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à mafure qu’on le can ftruii, on remplit l’ëfpace
qu’il forme entre lui 8c le mur qui fomient les
ter res, fofr en terre franche, foit en glaife pétrie 8c
cor ro y é e comme celle du fond.
Il y a des conftru&eurs qui ne font d’abord que
•cinq on fix pieds de fond tout a u tou r, afin.de pouvoir
feulement affeoir la plate-forme qui doit porter
le mur de d o u v e , & qui ne finiffent le fond qu*a-
près les murs 8c le corroi du tour. Cependant il
vaut mieux faire le fend d’un feul j e t , parce qu’en _
le faifant en deux fo is , l’endroit du raccordement
ne fe relie pas aufîi bien : il peut en réfulter des dé-
funions qui ouvriroient un paffage à l’eau.
Au-deffus des fonds des bajjîns en terre franche
ou en g la ife , on étend un lit de fable de fix pouces ;
outre cela on fait fouvent un pavé en dalles, en
grès , en briques pofées de champ, ou en blocage
maçonné' a vec du ciment.
O n couvre le deffus du mur de douve avec des
dalles en pierre dure , 8c on forme une plate-bande
de gazon au-deflus du courroi de terre g la ife, afin
•de l’entretenir frais & de l’empêcher de fe gerfer.
L ’économie a fait imaginer une autre manière
de coriftruire les petits bajfins qui ne paffent pas
douze à quinze pieds de diamètre*
• O n fait d’abord une fouille de même forme que
le bajjin, à laquelle on donne deux pieds de plus
de diamètre 8c un pied de plus de p rofondeur. On
fait le maflif du fond d’ un pied cPépàiffeur , en maçonnerie
de moilons 8c m ortier, ainfi que les murs
du tour. O n revêtit le tout de dalles en pierres
dures:, pofées au ciment, & les joints en maftic
gras. Cependant il faut obferver que' comme lés
dalles du tour font en d é lit , on ne peut pas faire ces
bajjîns circulaires , parce qu’en crenfant les dalles ,
on tranche les Hts de la p ie r re , & que les parties
tranchées font fujettes à fe déliter à la gelée ou
par quelque autre accident. Pour obvier à cet inconvénient
, on les forme en polygone régulier dont
on multiplie les côtés en raifon de leur grandeur,
qui ne doit être que d e trois ou quatre pieds. On
donne à ces dalles quatre à cinq pouces d’épâif-
fen r ; elles doivent être de bonne pierre. Ce tte
conftruétion exige les plus grands fo in s , fi Ton
v eu t qu’elle ait de la durée ; {inondes bajfins feront
fujets à un entretien continuel. Les dallés fe délite
ro n t, le maftic fe fendra, 8c l ’eau finira par fe
perdre.
A u lieu de d a lles, on revêtit quelquefois l’intérieur
de ces bajjîns en plomb. 'Alors il faut que le
maflif du fond & le mur de tour foîent enduits de
p lâ t r e , parce que la chaux mine le plomb & le
décompofe à la longue. Il faut d éplus un foin particulier
pour bien faire les foudures, fur-tout v ers les
bords , afin que le foleil ne-les-faffe pas fendre.
C e tte forte de bajjîns eft encore fujette à d’autres
inconvéniens : tantôt le plomb fe bourfoufflê, tantô
t il s’y fait des fêlures imperceptibles par ou l’eau
s’en fu it , fans qu’on puiffe y apporter remède, ce
q ui exige des réparations fouvent infruéhieufes.
B A S
L e plomb d’ailleurs eft une matière coûteufe &
fujette à être volé e. Un bajjîn de maçonnerie , revêtu
en cimen t, fait avec le foin & l’économie convenable
, coûte moins & dure davantage.
O n pratique quelquefois dans les bajfins deux décharges,
une de fond 8c l’autre de fuperficie. Les
fontainiers placent celle du fond vers le bord du
bajjîn, 8c ils dirigent toute la pente de ce côté :
cependant il vaut beaucoup mieux placer cette décharge
vers le milieu. En la mettant vers le bord,
tout l’effort de l’e a u , qui fe porte de côté par la
pente du fond , tend à le dégrader plus vite ; au
lieu qu’en dirigeant la pente vers le milieu, toute
la malle d’eau eft en équilibre 8c n’agit pas plus
d ’un côté que d’un autre. Q u an ta la décharge de
fuperficie qui fe r tà maintenir l ’eau à un même niveau
, il n’y a pas d’inconvénient à la placer dans
l’endroit du mur d’enceinte qui paroîtra le plus convenable.
