J Ê
SS
l o i B A L
«u une maifon d’une manière mefquine, elles ajoutent
à la hauteur des entablemens, qui femblent alors
écrafer les colonnes ou les pilaftres qui les portent.
Les combles dont elles cachent une partie , prodùi-
fent encore le plus mauvais effet ; on croiroit âpper-
cevoir un autre édifice derrièrre la façade ; il n’y a
plus d’enfemble & de liaifon entre le tout & fes parties.
Dans les climats froids & pluvieux , où le toit
incliné eft abfolument nécelfaire, il devroit faire
amortiffement avec la corniche de l’entablement.
L ’édifice fe terminant en forme pyramidale paroî-
troit moins lourd & moins écrafé. On eft bien éloigné
pourtant d’approuver la hauteur prodigieufe qu’on
donnoit jadis aux toits, encore moins la forme barbare
imaginée par Manfard, & qu’on a quittée en partie
pour les baluflrades.
Si l’édifice doit avoir un comble, dit L au g ie r, il
faut bien fe garder de conftruire une balufirade au-
deifus de l’entablement, comme plufieurs architectes
l’ont pratiqué inconfidérement, 8c comme on lé voit
au Palais du Luxembourg. L a balufirade fuppofe
toujours un édifice couvert en terrafle, & fans toit.
C ’eft donc un contre-fens , ou plutôt une contradiction
manifefte, de joindre la balufirade au toit. On
pourroit aller jufqu’à mettre en queftion fi la balufirade
au-deflùs de l’entab lement, même aux édifices où
il ne paroît pas de to it, n’eft pas contre les bonnes
règles. L ’entablemènt préfente toujours l’image des
entraits , des jambes de force , 8c des chevrons qui
conftituent la charpente du toît. Eft-il donc naturel
que le toit foit fupprimé, quand on en conferve tous,
ces indices frappans ?
Peut-être y auroit-il trop de rigueur à vouloir
exclure l’entablement des édifices fens toît. Il n y a
perfonne qui n’ait remarqué le mauvais effet que
produit cette privation dans les maifons de Naples,
qui n’ont ni toît , ni entablement ; on croiroit, au
premier afpect, ou qu’un incendie vient d’en détruire
la charpente , ou qu’elles ne font pas finies. Seulement,
lorfque l’architecte veut terminer une maifon par une
terrafTe , il doit, obferver de n’indiquer , dans fon
entablement, que les parties qui conftituent le plancher
, telles que l ’architrave & la frife. C ’eft dans ces
cas que l’ufage des baluflrades peut s’employer avec
fuccès , parce qu’elles fuppléent au refte de l’entablement.
Quoiqu’ il foit allez difficile' dé fixer les règles que
doivent avoir les baluflrades modernes, dont le goût
équivoque & bâtard femble ne point appartenir à
l’architeéture, nous allons rapporter celles que J. F.
Blondel leur aflîgne.
« Les baluflrades de pierre ou de marbre fervent,
d it- il, à deux ufages dans le bâtiment ; l’un pour
fervir d’appui aux terraffes qui féparent l’inégalité de
hauteur du terrain dans un parc , dans des cours ou
dans des jardins ; l’autre pour tenir lieu de balcon ou
d’appui évuidé à chaque étage d’un édifice , ou pour
lui fervir de couronnement lorfque les combles ne font
pas apparens ; cette décoration ne devant pas avoir
lieu, lorfque la néceffité ou l ’ufage exige des combles.»
B A L
ce La hauteur des premières baluflrades n’a d'autre
fujétion que celle d’être proportionnée à celle du
coude ou hauteur d’appui : celle, des fécondés doit
a vo ir , en général, le quart, plus un fixiéme de 1 ordre
qui les foutient ; c’eft-à-dire la hauteur de 1 entablemen
t, plus une-fixiéme partie. Elles font cojnpofées
ordinairement de trois parties principales* (avoir dua
focle ou retraite , d’un dez & d’une tablette : ces trois
parties, comprifes enfemble , doivent fe divifer en 9
dont on donnera 4 à la retraite , ou fpcle i 4 au dez
& une à la tablette : mais, comme cette hauteur de
balufirade, tenue extérieurement du quart, .plus un
fixiéme de l’ordre , ferait fouvent trop haute pour
fervir d’appui du côté des appartemens ou ten allé
fupérieures d’un bâtiment alors le fol des étages
intérieurs peut être élevé jufqu’à la hauteur de la
retraite , à x ou 3 pouces près. »
« On fait fouvent des baluflrades qui tiennent lieu
d’attiques ou d’amortiffement aux etages fupérieurs
d’un édifice , & dans lefquels on n’introduit point de
baluftres , ne devant les employer que lorfqu’il y a
des vuides dans le bâtiment ; tels que font les croi-
fées-, les portas , les entre-colonnes : or il eft quelquefois
des bâtimens qui n’ont point d ouvertures
remarquables ; alors il faut fouftraire les baluftres
dans ces baluflrades, pour leur donner un carâ&ère de
folidité qui réponde au refte de l’ordonnance : mais,
quand on en fait u fage, il faut éviter d’en mettre
plus de 'onze dans une même tra vee, ou moins de
cinq. Cependant au château de Clagny on voit des
endroits qui n’en ont que deux, & quelquefois un,
ce qui marque un trop petit efpace vuide fur. une
grande fade de bâtiment d’ordonnance légère. Au
château-d’eau du Palais Royal au contraire qui eft,
d’un caraûère ruftique , on voit des travées qui en
ont jufqu’à 1 4 , ce qui eft un défaut de convenance.
