
Nous avons eu occafion d’en examiner plufieurs
qui étoicnt très-bien entendus & fupérieurement
exécutés. ( Voyc^ le mot Flèche).
Les clochers en pierre font quelquefois élevés au-
deffiis des piliers qui fopportent les voûtes des
églifes; alors , fi les cloches qui doivent y être
placées font d’une certaine groffeur, on réunit ces
piliers par de forts arcs, fur lefquels on conftruit
une to u r, avec un foubaflement en pierre pour
fopporter le béfroi. Ce foubaflement eft formé par
une retraite pratiquée à l’intérieur dés m u rs , fur
laquelle pofe la charpente du béfroi. Cette retraite
& le béfroi font faits pour empêcher que la tour
de maçonnerie ne foit trop ébranlée par le mouvement
des cloches ; fans cette précaution, elle
ne pourroit pas réfifter long-temps à cet ébranlement.
Malgré cette difpofition, lorfque les béfrois
font trop élev é s, ou qu’ils ne font pas bien combinés
, le mouvement des cloches eft capable de
détruire la tour.
Plus la retraite for laquelle pofe le béfroi eft
é le v é e , plus celui-ci fatigue la tour. Cet effet diminue
en raifon de ce que la bafe de la tour eft
plus grande , par rapport à fon élévation. La proportion
la plus convenable, relativement à la foli-
d i té , eft que la partie ifolée d’une tour n’a it, en
hauteur, que tro is , ou tout au plus quatrex fois la
largeur de fa bafe. Il faut de plus obferver à
l’extérieur un talus ou des retraites à différentes
hauteurs, en divifant la tour en plufieurs étages,
dont le plus élevé ne foit pas plus haut que fa
largeur.
Les clochers en pierre font quelquefois terminés
par des flèches de charpente, femblables aux aiguilles
que l’on place au-deffus des combles des églifes :
quelquefois ces flèches font en maçonnerie ; il y
en a d’autres qui font terminés par des pyramides,
des petits dômes « ou lanternes, des to its , des ter-
raffes, &c. En France , les .clochers les plus fameux
fo n t, ceux de Strasbourg, de Chartres, de Notre-
Dam e de R o u en , de Coutances, &c. ( Voyeç l’article
précédent ) .,
Dans plufieurs villes d’Italie, les clochers;.ne tiennent
point à l’églife ; ils en font ifolés, comme à
Florence, à V en ife , à T u r in , &c. Lorfqu’il ne
s’agit que" d’un feu! clocher, fo pofition eft quelquefois
difficile, fur-tout quand on veut avoir égard
à la fymmétrie. & à la régularité. Dans ce cas, il
n e peut être que for le milieu du portail ou for
le milieu de la face poftérieure, ce qui ne produit
pas toujours un bel effet. Si on ne confoltoit que
la commodité, la place la*plus convenable feroit
auprès des dacrifties.
Pour les grandes églifes, on a pris le parti de
conftruire deux tours* fymmétriques, placées aux
angles du p o rta il, ce qui produit fouvent un bel
effet, comme on le voit à Paris à l’églife S. Sul-
pice. Prefque toutes les anciennes cathédrales font
flanquées de deux groffes tours qui fervent ’ de
clocher. A l’églife primatiale de S. Jean de Lyon
on vo it quatre tou r s , dont deux au portail, &
deux au chevet ; c’é to it , d it -o n , un des droits
des églifes primatiales. Comme il n’y a., de cloches-
que dans une to u r , on dit proverbialement que
dans cette églife il y a quatre clochers.■ & trois Jans
cloches.