Bassin, (jardin age) C ’eft dans les jardins, ainfi
qu’on l’a défini ci-deffus, un efpace ordinairement
creufé en te r re , d’ une forme ron de , o v a le , quar-
rée ou à pans , deftiné à renfermer l’e a u , autant
pour l’utilité du jardin que pour l’agrément de !<i
vue.
La grandeur 8c la forme des bajfins peuvent fe varier
à l’infini ; mais leur profondeur eft le plus fouvent
de deux pieds ou deux pieds 8c demi, parce qu’il
ne faut q.ue dix-huit pouces pour puifer avec un ar-
rofoir. On ne les fait plus profonds que lorfqu’on
veu t y nourrir, des poiffons, ou pouvoir s’y promener
én bateau. Dans ces cas on pourra leur
donner quatre pieds 8c demi de profondeur.’ Il feroit
dangereux de leur en donner davantage. A u refte,
ces mefures ne font pas absolument déterminées ;
mais lorfqu’elles paffent certaines limites, le nom
de bajjîn fe change en celui de pièce d’eau, canal,
vivier , rèjervoir. (Voye^ ces mots.)
La qualité effentielle d’un bajjîn eft de tenir l’eau.
Il faut que la matière qui tap iffe fon fon d , foit de
nature à réfifter à cet élément, qu’e lle . foit bien
liée, pour qu’elle ne laiffe aucunes fentes ni crevaffes
par où l’eau puiffe s’échapper. ( Voye^ l’article
c i - deffus. )
Son plus grand agrément confifte dans la limpidité
de l’eau. Au fli fa place la plus ordinaire eft dans
les endroits découverts , tels que les parterres, les
boulingrins. Les bajfins fe diftribuent aufli dans les
bocages 8c les bofquets : c*eft-là quë le eigne en
Vient animer 8c embellir la furface.
L ’ornement le plus naturel du bajjîn eft le jet
d ’eau. Sa hauteur doit être p roportionnée à l’étendue
de la pièce. Le je t d’eau peut fournir à
l ’art les motifs de décoration les plus variés. On
les doit choifir parmi les fujets qui ont quelque rapport
avec les fcèn;es aquatiques (Voye^ Jet d’eau)*
Il eft une foule d’allégories qui fe prêteront aux
inventions de l’ar tifle , 8c embelliront le milieu
comité les bords du bajjîn. „
B A S
Il eft mutile de dire que ce genre de décoration
ne convient qu’aux jardins ornés 8c peignés. Dans
ceux où, la main de l ’art difparoît 8c fait place à
celle de la nature, le bajjîn ne fe montrera point
fous des formes fymmétriques 8c compaffées ; l’eau
ne s’y verra point enfermée dans les contours réguliers
d’un marbre orgueilleux : de Amples rocailles
formeront fon enceinte ; ou l’herbe d’un gazon
en deflinera le circuit.
C’eft dans les jardins de magnificence op\e\ebaJfin
peut étaler toute la fienne. Outre les marbres 8c
: les métaux précieux qui bordent fon enceinte, il
fera fufceptible, félon les variétés de fa p ofition, de
recevoir toutes les richeffes de l’a r t, toutes les
merveilles de la décoration. Des ftatues de fleuves
ou de naïades orneront fes bords; des grouppesde
; tritons , des monftres marins feront jaillir fes eaux.
Quelquefois il fe mètamorphofe en bain confacré
| aune divinité : la fcène s’élève du milieu du bajjîn
même, ou s’adoffe au mur de terraffe qui le domine.
| C’eft-là que la fculpture peut développer fes plus
grands moyens. Verfailies nôus offre les plus pom*
I peux modèles de décoration appliquée en grand
aux bajfins ; 8c ce jardin réunit en ce g en re , plus
dericheffe peut-être, que tout le refte de l’Europe
enfemble.
Bassin a balustrade. C ’eft un bajjîn dont le
; renfoncement, plus bas que le rez-de-chauffée, eft
bordé d’une baluftrade de pierre, de marbre ou de
bronze, comme aux bains d’Apollon à Verfailies.
Bassin a rigole : bajjîn dont le bord de marbre
ou de ca illou , a une rigole taillé e, d’où fo r t ,
d’efpace en efpace, un je t ou bouillon d’eau qui
garnit la rigole 8c forëne une nappe autour de la
baluftrade, comme à la fontaine du rocher dans
I les jardins du Vatican à R ome.
