
Laurent à F lo re n c e , qu’il conduifit jufqu’à la
hauteur du foubaffement.
Le magnifique tabernacle tout en pierres dures
& précieufes , qui doit faire un des principaux
ornemens de cette chapelle.
Plufieurs deflins & projets pour l ’embelliffement
de la façade de Sainte-Marie-des-Fleurs.
Les ornemens qui couronnent la loge de Lanzi.
Les chambres qui font au-deffus de la mon-
noie.
La belle porte délit Suppliche.
L a Villa y appellée Marignola, que le grand-
duc François de Mèdicis fit conftrnire pour un
certain D . Antonio , & qui appartient aujourd’hui
à la maifon Capponi. C ’eft un petit palais à trois
étages bien diftribués ; fa porte corinthienne eft
furmontée d’une baluftrade. Les croifées de chaque
étage font dans une diftance bien proportionnée
les unes a vec les autres. Leur forme eft belle &
leur décoration fage. L e rapport des parties au
tout eft très-harmonieux.
Le palais Strozzi à Florence fut commencé fur
les deflins de Buon-Talenù. O n entend parler de
celui qu’on diftingue des autres de ce même nom
par le furnom de Canto de P a ^ i. C e vafte palais,
& qui n’a point été terminé , eft^ l’ouvrage de
trois grands archîteâes , Bu on -T a len ti, Scamozzi
& Ludovico Cigoli. Il n’y a de notre architeâe
que la face de la rue Maggio & le premier étage
ou le foubaffement du côté de Borgo Degli A l -
bizi. Le caraétère dé ce foubaflement, qui comprend
l ’étage du rez-de-chauflée & la porte, eftaufli noble
& impofant que bien entendu ; mais les détails
& ornemens des croifées & de la porte , font d’un
goût bifarre, & que la grandeur feule des mafles
peut faire pardonner. T e l eft en général le caractère
de l’architeélure florentine, que la grandeur
du tout vous faifit dabord & vous empêche d’ap-
percevoir les détails. Cette impreflion d*étonne-
ment diftrait eiiriérement l’aine de tout examen
partiel. Il faut avouer aufli que jüfques dans les
caprices qu’on vondroir ne point trouver mêlés
avec les grands partis de cette architecture, il règne
je ne fais quel caraCtère férieux qui en corrige
la puérilité , & que la forme refte toujours grande
au milieu des détails qui la déparent quelquefois.
Les caprices des Florentins, dans l’architeéture
reflemblent à ces traits de plaifanterie qui fou-
vent font le propre des hommes les plus fé r ieu x ,
& qui n’acquièrent même qu’un fe l plus piquant
par le contrafte qui les fait reflo r tir , & ne déparent
point le caraCtère le plus grave. Les caprices
qu’on voit ail'eurs reflemblent aux bouffonneries
de ceux qui font le métier de plaifant.
Q u e l que foit le jugement qu’on doive porter
des licences que l’architéCte peut fe permettre en
c e genre ( voye^ C aprice ) , Buon-Talenù paroît
avoir été un des plus féconds inventeurs de ces
fortes de caprices. Baldînucci nous apprend qu’il
imagina le premier d ’introduire fur le s corniches ]
& architraves y dçs frontons, dont les chevrons
font retournés à l’en v e r s , comme il le fit à h
porte delle Suppliche. I l eut attention cependant
ajoute-t-il, de ne faire ufage d’ un pareil couronnement
que dans des intérieurs d’éd fices. Il
ne fe les permit pas dans les parties des bâtimens
expofées à la p lu ie , vu l’ inconvénient auquel
ces fortes de forme expoferoient les portes &
les fenêtres. O n comprend, en e f f e t , que le
fronton ne fe place au-deflus de ces ouvertures
que pour les garantir de la chute des eaux. Si
le befoin de cette forme devoit toujours en j,uf.
tifier l’em p lo i, fans doute on devroit généralement
la profcrire des intérieurs , & le bon fens
s’accommoderoit mieux de cette profcription un
p e u fé v è r e , que des contours capricieux de Buon-
Talenù.
