
as décoration extérieure des bâtimens : les portes , les
a» croifées , les cheminées , les corniches des appar-
33 terriens étoient toutes d’un ftyle grave & férieux 5
33 rarement fe permettoit-on de leur donner d’autres
»3 formes que celles rondes , ovales , quarrées ou.
33 parallélogrames 3 les profils, & les ornemens étoient
33 toujours du genre le plus mâle. Entre les mains
33 -des Perrault, des Manfart & des le Brun , ces
33 fortes de décorations avoient , fans doute, de la
33 grâce , de la noblefîe , & de la dignité 3 elles don-
3j noient l’air le plus impofant a 1 intérieur . des
33 grands apparternens , ainfi qu’on peut en juger par
33 les modèles qui nous en relient dans les anciens
33 palais : mais , fous leurs imitateurs, elles dégénerè-
33 rent bientôt 3 elles devinrent d’une monotonie &
33 d’une pefanteur infupportable ; on les accabla fous
33 une multitude d’ornemens placés fans ordre & avec
33 confufion 5' ce qui fît ,qu’on s’en dégoûta infenfî-
33 blement. Il y a environ fo ans qu’on donna dans
33 un excès tout oppofé. On abandonna les formes
33 régulières ; on s’appliqua à tourmenter les déco-
33 rations intérieures de toutes les manières, fous pré-
33 texte de les varier , ’ de les alléger & d’egayer. les
3 3 apparternens. O n n’admit plus dans les decora-
33 tions que des contours extraordinaires , qu’un
33. alfemblage confus d’attributs places fans choix ,
33 & alliés avec des ornemens d’une imagination bi-
»3 zare , ou. l’on trouve un amas ridicule de car-
33 touches , de travers, de rocailles, de dragons , de
33 rofeaux, de palmiers, &c. Toutes inventions grot-
33 tefques qui ont fait pendant long-tems la baie de
•3 nos décorations intérieures,.33
Enfin la lafiîtude & l’ennui de toutes ces puérilités
ont ramené un meilleur goût & un choix plus
fage de formes & d’ornemens. Si depuis quelques
années , le goût des diftributions petites & commodes
n’a pu donner au génie de l’archite&e les
moyens de s’élever f B f grandes idées de la décoration
, au moins dans les bornes étroites où il fe trou-
voitrefferré , On l’a. vu , fagè & pur dans fes invention
s, allier à l’élégance de l’ameublement , la fim-
plicité des formes & la Variété des ornemens antiques.
On doit dire , en général, que la décoration des
appartcmcns exige beaucoup de jugement & de dif-
crétion dans la répartition des ornemens. On ne les doit
pas plus prodiguer au hazard dans les dedans que
dans les dehors d’un édifice 3 car jamais leur profu-
fi'on ne produifit de beauté en' architedure 3 elle dé-
céle communément le défaut du génie , & non la
fécondité de l’artifte. Il feroit àTouhaiter qu’on eut
fans cefle préfent à T efprit, en compofant une décoration
d’architedure , ces vers du temple du goût :
« simple en étoit la noble Archkeëtüre
33 Chaque ornement en fa place arrêté
p Y fembloit pii s pat la néceffité 3 _
33 L’art s’y cachoit fous l ’air de la Nature 3
33 L’oeil fatisfait embralToit la ftruûure,
33 Jamais furprls 8c toujours enchanté.
On diftingue ordinairement dans les palais trois
fortes' d’apparternens : le premier qu’on appelle de
commodité , le fécond de fociété, le troifiéme de parade.
L ’appartement de commodité efl à l’ufage per-
fonnel des Maîtres , & eft ordinairement expofé au
midi pu au nord, félon qu’il doit être habité pendant
l’été ou l’hiver 5 il faut que les pièces qui le com-
pofent foient d’une médiocre grandeur,. & d’une
moyenne hauteur. Ces petits app alterne ns, ont befoin
d’avoir des communications avec les grands , afin que
les Maîtres puifîent pafier des uns dans les autres ,
fans rifquer de prendre l ’air froid du dehors , ou
des veflibules & anti-chambres 5 & puilfent éviter la
préfence des domeftiques ou perfonnes étrangères auxquelles
ces fortes de pièces font abandonnées. Il eft
fur-tout important d’éloigner ces apparternens des
baffes cours , de la vue des domeftiques & de les garantir
du bruit. L e nombre des pièces de ces apparternens
de commodité n’exige pas l’appareil d’un grand appartement.
