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Blond j qui fait partie du traité des canaux de M.
delà Lande, ou au Dictionnaire d’A ntiquité s, dans
lequel on en trouve l’extrait ; nous nous contenterons
d’indiquer ici les noms des principaux ouvrages
en ce genre.
Les canaux du Pô. Il y en a vo it plufieurs : ce
qu’atteftent les noms de Fojfa Clodia, Fojfa Ne-
roniana 8c Fojfa Carbo narra.
Le canal d’Augujle à R avenues ; le plus célèbre
de tous , à caufe de fon auteur & de fon utilité.
Le canal de Parme & de Plaifance. Il fut fait
115 ans avant J. C . par Æmilius Scaurus, qui
deflecha les- marais de c e pays.
" Le canal de Papïrius. Il étoit dans la Ligurie ,
entre le port de Lune & le bois facré de la déeffe
F e r o n i a à quinze milles du rivage de la mer.
Le candi de Chzlius. I l étoit près de la vo ie
Ap p ien n e, vers le lieu qu’on appelle aujourd’hui
Cafal rotondo.
Canal de Trajan. Pour préferver Rome des inondations
qui lui étoient fi funeftes, Trajan fit creufer
le canal qui porte fon nom. Il commençoit au-
defibus de Ponte Mole , & pafioit par les champs
du Vatican, dans l’endroit qu’on a depuis appellé
Strada délia valle d’in fer no. Pline le jeune parle
de ce canal dans fes'lettres.
Le canal des marais Pontins. Il en a été parlé
plus haut.
Le canal du lac Fuéin. ( Paye{ plus haut, & le
triot E m is s a r iu m . )
'L e canal du tac d'Averne. ( Voyeç E m i s s a r
iu m .)
Le canal du lac d’ Albane. ( Voy_e{ ibid. )
Le canal de Marins fut occafionné par la difR-~
culté des -embouchures du Rhône , remplies dès-
lors de limon , 8c qui n’étoient guère praticables
pour la navigation..
Le canal de Drufus. D ru fu s ,p è re de Germanie us,
& frère de T ib è r e , fit creufer ce canal douze ans
avant l’ère vulg a ire , pour joindre le Rhin à la
rivière d’Iffel, & la rendre navigable jufqu’à l’Océan
. feptentrional.
Le canal de Corbulon fut creufê l’an 47 de l’ère
vulgaire , pour empêcher les inondations que la
violence de la mer caufoit fouvent fur les bords
de la Meufe & du Rhin. C e canal, de vingt-trois
milles , chacun de fept cens cinquante-fept toifes ,
ou de dix-fept mille quatre cens onze toifes , commençoit
au R h in , près de L e y d e , & alloit en
ligne courbe fe rendre à la Meufe. Plufieurs auteurs
regardent l’ouvrage de Corbulon comme
étant le canal qui fubfifte aujourd’hui entre Leyde
& Maefland : mais ce canal eft nouveau ; les annales
de Hollande en marquent la date & l’auteur.
C a n a u x m o d e r n e s . Strabon , au commencement
du Livre i v , obferve', au lu jet des G au le s ,
qu’il n’y a pas de pays qui ait plus à fe louer des
bienfaits de -la nature. I l admiroit dès-lors com bien
il étoit fa c i le , dans cette contrée que nous
habitons, de tranfporter des- marchandées par la
vo ie des rivières 8c des grands fleuves qui la tra-
verfent. Il faifoit l’éloge de l’heureufe difpofmon
du terrein , qui -fembloit inviter les peuples à
vaincre les obftacles qui les féparoient, 8c à s’af-
fu re r , foit en montant, l'oit en defeendant, des
chemins toujours praticables. Il fembloit indiquer
aufîî des projets de communication que les Romains
n’auroient pas négligés , fi les fecouffes violentes
de leur empire ne les a voient pas détournés
de ces utiles entreprifes.
Un des plus grands projets qui aient jamais été
conçus pour la navigation & le commerce de la
F ia n c e , étoit fans doute celui de la jonéliôn de
la Méditerranée & de l’Océan. Un général Romain,
campé fur les frontières de la Germanie,
la quatrième année de l’empire de Néron , le proje
ta par un moyen qui n’étoit pas bien difficile
dans la pratique. V o ic i comme ce fait eft rapporté
dans Tacite. •
D eu x généraux employés dans la Germanie,
ne voulant point iaifl’er amollir leurs foldats par
l’o if iv e té , les occupèrent à différens travaux : l’un,
nommé Paulinus , acheva une digue commencée
foixante-trois ans avant par Dru fu s , pour empêcher
le Rhin de fe répandre dans les Gaules: L,
Vêtus forma le grand projet d’unir la Mo felle, à
la S aô n e , par conféqùent le Rhône au. Rhin , parce
que la Saône fe jette dans le R h ô n e , comme la
Mofelle dans le Rhin. Si ce deflein eût été exéc
u t é , il auroit illuftré l’empire de Néron ; mais
le confeil plein d’envie 8c de malignité qui fut
donné à Vêtus par un gouverneur d e ; la Gaule
B e lg iq u e , lui fit appréhender la jaloùfie de l’empereur,
8c anéantit cette grande entreprife.
