contraire , qu’un arc fimple , double ou triple, fui-
vant l’étendue de la voie , l’importance de l’entrée
& la nature du lieu , étoit la feule manière d’annoncer
, auffi Amplement que noblement, l’entrée de la
ville dont ils auroient , en quelque forte , été le
frontifpice ? Quelle que foie la ' dépenfe qu’on ait
prodiguée à ces monumens bâtards , il eft fort a '
craindre quelle ne remplifle point l’eftet qu’on en i
avoit attendu ; & l’étranger pourra bien encore n’ être
averti de fon entrée dans la ville , que par la vifice j
qu’on lui fera fubir.
L a troifiéme obfervation a rapport â l’architedure de
ces barrières. Le Public a paru étonné de la nouveauté
de leurs formes , & de leur goût de décoration
étrange & infolite. Il eft vrai que ces édifices , dont
l ’afpeft offre de loin des maffes pyramidales allez belles, j
& quelquefois impofantes ; dont les dimenfions géné- |
raies paroiffent annoncer, dans l’éloignement , un
jjy le large & grandiofe ; dont la conftru&ion difpen-
dieufe femble promettre les formes les plus prononcées
Sc le caraCtèrele plus hardi, vus deprè«-, offrent
des détails bien finguliers & des contraftes bien frap-
pans. Il eft vrai qu’on voit dans quelques-uns la fière !
auftérité du plus mâle & du plus ancien des ordres !
G re cs , alliée & confondue avec les puérilités des inventions
les plus modernes ; (V o y . Donqtie. ) qu’on voit
ailleurs des colonnes appliquées à des genres de torcure
iufqu’alors inouis ; des boflages effrayans heurter , en
quelque forte, tous les fens. (V o y e z £o(fige.) Il eft
vrai que dans la plupart on remarque des licences de
toute efpèce ; des arcs inferits dans des frontons, des
frontons fans b a fe , des tailloirs communs à deux
colonnes ,. de nouveaux accouple me ns de colonnes,
d e bo/Tages , de chapiteaux , de modifions , des port-
à-faux de tout genre, des plans difeordans, des élévations
fantaftiques. Il eft vrai que prefque tous ces
monumens paroiffent un amalgame de toutes les
bizarreries trouvées ou introuvées jufqu’â nos jours 5
nn réfidu nouveau de combinaifons jufqu alors im-
p.oflibles. Il eft vrai qae par un mélange inconnu de
force & de foibielfe , de riche fie & de pauvreté, de
grandeur & de puérilité , de févéritë & Je bizarrerie ,
par la barbare uniqn des principes les plus difeordans
& les plus antipathiques , ces édifices , pour la plupart
, font devenus des produits monftrueux auffi
étrangers à l’architecture qui les défavoue , qu’injurieux
au bon goût qui doit fe hâter de les proferire.
Néanmoins, en confidérant, ainfi que nous l’avons
dit, combien la nature des fujets que traitent les artiftes
a d’influence fur leurs ouvrages & fur leur goût, peut-
être s’étonnera-t-on moins de la nouveauté de ces
édifices. Un nouveau genre de monumens a peut-
être paru demander à l’architecture un nouveau genre
de bâtir. E t, quand le typé ou l’idée première ne peut
rien offrir dé noble à l’idée de l’artifte , peut-être
fe trouve-t-il induit à des bizarreries , pour pouvoir
çaeher ou diffimuler le vice de fon fujet ; peut-être
croit-il devoir racheter & voiler par la Angularité des
formes , la baflefle des projets qui ne comportent en
eux-même rien de grand ni de conforme aux idées
des arts.
BARRIERE. C ’eftune file de pieux, dans lefquels
font aflemblés des traverfes & des liffes, qu’on place
dans les cours des hôtels , pour empêcher les voitures
d’approcher des murs. On en pratique de femblables,
mais plus élevées, dans les tues au-devant des Palais
des princes & des grands feigneurs , des hôtels-de-
ville , des falles de fpeétacle, &c.
BAR RIÈRE D ’É C LU S E . ( architctt. hydrauliq.)
C ’eft une efpèce de porte d’éclufe qu’on ouvre &
qu’on ferme avec un cabeftan armé d’un pignon
qui engrène dans une crémaillière ou la barrière eft
attachée. Sans figure, il eft difficile d’entendre la
conftru&ion de cette porte ; c^ft pourquoi nous renvoyons
à la defeription de Bélidor dans fon architecture
hydraulique, tom. 3. p. 410. planche 60.
