
Pour tous les bots pofés debout & d’à*plomb, qui
doivent fervir de point d’appui, il faut préférer la
forme quarrée pour la bafe, parce que c’eft, après le
cercle, celle qui, à fuperficie égale , conferve le
plus de force aux pièces de bois, fur-tout lorfque
c’eft du bois de brin. On appelle ainfi le bois équarri
.& non refendu , du tronc ou d’une branche de
.l’arbre, en for te que le coeureft au centre de la
jpièce.
Comme la force des pièces de bois pofées
é’à-plomb, décroît en -raifon de leur hauteur
.comparée à la diagonale de leur bafe, ainfi que
nous l’avons fait voir à l’article Bois, il ne faut.
pas que la hauteur ifolée d’une pièce de bois
'doit de plus de douze fois la diagonale du quarré
.de fa bafe, fi l’on veut qu’elle ait toute la foii-
dité requife. Lorfque la portée d’une pièce de
bois eft plus longue, il eft à craindre qu’elle ne
plie .fous le fardeau.
Lorfqu’une pièce de bois doit être pofée de
niveau & qu’elle ne doit être fou ténue que par
des deux extrémités, comme une poutre ou une
folive, il faut que le plan de fa bafe foit formé
par un reftangle, au lieu d’un quarré ; mais comme
:les dimenfions d’un reâstngle peuvent varier à
l ’infini, il-faut obferver que ’la plus petite dimetf-
fion foit environ la moitié de la grande : ainfi
4ine poutre à qui on donneroit dix-huit pouces
-de largeur, devroit avoir neuf pouces d’épaiffeur;
,de même qu’une folive de fix pouces de largeur
doit avoir au moins trois pouces d’épaiffeur.
Pour parler plus généralement, il faut que les
dimenfions du reétangle qui forme la groffeur
d’une poutre ou folive, foient entre elles comme
-deux eft à un.
Si la pièce, au lieu d’être couchée de niveau,
étoit inclinée de 45 degrés, les. côtés du reâangle
qui forment fa groffeur, pourroient être comme
trois eft à deux.
Mais fi -elle ne ibrmoit, avec la verticale ,
qu’un angle de 21 degrés :f, on pourroit faire
les côtés du reétangle qui doit lui fervir de bafe ,
.dans le rapport de quatre a cinq.
Enfin fi cet angle étoit de 67 degrés f , -ou,
.ce qui revient au même, fi l’angle d’inclinaifon
de cette pièce, avec- la ligne horifontale ou de
niveau étoit de -22 degrés f , on feroit les côtés
du reétangle de fa bafe dans la raifon de quatre
à fepu
Toute pièce de bois, dont la bafe eft rectangulaire,
fi elle n’eft pas d’à-plomb , doit ê^re
-pofée fur fon fort, c’eft-à-dire de manière que
-la face la plus étroite foit en-deffous. Ainfi une
.poutre de *8 pouces fur 9 pouces de groffeur,
devroit être pofée fur le côté qui n’a que 9 pouces
de large. On appelle pela, pofé de champ ( Voye%
.ce dernier jnatl)
.Quant aux pièces inclinées, telles que les
^ ch £rges, les contre-fiches, Les jambes de force
& les liens, les dimenfions relatives de Ieuf*
bafes feront déterminées en raifon de leurs incli-
naifons, ainfi que nous l'avons ci-devant indiqué j
& elles feront pofées de manière qu’elles foient I
inclinées fur la face la plus étroite.
Pour les dimenfions abfolues, nous renvoyons
aux articles principaux de charpente , tels que
C e i n t r e s , C o m b l e , Cl o iso n , P l a n c h e r ,
P o u t r e , P a n d e b o i s , & c .
La manière de joindre folidement les pièces
de bois qui doivent former un ouvrage de charpente
t par le moyen des affemblages, eft une
des parties les plus effentielles de l’art de U ,
charpenterie. ( Voyc^ ce mot. ) Ces affemblages fe \
font de plufieurs manières différentes & relative» 1
à la pofition des pièces de bois.
