On fait an {Il des affemblages à queue dVçncîe
recouverte , qu’on nomme auffi à queue perdue ,
comme celui reprèfentè par la figure 115. C'eft la
méthode qui convient le mieux , parce qu’elle eft
la plus i'olide.
Pour exécuter cet affemblage , il faut divifer l’ê-
païffeur du bois en trois parties , dont une pour la
jouée de l’entaille quarrée , une autre pour l’épaif-
leur du tenon en queue d’aronde , & la troifième
pour l’entaille quarrée qui doit recevoir la jouée
cppolée..
Pour les queues d’aronde, on divîfera la largeur
de la pièce de bois en fix parties ; on en donnera-
deux pour la largeur au collet, & quatre pour celles
du bout. La longueur de la queue d’aronde fera de
cinq parties ; on en ajoutera une autre pour le recouvrement
de l’entaille quarree.
L’infpe&ion de la figure fera facilement comprendre
ce que nous venons de dire.
Des affemblages en crémaillère, ou à trait de Jupiter.
Cet affemblage eft compofé d’entailles à redents
formant des angles aigus. Il fe ferre par le moyen
d’un ou de plufieurs coins pour faciliter leur union.
On fe fert de cet affemblage pour former un entrait
de plufieurs pièces , à défaut de bois a fiez long. Le
plus Ample eft celui repréfenté par la fig. 116.
Outre les redents à angles aigus qui contribuent
à tenir les deux pièces jo:ntes enfemble , on fait
tifage de boulons de fer à écrous & de liens de fer.
Deux pièces de bois entées de cette manière font
auffi folides qu’une de même dimenfion qui feroit
d’une .feule pièce.
Les figures 117 & 118 font voir d’autres manières
de former ces-afferablages. Celui repréfenté par la
figure 118 , eft tiré du grand entrait de la charpente
du comble du théâtre d’Argentine à Rome ;
il fe ferre avec trois coins , dont deux quarrés,
& l’autre placé au milieu , à double queue d’arorrde;
en outre, cet affemblage eft entretenu par deux
boulons & deux liens de fer à clef.
Ces différens aflemblages conviennent mieux aux
pièces de bois qui font faites pour tirer , qu’à celles
qui doivent porter , parce que tout le méchanifme
tend plutôt à réfifter au premier effort qu’au fécond.
Manière d?enter les poteaux & autres pièces de bois qui
font dejlinées à porter.
D’après la deflination de ces pièces , il faut que
la manière de les enter ne diminue point leur force ;
bous allons indiquer les différentes manières qui
font les plus en ufage.
Celle repréfentée par la figure 119., fe nomme à
bec de flûte ; c’eft la plus Ample. Pour tracer cet
affemblage , on commence à tirer une ligne d’équerre
à une diffance égale à trots fois la grofleur
de la pièce ; enfuite, on divife la grofleur de ta
pièce en trois, parties égales ; celle du milieu fert
pour le repos ou appui .les deux autres déterminent
l’épaiffeur des parties fiillées en bec de flûte
St des élargiffemens pour les placer. Leurs formes
fe tracent en tirant les lignes obliques qb t de •
enforte que les points b St d foient éloignés de la
ligne de .repos de trois fois l’épaiffeur de la pièce.
Il eû à propos d’entretenir cet affemblage par des
liens de fer à clef, placés au milieu de la longueur
des becs de flûte. Pour que les bouts foient moins
aigus, St qu’ils ne pimTent s’écarter de la pièce, il
faudroit suffi les couper en bifeau , St former dans
I l ’autre pièce une entaille à angle aigu, comme on le
voit à la fig. 120-.
La manière indiquée par la figure 121, fe nomme
affemblage en tenaille ; l’une des pièces eft taillée en
fourche, dont les branches vont en, s’élargiffant.