B A S A L T E , f. m. en latin BASALTES ou
B AS ANT TE S LAPIS , eft une pierre dont on
diftiogue , félon Winckelman , deux efpèces , l’une
noire & l’autre verdâtre.
L ’efpèce noire eft la plus commune : elle reflem-
ble à la lave du Véfuve dont Naples eft pavée, ,&
aux pierres qui forment, dans l’Ita lie, les voies Romaines.
C ’e f t , en un mot, une lave d'une teinte égale,
comme eft généralement aujourd’hui celle du Vé-
fave. 11 exifte à Rome plufieurs animaux de bafalte
noir : tels font les lions de la montée du Capitole ,
Sc les fpl.inx de la villa. Borghèfe. Quoi qu’ il ait
■ té employé de préférence à ' l ’autre, pour la repré-
feniation des.animaux , il s’en rencontre auffi des
ftatues. Les deux grandes figures du fécond, ftyle
Egyptien qu'on voit au Capitole , Sc d’autres plus
peti :es, font de bafalte noir.
Quant au ba faite verdâtre , il s’en trouve de diver-
fes teintes , comme de duretés différentes. Lés fcul-
pteurs Egyptiens Sc Grecs l’ont employé. Parmi les
ouvrages des premiers , on voit un petit anubis au
Capitole , & ,'au collège Romain, une belle bafe avec
des hiéroglyphes , fur laquelle font reftés les pieds
d’ une figure de femme. On Ven eft fervi dans les
rems poftérieurs, pour imiter les ouvrages Egyptiens,
& fur-tout les canopes. Du nombre des ouvrages
G re cs , en bofaite verH , font;le Jupiter Sérapis de
la A lb ahi, dont oh n’a point- rëftauré le menton,
parce qu’on n’a pu encore trouver un mortëâu de
la même nuance , une tète de femme a la: meme
vil a A lb an i, Sc une tète de lutteur rapportée pat
Winckelmann.
On trouve peu de colonnes en bafahe. Les anciens
ne paroiffent pas en avoir fait un grand ufage dans
leurs édifices moins par la difficulté de s’en procurer
de grands morceaux , qu’ à caufe de fa couleur
défagréable, & du mauvais effet qui devoit réful-
ter de ion emploi,*
B A S ,
B A S , f. & adj. mafe. ce qui eft au-deflous. Dans
ce fens, on dit appartement bas ,t falle baffe , pour
exprimer ce qui eft au rez-de-chaufTée , au-deflous du
premier étage. Bas Ce dit auffi de ce qui a peu de
hauteur , un appartement bas.
B A S -C O T É S d’une églife. C e fon t, dans les
temples modernes , les deux côtés voûtés qui régnent
le long de la grande n e f , & qui tournent fouvent
autour du choeur. On les appelle auffi ailes. ( Voye£
ce mot, Bafilique & Eglife. )
B A SCU L E y f. f. On entend, en général, par ce
mot une pièce de bois ou de fer qui monte & def-
cend » fe häufle & fe baille par Je moyen d’ un effieu
qüi la traverfe.
BA SCULE A P IG N O N . C ’eft une bafcule fem-
felable à la bafcule de fermeture, ( Voyeç ci-après
c-et article ) avec cette feule différence que les queues
des verrous font droites & fendues , de Ja_ quantité
de la courfe ou du jeu des verrous; que les côtés
de ces queues qui fe regardent font.à dents & à cré-
maiüières, & s’engrènent dans un pignon compris
entr’eux. On ouvre cette bafcule avec un bouton rivé
fur la queue du verrou d’en-bas. Lorfqu’on le lève,
il fait tourner le pignon qui fait defeendre le verrou
d’en-haut Sc monter celui d’en-bas.
t BA SCUL E D E F E RM E TU R E : bafcule qui fert
à fermer les portes des venteaux & des armoires.
Elle eft compofée de deux verrous, l’un pour fermer
, en entrant,, dans la traverfe d‘en-haiit, Sc l’autre
pour fermer , en entrant , dans la traverfe
d’en has.
BA SCUL E D E L O Q U E T . Pièce de fe r , d’environ,
deux pouces de lon g , percée d’un trou quarré
long, & pofée au bout de la tige de la bouche du
loquet, .