On doit avancer, comme précepte , que les baluflrades
doivent être plus où -moins, ornées , félon le
cara&ère du bâtiment qui les .reçoit ou qu’ elles
accompagnent'-.c’e ft^ d ire . que leurs profils doivent
fe reffentir du genre ruftique, folid e, moyen x délicat
& compofé de l’édifice ou elles font placées, »/f Voyt\
B ALU s T R E . .)•
B A L U S T R E , f. m. O n 'fa it dériver ce mot dn
Latin balauftrüm fait du Grec- (iaxùvrw fleur du
grenadier fauvage ; à laquelle ôn prétend que reflem-
ble la forme moderne du bàlufl'rel ■ .
L ’ufage du baluflre, ni rien qui en approche , ne
fe retrouvent dans l’antiquité. On ne peut voir fou
origine ailleurs que dans les ouvrages en bois, imagines
par°la menuiferie pour faire des appuis ou des barrières
dans les lieux qui ne comportoient pas l'emploi
d’une matière plus difpendieufe. L ’arc.hiteaure moderne
en a adopté & cortfaçré_ la forme dans les
imitations de pierre ou de marbre qu’elle en a faites;
elle a même depuis aflocié cette invention à celles des
ordres, en faifant participer le baluflre aux diverfts
proportions de ceux-ci. Les plus anciens baluflrrs <\u on
voit à Florence, & dans quelques autres villes M
B A L
'l’Italie, & qui datent des premier» fiècles de la re-
naiffance des arts, ne font que de plus petites colonnes
dans la forme des grandes ; peut-être cette méthode
, toùte puérile quelle puifle paraître , eft-elle
encore meilleure que celle dont l’ufage femble avoir
fait une loi. Les baluftres modernes, n’offrent d’autre
raifon de leur forme que le caprice & l^fantaifîe du
Tourneur, qui femble leur avoir donne naiflance.
Quoiqu’on ne comprenne pas ce qui a pû accréditer
1 un tel point dans nos édifices, cette invention m^f-
quine ; quoiqu’elle dépare le férieux de l’archite&ufe
par tout ce qu’elle offre d’infîgiiifiant dans fon u fage,
& de capricieux dans fa forme quoique,, l’emploi
abufif qu’on en a fait pat-tout, fans befoio ni fans
raifon , commence à en faire tomber la mode , & en
fafle efpérer la fupprelfion ; quoique la variété des
/ormes qu’on a imaginées n’ait pu encore en juftifier
le goût aux yeux de la raifon , nous ne laifTerons pas
de rapporter encore i c i , d’après J. F. Blondel, les
efpèces de règles ou de proportions dont on l’avoit
cru fufceptible.
« Le baluflre eft ordinairement une efpèce de colonne
compofée de trais parties principales, le chapiteau*
la tige & le piédouche. »
ec O u a foin que les baluftres, àuffi bien que les
baluflrades , fe reffentent du cara&ère de l’édifice.
On obferve cinq manières de les employer, conformément
aux différences des cinq ordres, comme 011
le dira plus bas. »
« Il faut obferver, autant qu’il eft pofllble, que les
baluftres foient en nombre impair, 8c que la diftance
qui les. fépare foit égale à la moitié de leur plus
gros, diamètre , afin que le vuide égale le plein ; les
baluflrades ayant pour objet de repré (enter des murs
évuidés , à travers lefquels on puifîe jouir de la proportion
des arcades ou croifées. Le plus fouvent
on préfère les baluflrades de pierre ou de marbre
aux balcons de fe r , principalement dans les édifices
graves & réguliers. Il eft mieux auflî de mettre une
alerte à chaque côté des piédeftaux pour porter les
extrémités de la tablette , que d’employer un demi-
baluftre. La largeur de ces alettes doit être au moins '
ar le devant de la moitié du plus gros diamètre du
aluftre, & leur épaifleur doit avoir au moins un
fixiéme de plus que la largeur du baluflre. >»
« Les proportions des balüflr s 8c leur galbe doivent
répondre aux dilférens caraélères des ordres d'ar- .
