
endroits, qui eft de la véritable pouzzolane durcie,
& qu’on, prendront quelquefois pour du tuf. 11 y
a trois ordres de galeries ou trois étages , l’un
aii-deffus de l’autre ; on en trouve le plan dans
la defeription de Naples par Célano ; mais destrem-
blemens de terre en ont fermé lés iffues : on ne
v a même plus.dans l’étage inférieur.
Depuis l'entrée des catacombes, on marche long-
tems par une rue droite qui a dix - huit pieds de
large , & dont la v o û t e , dans fa plus grande élé- .
v a t io n , peut avoir à-peu près quatorze pieds de
hauteur. Cette route devient enfui te irrégulière ,
& femble avoir été percée an hafard dans la montagne
, ainfi que diverl'es autres rues plus ou
moins élevées auxquelles elle communique de
tous côtés. Ces fouterreins reffemblent affez pour
la diftribution aux fouilles de nos carrières. On
y t ro u v e des chambres , des culs-de-.fac & des
carrefours , au milieu defquels on a laiffe des
piles & des maflifs pour empêcher l’éboulement
des terres.
Parmi ces différentes faites fouterreines , il s’en
trouve qui parodient avoir fervi de chapelles. Les
deux premières qui fe prèfentenr, quand on eft
entré dans les catacombes, contiennent des autels
de pierre b ru te , & quelques peintures à frefque,
d’un goût- gothique , mais dont les couleurs font
encore affez viv es. Elles repréfentent la vierge Si
des faints qui paroiffent être du dixième fiècle.
Dans toute la longueur des murs 3 on apperçoit
de chaque côté une quantité prodigieufe de cavirés
percées horizontalement. On en vo it quelquefois
cinq , fix & même fept , les unes au-deffus des
autres.. Ce s cavités font toutes affez grandes pour
recevoir un corps humain , mais non un farco-
phage. Elles font inégales, & il paro.ît qu’on ne les
faifoit que fur la grandeur des corps qui dévoient
y être p la c é s , tant les mefures en font variées.
On en apperçoit pour tous les •/diiferens âges , &
il s’y en trouve de fi petites , qu’elles n’ont pu
{servir qu’à des enfans. Lorfque les corps y étoienr
dépofés , on fermoit l’entrée de ces trous avec
une longue pierre p la te, ou avec plufieurs grandes
briques rapprochées & fcellées à chaux & à ciment,
Dans beaucoup d’endroits, on rencontré des chambres
avec des niches où l’on.dreffoit les corps. Ces
nichés étôient peut-être des fépultures particulières
de certaines familles. Elles ont prefqu* toutes au
fond , & par terre , un ou deux cercueils en forme
d’auge. On y voit auffi des tombeaux dont plufieurs
font revêtus de mofaïques du bas âge. Il y
en a même qui n'ont pptnt'été ouverts.
Les trous ou niches dont je viens de parler font
vuides : les cadayres en ont été enlevés ; & fi l’on
apperçoit encore des offemens dans certains lieux ,
on afl'ure que ce font les corps de ceux qu’on y ,
mit lors, de la dernière contagion.
On a trouvé dans ces catacombes des monumens
en marbre ,. avec des inferiptions grecques &
latines : on les a fciées pour faire lé payé de l’églifs
de la Satina. Cèlano dit qu’on ne fauroit voir fans
verfer des larmes , ce pavé parfemé de caractères
antiques qu’ il n’eft plus poffible de déchiffrer.
La Sicile nous préfente beaucoup d’excavations
ferablablés , Si deftinées aux mêmes ufages. Ca-
tane , Païenne a A g r ig en te , Syra cu fe, toutes ces
ville s antiques, que le teins a détruites, ne fem-
blent v iv re aujourd’hui que dans leurs tombeaux;
Si ces monumens indeftruélibles fo n t , pour ainfi
dire , les feuis qui attellent leur ancienne population,
leur grandeur 8c leur puiflance paffèe.
Les catacombes de Syracufe font les plus vaftes,
les mieux confervées qui exiftent , 8c peut-être
les plus propres à donner une idée de ces fom-
’bres demeures. Celles-ci forment comme une ville
foaterreine a vec fes grandes 8c petites rues, fes
carrefours 8c fes places taillées, excavées dans le
rocher, à plufieurs étages , 8c évidemment çretifées
pour en faire des fépultures , en cela différentes
d’autres excavations de la même v ille , qui me
furent certainement que des carrières. Les catacombes.
en queftion n’ont p u , que difficilement,
fe prêter à l’extraélion des pierres, les iffues
n’en étant ni larges, ni commodes. T o u t l’e.fpace
intérieur a été travaillé à différentes époques,- 8c
diflribué en voûtes plates , ceintrées ou fphériques,
mais en fi grand nombre , que cet ouvrage .doit
avoir occupé an grand peuple pendant une longue
fuite de fiècles.