A u re fte , il ne fut pas toujours fi fcrupuleux
obfervateur de ces conVenances, que fon hifto-
rien voudroit nous le faire entendre. Les ornemens
des croifées du palais Strozzi dont je viens
de parler , participent beaucoup, quoiqu’elles
foient extérieures, de la forme vicieufe des chevrons
retournés. A u caftn de Corfini on voit des
frontons de croifées extérieures , dont le Commet
eft tronqué fans doute pour y placer des éctiffons,
& ces ouvertures, dans la partie fupérieure , font
tout ce qu’on peut trouver de plus contraire aux
b efo in s , aux convenances & à la beauté des
frontons.
Cependant les abus dont je viens de rendre
com p te , & qui fe trouvent trop fréquens dans
l’archire&ure de Buon-Talenti, ne font , comme
je l’ai déjà d it, que des défauts d’autant plus légers,
qu’ils furent uniquement l’effet d’un amour mconfi-
déré de la nou ve auté, ou d’une condefcendance
peu réfléchie pour des ufages de peu d’importance.
Ils font d’autant plus excufables que la grandeur
des maffes les fait difparoître, qu’ils n’attaquent
point les formes effentielles , qu’ il eft toujours aifè
de les corriger par la pen fée, qu’il feroit encore
plus facile de les reâifier dans la réalité.. Ces abus
ne font point le réfultat d’un goût v i c i é , mais
feulement l’écart inconfidéré d’un caprice local.
Buon-Talenti n’en connut pas moins la pureté
des formes, la févérité des profils & toute l’auf-
térité du caraâère le plus grave. Sa porte rufti-
que derrière le palais v ie u x , eft un modèle à citer,
de force , de grandeur , de fimplicité, & du mode
le plus viril. L ’emploi des boflages y eft ûeureux,
& leur ftyle n’y eft q«.’énergique , fans être lourd,.
On peut encore prendre une idée des formes &
de la manière de cet architeéle dans l’ouvrage de
R u g g ier i, où l’on trouvera les détails k s plus inté-
reflans de fes principaux monumens.
Il faut parler du mérite de Buon-Talenti dans
1 architeélure militaire, où il eut plus d’une oc-
cafion de faire connoître toute fa capacité.
La forterefle dite du Belvedere à Florence eft.
fon ouvrage : il fit aufli cette étonnante ferrbre
qui ferme la porte du tréfor placé dans cette for-
tereffe. Un reffort meurtrier s ’y trouve dirigé ,
de manière à tuer celui qui tenteroit de l’o u v r ir ,
fans être inftruit du fecret invifible qui en fait
la sûreté.
Le duc d’A lb e appeila notre artifte à Naples
& l’employa aux fortifications de plufieurs villes ,
telles qîie Tronto dans le royaume de Naples ; il
s’en fervit aufli comme d’ingénieur dans plufieurs
places fortes. La forterefle de Porto Ferraio dans
l’île d’Elbe , & les deux ports furent conftruits fur
fes deflins. Livourne , G ro fle to , P if lo y a , Prato ,
furent fortifiées par lui : les foffés de L ivo u rn e ,
les arfenaux de P i f e , une foule d’ouvrages de ce
genre lui méritèrent la place d’ingénieur-en-chef
de toute la Tofcane. Il fit conftruire des ponts
dans toute fon étend ue, éleva des digues & inventa
un grand nombre de machines de guerre.
Il paffe pour avoir perfeâionné l’ufage du canon
& avoir donné la première idée des bombes &
des mortiers.
L e génie de Buon-Talenti ne fut pas moins admirable
par toutes les inventions méchaniques dont
il enrichir les arts paifibles qui font l’agrément
des villes. Je ne finirois p a s , s’il falloit rapporter
les defcriptions des fêtes magnifiques dont il fut
l’ordonnateur, de tous les genres de fpeélacles &
de décoration théâtrales, dans lefquelles il fit
briller les reffources inépuifables de ion imagination
& fon goût pour les grandes chofes. On
trouvera ces récits détaillés dans la v ie qu’a écrite
de cet artifte Ba ldinucci, fon contemporain , &
dont celle que je donne ici n’eft qu’un abrégé
fuccint.
