quelquefois à leur clôture. Les meilleures manières j
do les conftruire font celles que nous avons indiquées
pour les baftins. ( Voyeç cet article & PIECE
d ’e a u ). On met ordinairement dans cette pièce
d’eau des cignes, & des poilîons, tels que la
perche, la tanche» le gardon 8c te brocheto’n ;
mais alors on ta cure tous les dix ans.
Canal EN CASCADE ( Jardinage'). C’eft un canal
interrompu par plufieurs chûtes qui fuivent l’inégalité
du terrein. Il y en a à Fontainebleau, à
Marly , au Château d’eau à Verfailles, & dans
plufieurs autres jardins.
Canal de larmier. C’eft le plafond creufé
d’une corniche, qui fait le-,pendant à mouchettes.
( Voye^ Larmier).
- Canal de volute. C’eft, dans la volute ionique
, l'a face des circonvolutions renfermée par un
liftel.
Canal ou Canaux , efpèces de cannelures fur
une face ou fous un larmier qu’on nomme auffi
portiques, & qui font quelquefois remplies de ro-
feaux ou de fleurons.
On entend encore par canaux les cavités droites
•ou torfes dont-on orne les tigettes des caulicoles
d’un chapiteau.
On appelle canaux de triglyphe les gravures en
angle que l’on taille dans la face des triglyphes de
la frife dorique, dont deux font entiers , & les
deux de s extrémités ne font que des moitiés ( Voyez
T riglyphes);
On donne encore le nom de canaux à des conduits
fouterreins qui fervent à conduire les eaux
( Voyei A queducs ).
CANARDIÈRE, f. f. étoit dans les anciens
châteaux une guérite d’où l’on pouvoit tirer en
sûreté fur l’ennemi.
CANCEL , f. ni. eft la partie du. choeur d’une
églife qui eft entre l’autel 8c la baluftrade qui le
renferme. Ancien terme qui fignifie ce que nous
appelions aujourd’hui fanftuaire. (Voye^ ce mot),
CAN CE L L I, grilles ou jaloufies faites avec
des morceaux de bois légers & croifés :.les anciens
en mettoient à leurs fenêtres & à leurs
portes ; les portiers qui veilloiënt chez les grands-
à ces portes grillées en prirent le. nom de Can-
cellarii.
Le podium des amphithéâtres étoit entouré de
filets très-forts, de cylindres de bois mobiles fur
leur ax e , ou de grilles cancetli, deftinées à garantir
ces placés de la fureur des bêtes.
On appelloit encore cancellé les limites ou les
bornes dès champs, peut-être parce qu’elles étoient
formées par des paliffadës faites comme des grilles.
Le refpeéi que les anciens avoient porté pour le
dieu Terme 8c pour Tes bornes des champs qui
lui étoient confacrêés, faifoit une partie de leur
religion. Ils rendaient ün culte à ces bornes can-
cellis. DiEl. d’Annq.
CANDELABRE, f. m. Mot tiré du latin can-
delabrum, 8t (jui fignifie un grand chandelier.
Si l’étymologie du mot candelabium femble indiquer
que les caiidetabres auroient fërvi chez les anciens
à. l’ufagé auquel nous, d e f t in e n s nos chandeliers
, il n ’ e n eft pas m o in s certain qu’ils ne
furent jam a i s employés à- porter quelque, chofe
qui r e f îem b l â t à nos bougies & à. nos cierges.
Quoiqué les anciens connuflent 8c employaflent
la ci refoi t pour le culte des dieux, foit pour
les u f a g e s domeftiques , ce qu’ils nommoient can-
delà n’étoit qu’une lampe ; 8c les candélabres n’é--
toient que des fùpports plus ou moins p o r ta t i fs
fu*r l e f q u e î s on plaçoit les lampes, ou dont l’extrémité
fupérieure étoit creufée en forme de baflin
propre à recevoir l’huile ou toute autre efpèce
de matière combuftible,..
La variété qui fe rencontre dans les candélabres
des anciens-», tient moins encore au caprice des
artiftes qui- les travailloient » qju’à la diverfité des
premiers ufages, dont les Grecs fu r - t o u t aimoient
à. conferver-le fou venir; en cela bien différens des
peuples modernes, qui.mettent tout leur foin à
en effacer les. traces..
Avant l’ufage de l’huile-, on n’employoit d’autre
moyen pour s’éclairer la nuit, que de fe faire
brûler un bois très-fec dans des brafiers foutenus
par des trépieds. Les pays orientaux f e f e r v o ie n t
oc fe fervent encore à cet effet des bois odori-
férans & réfineux, qui y font- fort abondans.
Un autre moyen confiftoit à faire brûler en manière
de flambeaux des branches de bois réfineux.
On s’eri fet'Voit pour s’éclairer la nuit, 8c fe tranl-
portêr d’un lieu à un autre. . /
L’ufage de l’huile 8c des lampes fucceda a ces
moyens .auffi. imparfaits que peu commodes ; oc
les candélabres fervirent au fupport des lampes.
On retrouve dans les candélabres antiques, dés
caraftères de forme 8c de difpofiiion, qui nous
indiquent 8c nous rappellent d’une manière plus
ou moins authentique les divers procédés mis en
oeuvre pour s’éclairer ; 8c l’on verra tout^à-l’heure
que plufieurs ofit confervé d’une façon précieufe
niiftoire des primitifs ufages.