La rue principale dans laquelle on entre, après
avoir paflé par une efpèce d’églife fouterreine ,
eft affez large , elle eft en ligne droite 8c à voûte
plate. On peut la luivre très long-temps , mais
on ne fauroit en évaluer la longueu r, parce qu’il
s’y eff formé des atterriffemens qui empêchent de
la parcourir dans fon entier. Les parties latérales
de cette rue font remplies de grands tombeaux
incruftés dans le roc. Leur forme demi-circulaire
eff terminée 8c recouverte par une voûte en plein
ceintre,
D ’efpace en efpace font d’autres excavations profondes
8c en droite ligne , où l’on voit iufqu’à 6o
tombeaux , tous de même grandeur , ménagés dans
le malTif de la pierre. Il paroît qu’ils ont. tous été
ouverts ou fouillés. Dans d’ autres endroits , il y a
des chambres fépulcrales particulières a vec des portes
qui autrefois ont fermé à c lef ; on y vo it encore
l’entaille des gonds , 8c au milieu de ces (allés', de
grandes 8c larges tombes ifolées , 8c deftinées fans
doute aux chefs des familles. D é diftance en dif-
tan.ee, l’on rencontre des efpèççs dé carrefours,
formés p a rla rencontre de deux rues. Ces carrefours
font ouverts de quatre côtés , Si quelques-
unes de ces rues donnent entrée à de grandes falîes
dont les voûtes étoient cylindriques , artiftement
travaillées Si percées par une ouverture qui al)oit
aboutir à la fuperficie du fol pour y chercher l’air
extérieur. Autour de ces fal.pps font des tombeaux
placés fymmétri.qqemeni 8c d e . mêine forme
ceux de la rue principale, "
T n parcourant ce labyrinthe ténébreux , on eft
étonné d’être revenu fur (es pas fans s en
être apperçu, & de le trouver dans un étage a.u-
l-lTous de-celui qu’on vient de quitter. Qu oiqu e
chaque 'mitant on l’oit arrêté par les décombres &
' L arrerriffemens j & que l’on ne puiffe parcourir
„D'avec peine une partie de ces vaftes fouterreins .
S qu’on en voit eft fi étendu qu’ il fan. s’étonner
de la grandeur des moyens , du nombre prodigieux
de bras qui durent être employés à ces excavations,
à moins qu’on n’aime m ieux fuppofer quelles
furent, le .réfute* piogreffif dn travail de plufieurs
fiècles. Cependant il eft vraifemblable que ces
fépultures ont été -faites-du temps des Grecs , puil-
que pendant, & depuis la domination des Romains,
Syracufe .n ’a jamais été affez peuplée pour -avoir
pu entreprendre des travaux-auffi considérables ,
quand-tous -fesbabitans y auroiem été employés.
11 femble èn outre-que. cette grande fimplicue , que
-cette égalité iufques dans Les honneurs rendus aux
morts , annoncent un teras de liberté & des moeurs
républicaines, qui ne furvécurent pas a.la prtle de
Syracufe.
Les' fc'uls ornetnens qu’on rencontre^ dans quelques
endroits de ces catacombes y ont été ajoutés
noftérieurement, & fe réduifent a quelques mau-
vaifes peintures grecques des derniers temps de
l’empire , faites fur un enduit applique a la ro ch e ,
avec'des lettres grecques ou latines, ou bien encore
à des marques & fymboles de martyrs qui étoient
peints dans l’ intérieur des tombeaux. On doit pen.-
l'er que ces efpècês de monogrames' n’ont ptrétre
placés que lbng'tcmps après, & dans les premiers
fiècles de l’ églife , époque où ces fouterreins furent
vraifemblablement occupés par des fidèles qutajou-
1 ces diffprens caraftères à leurs fépultures ,
pour diftinguer le u « frères d’avec les idolâtres
qu’ils avoient remplaces.