A v e c tant de talens d iv e r s , avec tant de eon-
noiflances ft variées & fi étendues, cet artifte
devoit être du commerce le plus intéreffant. Aufli
le grand-duc François qui favoit en évaluer le
p r ix , fe l’ètoit particuliérement attaché ; il le
menoit toujours en voiture avec lui. La fociété
des grands n’avoit rien ôté à la franchife de fon
caractère. Des courtifans, un jo u r , critiquoient les
plans & les deflins de quelques édifices qu’il prê-
fentoit au prince. Entendez-vous , lui dit ce lu i- c i,
les critiques que l’on fait de vos ouvrages. Je
les entends, répond l’artifte ; elles peuvent être
bonnes ; mais j’ai f i peu de mémoire que je crains
bien de les oublier ( Et à l’inftant tirant de fa
poche une rè g le , un compas & du crayon ). Je
voudrois que ces Meilleurs priffent la peine de
defliner leurs id ées, comme j’ai deflïné les m iennes,
pour me mettre en état de les comparer & de les
juger comme ils m’ont jugé. Les courtifans q ui
n avojent jamais manié ni règle ni compas , reflè- i
rent aufli muets.qu’im mobiles; & le prince,en riant r
Voilà pour v o u s ,. Meilleurs,, qui critiquez, fi k fte-
oeent les ouvrages des maîtres.
Buon-Talenù ouvrit dans fa propre maifon, fî-
tuee rue Maggio ,. une école publique qui fût fa-
«îewfe dans toute l’Europe y & devint le rendez?
vous des étrangers , des fejgneurs florentins, des
amateurs & des artiftes de tout genre ; elle étoit
fur-tout o u v e r te , & gratuitement, à tous les jeunes
gens. C e t artifte éjoit le père de fes é lè v e s , & les ai-
doit de fa propre bourfe. Toujours le premier à proclamer
leurs talens il follicitoit pour eux des ouvrages
même à fon propre détriment. Le nombre des
habiles gens fortis de cette école feroit difficile à
fixer. Il s’y en forma dans la peinture i la fculpture,
1 a rchite&ure , la perfpe&ive , la méchanique , les
fortifications, le g én ie , & c . Les plus célèbres
Florentins que l’on cite furent Jules Parig i, A u -
guftin Migliorini qui lui fuccéda dans l’art des décorations
de théâtre, Gérard S ilv an i, Ludovico
Cigoli 8c Bernardino Pocéti.
Les nombreux ouvrages que fit Euon-Talentiauv
e n t dû lui procurer de grandes richeffes. Mais
fon défintéreflement s’oppofoit à fa fortune. L ’amour
de fon talçnt la diminuoit de plus en plus ; il
dépenfoit ifout en modèles, en projets de tout
genre pour le Service du grand-duc. La vieilleffe
lui fit appercevoir enfin & fentir avec des infirmités
la modiciré de fa for tun e , & le regret de
laifler fi peu à fa fille unique qu’il aimoit & qu’il
alloit laifler chargée d ’une nombreufe famille. C e
trifte avenir abrégea fa v ie ; il mourut âgé de
foixante-douze ans. Le grand-duc inftruit de 3a
pofition de fes affaires, paya fes de ttes, & fit
une penfion à fa f ille , ainfi qu’à chacun de fes
enfans.
B U R E A U , f. m. C ’eft le nom qu’on donne à
toute chambre où l’on règle des comp tes, où l’on
fait des paiemens.
O n le donne aulfi aux endroits où s’aflemblent
les dire&eurs des hôpitaux & des communautés,
ainfi qu’aux lieux où les marchands fe réunifient
pour délibérer fur les affaires qui regardent leu r
corps.
Prefque tous les corps & communautés de com<-
merçans & d’artifans ont à Paris des lieux plus
ou moins fpacieux , plus ou moins apparens,
qu’ils appellent leur bureau. Le plus b e a u , le plus,
riche & le plus connu de tou s , le feul même
dont il foit poflible de faire une mention particulière
dans un ouvrage d’archiie&ure , eft le
bureau des marchands drapiers fitué rue des D é chargeurs.
.Son frontifpice enrichi d’une très-belle
fculpture & d’allégories relatives au commerce*
eft une des plus ingénieries compofitions qu’o it
admire à Paris. Ce t ouvrage eft dû au génie de-
Libéral- B ru an t , un des meilleurs architeâes du
fiècle dernier. J’en ai donné la description, à la
v ie de cet artifte ( Voyeç Bruan t ) . Je n’en-répéterai
rien ici.
L e terme de Bureau eft encore Te nom^dès bâtimens
conftruits à l’entrée des villes pour la perception
des droits.
BU R L IN G TO N . C e fêigneur s’eft difthiguét
parmi la. nohlefle angloife * par fon goût exquis
pour les beaux arts & fur-tout pour rarchiteâuesi.