Canal de Languedoc. I l étoit réfervé à Louis XIV
de rivalifer avec les Romains dans tous les genres
de gloire. La jonéfion des deux mers étoit une
entreprife d igne de fon ambition : elle fut réalifée
fous fon règne ; mais d’un autre côté que ne ravoir
projetté le général romain. C e canal avoit
été propofé fous François Ie1 8c^fous Henri IV :
mais il ne s’étoit préfenté encore aucun projet
capable d’en, déterminer l'exécution.
Pierre-Paul Riquet de Bonrepos , natif de Béziers
, fut l’homme qui eut non-feulement la har-
dieffe de former cette entreprife, mais le courage
de la fu iv re , & le bonheur de l’exécuter. La fierté
de Louis X IV fe portoit naturellement à de grandes
ch-ofes, comme le zèle de Colbert à des chofes
importantes ; fous un pareil r o i , avec un tel mini
{Ire I on pouvoit tout elpérer. L e roi nomma
des commiflaires à ce fujet dès l’année 1660. ( Voyt\
M. de B a v ille , Mémoires de Languedoc. ) L’édit
rendu à S. Germain-en-Laye, au mois d’o&obre
16 6 6 , donna la première authenticité à ce projet,
& il fut confacré par une médaille : on y voit
Neptune qui frappe la tej're , & il en fort un bouillon
d’eau qui fe’ répand à droite 6c à gauche ; avec
cette légende : Maria junfla ; exergue , fojfa à- Gar*
C A N
tmnî ailponum Sethim. 1667. Le grand Corneille
eèlèbrs c.ette entreprife par ces vers :
U G a r o n n e & l ’A t a x , dans le u r s g r o t t e s p r o fo n d e s ,
Sou p iro ient de .to u t tem s p o u r v o i r u n ir le u r s o n d e s ,
l t faire ainfi c o u le r , p ar u n h e u r e u x p e n c h a n t ,
t e s tré fo r s d e l’a u r o r e a u x r iv e s du co u c h a n t .
‘ Mais à des voeux fl doux , à des flammes fi belles,
ta nature attachée à fes loix éternelles,
Pour p b fta c le in v in c ib le o p p o fo it fiè r em en t
D e s mo nts & d e s r o c h e r s l’a ffr e u x en ch a în em e n t .
France ! to n g ran d r o i p a r ie , & le s r o ch e r s f e fe n d e n t :
t a ter re o u v r e fo n f e in , le s p lu s h au ts m o n ts d e f-
c en d en t .
Tout cède -, & l’eau qui fuit les paffages ouverts ,
Le fait voir tout-puiffant fur la terre. & les mers.
M, A n d reofli, fils d’un Ita lien , alors employé
t o les-gabelles, avoit le talent propre à féconder
M. Riquet-, qui l’employa utilement : ils reconnurent
dans la montagne noire quels étoient les
vallons par lefquels on pouvoit tourner pour raf-
fembler les différentes eaux de la montagne en
un meme endroit ; & l ’on s’en affura d abord par
1er nivellement, enfuite par 1 expérience que M.
Riquet fit à fes dépens. Un très-petit canal, creufe
fur une. longueur de plufieurs lieues ..amena aux
pierres de Nauroufe des eaux que la nature avoir
iitfqu’alors portées dans l’O c é an , & d’autres q u i ,
de’tout temps, avoient été .dans la Méditerranée.
On dit même , qu’ il apperçut une fontaine fortuit
du roche r, qu’on appelloit déjà les pierres
de Nauroufe, & dont les eaux alloient vers les .
deux mers. C ’eft là qu’eft. en effet le point de
partage & le foromet du canal, élevé d environ
fix cens pieds au-deffus du niveau de la m e r ; 8c
M. Riquet conçut alors le projet d’y bâtir une
v ille , .dont le commerce s’étendroit fur l’Océan
& la Méditerranée.
