
pofée de pierres qui ont leur longueur en parement.
Par cet arrangement, les pierres ont une double Jiai-
fon j Tune en parement, & l’autre dans l’épaifTeur du
mur. Les aflifes formées des pierres qui ont leur
longueur en parement, font compofées-de deux rangs
qui forment enfemble l’épaifleur du mur. Les aflifes
compofées de pierres qui ont leur partie quarrée
en parement, font formées d’un feul rang qui croife
les deux rangs de l’aflîfe de deflous. - .
On trouve à Rome & aux environs plufîeurs reftes
d’édifices antiques appareillés de cette manière , tels
qu’une partie des murs de quai, près de l’embouchure
du grand égout5 un autre à Paleftririe , un refte de
tombeau antique à Alhano 3 appelle le tombeau des
Horaces.
La figure 9 offre une portion de mur compofée ■-
de pierres femblables aux précédentes & difpoféë
de manière , que chaque aflife efl formée alternativement
de deux pierres qui ont leur longueur en parement
, & qui font enfemble l’épaiflèur du mur, &
d’une autre pofée en travers qui fait parement dé
chaque côté du mur. Vitruve dit que cette manière
d’appareiller étoit en ufage chez les Grecs, & qu’ils
appelloient Aicltowç les- pierres à deux paremens '
quarres qui formoient l’épaiffeur du mur. A Paris, on
appelle ces pi'erres parpains, & l’on nomme carreaux
celles qui n’ont qu’un parement. On rencontre à
Rome plufieurs exemples dé cette efpèce à'appareil
dans les conftru&ions antiques qui font un affez bel
effet.
La figure 10 met fous les yeux un genre à’appa-
Td il dont on fait beaucoup d’ufage à Rome , & en
plufieurs autres endroits de l’Italie. Il eft compofé
de deux aflifes de différente hauteur, pofées alterna-
nativement l’une fur l’autre 3 cet arrangement répond
à celui dont parle Vitruve , & que lés Grecs appelloient
■ vLso!' ictûS'-o/j.oç. Pour que cet appareil pro- .
duife un bon effet, il faut que la hauteur des petites
aflifes, n’ait que les deux tiers de celle des grandes 5
8c que les pierres de l’une & de l’autre aflife ayerit
en longueur deux fois leur hauteur.
Dans toutes les conftructions en pierre de taille,
on obferve que , lorfque les pierres font trop longues
par rapport à leur hauteur , elles fe rompent. au
milieu fous le moindre fardeau 5 & , comme dans
Y appareil ordinaire, les joints d’aplomb d’une aflife
répondent toujours au milieu des pierres des aflifes
qui font immédiatement au-deffus & âu-deffous 3 il
en refaite que lorfqu’une pierre trop longue fe caffe
dans le milieu , il fe trouve trois aflifes l’une fut
l’autre fans liaifon, & s’il s’en cafle deux ou trois'
dans le même aplomb , il fe fait une léfarde où
défunion qui peut caufer la ruine d’un édifice.
Ces obfervations font naître l’idée de chercher
quelles feroient les formes & les dimenfîons qui con-
viendroient le mieux aux pierres de taille * pour qu’il
en réfultât la plus grande folidité. Les pierres cubiques
font fans contredit les plus fortes 3 & elles peu- ƒ
vent fans fe rompre réfîfter aux plus grands fardeaux.
Il exifte à Rome plufieurs parties d’édifices , où les
anciens employèrent cette méthode , tels que les
reftes de la prifon Tullia, auprès du Capitole , &c.
En général les pierres de taille des conftruétions antiques
font plutôt cubiques que barlongues 5 cependant
comme les pierres cubiques ne forment pas beaucoup
de liaifon les unes fur les autres, les moindres dimenfîons
qu’on puiffe donner aux pierres , par
rapport à leur hauteur , lorfqu’elles ont un grand
poids à porter , devroient être une fois 8c demie leur
hauteur pour leur longeur , 8c autant pour leur largeur.
Les pierres qui.font dans ces dimenfîons ont
plus d’afliette & de liaifon que les pierres cubiques ,
& elles ne font pas aflez longues pour fe rompre.
. Ainlî une pierre qui porteroit un pied de hauteur
d’aflîfe, devroit avoir un pied & demi de long 8c
un pied & demi de large , pour pouvoir fupporter ,
fans danger de fe rompre , les plus grands fardeaux.
