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fte&ure, exigé 3ela fynimctric, cependant celle-ci
peut ne pas s’ étendre jiffqûes furies emplacemens,
les diftances & les portions de plufieurs bâtimens
champêtres; chacun forme un enfemble ifolé ; d
.eft indépendant des autres , & domine le canton
nui lui eft propre. Ils peuvent concourir à, la ri-
-.cheffe d’une perfpeélive, avoir entre eux une re-;
lation iiarmon^eufe , & Une Uaifon agréable avec;
les objets enyiconnans, fans cette difpoûrion fym-:
métrique.
■ Que l’artifte jardinier évite fur-tout le mélange
liistarre.de plufieurs ouvrages d’architêélure étrangère;
qu’il fe garde de placer dans une même
perfpeâive un obélifque égyptien , un temple
grec, un .monument romain , une tour gothique
i& im pavillon chinois ; extravagance qui règne
dans quelques parcs anglais. Cet affemblage monf-
jtrueux de tous les genres, cette confufion de tems
Sc de lieux, qui s’accorde fi peu avec les charmes
de la nature & la fimplicité des jardins, ne peut
sêtre enfantée que par une imagination défordoii-
Xtée, Sc par la manie déréglée de l’imitation.
On peut encore étendre l’ufage des hâtimens
'champêtres, .en les deftinant a fervir de monumens.
Alors, ils font a-pèu-près en ardiiteiStire, ce que
font en fculptute les ftàtues, les urnes & les autres
marques de fouv.enir. Par ce moyen , les ouvrages ^
de Farchiteâure acquièrent un nouvel intérêt
s’ennobliffent en produifam des effets fentimentals
fur l’am.e du fpeâateur.
iCes ouvragés peuvent être confacrés à la mé-
Hioite, d’une choie ou d’une perfonne. Dans ce
cas , celte .choie ou cette perfonne doit non-feulement
mériter cette diftinàion, mais encore être
du reffort des idées & des émotions propres aux
jardins. C’eft ainfi qu’en Angleterre on a confacré,
dans le parc de Hagley, des bâtimens à la mémoire
de Pope & de Tompfon ; & des bâtimens'placès
dans des lieux que ces poètes aimoient à vifiter,
& où ils fe livroiént fouvent à l’enthoufiafine que
leur infpirpit la nature , y font un effet aufli vrai
.que convenable.
Pour ne pas manquer Ion effet, il faut que le
bâtiment foit fortement caraâérifé par toute fon
.ordonnance & par fa fituation. Sa lignification
non-feulement doit n’être pas équivoque , mais il
faut qu’elle foit faifie fans beaucoup de réflexion.
L’expreflion générale peut, être foutenue par des,
emblèmes extérieurs ; mais le moyen de tout exprimer
par leurs fecours, doit ette abandonne aux
efprits vulgaires, incapables d’imprimer à leurs
quvrages ,un caraéfere de vérité & d’harmonie.
Nous ferons des recherches plus particulières
for les monumens dans l’article qui leur eft def-
$iné. ( Voye^ Monumens ).
CHAMPIGNON , f. m. Efpèce de coupe
venverfée, taillée en écailles par-deflùs, qui fert
jÿiuts les fontaines jaillilfentês à faire bouillonner
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Peau d’un ]èt ou d’une gerbe en tombant, Comme
aiix deux fontaines de la placé Saint-Pierre à
Rome.
CHANCELLERIE, f. f. C’eft le palais où loge
le chancelier, & qui confifte en grandes l'allés
d’audience & de confoil, cabinets St bureaux.
Le palais de la Chancellerie à Rome eft un des plus
beaux de cette ville Si un ouvrage du 'Bramante.
CHANDELLE, f. f. (conjlruüïon) , eft un terme
de charpenterie qui défigne un poteau à-plomb
Servant d’étai. (Voye^ Ét a l )
CHANDELIER. ' ( Voyei C andélabre. )
CHANDELIER D’EAU, f. m. C’ëft une fontaine
dont ie jet eft élevé fur un pied , en manière
degrosbaluftre, qui porte un petit baffin., .comme
Ain plateau de guéridon , d’où l’eau retombe dans
un autre baflin plus grand au niveau des allées , ou
avec un bord de marbre on de pierre au-deffus
du -fable.
