
i 8 A I R
qui dévoient avoir un pied ènfemble, fuflënt réduites
à un dodrdns , c’eft-à-dire j-|- du pied antique
qui équivalent à S pouces £ du pied de Paris.
Paï-deflus cette fécondé couche, on en mettoit
une troifième qu'on appelloit nucléus , .ou noyau
compofée de trois parties de tuileaux pilés, mêlés
avec une partie de cnaux j elle* dévoit avoir au moins
lîx doigts d’épaiffeüf. bu { du pied Romain antique
qui reviennent à 49 lignés ' j du pied; de Paris.
£ ’eft fur cette couché, exaéiement dreffée à la
règle 8c au niveau , qU’on pofoit lé pavé en carreaux
ou en mofaïqùe, ( voye^ ces mots. ) ou Un
enduit fur lequel on femoit du marbre pulvérifé
très-fin.
‘ Lorfque V Aire devoir être faite fur des planchers
de charpente, ils faifoient bien attention qu’il n’y
eut pas. dans l’étendue du plancher , des murs inférieurs
qui pu'flent le foutenir dans fa portée, (fig-
l . pl. ï . f i l fâlloit aU ‘ contraire que le plancher
paffàt au deffus de ces murs, & qu’il eh fut tout
a fait détaché, (fig. z . ) Sans cette précaution ,
lorfque Y Aire commençoit à faire corps , le plancher
venant à plier dans les intervalles de ces murs, tandis
que la partie fiir les murs réftoit folid e , il fe
faifoit de chaque côté une défunion dans toute là
longueur. ; \ , . /- , - . .
Vitruve dit encore, au même chapitre, qu’il ne
Falloit pas que les planchers fur lefquels on vouloir
former une Aire durable, fufient couverts-avec dès
planches des deux efpèces différentes de chêne qu’il
appelle Efculus 6* Quercus ; c’eft-à-dire qu'il ne
falloir pas mêter des* planches dé chêne tendre! dont
le fil eft d ro it , avec des planches de chêne dur dont,
le fil eft tortillé ; parce'que ces dérnièreslfe tordoiénc
lorfqu’elles étoient pénétrées d’humidité, faifoient
fendre Y Aire,
' Lôrfqu’au défaut de chêne tendre, on étoit obligé
J e fe fervir de chêne dur , il falloit que- les planches
fufient ttèslminces-a ffihr d ’être plus >faciles à
contenir, en les arrêtant fur ^chaque foJive avec deux
d o u x . Quant au chêne.appellé Cerrus &: au hê tre,
Vitruve dit que n’étant pa s, d’une aflèz grande durée
o n n’en faifoit p as ufage.
Lorfque les planches étoient bien arrêtées fur les
foliv es , on commençoit par étendre déflus de là
fougère ou de la paille, pour préferver les bois des
effets cauftiques de la chaûx. Suf le lit de paille ou
de fougère , on étendoit i ° le Statumen, enfuite leS
R u d u s , le NucUu’s , enfin le pavé ou l’enduit fin
fémé de pôuffière de marbre', comme nous l’avons
ci-devant expliqué.
C ’eft principalement pour les Aires qui dévoient
Tefter à découvert, comme les terrafîes , qu’on.pren-
noit les plus grandes précautions, fur-tout lorfqu’elles
dévoient fe faire fur des planchers. L e s' bois font
fujets à renfler dans les temps humides , ’ à fe
refférer dans les temps fecs, à fe gauchir, & : à 'fe
tourmenter au point de caufer la ruine des A ir e s ,
A I R
9c des pavés qù*on établit de fins. C é f t pourquoi^
lorfque la néceflité contraignoit les Anciens d’en
fa ire , voici les précautions qu’ils prennoienc, felo.n
Vitruve , pour éviter, autant qu’il étoit poflible ,
tous ces inconvéniens , & faire des Aires durables.
Après avoir cloué lé prémier rang de planches fur
les folives, on en clouoit un fécond rang qui croifoit
le premier, ( fig. 3 .) qui fervoit de double couverture
aux folives , & conteooit le premier rang de la
manière la plus folide j alors tous les fils du bois £e
trouvant çroifés, ces planches ne pouvôient plus
agir d’aucune manière. Deffus ce double rang de
planches , on étendoit un lit de paille ou de fougère
fur lequel on pofoit la première couche âp-
pellée Statumen , enfuite la fécondé appellée Rudus
compofée, dans ce cas c i , d’un tiers de tuileaux
écrafés, & de deux parties, de piérailles, A cinq parties
de ce mélange ou joignoit deux parties de chaux.