Outreces affemblages, on entretient les ouvrages
de charpente avec des boulons de fer, des étriers*
des liens., des plates-bandes, des tirans, & c.
Du toifé des ouvrages de charpente.
La -manière dont on évalue les ouvrages de
•charpente à Paris étant celle qui eft la plus en
ufage, nous avons jugé à propos de placer ici
un précis fuccint de cette méthode.
La mefure commune à laquelle on réduit les
bois de charpente, fe nomme pièce ou folive.; elle
contient 3 pieds cubes, d’où il réfulte qu’une
pièce de bois de 72 pouces de bafe, fur 6 pieds
de long, produira une folive; qu’une autre de
144 pouces de bafe, fur même longueur, en
produira .deux.
D’une autre part, il faut obferver qu’une pièce !
de bois de 36 pouces de bafe fur 12 pieds de
long, produiroit autant qu’une pièce de bois de !
72 pouces de bafe fur 6 pieds de long; d’où il
réfulte que lorfqu’on aura trouvé la fuperficie de
la bafe d’une pièce de bois en pouces quarrés ,
il faudra multiplier, cette fuperficie par le nombre
de' toifes contenues dans la longueur de cette
pièce ‘ le produit qui en réftiltera étant divif©
par 72, donnera, en pièces ou folives , la valeur
de la pièce de bois dont il s’agir.
Soit, par exemple, une poutre de quatre toifes
de longueur fur 15 & 18 pouces de groffeur:
on veut favoir combien elle contient de pièces
de bois ?
Ayant miïltipliè 1.5 par 18, on trouvera que
la fuperficie de la bafe de cette poutre eft d e
270 pouces quarrés. Comme elle a 4 toifes de
longueur, on multipliera 270 par 4; ce qui étant
divifé par 72 , donnera 15 ; ce nombre exprimera
la quantité de pièces que contient la poutre.
Qu’il s’agiffe de toifer une folive de 22 pieds
de long fur 7 & 8 pouces de gros, la fuperficie
de fa bafe 56 étant multipliée par 3 toifes f Sl
divifée par 72, donnera a pièces 5 pieds 1 poue*
4 lignes.
Due
Dans les mémoires de charpente, on range ces
quantités fur quatre colonnes : la première contient
des pièces; la fécondé des pieds ou fixièmes
de pièce; la troiûème des pouces; 8c la quatrième
des lignes.
A Paris, il ƒ a un ufage particulier, relativement
an toifé des bois de charpente, 8c qu’il eft important
de cpnnoître. Cet ufage eft fondé fur ce que
les bois qui fe trouvent chez les marchands,fuivenr,
pour leurs longueurs, une progreflion arithmétique
dont la différence eft de trois pieds, c’eft-
à-.dire, .que ces.longueurs font dé fi, 9, *5»
18, 21, 24, &c. ; d’où il réfulte qu’un charpentier
qui a une pièce de bois de 17 pieds de
longueur à.fournir, tft obligé d’en acheter une
de 18 pieds, de manière qu’il perdroit un pied fi
l’ufage ne lui accordoit une efpèce de dédommagement
pour les longueurs qui font entre les
tnefures qu’on trouve ...-----T" - chez les marchands. Ce
dédommagement conGfte à compter les bois
en oeuvre dt: 18 pouces en 18 pouces.
Ainfi les bois , depuis 3 pieds 2- jjufqu’à
pieds 8-, font comptés pour 4 pieds \
depuis 4 pdl 9 p. julqn a 6 p'ls2. p. pour 6 pas
- 6 ? 7 - 8 7 T
7 9 9 3 9
9 4 10. 8 10 7
10 9 12 4 12
12 ,5 13 8 13 v-
*3 9 i 4 15
13 S 16 8 16 \
16 9 18 4 18
18 S *9 8 19 T
19 9 21 4 21
21 5 22 8 22 7
22 9 24 6 2 4
Pour les pièces au-deffus de 24 pieds ou quatre
toifes, on adopte la progreffion de 3 pieds én 3
pieds. &
Dans les -bâtimens 8c dans les travaux publics
en ne toife que les longueurs 8c groffeurs mifes
en oeuvre, ce qui paroît infiniment plus jufte.