CHANFREIN ou CHANFRAIN, f. m. ( conf
trublion) , eft une furface étroite formée par l’arête
abattue d’une pièce de bois, de métal ou d’une
pierre, & qu’on nomme communément bifeau.
CHANFREINER, v.. aft. (confiruSîîoa) , défigne
l’opération d’abattre les arêtes d’une pièce
de bois, de fer ou d’une pierre.
CHANGE, f. m. Edifice public qui confiflc
en un pu plufieurs portiques au rez-de-chauffée,
avec falles & bureaux, ©ù des marchands & des
banquiers s’affemblent pour le commerce d’argent
& de billets.
On appelé à Paris cet édifice place, loge du change
à Lyon, & bourfe à Londres, à Anvers & à Amfter-
dam, où ce bâtiment eft un des plus beaux de
la ville & de tous ceux du même genre qu’on
voit ailleurs. ( Voye^ Bourse.)
CHANGEMENT de décoration. C’eft l’opération
par laquelle on change le lieu de la fcène,
en fubftituanr une (nouvelle toile & de nouvelles
cou liftes à celles qui difpa-roiffent. ( Vxtye^ T héâtre
, Scène, & c. )
Changement de proportions. C’èft, en
arohite&ure, une grande quejftion de favoir s’il
doit être libre à l’architea:e de changer au de
modifier Les proportions pour remédier aux erreurs
de la vue &. corriger l’altération apparente que
l’éloignement & la fituation des objets produifent
dans leur forme, ou s’il faut laiftér aux effets de
l’optique toutes les illufions que la nature y produit
, & s’en rapporter au jugement de l’oeil pour
les reâifier ; fi l’art enfin doit chercher à les
prévenir, à les corriger ou à les exagérer.
Cette queflion a exercé la plupart des archi-
teâes qui «nt raifonné for leur art, & plufieurs
fe trouvent partagés. -
Et d’abord pour s’entendre, je dois prévenir le
le&eur qu’il n’eft pas ici queflion de ces c.hai\-
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ins Je proportions dont l’architefle eft incoftè
£eftablement le maître, & qui confiftent à augmenter
ou diminuer la hauteur, la faillie, le diamètre
des membres, des corniches, des colonnes,,
jeton la fituation où fe trouvent toutes ces parties ,
félon le carafière qu’il veut exprimer, l’effet qu'il
veut produire ; tous changemens dont le goût eft
arbitre fouverain.
Il eft queftion de favoir fi l’on peut corriger
de fait l’altération apparente que la perfpeftive
introduit dans l’afpeéi des édifices, foit en rétre-
ciffant, foit en inclinant,, foit enalongeant, ou,
vice verfa ,, toutes les parties dont la fituation &
la forme fémblenr changer, & s’il eft permis de
les difpofcr .de manière â ce que l’effet de ces
changemens ne foit plus fenfible.
Voici ce que Vitruve’ enfeigne à cet égard,
gt ce qui a donné lieu à de grandes difputes,
ù Soit, dit - il , que nous voyons les choies
par l’émiffion que les objets font des images
ou par les rayons que nos yeux répandent fur
lès objets , comme les. phyficiens l’eftiment;, il
eft toujours vrai' que le jugement que. nous
faifons des chofes fur le rapport de nos yeux,
n’eft point véritable. De. forte qu e , puifque
ce qui eft vrai paroît faux , & que lés chofes’
femblent être autrement qu’elles ne.Iont, il n’eft:
pas douteux , je penle , qu’il foit néceffaire
d’ajouter ou de diminuer en. changeant les proportions,
quand la nature des lieux le demande,-
pourvu que l’on ne touche point aux chofes.
eifentielles »,
Perrault,.qui réuniffoit la pratique à la théorie,
paroît être fur ce fùjet d’itn avis contraire a celui,
de Vitruve. Nous allons rapporter les principales
raifons fur lefquelles il- le fonde , & que nous
avons extraites du chapitre 7-de.fon ordonnance,
des cinq ordres.
«D’après la célébré hiftoire:, dit-il, des deux
ftatues de Minerve , faites pour être pofées en
utr lieu fort élevé , dont on prétend que 1 une"
réuflit-raal, parce que le fculpreur n’én avoit pas
changé les proportions, il eft difficile de defabufer
ceux qui prétendent que lart- doit remedier aux-
erreurs des fens ; d’autant plus que les architeélès,.
eu égard aux différens alpeâs, font confifter l’excellence
de leur art dans le changement dos proportions.