Il falloit que ces deux premières couches prifes en-
femble,. eufient au moins un pied d’épaiffeur. Sur
ces deux couches, on pofoit la troifième appellée
Nucléus, comme il . a été expliqué, ci-devant ; 8c
par-defliis des petits pavés cubiques de deux doigts
de grandeur fur.tous fens , en donnant .deux doigts
de pente fur dix pieds. Afin que le mortier qui étoit
entrè' les joints de ces petits pavés .'ne fouffrit pbint
de la 5 gelée--, on avoit la précaution, pendant _un
certain temps ; de le frotter tous les ans avant l’hyver
avec du mare d’huile.
Qiielquéfois pour donner à ces terrafles une plus
grande folidité : on pofoit fur la fécondé couche ,
appellée Rudus, dé grandes briques de deux pieds en
carré'i (voy. fig. 4; / dont on creufoitles joints toutau-
tou r, en forme d’un canal d’un doigt de largeur 8c de
profondeur , qu’on remplifioit de chaux broyée avec
de l’hiîilç. En pofant les carreaux ou briques , on
avoit foin de les bien faire joindre eft les frottant
l’un contre l’autre. Lorfque cette chaux étoit durcie
& qu’elle avoit fait corps avec, le carreau, il n ’étoit
plus poflible à l’éau de pénétrer ces joints ; fur cette
efpèce !dè carrelage on étendoit le Nuç/eus qu’on
battpit à l’ordinaire,- enfuite on pofoit defius uu
pavé de petites: briques rangées en épis ou en points
d'Hongrie* Voye[ Pave.
Les terrafles exécutées de cette maniéré font fi
durables, qu’on en trouve plufieurs parties très-bien
confervéés en differens endroits, fur tout ;à Rome
& aux environs. En examinant' avec beaucoup d’at-
reftrion toutes ces différentes ' parties1 d’Aire qui fè
trouvent dans les édifices antiques, on obferve
qh’elles font formées dçjdufieurs couches exaélement
comifie Vitruve le décrit au premier chapitre du
livre 7 , A la ville Adriene & à Pompéii, on remarque
dans les angles de murs, des parties a Aire
qui avoient été faites fur le plancher, & qui fe
foutiennent comme dés'voûtes', parce que les folives
& les bois ont été détruits^ ou confummés par
le temps. On voit âu-deflous, les. trous des folives ,
J’épaifieur des planches, l’impreflion dts fougères
À I R
qu’on avoit mifes pour garantir tes bois. On diftin-
eue fort bien les différentes 'couches dont ces Aires
étoient formées-, telles que le Statumen, le Rudus,
le Nucléus , 8c l’enduit fin, la mofaïqùe ou le carreau
qui étoit defius.'
Il y avoit une autre manière de faire der Aires
que lès anciens Rorriaifts appelloient pavés à la Grecque
; ils fervoient pour les chambres d’Hiver , &
fur-tbut pour les falles à manger. Vitruve dit qu’ils,
étoient ftioins beaux que commodes. Ils ne fe faifoient
qu’a rèz-dé-chauffée ' : à cet effet l’on creufoit
deux, pieds plus bas que le niveau du pavé 'qu ’on]
voulôit faire ; après avoir bien battu le fond.s , on
étendoit deffus, une couche faite avec des recoupes/
de pierre, du tuileau, & de la chaux broyée eh-{
femble. On drefloit cettè couche comme un pavé ,|
en lui donnant line pente , & des iffues qui com-;
muniquoient à un canal.] Sur cette ëfpèce d’Aire
on mettoit une couche de charbons pilés qu’on bat-/
to i t ; enfuite on étendoit une troifième couche compofée
de chaux , de fable fin , & de cendres broyées:
ensemble ; on faifoit c e lle - c i d’un demi - pied
d ’epaiffeur; on la drefloit bien pàr-deflus au niveau'
& à la règle; Sc, lorfquelle étoit féche, on la po-
lifloit. Cette Aire étant finie paroifloic noire. Employée
dans les falles à manger elle procurait l’avantage,
que l’eau ou les reftes du.vin que les convives
jettoient pendant le repas, s’imbiboient tout
de fuite ; enfortè- que le pavé reftbit .toujours fec
& lès Dapifèrçs , qui fervoient ordinairement
les pieds nuds, n éprouvoient aucun inconvénient
de l'humidité.
L a dureté & la folidité des Aires antiques pro-
venoient de trois çhofes : i ° du foin qu’on pren-
noît de les bien faire. z ° De la manière dont on
employoit la chaux. 3 °D e la précaution qu’on avoit
de bien battre, ou mafllver chaque couche.