Le commode & le fâlubre y font les chofes
eflentielles. Il fuffit qu’ils foient compofés d’une antichambre
, d’une fécondé anti-chambre pu cabinet,
d’une chambre à coucher , d’un arrière cabinet, d’une
garde-robe ou deux , _&c. Mais il faut abfolument que
ces garde-robes ou anti-chambres,'foient dégagées , de
manière que les domeftiques puifîent faire leur fervice
fans troubler la tranquillité du Maître. LodTque; ces
apparternens font deftinés à. l’ufage des femmes , ils
exigent quelques piécês de plus , à caufe du plus ■
grand nombre de domeftiques 'qui communément
font auprès, d’elles 5 alors il eft befoin de multiplier
les garde-robes , & de pratiquer quelques cabinets
particuliers de toilette , &c.
Les apparternens de fociété font faits pour recevoir
les perfonnes du dehors , les amis, & ceux qui viennent
faire compagnie au Maître & à la Martre fie, du
logis. Us doivent fe réunir & fe joindre à Vappartement
de parade , au moyen de pièces intermédiaires,
afin qu’en cas de fête ou d’aflemblée extraordinaire,
on puifle recevoir avec plus d’éclat & de magnificence
.un plus grand nombre d’étrangers invités par
cérémonie ou autrement;
Les apparternens de parade réfervés pour les plus
brillantes décorations , les meubles les plus précieux,
& les perfonnes de diftinélion, doivent êtr,e fpa-
cieux , dans la plus belle expofition, & avoir une
vue fur la rue principale, ou fur le jardin quand il
y en a. Il faut que les enfilades régnent d’une extrémité
du bâtiment à, l’autre , de manière que l’appartement
de la droite, & celui de la gauche , s’alignent
par l’axe de leurs portes , & s’unifient avec fymme-
trie à la pièce du milieu, pour ne compofer qu’un
tout fan« interruption, & annoncer d’un feul coup
d’oe i l , la grapdeur intérieure de tout l ’édifice.
Ces apparternens de parade, outre le nombre de
chambres , d’anti-chambres , de fallons & de pièces
d’afiemblée qu’ils comportentcontiendront aufll des
galeries de plufieurs genres. Mais ils feront également
munis de garde-robes, & de dégagemens né-
cefîa.ires à l’ufage des maîtres , des étrangers & des
domeftiqpes, afin que toutes les parties puifîent avoir
une connijunication aifée & commode entr’ elles. V o y e z
la deftklation de chacune de ces' p ièces, & la manière
'dont il faut les décorer aux mots fa Lie à manger,
chambre à coucher, cabinet, &c.
A P P A R T EM E N T de P LA IN -P IE D . C ’eft un
appartement dont le plancher des pièces qui le com-
pofent eft de niveau, fans refîauts , ni -feuils au-
defîus du carreau ou parquet. ( Voye^ Plain-pied.)
A P P A R T EM E N T de s BAIN S. C ’eft une fuite de
pièces j ordinairement au reZ-de-chaufîee , qui comprend
les fa lle s , chambres, garde-robes, falles de
bains & étuves 5 le tout décoré , fo i t . de marbres,
foit de ftucs , & enrichi de peintures avec des com-
partiraens de pavé fort riches , comme au Louvre à
Paris , dans les lieux appellés Les bains de la Reine.
C e t appartement doit toujours être expofé au couchant.
( Voye\r Bains. )
A P P E N T IS , f. m. mot tiré du latin appendix, dépendance.
C ’eft un demi comble en manière d’auvent,
qui n’a qu’un égout. ,
• A P P IEN N E , ( L A V O IE ) grand chemin de
Rome conftruitTan de cette ville 442. Le cenfeur
Appius Claudius Craflùs, furnommé l’a v eu g le , le
même qui avoit ammené à Rome l’eau appia , fit
conftruire cette fameufe voie à laquelle il donna fon
nom , & la fit paver depuis la porte Çapéne jufqu’à
Capoue; Depuis elle fut continuée jufqu’à Brindes :
on île-fait ni par q u i , ni à quelle époque. Le pavé
en eft f a i t . de longues & fortes dalles de pierre irrégulièrement
taillées. Appitis , par les dépenfes qu’exigea
ce tra vail, épuifa le fréfor public.