Ainfi , on veut que les colonnes coloffales
diminuent moins que les petites; on veut que les-
en-tablemens placés fur elles aient une plus grande
hauteur , de crainte qu’ils ne paroiffent trop légers-.
Les membres qui compofent vos architraves, vos
frifes, vos corniches font-ils élevés, inclinez-les ;
ils paroîtront, fans cela, trop étroits.’ font-ils a la
hauteur de l’oe il, ou peu au-deftus, relevez-les;
I on croiroit, fans cela , qu’ils ont peu de faillie.
Ou foutient ces confeils-.de tous les motifs que
peut fournir l’optique ; & cependant ees changement
regardés comme û néceffairesn’ont point
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étê pratïqués dans les édifices les plus approuvés,,
& le hafard femble feul avoir préfidé à leur em-;
ploi. Je le prouve.
» Les colonnes du temple de la Paix , du portique
du Panthéon de Campo Vaccino , de la bafi**'
M d’Antonin , dont la tige feule a' quarante
eu cinquante pieds-, n’ont point une autre diminution
que celles du temple de Bacchus , dont la-
tige n’a que dix pieds .‘ bien plus, les colonnes-dn-
temple de Fauftine , du portique de. Septimius r
des thermes de Dioclétien , & du temple de la^
Concorde , dont la tige eft de trente & quarante-
pieds , ont plus-de diminution que celles des arcs*
de Titus , de Septimius & de Gonftantin-, dont la^
tige n’a que quinze & vingt pieds*
Relèvement- des Jojfites. On doit, dit-on , Iè pra**
tiquer pour faire paroître les faillies des membres ^
i°. quand les afpetts font éloignés : ail portiques
du Panthéon, où l’afpeél peut êt/e très-éloigné, les*
foffites ne font point relevés, fk ils le font dans»
le temple où 1-afpeâ eft proche nécefiairement»'
20. Quand les parties- ne font pointa une grande-
hauteur : au théâtre de Marcellus les foftires’ font'
relevés au fécond ordre , & non au premier rau-
colifée, ils le font aux quatre ordres; enfin y aux^
temples-de Vefta & de Bacchus, dont les ordres^
font de la plus petite proportion , les foffites ne-
font point relevés. 3°. Quand on n’a pas la liberté-
de donner aux parties lés faillies convenables : à'
l’architrave du temple de la Fortune Virile,, les-
foffites des faces font relevés, quoique la grandeur-'
dès faillies foit extraordinaire. Venons à l'inclinai
fon des faces.-Elles doivent, dît-on,-incliner'
en devant, lorfque l’afpeél trop proche oblige dë-
les voir obliquement , oïl lorfqu’il eft néceffaire-'
de leur donner une grandeur apparente , après les-
avoir diminuées en réalité. L’antique s’oppofe en--
core à cette maxime ; car dans tous les monumens»
déjà cités,les-faces inclinent en arrière, foit qu’ellës^
aient leur jiifte proportion , ou qu’elles ne iaient'
pas-, foit dans= leur plus haute ou leur moindre.-
élévation.
ît II faut avouer cependant qne l’antique lùi-mê^me-
nous donne quelques exemples du changement que-
nous combattons;.mais ils fortifient notre principe
par le mauvais effet qu’ils préfentenL Citons-ie--
plus remarquable.
» Au Panthéon, les quarrés du compartimen t dé -
la voûte étant enfoncés par degrés, en forme de
pyramides cr.eiifés, l’axe de ces pyramides, au lien1
de tendre au centre de la voûte , fe va-rendre-
à cinq:pieds du pavé, au milieu du temple^&
conféquemment il n’eft point perpendiculaire à \i<
bafe de la pyramide, ainfi qu’il auroit été nécef--
faire pour garder la fymmétrie.21 arrive de là;qusées
pyramides creùfes font vues d’en bas & dfctis
point du milieu, fous le même.afpeéï qu’elles le
feroient, fi elles étoient dirigées au centre dé la
voûte que le-fp.eétateur y fût éleyér Mais qu’ii