En générai , \e$ catacombes de Syracufe n’ont
point l’a fp e a lugubre des catac?mbes de Naples &
â e R om e i il y règne une tranquillité myfteeteufe
qui annonce le fanSuaire du repos. Enfin de toug
les monumens qui relient de pette v ille , on peut
regarder celui-ci comme le plus capable de donner
une idçe d e là grandeur d’une cite autrefois fi putf-
fante Si. fi peuplée. HH
Je vais finir ces defcripupns de catacombes par
celles de Malte , qui., au .récit de M- Denop ,
fembleac offrir quelques particularités dignes,« etre.
notées relativement à l’origine de ces montimens
fouterreins..- , '. t, , -*;■ ,% ■ ■ ,, » • . ... . ■
" „ Les catacombfs.âa Malte , dit,.ce voyageu r ,
font les plus petites & les mieux confervées de
celles que i’a'i vues. Taillées'dans une pierre blanche
faine-&' fans humidité, il femble q« elles
& em faites d’ hier. Qn ne. petit pr,e.fq.«e pas douter
que celles-là .n’-ajeni été', conllruites popr enterrer
les morts , pour. ?’,y cacher & pom y célébrer les,
« . ' i . . T .-a npitife.Hp ries corri*
dors dans lefqttels il ne peut paffer qu’ un homme
à la fois , leur diftribution à-peu prés -régulière,
leu r 'v o û te c.eintrée, quoique taillée dans la roche,
les chambres que l’on trouve d’efpaee en efp ac e ,
l’enduit qui exifte encore dans plufieurs, la décoration
de deux piliers cannelés dans l’eudroit le
plusvafte , & qui paroît avoir été le lieu principal,
la diftribution. des petites niches propres à recevoir
les lampes qui éclairaient ces demeures fouterreines
, la régularité des tombeaux , dont la
plupart, placés fous des voûtes quàrrées , avoient
une efpèce de décoration repréfentant un farco-
phage couvert en forme dé fronton ; tout cela peut
-faire croire que ces catacombes ne font point comme
lésiautres des excavations faites au hafard pour
tirer des pierres , .puifque la petiteffe des corridors
.en auroit rendu la fortie , fin on impoffible , au
moins très-difficile , & que dans cette feule intention
on n’y aurait point praiiqué cette efpèce de
diftribution qui y exifte. Je croirois donc plus naturel
de penfer pour celles-ci ce qu’on dit des autres,
que ces.fouterreins fervirent à fe cacher. Cela
eft plus probable ici que par-tout ailleurs , puif-
que dans le tems que les.Sarrafins firent leur première
courfedans cette ifle , ils fe contentoienc
d’y piller , & ne la regardoient que comme un
entrepôt pour paffer en S ic ile ; entrepôt qu’ils ne
pouvoient habiter long-temps , a caufe de 1 aridité
du pays. Les habùans , foibUs ou peu nombreux ,
feca choient dans .ces retraites jufqu’à ce que l’en nemi
fe fût rembarqué, on b ie n , par le moyen
de ces retranchemens fouterreins , ils étoient en
état de fe défendre , &; même d’inquiéter l ’ennemi
par des ,iffues inconnues qui alloiem percer au loin
dans la campagne ». : ■ i . • g ; .v
11 eft donc poffible que ces fouterreins creufés
d’abord pour recevoir les morts ferviffent àfauver
les vivans qui s’y - renfermoient avec ce qu’ils
avoient de plus précieux , abandonnant , livrant
leur ville dépeuplée :8cieurs rochers aux ennemis,
en attendant que la faim, les en chaffâr.
V o i là , je crois , l’hiftoire la plus probable que
l’on puiffe faire d’un-monument fur lequel il ne
refte ni époque , ni veftigês d’infen prions , ni
peinture , ni fculpture , enfin aucune lumière h is torique
; trop vafte , s’i l n’eût été conftruit que
pour les fépultures , trop.refferré dans fes iffues
pour avoir.été des carrières.
Les tombeaux n’y font pas auffi multipliés qu’ aii-
leurs. Les grands, qu’on a décrits plus h a u t , fer-
voient de fépulture à deux corps , & l’ on voit
encore la place des deux têtes entaillées dans la
-pierre.
v Pour tout ce qui regarde Vufage Si. les formes
des fépultures anciennes S i .modernes , je renvoie
le lééleur, aux diffère ns articles C im e t iè r e ,
TOMBEAU;, SÉPULTURE, SÉPULCRE, &C. &C.
C A T A F A L Q U E , f. m. C e m o t , qui vient de
\'itz\iia caUfa.lco, fignîfie proprement un échafaud