Dans les cas ordinaires , la proportion qui convient
'le mieux, tant par rapport a la folidité que
eu égard à la beauté de Y appareil, doit être deux
fois la hauteur pour la longueur en parement, 8c une
fois 8c demie pour la largeur.
Ces dimenfîons conviennent aux pierres d’une dureté
moyenne. Il fe trouve des pierres qui ont une
fi grande fermeté, qu’on pourroit fans rifque, leur
donner en longueur, jufqu’à quatre à cinq fois leur
hauteur 8c même plus. Dans certains cas , plus les
pierres font longues , 8c mieux elles valent 5 comme
lorfqu’il s’agit d’entablemens ou de frontons de
tablettes de baluftrades 3 des petits murs d’appui pour
les terraffes ,__les quais , ou les ponts 5 des marches
d’efcaliers , & autres parties qui ne font que couvrir
& terminer les édifices , 8c qui n’ont aucune
charge à porter.
On a repréfenté à la fîg. 11 Y appareil d’une partie
de mur du théâtre de Marcellus à Rome , pour faire
voir les précautions extraordinaires que les anciens
Romains prennoiegt pour donner à leurs édifices la
plus grande folidité. Outre que toutes les pierres
font pofées en liaifon , elles font encore reliées les
unes aux autres par des entailles & des crampons :
ainfi qu’on le voit à la figure citée.
Quant à Y appareil des voûtes , arcs & arcades,
le principe général eft que tous lés joints foient perpendiculaires
à la courburé du eeintre 5 & que toutes
les pierres qu’on nomme vouffoirs, foient par rangs
horizontaux , lorfque les naiffanceS font de niveau 5
& parallèles aux naiflances,. lorfqu’elles font inclinées.
( Voye£ les mots voûte , arc, arcades ) 3 8c, pour
ce qui regarde la manière de tracer les pierres,
Voye^ les mots trait, tracer, épure, êquarijfèment.
A P P A R E IL . L ’ufage a introduit dans plufîeurs
pays la méthode de marquer 8c de rendre vifîblé
Y appareil des pierres : la première & véritable raifon
de cette coutume , fut de déguifer par là les petites
ffaftures des arêtes ou peut être de les prévenir. Depuis
il s’eft gliflé plufîeurs abus dans cette pratique :
un des plus fenfibles, 8c qui cependant fe rencontre
dans un grand nombre de bâtimens François , eft de
marquer un faux appareil, d’en impofer a la v u e ,
& détromper l’oeil par'une apparence illufoire d’une
difpofition de pierres qui n’exifte point. L e tems qui
ne manque jamais de trahir cette impofture, laifle
appercevoir a“> la. longue les joints du véritable ap-
pereil, lefquels fe trouvent en contradi&ion avec ceux
de l’appareil faéfcice. Un autre abus non moins ridicule
, eft de tracer & de figurer réellement Y appareil
dans les colonnes , les architraves & autres membres
d’architecture dont l’eflence eft d’être intègres
& d’un feul morceau. ( Voÿe^ A rchitrave 8c C laveau.
) Rien de plus contraire à la beauté , & à l’idée
de folidité qui doit accompagner une colonne,
que d’en faire par ce jeu puéril & cette vaine dé-
monftr aticjn Aé^Yappareil, un compofé de petites
partiês qui démentent à l’oeil ce que lle doit être. Rien
ne tend plus à diminuer le caractère de force
qu’un fupport a befoin d’avoir , ou- tout au moins de
paraître .avoir, lorfqu’il ne l’a pas réellement. Cette
oftentation de: pauvreté- ne fauroit fervir .à la faire
exeufer , & ne produit aucun effet qui puiffe dédommager
de l’idée de foibleffe qui l’accompagne.
A P P A R E IL L E U R , f. m. (conflruftion) On appelle
ainfi un principal ouvrier qui eft chargé de tracer en
grand, les épures & tous les développemens néceffaires
pour chaque pierre en particulier, de manière.qu’étant
raffemblées 8c pofées en place , elles forment un tout-
conforme au deflin de l’architecte.
Il faut qu’un Appareillcur connoiffe bien tous les
principes de la géométrie pratique 5 & qu’il fe foit
exercé quelque tems à couper le tra it, c’eft-à-dire
à faire des modèles détaillés dès parties les plus
difficiles à exécuter ,- telles que les voûtes 8c les efea-
liers, &c. Il faut de plus qu’il ait taillé la pierre pour
apprendre à connoître fa qualité , le fens des l i t s ,
8c la manière de ■ la travailler 5 il faut qu’il fâche
ménager la pierre, & " profiter des moindres morceaux.