Un bon marcheur , dit Procope, peut en cinq
jours faire toute la voie Appienne. Elle eft afifez large
depuis Rome jufqu’à Capoue , pour que deux chars
puifîent pafier à l’aife en fe rencontrant. C ’e f t , continue
cet écrivain , de toutes les voies. Romaine,s la
plus remarquable. Appius y fit conduire les'pierres
des carrières les plus éloignées, car les campagnes
voifines n’en fourniflent point de femblables. Toutes
les pierres en font tellement polies & équaries 3 leurs
joints font fi exaéts & leur liaifon fi étroite, fans
qu’il y entre aucun corps étranger , qu’on croiroity
voir plutôt l’ouvrage de la Nature que celui de l’art.
Quoique depuis tant de f îé c le s e l le foit fans cefîTe
battue par le grand nombre de voitures , & de chevaux
qui y panent, cependant on ne voit pas qu’aucune
de ces pierres fe foit défunié , rompue , ou ait perdu
fon niveau.
' C eft plus, fans doute, aux ravages de la Barbarie
qu’à ceux du te ms qu’on doit attribuer la deftruc-
tion de ce monument par lui-même indeftruclible de
la puiflance Romaine , & dont il refte encore des
fragmens confidérables , comme 011 le dira tout à
l’heure.
Les difficultés de ce grand ouvrage furent fans
nombre , & exigeoient pour être furmontées toute
la conftance Sc toute la grandeur des moyens que
les Romains; feuls ont pu employer. Une des plus
confidérables dut être , comme le dit Procope , le
tranfport des matériaux. C ’eft à deux miMe de R ome,
& près du tombeau de Cecilia Metella qu’eft fituéè
la carrière^des pierres dont.cette route eft pavée3
mais cette carrière qui étoit à portée pour une certaine
diftance, dût à la fin devenir inutile à mefure
que l’ouvrage s’éloigna , en forte qu’on eft tenté de
croire , comme le conjecture auffi Pauvinius_, qu’on
y employa des pierres de la même qualité qui fe
trouvent dans les montagnes, de Pouzzol & de N aples.
Il faut lire l’ouvrage dé Pranlli ( délia via Appia
riconofciuia ) , pour concevoir toute l’immenfîté de
cette entreprife , & l’intelligence qui en dirigea l’exécution.
Sans doute, dit cet auteur , la voie Appienne
auroit eu bien plus d’étendue , fi Appius Claudius
principalement , & enfuitè. ceux qui la continuèrent
depuis Capoue jufqu’à Brindes, 11’avoient eu
en vue autant la brièveté & la commodité que le
plaifir & l’agrément 3 ils furmontèrent avec des dé-
penfès incroyables toutes les difficultées , applaniflanc
les montagnes , rempliflant les vallons, & élevant
un grand nombre de ponts.
L a conftruélion de cette voie , comme celles de
tous les autres chemins antiques confîftoit en un
mafîif de maçonnerie fur lequel étoient pofées &
afîemblées les grandes dallés ou pavés. Il y a des
deux côtés une efpèce de trottoir qui fert encore de
contrefort à tout ce maffif, & empêche le dérangement
dés pierres. ( Voye^, au mot chemin, les détails
d e là conftruétion des routes antiques.) De douze
en douze pas il y a des pierres plus; élevées que les
trottoirs. Elles fërvoient à fe repofer, & aux cavaliers
pour monter à cheval. A u bout de mille pas ou de
758 toife s, .il y avoit une pierre ou colonne mil-
liaire.
L a largeur de cette route , comme on l’a vérifie
en beaucoup d’endroits où elle s’eft confervée n’eft
pas par-tout la même : du côté de Rome, elle a 2 e
pieds de la rg e , quelquefois un peu p lus, & quel*-
quéfois moins. Au milieu des marais Pontins , elle
étoit plus fpacieufe j afin qu’autun embarras ne put
arrêter les voyageur^, & les expofer à tomber dans
les marais. On trouve quelle y a jufqu’à .36 pieds
de largeu r, y comprisses parapets ou trottoirs. Elle
y eft plus rélevée dans le " milieu pour donner un
plus libre écoulement aux eaux des deux côtés. A u
milieu de ces marais il en refte un fragment très-
confidérable qui s’étend en ligne droite , fur un® longueur
de fept à huit lieues 3.& depuis leur dèiféche