Les clochers, vus à une certaine diftance, font
un ornement pour les villes ; c’eft pourquoi leur
principal mérite conftfte dans leur hauteur & la
manière dont ils font terminés. Il y a peu de villes
où il s’en trouve d’auflï beaux & d’aufli variés
qu’à Londres. ( Voye^ l’article précédent ).-
Jufqu’à préfent l’entretien des clochers placés a u -
deffus du choeu r, a été à la charge des gros déei-
mateurs. Lorfqu’un clocher étoit bâti fu r deux piliers
du choeur & fur deux de la n e f , il étoit à la
charge , moitié des habitans, & moitié des gros
décimateurs. S’il ne portoit que fur le pilier du choeur,
les décimateurs ne contribuoient que pour un quart ;
& réciproquement, s’il ne portoit que for' un pilier
de la n e f , les habitans ne contribuoient que pour
un quart. Enfin , l’entretien' du clocher étoit entièrement
à la charge des habitans, lorfqu’il ne
portoit for aucun des piliers cHi choeur. Ce t entretien
comprenoit toutes les p arties, tant intérieures
qu’extérieures du c lo c h e r excepté le b é fro i, c’eft-
à-dire, la charpente q u f porte les- cloches, ainfi-
que les cloches.
C LO CH E T T E S .- {V'oyei Gouttes ).
C L O ISO N , f. f. ( conjlruElion ) , efpèce de petit
mur fort mince , fervant à divifer les parties d’un
bâtiment comprifes dans les gros murs , afin de*
former des petites pièces ou des cabinets.
Il ,y. a cinq manières différentes de conftruire les
cloifons : i° . en pierre de taille ; 2°. en briques y
3°. en plâtre ; 40. en charpente revêtue en plâtre à.
50. en menuiierie.
Des cloifons en pierre de taille.
Ces cloifons fe font ordinairemfent au rez-de-
chaufïee ; on les conftruit avec des pierres minces
pofées de champ & en délit. ( Voye% ce mot ). L ’é—
paiffeur de ces pierres, auxquelles on donne le nom-
de parpains , eft depuis 4 jüfqu’à 8 pouces. A L y o n ,
ces cloifons font fort en ufoge pour divifer ou f é -
parer les magafins des marchands de foie.
Des cloifons en briques..
Les cloifons en briques fe conftruifent de deux-
manières ; favoir, en briques pofées de champ , &
en briques pofées de plat : les dernières font les
plus folides ; en conféquence, elles peuvent fervir
à féparer les pafîkges,, les corridors, les veftibuks
les antichambres & autres pièces de communication.
Les cloifons en briques de champ ne font propres
quà divifer l’intérieur des apparteinens. Oh maçpnnfc
èfdinaîremènt ces cloifons en plâtre & quelquefois
en mortier, dans les endroits où le plâtre eft extrêmement
rare.
Lorfque ces cloifons ont trop de longueur ou de
hauteur , par rapport à leur peu d’épaifièur , on
les entretient avec des couliffes , des entre-tbifes,
des poteaux & des huifferies en b o is, fur-tout pour
les cloifons en briques de champ, afin de leur procurer
une plus grande folidité.
Les briques pofées de champ, avec lefquelles on
forme les cloifons, font plus grandes & plus fortes
que celles dont on a coutume de faire ufage pour
les cheminées ; il fa u t, autant qu’il eft poflible,
les maçonner en plâtre & les recouvrir d’un enduit
4 e chaque côté.
Cloifons en plâtre puri
Depuis peu de temps on s’eft avifé de faire des
cloifons avec des carreaux de plâtre que plufieurs
maît»es maçons & marchands de plâtre tiennent tout
préparés dans des magafins. Ces carreaux ont dix-
huit pouces de longueur for un pied de largeur ; leur
épaiffeur eft depuis deux pouces & demi jufqu’à
quatre pouces.
L’avantage de ces carreaux de plâtre eft de pouvoir
former en peu de tem p s, & avec très-peu
de dépenfe, des cloifons fort légères, qui peuvent
s’établir fur les planchers, fans les trop charger ;
& comme on n’emploie ces carreaux que lorfqu’ils
font bien fecs, qu’il fout très-peu de plâtre pour
les pofer, il en réfulte que les cloifons que l’on foit
avec font anfli-tôt feches que finies, & que l’on
peut habiter tout de fuite les appartemens formés ou
divifés par de femblables cloifons, fans courir les
rifques des plâtres frais, qui occafionnent fouvent
4 es maladies.
Des cloifons de charpente.
