
desufages &de$ deftinations d’un autre genre. ( Voye^
E gyptienne a r ch it e c tu r e . ) L ’arc d’Influé dans
la province de Féiume , décrit par le voyageur Paul
Lucas , eft un monument des bas lîècles de l’archi-'
teéture Romaine , & doit fe rapporter, avec les autres
ruines cju’on voit dans cette v ille , au règne d’Alexandre
Sévère, comme en font fo i les Infcriptions
citees par le même voyageur.
C ’eft: donc aux Romains qu’il faut faire honneur
de l’invention des arcs ‘ de triomphe. Les premiers qui
furent conftruits du tems de la République n’eurent
rien de magnifique. Celui de Romulus fut a fiez
groflîèrement b â t i, & en fimples briques. Celui de
Camille l’étoit de pierresprefque brutes.
Pendant long-tems, ils ne confiftoiént qu’én un
tire plein ceintre au - defiiis duquel on plaçoit
les trophées & la ftatue du triomphateur. T e l étoit
celui que Cicéron appelle. Am is Fabianus. On peut
en voir de cette forte fur plufieurs médailles qui
ne préfèntent qu’une feule arcade , accompagnée
d’une colonne de chaque c ô t é , fans ftylobate , &
furmontée d’une fîmple plate-bande en forme d’architrave.
Si l’on en juge d’après les médailles, ces'mo-
numens n’avoient prefqu’aucun embellilfement de
fculpture 5 il y en a même qui font entièrement nus.
Dans la fuite, leurs formes s’aggrandirent, & on les
couvrit entièrement d’omemens de tout genre. Leur
malle forma un quarré percé de trois arcades couronnées
par Un attique très-élevé , qui recevoit des
ïnferiptions,. quelquefois même des bas-reliefs, & qui
fiipportoit les ftatues équeftres, les chars de triomp
h e , ou autres objets analogues au monument. Les
archivoltes furent ornées de vitftoires tenant des
palmes & des couronnes. On fait q u e , lorfque les
triomphateurs pafloient fous les arcs de triomphe pof-
tidhes dont nous/ avons parlé, & qu’on élevoit feulement
pour la cérémonie , il y avoit- au fommet
de l'arc de petites figurés de victoires ailées & fuf-
pendues, q u i, pat le moyen des reflorts qu’on fai-
jfoir mouvoir à propos, mettoient une couronne fur
la tête du vainqueur. Telle eft l’origine de ces victoires
allées qui accompagnenttous les arcs de triomphe.
On obferve de nombreufès variétés dans îa con-
ftruélion, la forme , & la décoration des arcs de
triomphe. Nous en indiquerons ic i d’ avance les principales
, réfervant les détails & les particularités
qui méritent d’être notés- à la defeription qui va
fuivre de chacun de ces monumens..
Les premiers & les plus fimples , comme nous
Lavons déjà d i t , n’étoient-compofés que d’une feule
arcade ornée de colonnes Doriques ou Tofcanes, fans
ftylobate ; & plufieurs de ces arcs n’avoient point
d’impoftes.
On en voit d’autres fur les médailles-, compofes
de trois arcs égaux dans leur hauteur & leur ouverture
y. avec quatre colonnes placées, une entre chaque
arcade , & qui fupportent un fimple entablement,
fans, attique , orné d’un chai de triomphe & de porte-
tufeign.es ou Jîgflifërts..
Les trois mêmes arcs égaux fe retrouvent ailleurs %
mais l’entablement porté par les colonnes , profile fur
chacune 3 & , au droit de chaque colonne , eft une
ftatue adofTée à l’attique, lequel eft également décoré
du char triomphal.
Sur une médaille d’Augufte , il s’en rencontre un
d’une forme particulière : il confifte en une grande
arcade ornée de deux colonnes qui portent un, entablement
furmonté de l’attique , & en deux portes
quarrées plus petites de chaque côté , lefquelles font
accompagnées de deux colonnes avec un fronton au-
deffus.
Sur une monnoie de Galba , on voit un arc formé
d’une feule arcade à laquelle on montoit par un petit
efcalier de cinq degrés. Celui-ci éft du nombre de
ceux qu’on doit exclure de la clafie des arcs de
triomphe proprement d its , bu de ceux qui furent
érigés en mémoire de quelque victoire y comme
l’indique la légende de la médaille.