Ce doit être au charpentier à bien examiner fur
les plans les longueurs des bois qui doivent être
mis en oeuvre, 8c à demander, le prix en confé-
quence des déchets qui peuvent réfulter des
fàuffes mefures, c’*ft-à-dire, de celles qui ne s’accordent
pas avec les bois qu’on trouve chez les
marchands.
Voici les articles principaux qui doivent fervir
de règle à ceux qui évaluent les ouvrages de
charpente.
i° . Toute pièce de bois doit être équarrie à
vive-arête. Lorfqu’il y a des fia c lies, on doir diminuer
de la groffeur ce qui manque à la pièce. ,
pour qu’elle foit quarrée.
2°. Si la pièce n’eft pas d’égale groffeur dans
toute fa longueur, il faut, prendre une groffeur
Architefture. Tome I.
moyenne, à moins qu’elle n’ait été élégie exprès.
30. Lorfqu’on toife les folives d’un plancher,
on ajoute à la mefure dans oeuvre un pied pour
les deux portées, c’eft-à-dire, pour les parties qui
doivent entrer dans les murs.
4°. Pour les bois d’affemblage on compte 4
pouces pour chaque tenon des grandes pièces, 8c
3 pouces pour les moyennes ou petites.
,5°. Aux marches d’efcalier, on ajoute 6 pouces
à leur longueur-dans oeuvre; favoir, 4 pouces
dans les murs, & deux pouces dans le limon.
6°. Lorfque dans un plancher on met dès tikçoirs,
c’eft-à-dire, le long des murs, des pièces de bois
dans lefquelles on âffemble les folives, au lieu de
les faire porter dans le mur, le charpentier eft
libre de compter les folives comme fi elles por-
toient dans le mur, en ne comptant pas le linçoir;
mais s’il aime mieux compter le linçoir, il ne
peut compter les-folives que dans leur longueur,
compris tenon. On exprime cette règle du toifé,
en difant : Linçoir fans portée, ou portée fans linçoir.
7°. Quant aux chevêtres, qui font des linçoirs
placés à une diftance du mur beaucoup plus confi-
dérable que celle des linçoirs , il vaut beaucoup
mieux compter le chevêtre & les folives telles
qu’elles font, que de les compter comme fi elles-
portoient dans le mur, fans compter le chevêtre,
parce que la diftance d’un chevêtre au mur, qui
eft ordinairement de 3 pieds, eft plus que fuffi-
fante pour compenfer le. chevêtre ; ainfi on donne
trop au charpentier; d’où il réfulte que le parti
le plus fûr, dans tous les cas, eft de compter
les folives , les chevêtres & les linçoirs tels qu’ils
font, afin que ni l’ouvrier, ni le propriétaire ne
foit léfé.
8°. Les. bois élégis & les bois refaits doivent
être toifés dans la groffeur qu’ils avoient avant
d’être- travaillés, à moins que l’ouvrier n’ait pu
faire une levée confidérable à la feie, propre à
être employée, & dont la valeur foit plus grande
que l’opération qu’il a fallu faire pour cette
levée.
A Rouen, la mefure qui fert à évaluer les
bois fe nomme marque ; cette marque équivaut
à; une folive de 10 pieds de long fur 5 & 6
pouces de gros, produifant 2 pieds cubes & demi.
La marque fe divii’e en 300 chevilles, chacune
d’un pied de long fur 1 pouce quarré de groffeur.
Suppofons qu’il s’agiffe. d’évaluer une pièce de
bois qu’on appelle dans le pays une boife, & que
cette boife ait 15 pieds de long fur 7 à 8 pouces
de gros ; On commencera par chercher le produit
de fa bafe en multipliant 7 par 8 , & le produit
<56 par la longueur de la pièce; ce qui donnera
840 chevillés. Pour avoir le nombre de marques,
on divifera 840 par 300, & le quotient 2 indiquera
le nombre de marques, avec un refte qui
eft de 240 chevilles.
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