Les cloifons de charpente font compefées de
poteaux ou pièces de bois pofées de bout & d’à -
p lom b , affemblés dans deux autres pièces de bois
pofées horizontalement, auxquelles on donne le
nom de fablières. ( Voye^ ce m o t). Une de ces
fablières forme le h a u t, & l’autre forme le bas de
1a cloifon. Lorfque les cloifons font au rez - de-
chauffée, on élève la fablière du bas for un rang
de parpain ou petit mur en pierre de taille, d’environ
deux pieds & demi de hauteur, ou deux pieds,
& de même épaiffeur que la cloifon, afin de préferver
es bois de l’humidité.
La groffeur des fablières & des p o teau x , ainfi
que leur efpacement ou intervalle qu’il convient
de mettre entre e u x , dépendent de la longueur,
d e là hauteur des cloifons que l’on veut former, &
de la charge qu’elles ont à fupporter.
Les poteaux des cloifons qui doivent porter
plancher, & dont la hauteur doit être de douze
pieds 5 péuvênt avoir cinq ou fix pouces de groffeur *
& être éloignés l’un de l’autre de neuf à dix pouces.
Lorfque les cloifons s’élèvent dans toute la hauteur
d’un bâtiment qui a plufieurs étages, il fout
que les poteaux du bas foient plus gros que ceux
des étages fopérieurs. Suppofons, par exemple, line
cloifon qui fe prolonge dans toute la hauteur d’une
maifon , & qui- porte plancher à chaque étage , il
conviendroit que la partie du rez-de-chaimée fût
compofée de poteaux de fix à fept pouces de gros;
celle de l’étage au-deffus, de poteaux de cinq & fix
pouces de gros ; & que ceux des parties plus élevées-,
euffent quatre à cinq pouces, & c . L ’efpacement de
tous ces poteaux devroit ê tre de huit à neuf pouces.
Les ouvrages de charpente étant fiqets à fe relâcher
dans leurs affemblages lorfque les bois fe fâchent,
il arrive q u e , dans la fuite, tout l’ouvrage tend à
fe porter du côté où il eft le moins foutenu : pour
obvier à cet effet, on a Coutume ,de placer dan*
les cloifons, outre les poteaux d’à-plomb, des pièces
de bois inclinées d’environ trente degrés de la
ligne à -p lom b , du "côté où la cloifon pourroit
tendre à fe je tte r , afin de la contre-butter ; on
appelle ces pièces de b ois, décharges. (\Voye.ç ee mot).
A in f i, lorfqu’un bâtiment eft divifé dans toute
fa longueur par un mur de refend qui parie au
milieu, & que les cloifons vont de cé mur de
refend aux murs de fa c e , il fout placer des décharges
du côté des murs de face.
S’il n’y avoir point de mur de refend, & que
la cloifon dût être comprife entre deux murs de
face , il- foudroit alors placer vers les* murs de face
des décharges inclinées en fens contraire.
• O n remplit les efpaces triangulaires compris entre
les décharges & les poteaux droits, avec des petits
poteaux de différentes longueurs, auxquels on
donne le nom de tournijfe. {V ô y e i ce mot).
A Paris, & dans tous les endroits où le plâtre
eft commun, on remplit les intervalles compris entre
les poteaux des cloifons de charpente, avec une
maçonnerie en plâtras & plâtre, que l’on appelle
hourdis. (. Voye^ ce mot ) . Cette maçonnerie le foit
jufqu’à l’affleurement des bois.
Lorfque les cloifons doivent être enduites, on
cloue fur les poteaux -des lattes horizontales, à trois
pouces environ de diftance les unes des. autres,
afin de foutenir l’enduit, qui pourroit fe détacher
aux endroits des poteaux.
Lorfque les cloifons de charpente font établies
fur des planchers, afin de diminuer la charge , on
ne foit point de hourdis entre les poteaux ; on fe
contente , pour faire les enduits, de pofer des
lattes jointives for les deux côtés , & fiir ces lattes
on applique l’ enduit : on appelle ces fortes d e
cloifons, cloifons creufes.
Dans les provinces où le plâtre eft rare , on
maçonne l’intervailè des poteaux de charpente, avec
de petites pierres & du mortier de chaux & fable *
V v v v z