La longueur totale du canal eft de cent vingt-
deux mille fept cens feize to ife s , depuis fon embouchure
dans l’étang de T h a u , jufqu’à l’éclufe de
Ta Garonne à T ouloufe. C ’eft environ foixante-une
lieues de pofte , telles qu’on les compte dans
.prefque tout le royaume ; c’eft-à-dire, de deux
.mille toifes chacune. On ne compte que quarante
lieues dans le p a y s , en les fuppofant de trois mille
.toifes.. Cette longueur de cen,t vingt-deux nulle
fept cens feize toifes réfulte dès mefures qui ont
été prifes en 1 7 6 9 , pour le bornage du canal,
lorfqu’on en a drefle les plans topographiques fur
une échelle de trois lignes pour toife. La largeur
du Canal eft prefque par-tout de foixante pieds à
la fur face de l’eau , 8c de trente-deux pieds dans
le fond : la profondeur de l’eau eft au moins de
fix pieds; les barques en tirent moins, de c in q ,
quoiqu’elles portent julqu’ à dette cens milliers ou
cent tonneaux , poids de marc.
Le.long.des bords du canal> font deux bermes
ou chemins, pour le t ira g e , l’un de neu f p ie d s ,
C A . N i | »
Tautre de fix : mais les francs-bords , y compris
ce chemin, ont environ trente-fix pieds de chaque
c ô t é , 8c dépendent du canal; ils fervent à dépofer
les terres qui proviennent de fon recreufement.
Sur cette lon gueu r, il y a cent un baffirs ou
lacs d’éclufes ; un pour communiquer de 1 étang
de T hau à la rivière d’Hérault, au-defius du moulin
d’Agde ; foixante-quatorze pour monter depuis le
port d’A g d e , jufqu’au baflin de N au rofu e, dont
l’ élévation eft de cinq cens foixante-feize pieds ;
8c vingt-fix pour defeendre vers T o u lo u fe , de cent
quatre-vingt-neuf pieds jufqu’a la Garonne , au-
deffous de Touloufe. ^ '
- Ces cent un baflins font placés en foixante-deux
endroits différens, 8c forment foixante-deux corps
d’éclufes. Il y a trente-fept baflins fimples, dix-
huit doubles, cinq triples, un quadruple , auprès
de Caftelnaudary, 8c un o ftu p le , qui eft auprès
de Bé zie r s, 8c qu’on appelle éclufes de Fouferane.
D e ces foixante-deux corps d’é c lu fe s, il y en a
quarante-quatre du côté de la Mediterranée , 8c
dix-fept du côté de l’Océan ou de T ouloufe , pour
defeendre vers la Garonne.
La manoeuvre des éclufes eft cofinue de tout
le monde : lorfqu’une barque veut monter , elle
entre dans le baflin par les portes baffes qui font
fuppofées ouvertes : quand la barque eft en tree,
on ferme les portes baffes ; on lève les vannes
des portes de défenfe , ou des portes fuperieures
qui retenoient l’eau ; le baflin fe remplit, la barque
s’élève à mefure , 8c fe trouve en cinq minutes
au niveau de la retenue fupérieure : alors on ouvre
les portes de d é fen fe, la barque fort librement,
8c ces portes reftent ouvertes pour recevoir une
barque defeendante : celle-ci , en arrivant, entre
dans le baflin : on ferme alors les portes d en
'h a u t , dont les vannes font baiffées : on ouvre les
vannes des portes baffes ; l’eau du baffin s écou lé ,
8c la barque s’abaiffe au niveau de la retenue
inférieure du canal ; on ouvre les portes, 8c la
barque fort.
Ce canal eft traverfé en différens endroits par 92.
ponts pour le fervice des grands chemins 8c des
routes de traverfe ; il paffe lui-même fur 5 5
, aqueducs ou ponts , pour donner paflàge à autant
de rivières qui coulent par-deffous le canal.
Dans l’origine , il n’y avoit que trois ponts-
aqueducs : le principal fur la rivière de Repudre ,
8c les deux autres fur les ruiffeaux du Jouarre
8c de Marfeiliètte. Les autres ont été faits enfuite
peu à peu : on en fait même encore pour fe dé-
barraffer des rivières que l’on recevoit auparavant
dans le canal, 8c qui ne fervoient qu’à l’enfabler.
O n y fupplèoit par des épanchotrs ou vannes def-
tinés. à faire écouler les eaux 8c les tables ; mais
on a trouvé que les ponts-aqueducs étoient beaucoup
plus commodes. C ’eft M. de V au b an, lors
de fa vifite en 1686-, qui fit mulriplierTes aqueducs
aux frais du roi 8c de la province.
11 y a aufti plus de cent cinquante cales ou baflins