Les arcs encore exiftants aujourd’hui nous offrent
trois efpèces très-diftinétes 5 ceux qui ne confîftent
qu’en un fèul arc: tels font les arcs de Titus à Rome ,
de Trajàn à Ancône', &c. ceux qui font formés de
deux arcades, tels que les deux de. V érohne, & qui
paroiffent avoir en même tems lèrvi de portes de ville.
Ces arcs doubles conviennent bien à cette deftmarion
en préfentant deux iffues , l’une pour l’entrée,
& l’autre pour la fortie ; ils n’ont aucune analogie
avec ’■ la marche du triomphe qui exige un arc principal
& diftingué dans le milieu. De ce genre eft la
troifiéme efpèce compofée de trois portiques, dont
deux plus petits accompagnent le plus grand de chaque
côté. Tels font ceux de Conftantin & de Septime
Sévère à Rome , celui d’Orange , Sic..
L e petit arc de Septime Sévère , dit l'arc des orfèvres
, peut encore fe ranger dans une clafie à part :
il préfente une particularité de firmes dont on ne
retrouve ailleurs aucun autre exemple ; il n’eft point
voûté , mais fait en plate-bande. Sa petiteffe a
pu occafîonner ce ' genre de conftruétibn.
L e plus confidérable & le mieux confervé de tous
les grands arcs antiques,. eft celui de Conftantin à
Rome : c’eft aufli celui qui péut donner la meilleure
idée de ces fortes d’ouvrages 5 car , à l’exception
des bronzes dont il étoit revêtu 8c couronné ,
il eft prefqu’éntier dans toutes les autres parties dé
fa décoration, grâce aux reftaurations. & aux refti-
tutions de ftatues que fit faire le pape Clément X I I .
Ce t arc préfente un mélange bien fingulier de la
fculpture & de l’architefture. de deux âges éloignés
l’un de l’autre , & le contrafte le plus- frappant &
le plus rapproché du meilleur goût & du plus mauvais.
Il f u t , comme l’on f a i t , & comme on le vo it,
conftruit des débris' de celui de Trajan qui étoit bâti
dans fon forum. On feroit inconfolable de la perte
d’un des plus rares ouvrages de l’antiquité, fi ce
larcin bien digne de la barbarie du fiècle où il fur
c om m is .n ’eut fervi à. nous conferver les magnifir
tmes bas-reliefs qui repréfenteht les exploits de ce
grand empereur. On.embellit le monument de Conftantin
des captifs Parthes , des trophées compofés
de leurs armes & de leurs dépouilles $ c étoit fur les
Parthes que Trajan les avoit prifesj mais l’empereur
Chrétien n’avoit encore rien eu à démêler avec cette
nation. Non feulement on enleya ces bas-reliefs ; il
paroît aufli qu’on employa les mêmes pierres, les
mêmes- colonnes , les mêmes chapiteaux. On le
prouve par les difparates qui exiftent entre certaines
parties très-belles , & d’autres que l’ignorance de
l’archite&e & la mal-adreffe du fculpteur n’ont pas fçu
accorder, quoiqu’ils e.uflent eu en main, & fous les
yeux les.plus beaux modèles à copier.
L'arc eft enterré aujourd’hui jufqu’à la hauteur des
ftylobates ou piédeftaux des colonnes. Defgodets,
dans la fouille qu’il fit faire pour découvrir le rez-
de chauffée antique , trouva qu’il étoit pavé de
briques pofées de champ , & de carreaux de marbre.
Sa hauteur totale eft de 6j pieds 10 pouces ; fa longueur
eft de 7 6 pieds 5 fa profondeur de z© pieds
5 pouces. L a hauteur du grand arc eft de 35 pieds
10 pouces ; fon ouverture eft de zo pieds un pouce.
C e grand arc éft accompagné de deux autres plus
petits, dont l’élévation eft de 23 jfieds 5 pouces.
Quatre/colonnes en marbre de couleur , décorent
de chaque côté la face du monument. Elles' font
élevées fur des piédeftaux dont la bafe règne tout
autour des trumeaux, tant au-dedans des arcs qu’au
dehors. L ’impofte des petits aies fait retour fous
leurs bandeaux , & embraffe les côtés de l’édifice par
dehors. Les focles qui font fous les bafes des colonnes.