A P P A R T E M E N T , f. m. C e mot vient du latin
partimentum qui dérive du verbe partiri divifer , ou
bien des mots latins à parte manfionis , parce qu’il
fait partie d’un bâtiment. On entend par appartement
, . une fuite de pièces néceffaires pour rendre
une habitation complette.
Parmi les reftes nombreux de monumens antiques
qui font parvenus jufqu’à nous , • il s’eft peu trouvé
d’habitations particulières bien confervées. Les thermes,
deftinés à des ufages publics, annoncent aflez par
l’immenfité de leurs difpofîtions intérieures , 8c par
la diftribution des falles , que jamais il n’enfermèrent
d appartemens 3 & l’on fe feroit d’après ,eux de
fauffes idees des habitations antiques. Le palais des
Céfars eft tellement détruit , que toute fa diftribu-,
tien intérieure eft devenue un labyrinthe, où'chacun
fe perd & fe retrouve comme il le peut. C e n’eft pas
que dans le grand nombre d’édifices ruinés qui
fubfiftent encore aujourd’hui , il n’exifte plus d’un
intérieur d'appariement , 8c beaucoup de diftribu-
tions qui doivent en avoir fait partie 3 mais , dans
prëfque tous, ces pièces détachées, féparées de leur
enfemble , & n’ayant plus de liaifon entr’elles, ne
permettent que des conjectures fur leurs deftinations,
leurs ufages, leurs dénominations , & le goût de leur
décoration. C ’eft dans les nouvelles découvertes de
la ville de Pompeii qu’on peut trouver les notions
les plus fadsfaifantes fur cet objet , fur-tout dans
la maifon de campagne qui étoit hors de cette v ille ,
& dont nous parlerons tout-à-1’heure. Auparavant il
. convient de rapporter ce què Vitruve nous a tranf-
mis de la diftribution des appartemens des Grecs &
des Romains.
Il paroît d’abord que les maifons dont Vitruve
domie les régies étoiçnt ordinairement d’autant plus
fpacieufes qu’elles n’avoient qu’un feul étage 5 ce qu’il
ne faudroit cependant pas entendre de toutes les mai-
• fons , mais feulement de celles des riches. ( Voyeç
Maison des A nciens. )
Il faut obferver , dit Vitruve , de quelle manière
on doit bâtir les lieux deftinés à loger le maître
de la maifon , & les lieux qui feront pour les étrangers
3 car dans les appartemens particuliers, tels que
font les chambres, les falles à manger , les bains 8c
les autres lieux de. cette nature , il n’entre que ceux
qui y font invités 3 mais tout le monde a droit d’entrer
, fans être mandé, dans ceux qui font publics,
tels que font les veftibules, les cours , & les autres
parties qui font deftinées à des ufages communs. O r ,
les gens qui ne font pas d’une condition fort relevée
n’ont b efoin , ni de veftibules , ni de cabinets
grands & fpacieux, parce qu’ils vont ordinairement
faire la cour aux autres, & qu’on ne la leur vient
point faire chez eux. Les gens d’affaires & les par-
tijans ’■ doivent avoir des appartemens plus beaux &
plus commodes que les marchands 3 màis il faut qu’ils
foient bien fermés, afin d’être en .fûreté contre les
voleurs. Les gens de judicature 8c les avocats les veulent
encore plus propres & plus fpacieux, à caufe de
la multitude de perfonnes qui ont affaire à eux. Les
perfonnes de condition qui font dans les grandes
c h a r g e s 8c qui fervent le public , doivent avoir des
veftibules magnifiques, de grandes falles, des pé-
riftyles fpacieux 3 il faut que tout y foit beau 8c
majeftueux. Ils doivent de plus avoir des bibliothèques,
des cabinets ornés de ^tableaux , & des bafi-
liques qui ayent la magnificence qu’on voit aux édifices
publics, parce que dans ces maifons, il fe fait
des affemblées pour les affaires de l’état , 8c pour
les jugemens 8c arbitrages par lefquels fe terminent
les différends des particuliers.
V o ilà certainement des gradations (Yappartemens
indiquées avec beaucoup de vérité & de précifîon 3
on peut cependant regretter que l’archhedre Romain
H ,j