chiteélurc fur lefquels ils font pofés! L e profil dès
tablettes, & cejui des focles doivent aûfït y erre aflii-
jetis. S’ils font placés au-delfus d’un attique, c’eft
1 ordre de deffous qui doit régler le genre , & la
nchefle qu’il faut donner aux baluftres & balufirade •.
Aplfi a-t-on fixé cinq efpèces de proportion & de
manière de profiler les bal.ijl res auffi bien que leur J
locle & tablette. Par exemple , la balufirade Tofcane
n aura pour focle qu’une plinthe unie, & la tablette
W fera compofée que d’une feule plate-bande 8c
un filet. Son baluflre fera plus maflîf 8c peu chargé
. e m^ujures. Le b duftre Dorique fera plus orne 5
ainu des trois autres. »
B A L 10 3
cc A l’égard des proportions particulières des b alu"
ftres , il faut obferver que chaque baluflre , en général
, a trois principales parties, favoir la baie ou
piédouche, la tige ou vafe & le chapiteau. L e vafe
eft compofé de deux parties, l’une qu’on nomme la
panfe 8c l’autre le col. »
** Pour trouver les hauteurs générales du chapiteau
, de la tige 8c du piédouche , toute la hauteur
du b'aluftre fe divifera en cinq parties. On en donnera
une a la hauteur du piédouche ; les quatre autres
parties fe diviferoiit en cinq. Une fera pour la hauteur
du chapiteau. On divifera encore en cinq l’efpace
entre le chapiteau 8c le piédouche ; on donnera à la
hauteur du col trois de ces parties , & deux à la
panfe. L a hauteur du piédouche ayant été divifée
en trois parties , une fera pour la hauteur de la
plinthe. La hauteur du chapiteau fe divifera auffi en
trais p a r t i e s &’ le tailloir en aura une. Toutes ces
proportions font générales pour les cinq efpèces de
baluflres ; mais les moulures feront en plus ou moins
grande quantité , & d’une expreflion plus ou moins
légère, auffi bien que le galbe du col & de la panfe,
félon que ces baluflres feront ruftiques ou délicats. »
« h t baluflre Tofcan eft le plus g ro s , le moins
compofé de moulures , 8c prefque toujours quarré
par fon plan. Sa hauteur étant divifée en cinq parties
on en donnera deux pour le diamètre de fa panfe!
Le baluflre Corinthien étant plus fvelte , fon diamètre
ne fera que du tiers de fa hauteur ; les trois
autres baluftres Dorique , Ionique & Compofite à
proportion. Par exemple , fi l’on divife la même
hauteur en foixantè parties , la groflfeur de la panfe
du baluflre Tofcan en aura vingt-quatre , celle du
Dorique vingt-trois , celle de l’ionique vingt-deux ,
celle du Corinthien & du Compofite vingt-un. Enfuite
on divifera le diame'tre d’une de ces panfes en deux
parties égales ; on en donnera une à la groffeur du
c o l , du gorgerin du chapiteau Sç des feoties du
piédouche. La largeur de la plinthe de ces piédou-
ches aura le même diamètre que la panfe , & celui
:du tailloir aura un cinquième ou fixiéme moins que
la largeur de la panfe, lelon que l'exigera I’expreffion
folide ou légère des baluflres. »
« La plinthe dü piédouche , 8c le tailloir du chapiteau
de toutes les efpèces de baluflres , doivent
être quarrés par leur plan ( quoique dans le jardin du
Luxembourg , 8c dans le bâtiment du château de
Sceaux on en voie de circulaires comme le baluflre )
à .l’exception quelquefois du Tofcan dont le baluflre
fe fait entièrement quarré , lorfqu’on l’employe à fervir
d’appui aux murs de revêtilfemenr des terrafles
des fontaines , des grattes , &c.
Lorfque les intervalles des baluflres ne s’accordent
pas avec les efpacemens dont nous avons parlé il
vaut mieux mettre de la différence dans ces efpacemens
que d'altérer le diamètre du b iluflre. Cependant
il feroit auflî dangereux de faire toucher leur
panfe , que de leur donner un diamètre d’intervalle
parce qu’il convient d’afifeéter , autant qu’il eft poffe.