D e s A I R E S ' m o d e r n e s *
Les Aires^ qu’on fait aduellement à Naples & à
V en ife , ainfi qu’en plufieurs autres endroits de l’I talie
fe font prefque de la même manière que les
Aires antiques ; c’eft au fom qu’on a de les bien
maffiver, qu’il faut attribuer la dureté & la folidité
quelles acquièrent. A Venife-, ôn les appelle Compofto
ou Tera^a y & a Naples Laflrico ( voye^_ ces mots.)
Les Aires en mortier qu’on, fait à Paris au rez-
de-chauflee, & fur les voûtes, n’ont pas, à beaucoup
près , la même folidité, parce quel’on ri’y apporte
aucun foin , & qu’on éteint mal la chaux ; de forte
que le mortier n'y vaut rien. L ’ufage où l’on eft de
faire prefque tout en plâtre , eft caufe que les O u -
Paris connoiflent très-peu la manière de
bâtir en mortier. (PVyeç M o r t ie r . )
Dans plufieurs Provinces' de France, ou le plâtre-
n eft pas commun,' on fait des Aires en mortier der
Chaux & fab le, avec pierrailles 5c gravier^ ,04 les
A I K
dre/Te, 9c on les bat à la manière des anciens, do
forte qu’elles deviennent très-dures, 5c très-folides.
Quant aux Aires en plâtre, qu’on fait fur les
planchers, nous renvoyons à en parler à l’article
Plancher,
Aire vient du latin Areu. ( V o y e z , à ce m o t , ce
qu’étoit Y Aire ou Area dans les Temples.
A IR E fe dit aufli d’une fuperficie, plane 5c horizontale,
fur laquelle on trace un p lan , fene épure*
( Voyeç Epure.) On s’enfert encore pour défigner
un enduit de plâtre fait pour tracer quelque deflin,
A IR E de bassin. C ’eft un maflif d’environ un
pied d’épaiffêur fait de chaux Sc • de ciment, avec
des caillou x, ou un courrai de. g laife , pavé par
deffus :, ce qui fait le fond dû baflin. Cette Aire
Ce conferve long-temps, pourvu que la fuperficie de
l’eau s’écoule aifément. Quand le tuyau de décharge
eft trop menu, l’eau fuperflue regorgeant fur les bords,
délaye le terreinTur lequel eft aflis le. baflin, 5c. le
fait périr.
U A IR E ,®e recoupes. X terme de Jardinage.') G ’eft
une épaiffeur d’environ 8 à 5» pouces dè recoupes ,
ou petits morceaux de pierre dé taille , dont -on
forme le fol des allés de jardins pour les rendre plus
fermes ; on .couvre ces recoupes, de terres , de £al-
pêtre bien b attu es , 5c enfuite de fable.
A I S , f. m. planche de chêne ou de fapiri. à l’ufage
de la menuiferie dont on fe fervoit ja d is , 5c dont
on fe fert encore en plufieurs pays pour pîafoner.
Le nouvel ufage d’enduire de plâtre lés p la fon d s,
en entraîne fôuvent la ruine , & donné lieu aux fraudes
des Charpentiers dans l ’emploi qu’ils font de
bois verds. Peut-être la décoration des plafonds a-
t-elle aufli beaucoup perdue à cet u fa g e , comme
on peut s’en convaincre par la vue des anciens
Palais, •
À IT R E S . V ieu x mot qui fignifie, en général»
les dépendances d’une maifon. On dit : je connois
les Aitres de cette maifon,
A JU S T E R , v. a d . accommoder une chofe poue
le lieu od elle doit être placée. On fe fert de -ce
terme pour dire orner, embellir, rendre commode
un appartement.
A J U T A G E , f. m. morceau de cuivre tourné
5c percé en manière de cation de foufliets , qu-on
ajufte à vis flir une tige foudée , fur la touche
du tuyau d ’un jet d’eau , & qui en détérmïne la
grofleur. Il y a trois fortes d’Ajutages , dts fimples ,
fies compofis 8c à l'épargne. Les- premiers font or-«
dinairement élevés en cône 8c percés d’un feul trou.
Les Ajutages compofés font applatis au-defluS,
8c percés fur la platine de plufieurs trous , de fentes
ou d’un faifeeau dé tuyaux , qui forment des
gerbes 8c des girandoles. Les Ajutages à l’épargne
font hoi^chés dans le milieu;, 5c ouverts tout a l’entour.
M . Mariotte prétend que les Ajutages fimplgs
j>erçés d’uo feul trou fur- une platine de cuÎYre#.