Pour tracer cet affemblage , il faut tirer un trait
d’équerre, à une diftance égale à.fix fois la grof-
feur de la pièce. On divifer a enfuite Tépaiffeur de
la pièce en trois parties égales fur ce trait : ayant
tracé un autre trait d’équerrepar le bout, on divi-
fera fur ce trait l’épaiffeur de la pièce en huit parties
égales ; on en donnera une à l’épaifleur du bout
des branches de la partie taillée en fourche & à
celle des entailles de l’autre pièce où les branches
doivent fe loger. Le furplus de l’autre pièce doit
être taillé en forme de coin tronqué, de manière
à s’ajufter parfaitement avec la partie taillée en
fourche ; les extrémités des branches doivent être
raillées en bifeau, & les entailles ou elfes fe logent,
en angle aigu, afin qu’elles ne puiffent fe défunir.
Outre ces précautions , il eft bon de fortifier ce£
affemblage, par deux liens de fer à clef ou deux
boulons. Cette manière d’affembler les poteaux eft
préférable à la précédente. '
La manière repréfentée par îa figure- 12-2, eft
encore meilleure. Elle eft fondée fur une pratique
des Italiens, qui prétendent qu’un faifeeau compofé
de quatre pièces réunies eft plus fort & plus
folide pour former un point d’appui , qu’une feule
pièce qui auroit la grofleur des quatre réunies j c’efl:
pourquoi, lorfqu’ils ont à faire des points d’appui
d’une certaine grofleur & hauteur , ils fe fervent de
bois moyens , dont ils difpofent les joints de manière
qu’ils forment liaifon ; c’eft-à-dire, qu’il ne
s’en trouve jamais qu’un 2 la même hauteur ,
ainfi qu’on peut le voir à la’figure 123. Ils entretiennent
ces pièces de bois avec des doubles liens
de fer à clef, pofés au droit de chaque joint-
Dans la figure 122, on voit que l’affemblage qu’il
repréfente eft une imitation de celui des Italiens,
dont il ne, diffère , i°. que parce qu’il eft taillé
dans une feule pièce, au lieu d’être compofé de
quatre pièces féparées.
20. En ce que les deux joints des parties en dia»
gonale fe trouvent à une même hauteur.,
| 30. En ce que ces joints qui forment tenons & en»
tiilles ont l’avantage d’unir les pièces avec autant
de folidité que par liens de fer à-clef.
D’ailleurs, il eft probable qu’un poteau d'une
feule pièce èft au moins auffi fort que s’il étoit
compofé de quatre plus petites : i°. parce que ces
pièces ne peuvent être formées que par.du bois de
brin , ou par du bois de feiage : or, il eft prouvé
qu’un poteau en bois de feiage eft moins fort qu’un
autre en bois de brin , & qu’une pièce de bois
formée par un petit tronc,'a moins de fermeté ,
à fuperficie égale, qu’une autre formée par un gros
tronc. .
a0. Qu’il n’eft guère poffible d’unir auffi pariai*
tement, par l’art des parties féparées , que celles
qui font unies par la nature , pour ne compofer
qu’une feule & même pièce.
D’où il réfulre que foie que les parties qui forment
un po'teau compofé de plufieurs pièces réunies,
foient de brin ou de feiage la femme de leur
force fera toujours moindre que celle d’un poteau
formé par un feul tronc.
L’affemblage de la figure 124, compofé de quatre
parties triangulaires , '-formées par les diagonales
d’une pièce de bois quarré, eft beaucoup moins
folide que le précèdent, à caufe des angles aigus
qui peuvent éclater fous la moindre charge.
On fait encore des affemblages en about - engueule
, en enfourchement, à entailles doubles , & de
plufieurs manières qui dépendent du caprice & de
l’intelligence de l’ouvrier,
L’affemblage en about-en-gueule, repréfenté par
la figure 125 , fert pour les étais en contre-fiche.
Celui en enfourchement, peut tenir lieu de tenon
dans plufieurs circonftances. Les jouées , qui for-
mettV les branches de l’enfourchement, peuvent
être taillées qnarrément, comme à la figure 126 ,
pu en queue d’aronde , avec une'entaille à angles
aigus , comme à la figure 127. Cette dernière manière
eft préférable , parce qu’elle maintient les
jouées dans toute leur longueur.