Bassin de jbain. C ^ to it , dans une falle de bain
l chez les anciens, un enfoncement reétangie, où
I l’on defeendoit par des degrés pour fe baigner. î
; ( Voye^ Ba i N; )
Bassin de décharge. C ’e f t , dans la partie la
plus baffe d’un jardin , une pièce d’eau ou canal
dans lequel fe déchargent toutes les eaux ap_rès le
jeu des fontaines, je ts , cafcades f &c. 8c d’ou elles
fe rendent enfuite par quelque ruiffeau ou rigole
dans la plus prochaine rivière. T e lle eft la grande
pièce d’ea u , au bas’ de la cafcade de Seaux proche
I Paris. .
Bassin de fontaine. O n appelle ainfi celui
qui reçoit les eaux d’une fontaine, l l y en a de deux
| elpèces ; des bajfins à hauteur d’appui , au-deffus
| du rez-de-chauffée. d’une cour ou d’uue place publique,
Si des bajfins élevés fur plufieurs degrés,
avec un profil riche de moulures, 8c de forme-régulière,
tels que ceux de la place N avonne à Rome. .
Bassin de partage e f t , daas un canal fait
I art,nciellement , l’endroit où eft le fom met de ni-
| /eau de pente, 8c où les eaux fe joignent pour la'
[ continuité du canal. L e repaire où fe fait cette jonc-
I “ on eu appelle point de .partage.
‘drchltctture. Tome h
3 A T 2 49
Ba s sin d e p o r t de m er. C ’eft uri efpace bordé
de gros murs de maçonnerie où l’on tient les vaif-
feaux à flot. Il y a deux fortes de bajfins de mer;
les uns qu’on peut remplir 8c .mettre à fec à volonté,
au moyen d’une éclufe qui en ferme l’ entrée ; les
autres qui font tout o u v e r ts , 8c dont le fond étant
de vafe m o lle , fe remplit d’eau quand la mer monte
(dans les endroits où il y a flux 8c reflux) 8c fe vuide
quand elle defeend.
Bassin en coquille : bajjîn fait en conque ou
coquille , 8c dont l’eau tombe par nappes ou gargouilles
, comme à la fontaine Barberine à Rome;
Bassin figuré eft celui dont le plan a plufieurs
corps ou retours droits, circulaires ou à pans &e.
B A S T IO N , f. m. C’eft le nom qu’on donne à un
-pavillon couvert en terraffe à l’encoignure d’un bâtiment
, comme on en v o it au château de Capra-
rola en Italien
B A T A R D j-ad}, m. Les archite&es donnent ce
nom à certaines inventions que l’ufage a introduites
dans l’architeéf ure ', qui ne fe foumettent à aucunes
règles fixes , que la raifon tolère , que le goût au-
tor ife , 8c qui femblent plus cherchera éluder les
principes qu’à les combattre. A in fi l’on appelle ordres
bâtards l’ordre attique & le caryatide ( Voye^ '
ces mots.) dont les entablemens irréguliers n’ad-
mèttent qu’une compofition arbitraire 8c des proportions
indéterminées.
B A T A R D E A U , f. m. (archlt, kydraul.) Efpêce
de d igu e, faite d’un double rang de pieux joints par
des p lanches, entre lefquels eft un maflif de terre ,
8c qui défend l ’entrée de l’eau dans un endroit où
l’on veut fonder. On le conftruit ainfi : après avoir
enlevé la v afedu fon d , on plante deux files de pilots
parallèles , placés à une diftance proportionnée
à la hauteur de l’eau , 8c entretenus avec des liernes
8c entretoifes. On enfonce enfuite le long de ces
pilots 8c dans les rainures qui y font pratiquées,
des madriers taillés en pointe par le bas , qu’on appelle
palplanches , pour former un encaiffement
que l’on remplit avec de la terre glaife. .
Pour bien employer cette glaife, on la réduit en
petits morceaux , afin de la n ettoyer de tout fable ’
8c gravier. On l’arrofe enfuite & on la laiffe hu-
me&er, après quoi on la bat 8c on la corroie fur
un plancher- avec les pieds. O n en forme des ef-
pèces de pains que l’on jette au fond du batardeau,
ce qui fait fortir l’eau à mefure qu’on le remplit.
Enfin on bat la g la ife , lit par li t , avec la demoifelle, -
jufqu’à ce qu’on foit parvenu au-deffus du niveau
de l’eau extérieure, 8c plus haut encore , fi c’eft:
dans la m e r , de crainte que par fon agitation elle
n’entre dans le batardeau.
C e t encaiffement, bien fait, eft impénétrable à
l’eau. O n peut vuider l’efpace qu’on auroit environné
de cette manière, dans le milieu d’une rivière
, fans crainte que l’eau filtre au travers. L’ott
peut fans aucun rifque établir fur le fon d , d’une
; manière folide 8c commode, les confiai étions qu’@a
fcpro.pofe de faire.
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