font joints aux lifteaux du haut de la corniche
dés piédeftaux par un congé. L e diamètre du bas
des colonnes eft de z pieds 8 pouces 1 5 elles font
aufli groffes au tiers de leur hauteur que par en
bas. L e fuft des pilaftres eft plus bas que celui des
colonnes. L ’entablement porté fur les colonnes profile
fur chacune. On remarque que la frife eft brute,
c’eft-à-dire que le marbre n’en eft pas poli. D efgodets
y obferva des pâtes & autres petits tenons
de bronze, qui lui firent foupçonner q ue lle avoit
été couverte d’ornemens du même métal. Un examen
plus approfondi des détails de cet arc, prouve
que la conjeélure de Defgodets eft fauffe. Ces tenons
de bronze fervoient à attacher & retenir les tables
ou revêtiffemens de porphire , dont cette frife étoit
• décorée , & dont il exifte encore des fragmens con-
fèrvés dans quelques endroits. A l’aplomb de chaque
colonne font des piédeftaux pofés fur l’entablement
fans aucune liaifon par derrière 5 ils portent des figures
de captifs. L ’attique fait prefque le tiers de la
hauteur de l’édifice 3 au-deffus règne une efpèce de
baluftrade ou d’appui. On monté au fommet par un
efcalier intérieur. L e tout eft conftruit de blocs de
marbre. ( Voye^_ la F ig,. 167 )
L a décoration de cet arc fé fent du peu d’en-
femble que dut avoir , dans ces tems à-demi barbares,
un ouvrage conduit ôc exécuté par l’efprit de
rapine & de compilation ; 011 y obferve des bizarrerie^
fingulières 3 tels font celles de l’impofte qui a dan.®
fa corniche des denticules & des modifions , tandi*
que l’entablement n’a que des modifions fans denticules*
Les piédeftaux des colonnes font ornés de victoires
groflîèrement travaillées3 on feroit même tenté de croire
que ces figures n’avoient point été terminées. Les colonnes
ont vingt-quatre cannelures remplies d’un bâton
jufqu’au tiers de leur hauteur. Les chapiteaux font C o rinthiens.
L ’archivolte du grand arc eft orné de viétoires
ailées 3 & , fur l ’impofte , entre la colonne & le bandeau
, on voit repréfentées les quatre faifons fous la
forme de quatre génies. L a c lë f faite en manière de
, confole, eft ornée de la figure de Rome. Des fleuves
perfonifiés couronnent les bandeaux des petits
arcs. Au-deffus de ceux-ci, &* tout autour de l’édifice
, règne une frife dont la fculpture groflière ,
exprime les a&ions & les exploits de Conftantin ;
au-deffus de cette frife , & entre les colonnes , font
placés , deux à deux, des bas-reliefs ronds, tirés de
l’arc de Trajan , & tous allufifs à cet empereur. Sous
le grand arc on admire deux grands & fuperbes bas-
reliefs : dans l’u n , Trajan eft repréfenté combattant
contre les Daces qui implorent fa clémence 3 dans
l’au tre , on voit ce grand homme après la bataille ,
couronné des mains de la viétoire , & remettant à
Rome l’empire de l’Univers. Deux autres bas-reliefs
de la même grandeur & de la même beaute, ornent
les deux parties latérales de l’attique. Il y a lieu de
croire que ces bas-reliefs, qui étoient continus , SC
faifoient fuite, auront été dépareillés par l’architeéle
Conftantin.
Les deux faces principales dé l’attique ne font pas
moins magnifiquement décorées. Entre les ftatues des
captifs , font deux bas-reliefs longs , accouplés &
repréfentant des allocutions, des facrifices, &c. Ils ont
été enlevés de l’arc de Trajan. On obferve encore»
dans les parties latérales de l'arc deux bas-reliefs circulaires
, où font fculptées les, figures de l’Orient
& de l’Occident 5 les penfées en font belles 3 mais
l’exécution en eft vicieufe 3*ce qui fait croire que. ces
morceaux , ainfi que plufieurs autres de cet àrc ,
n’auront été que d’imparfaites copies.
Les piédroits de la grande arcade , entre Tim-
pofte & la corniche des piédeftaux , font remplis
de trous faits pour fceller des crampons de bronze 5
ce qui donne à penfer que ces montans étoient ornés
de trophées , de feftons , d'enroulemens ou de rinceaux
de métal.
L'arc de Septime Sévère placé au bas de la montée
du Capitole , & enterré en partie, eft , à^ peu
de chofe près , dans les mêmes formes & les mêmes
dimenfions que le précédent. Il eft également com-
poffé d’une grande arcade & de deux plus petites ,
furmontées des mêmes figures de vi&oires , de fleuves
& de faifons. Les piédeftaux des colonnes font
fculptés de la même manière. Il y règne , en général,
plus d’ensemble que dans celui de Conftantin 3 plus
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