L’affemblage à entailles doubles fert pour les
moifes jumelles & autres pièces doubles qui em-
braffent une ou plufieurs autres pièces de charpente
pour les entretenir & donner plus de folidité
à l’ouvrage. ( Voyei la fig. 128).
On parlera des affemblages extraordinaires aux
articles de charpente où ils peuvent avoir lieu.
De la manière de tracer les pièces de bois de charpente.
Il faut, pour cela, commencer par tracer en grand,
fur un terrein uni, les principales lignes du plan Sc
•de l’élévation de l’ouvrage qu’on fe propofe de
faire. Les lignes du plan fervent pour les enraylires,
•les planchers & antres ouvrages dont les pièces
font pofées horifontalement : celles de l’élévation
•fervent pour les ouvrages qui doivent être d'aplomb
, tels que les pans de bois , &c.
Quant aux ouvrages qui doivent être fi tués obii*
quement, comme les pentes des combles,on fup-
pofe leur face conchée fur le terrein : e’eft ce que
les ouvriers appellent ralongement.
Pour les parties circulaires, ou formant une courbure
quelconque, on en fait le développement ,
comme la coupe des pierres.
Lorfque le terreia ou le fol fur lequel on doit
tracer, n’eft pas affezuni, on ajufte des planches
fous les piincipales lignes.
Le tracé des principales lignes que. les charpentiers
appellent ételon étant fait, on place au deffus
les pièces de bois telles,qu’elles doivent être ; c’eft-
à-dire,' de niveau ou en devers , obliquement ou
d’équerre, afin de les tracer ; c’eft ce qu’on appelle
établir, pour les piquer. Cette opération , qui eft
la plus importante, devroit toujours être l’ouvrage
du maître charpentier ; mais elle fe fait ordinairement
par un principal ouvrier, auquel on donne
le nom de gâcheur. Ce mot vient de ce qu’en plufieurs
provinces ont dit gâcher le bois , au lieu de
dire piquer ou tracer les bois de charpente.
Au lieu de règle, les charpentiers fe fervent pour
tracer les lignes droites , d’un cordeau blanchi avec
de la craie. Pour cela, après avoir déterminé les
deux points des extrémités de la ligne à tracer, on
tend le cordeau blanchi d’un point à l’autre, enfuite
on le pince dans le milieu ; c’eft-à-dire , que tandis
qu’il eft tendu , on le foulève dans le milieu de
cinq à fix pouces , & on le lâche tout-à-coup , afin
qu’il puiûe .frapper la furface fur laquelle il eft
tendu avec affez de force pour qu’il puiffe y laiffer
fon empreinte.
Pour tracer deux pièces de bois qui doivent s’af-
fembler, on pofe la principale au-deffus de ]’ételon,
à une ceriaine diftance, qui n’empêche pas de voir
les lignes , en. lui donnant la pofition qu’elle doit
avoir. On relève enfuite , avec un plomb de
deffus Pételan , autant de points qu’il eîï faut pour
déterminer fa forme; c’eft ce qu’on appelle piquer.
An-deffus de cette pièce, on établit celle qui
doit s’affembler avec elle , en la faifant avancer de
ce qu’il faut pour les affemblages.
Cela fait, avec un à plomb & un cordeau fin ,
on détermine au jufte fur l’une & fur l’autre pièce,
les points <5îi elles doivent fe rencontrer, l’obliquité
des joints qu’elles doivent former, afin de pouvoir
tracer les affemblages, comme nous l’avons ci-devant
indiqué.
On place ainfi fucceffivemem toutes les pièces
qui doivent former l’affemblage , afin de les tracer
& de leur donner la forme convenable. C’eft de
cette opération que dépend la réuffite d’un ouvrage.
Il faudroit un traité particulier pour expliquer
la méthode de tracer les différentes pièces qui peuvent
compofer un ouvrage de charpente. Ce que
nous en venons de dire, ftiffit.pour en donner une