Quoique je n’aye à traiter des candélabres, nr
par rapport à la diverfité de leurs deftinations,
ni eu égard aux befoins de la vie 8c aux cérémonies
du culte, je ne puis me difpenfer d’obferver
qu’on doit en diftinguer deux efpeces : la première
qui, fans fortir des formes analogues à fa dénomination
, fô rapproche par fon emploi de la claffe j
des autels, 8c peut même fe confondre avec elle. 1
C’eft celle qui fe terminant par en haut en forme
de brafier, nous rappelle la première maniéré de
s’éclairer, dont on vient de parler. Cette jefpece
de candélabre pourroit fe mettre auffi au nombre ;
des trépieds, 8c l’on croit qu’ils ne fervoient qu’aux
temples ou aux chapelles privées., C’étoit un de
ces candélabres orné de pierreries qu’enleva Verres ;
8c Cicéron nous apprend qu’il n’y avoit pas de
maifon en Sicile qui n’eût ces meubles facres
faits en argent. Un bas-relief antique rapporte
dans les monumenti inediti9 à la pl. 186, nous fait
voir un de ces candélabres facrés 8c deftines à de
pieux ufages. La femme qui fe tient debout, 8c
femble jetter de l’encens dans le brafier, ne permet
pas de douter fur l’emploi de ce candélabre.
C’eft de ce genre que font encore ceux qui ornent
Couvent les frifes des édifices , 8c qui le plus fou-
vent font accompagnés de génies 8c de^ tous les
înftrumens de facrifices. J’aurai occafion d’en parler
bientôt.
Au refte, ces fortes de candélabres ou trépieds
de facrifices ne différoient que par la hauteur
de ceux de la fécondé efpèce dont je vais parler ;
car leurs formes , leurs acceffoires 8c leurs orne-
mens font les mêmes qu’aux grands candélabres
antiques de marbre qui nous font reftes des anciens,
8c qui, vu leur grahde élévation , ne purent
fervir qu’à éclairer on les temples ou les grandes
fales des Termes.
Ceux-ci ont été trouvés à Rome. ( Winckel-
mann obferve que dans toute la ville de Rome,
on ne fauroit eii trouver un feul de bronze). La
manière dont ils fe terminent indique affez la méthode
d’éclairer qui leur étoit propre. Un large
baffin fait en forme de cuvette , quelquefois de
v afe , fervoit de récipient aux matières cornbuf-
tibles qu’on y mettoit, enforte que la lumière
qu’ils donnoient devoit reffembler à celle de ce
que nous appelions des pots à feu, Dans les bas-
reliefs antiques, où ces candélabres font repréfentés
allumés ; ori voit fortir de ce baffin une flamme
très-forte, d’où l’on peut conje&urer que ce brafier
fe rempliffoit ou de bois réfineux, ou d’une.
groffe mèche qu’aümentoient des fubftances grafles
ou huileufes.
Les candélabres de marbre varient autant dans
la forme du vafe ou brafier, qui fait leur objet
principal, que dans le corps même 8c le fupport
de cette partie. En ce genre, les anciens nous
ont laiffé des modèles ju fq u ’à p r é f e n t inimités,
de goût, de forme , d ’ o r n em e n t 8c d’exécution.
Il s’en rencontre auffi chez eux 8c particuliérement
fur des tombeaux dont les formes font trop
décompofées : tel eft celui qu’on trouve dans
M o n faucon , tom. 2 , p . / / o , 8c qui ne préfente
qu’un affemblage de vafes placés les uns fur les
autres. Tels font encore d’autres dont Piranefi
nous a donné les deffins , 8c qui femblent n’être
qu’un rajuftement capricieux de parties détachées,
8c réunies avec plus de goût que de vraifem-
blance.
Mais c’eft au Mufæum Vaticanum qu’on voit
la plus riche colleâion des plus beaux ouvrages
que l’antiquité nous ait tranfmis en ce genre. Le
plus grand 8c le plus beau de tous pour la forme
8c le goût des ornemens, peut avoir fept pieds
d’élévation. Il porte fur un pied fait en forme de
griffes ou pattes de lion. Son fût reffemble à celui
d’un baluftre, c’eft-à-dire, que plus large par en
bas , il diminue en montant, 8c fupporte un large
baffin. Il eft orné de grands feuillages de lierre ,
8c de bas-reliefs repréfentans des bacchantes.
Deux autres fe faifarît pendant, 8c de la même
hauteur que le précédent, offrent un des plus
beaux ouvrages d’ornement qu’on connoiffe pour
'la fineffe 8c la légèreté de l’exécution. Ces deux
morceaux font ceux dont Winckelmann a parlé pour
les figures de leurs bafes, 8c qui fe trouvoient
jadis au palais Barberini. La bafe eft un autel triangulaire
, dont chaque face eft ornée d’une figure
'de divinité. Le fût fe compofe de feuilles d’acanthe
difpofées par étage à-peu-près dans le goût du
chapiteau corinthien ; ‘ enforte que l’un de ces
candélabres femble, au premier afpeft, être une
réunion de trois chapiteaux corinthiens placés l’un
au-deffus de l’autre. Mais le plus beau des deux
8c le plus varié dans fa forme, préfènte vers le
tiers de fon fut une touffe d’acanthes qui retombent
en forme de panaches , 8c lui donnent l’afpe&
le plus riche. Ce font également des branches
d’acanthe qui fupportent le baffin du haut. Celui-ci,
fait en forme defoucoupe, eft cannelé, 8c par fa
forme 8c fes ornemens, répond à la magnificence
du tout. , # • .
C ’eft encore au même endroit qu’on admire
les candélabres qui faifoient jadis l'ornement des
églifes de Sainte-Conftance 8c de Sainte-Agnès.
Ils ont huit palmes de haut, c’eft-à-dire, cinq pieds
quatre pouces français ; 8c leur travail eft digne ,
félon 'Winckelmann, des meilleurs artiftes du fiècle
Ll l a -