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autant de diverfîtes , remplacées par de nouvelles
diversités, dans d’autres circon fiances.
L ’artiffe jardinier habile , qui s’occupe journellement
des plantes, peut aifément .obierver, non-
feulement la différence générale des couleurs domi*
nantes , m«is encore les variétés & les nuances
de chacune de ces couleurs, dans les arbres & les
arbriffeâux qui pouffent fous fes yeux.
L e temps de la floraifon détermine les efpèces
d’arbres propres à mie fcène de printemps ou à
u n e fcène cl’été. Cependant , c’eft dans la jeune
faifon que l’année fe pare fur-tout de ce genre
d’attraits.
L a plupart des arbres fruitiers plaifent plutôt
que les fauvages, par là beauté & la douceur de
leurs fleurs ; prefque tous font décorés de fleurs
roug e s, blanches, couleur de ch air, ou nuancées
d e ces différentes teintes. Le pêcher , qui fleurit
fi jolimen t, 'l’abricotier & l’amandier font hâtifs ;
ils font fuivis par le cerifier couvert de fes fleurs
blanches, par les pommiers & les autres efpèces ,
chacune à fon tour & dans fon temps. L ’afpeéi
dé leurs fleurs, dont la beauté feule porteroit à
planter les pêchers & les pommiers, réjouit d’autant
plus qu’il eff l’avant-coureur d’une multitude de
fruits favoureux.
Plufieurs arbres fauvages égaient encore la vue
par leurs fleurs , fans flatter de cet efpoir agréable.
Les uns & les autres , par la beauté de leur coloris,
x font très-propres à toutes les fcènes où la gaieté
doit régner, & qui font fur-tout confacrées au plaifir.
Les bocages , c’e ft-à -d ire , les plantations d’ar-
briffeaux , reunis à quelques arbres épars , peuvent
d’abord être compofés fuivant les différentes couleurs
de leurs fleurs. C ’efr ainfi qu’on peut faire un bq-
çage tout compQfé d’arbrjfleaux à fleurs blanches,
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comme rofes blanches & lilas de la même teinteij
pelotes de neige , jafmin, & c . ; & au milieu , où/
aux côtés de ce b ocage,, ou autour du chemiiî
qui y mène , ou fur le -gazon attenant, on peut
planter quantité de fleurs de cette même nuance.'
O n peut de njêne planter des bocages entiers d’une
des autres couleurs dominantes, comme le jaune, le
rouge & le bleu , entre-mêlant les arbriffeaux de
fleurs femblables. Ceci fournit des fcènes d’un effet
très-agréable, fur-tout lorfque quantité de ces an»
briffeaux fleuriffent à la fois dans un certain temps ,
ce qui arrive ordinairement au printems & au commencement
de l’été. Mais ces bocages doivent en
général être richement plantés , fans quoi toute
l’ordonnance auroit quelque chofede puéril & manquer
oit l’effet qu’on en attend. L ’uniformité de
couleur eft compenfée par les diverfes nuances &
teintes, & par les divers mélanges qui régnent dans
chaque couleur dominante , & qui attirent la v u e ,
en l’engageant à une obfervation plus exa&e.
Cependant un goût délicat préférera peut-être à
ces fcènes uniformes, un mélange, une composition
pittorefque de différentes couleurs. Ici fu r -tou t,,
pour produire un tableau qui puiffe plaire au coh-»
noiffeuf , il faut im oeil exercé aux diverfes teintes ,
affinités & liaifons des couleurs qui doivent être
mariées enfemble , fuivant qu’elles font amies ou
tranchantes. L e blanc s’allie avec les trois autre*
couleurs , tant avec le rouge & le b leu , qu’avec
le jaune : le jaune fe mêle mieux avec le blanc
qu’avec le rouge & le bleu ; le rouge s’accorde
plus avec le jaune qu’avec le bleu. Cependant les
couleurs intermédiaires peuvent faciliter- & adoucir
les mélanges. Des fontes douces , & un mariage
aimable des couleurs , paroiffent préférables à de
grands contraffes dans cette forte de peinture^
£ Voye^ Couleur ).
Fin du Tome premiera