BA SCUL E D E P O N T -L E V IS . Chaffis de charpente
placé dans l’embrafure d’une porte , pour
«ver & baifler un pont-levis. A u centre d’équilibre
de ce chaffis , font deux tourillons.^ar lefquels il eft
porte dans deux collets fcellés au murs , ou fur
deux poteaux debout. Au x quatre extrémités de ce
chaffis ; font attachées quatre chaînes , dont deux
tiennent au tablier du pont ,.•& les deux autres fero
n t à le -lever.
B A S E , f. f. On entend par ce mot ( qui vient
du Grec ßctopr appui ou foutien ) en général tout
corps qui eiî fini tient & en porte un autre avec
empâtement, mais particulièrement la partie inférieure
d’une colonne & d’un piédeftal. On nomme
au 1 la bafe d e ia colonne , fpire , du, latin fpira qui
renifle une ligne qui' ferpetite.
Arçhiufiuri* Tome /,
Quelle qu’ait é té , chez les différens peuples, l’origine
des colonnes ; qu’elle qu’ait été la matière qui
lervit de type à l’archite&ure , les premiers fupports
inventés par la néceffité n’eurent point de bafe. Dans
TarchiteChire Grecque on Voit l’arbre, à peine taillé
& façonné par la charpente , s’enfoncer en terre , ou.
être porté fur des poutres tranfverfales. Ces premiers
eflais de Fart de bâtir ne préfentent point encore
l’idée des bafe s. Le plus ancien , le plus fimple &
le pl us fort de tous les ordres , celui qui s’eft le
moins écarté de la Nature, l’ordre Dorique, nous
a tranfmis cette tradition heureufe. Il nous indique
aflez que la bafe ne fut -qu’wn fupplément ajouté
aux premières inventions du befoin. C ’eft pourtant
encore dans les premiers eflais de l’art naiflant, que
les bafes peuvent retrouver leur origine. Il eft probable
que, dans l'emploi qu’on faifoit alors des arbres
ou des. poutres, au fupport des combles & des mai-
fon s, diverfes raifons durent faire imaginer l’ufage
des bafes. Les plus vraifemblables furent, ou de
préferver de l’humidité le pied des foùtiens enfoncés
en terre, . ou d’élever '& d’exhaufTer , par l’addition
d’un ou de plufieurs plateaux, les arbres dont le fût
n’étoit pas aflez élevé.
Scamozzi & quelques autres écrivains ont penfé
que les bafes, leurs tore s, & leurs diverfes moulures
tiroient leur origine des ligainens de fer qu’on mit
en oeuvre pour aflujétir le pied de la colonne. On
a fait fervir la même conjecture à expliquer les
tores du chapiteau , fans penfer qu’outre l’inutilité
de ces liens, dont on fuppofe fi gratuitement l’exi-
ftence , il refteroit toujours la même difficulté pour
expliquer les parties de l’entablement, q u i , parleurs
formes, reflemblent au x tores des bajes & des chapiteaux,
& où l’idée de ligament ne fauroit conve<
nir. L e défaut de cette conjecture vient ic i , comme
pour bien d’autres parties de 1’architeCture, de l’habitude
où l’on eft de ne point féparer les formes
acceffoires , ou celles de l’art, des formes principales
ou de celles de la Nature. Il eft vrai que les embel-
liffemens de l’un parviennent quelquefois à décom-
pofer entièrement le caractère primitif de l’autre ;
& que de nouvelles reflemblanc.es de forme dues au
hazard , font perdre & difparoître l’analogie des
premiers types.
Mais ici la trace de la Nature n’ eft pas difficile à
retrouver Sc a fuivre : le Dorique nous en a confervé
l'indication fidelle. Un fimple plateau fut la première
bafe , ainfi que le premier chapiteau. On dût en multiplier
le nombre, en raifon du plus ou du moins
d’élévation qu’on voulut donner à la colonne ; mais,
en les multipliant, foit au pied , foit à la tête de la
•colonne , 011 dut en diminuer la largeur graduellement
& dans un fens inverfe , comme on le dira tout-
à - l’heure. Le chapiteau.Dorique Grec nous eft une
preuve de cette méthode auffi fimple cpie naturelle.
Les plus anciens chapiteaux de cet ordre ne nous offrent
aucune i^ée de tor-e ni 4 e ligament, puifque l’échine,
E e