
bre dont à Babylone les appartenons Soient décorés
j il paroît même quë ces vafes étoient enrichis
de pierres précieufes.
Il eft à croire, par le goût encore régnant aujourd’hui
dans l’Afiè , que les anciens Orientaux
tapifToient d’étoffes les murs de leurs appartenons.
Pline rapporte qu.Attale roi de Pergame , ayant fait
les Romains héritiers de fon fuperbe Sc immenfe
mobilier, on y trou va, entr’autres chofes, de beaux
ta p is , & de belles tapifTeries brodées Sc tehauflées
d’or 5 mais il paroît que les manufactures qui four-
nifToient ces ouvrages précieux ne fe foutinrent pa s,
& qu’elles furent abandonnées, même avant le tems
de la décadence de tous les arts dans la Grèce &
en Italie.
Dans ces deux pays , on ne remarque point de
traces d’un femblable ufage à’ Ameublement ; les peintures
& les bas-reliefs antiques ne nous en donnent
pas d’indication très-précifé 5 ce qu’on y voit de
tapifTeries ou draperies clouées aux murs , Teft d’une
manière flottante, & non adhérente à la muraille.
Ces efpéces de draperies retroùffées avec a r t , & dif-
pofées par feftons, s’adaptoient ordinairement aux
alcôves , autour des lits , & des tables où l’on man-
geoit._(Fbye^ A lcôve. )
Il paroît cependant d’après les relies nombreux
qui nous font parvenus des maifons & dès palais
Romains , que la peinture & la fculpture faifoient
feules les frais de la décoration de leurs intérieurs. C e
genre, le plus beau de tou s, fans doute , fut bientôt
remplacé à Rome par les enduits précieux , ou les
revêtiflemens de marbre , qui , félon Pline , devinrent
une manie chez les grands. Dans plus d’un endroit
, ce philofophe fe plaint du tort que la fureür
des marbreries faifoit à la peinture, & du défaut de
g o û t , fuite ordinaire de la. perte des moeurs qu’il
reproche^ fon pays. Quos ad ufus quasve ad volup-
tates alias, nifi ut inter maculas lapidum jaceant.
Les Gaulois & les Francs, nos ancêtres, n’ont
eu pendant long-tems , pour leur Ameublement aucune
idée de tapifTeries , ni de tapis 5 mais on fait
qu’ils couvroient leurs murailles & leurs planchers,
de nattes tiffues de longues pailles & de joncs. Les
nattés ont donc été notre premier Ameublement. Une
forte de luxe s’y étant peu-à-peu introduite, on
imagina de teindre les pailles & les joncs qu’on em-
ployoit pour former ces nattes, & elles furent travaillées
en compartimens , & avec des deflins plus
ou moins agréables. Les belles nattes fe tirèrent
d’abord dii L e v an t , mais on parvint à les imiter
en France , les plus parfaites fe firent à Pontoife,
& devinrent un article de commerce affez étendu.
Les nattes ne font plus guerres en ufage à Paris, ni
dans nos provinces ; mais elles font encore à la
mode dans toute la Hollande, tant celles que l ’on
y fabrique, que celles qu’on fait venir du Levant.
Au x nattes ont fuccédé les tapifTeries de lame
& de foie qui font affez généralement l ’ornement
des intérieurs des appartenons , & le plus grand mérite
de Y Ameublement. Les pays froids qui femblent
néceffiter les tapifTeries & les étoffes , pour abforber
l’humidité des murs , ont exclu des intérieurs la
peinture , & les autres .arts qui contribuent pour
peu à leur décoration. Audi cette partie eft-elle devenue
à-peu-près étrangère à l’architecture. Elle
regarde en général l’art du Tapiffier.
A M M A N A T I , ( Bartkèlemi ) fculpteur & architecte
de Florence 5 il naquit dans cette ville en 1 5 1 1 ,
Sc mourut en 15 91 . Il fut élève de Sanfovino. L e
nombre & la qualité des édifices qu’il a fait con-
flruire, doivent le mettre au rang des plus grands
architectes. Il acheva le palais Pitti à Florence , Sc
donna le deffin de la cour. Trois de Tes côtés font
ornés d’un triple étage de portiques formant jadis
galerie découverte 5 il y employa trois ordres d’architecture
, dont les colonnes font engagées dé la m oitié
de leur diamètre. L e premier ordre eft Dorique ,
le fécond Ionique, & le troifiéme Corinthien. Les
uns & les autres font en bofTage. Ammanati fit
conftruire dans le fond de cette même cour , une
grotte magnifique , dont le plan eft ovale .: elle eft
ornée d’une manière très-agréable , pat des rocail-
les , & des colonnes doriques, ifolées ; 011 y voit
encore plufiêurs fontaines , des .niches & des ftatues.
L a voûte étoit embellie par de belles peintures.
L e pont de la Ste-Trinité à Florence ayant été
ruiné par une de ces inondations de l’Arno , dont
il y a eu peu d’e x em p le s i l fut rebâti par Ammanati.
Son g o û t , fa hardieffe, Sc fa légèreté le fon t
pafTer pour le plus beau de l'architeCture moderne,
(Voyez P ont. ) A Rome, il donna le plan du college
Romain confié aux Jéfuites. Mais fon defTein ne
fut pas exécuté en entier on n’en conferva que
la cour & la façade ; le refte fut abfolument
changé. Cette façade, grande Sc impofante en elle-
même , malgré quelques défauts de détail qu’on y
remarque, porte bien le caractère de l’édifice pou r
lequel elle eft faite. On y blâme la forme des-
fenêtres, & la lourdeur des confoles.
Ammanati conftrùifit encore à Rome le vafte palais
de la maifon Rucellai, qui a paffé fucceffive-
ment dans la maifon Gaetani , & dans celle des
princes Rufpoli. On admire dans ce palais la fage
ordonnance des croifées, leur belle forme, la dif-
pofition des vu ides & des pleins, le profil de^ l ’entablement
, & l'harmonie des parties' avec le . tout.
L ’intérieur n’offre de remarquable qu’un grand
efcalier. conftruit tout entier de marches en marbre
blanc d’un feui morceau. Il avpit Commencé à faire
bâtir un autre palais dans le voifinage de celui dont
on vient de parler, fur la rue des conduits , où l’on
n’en voit que quelques veftiges. Le palais du marquis
Sagripante, près de celui du duc Altemps , eft
encore dû deffin de cet architecte.
Ammanati eompofa un ouvrage confidérable
intitulé la Cilta, ou la ville. Il renfermoit tous les
plans des différens édifices qui rendent une ville célébré
& agréable. Ce t artifte aVoit commencé par
les deffins de différentes portes 5 il donna enfuite
ceux du palais du prince , de Thôtel-de-ville , de
diverfes églifes, des fontaines , des places , de la
bourfe , des ponts Sc des théâtres. C e t ouvrage
important tomba par hazard entre lés mains du’célébré
Viviani , d’où il paffa au fénateur Louis D e l
Ricc io, qui en fit prêtent à Ferdinand de Médicis,
grand duc de Tofcane,. On ignore l’endroit où ce
livre eft aujourd’hui.
A M O N T , f. f. terme dont fe fervent dans leurs ,
rapports les experts en architecture, pour exprimer
une- chofe au-deffus de celle dont ils traitent. Exemple
, fi en parlant d’un mur à rez-de-chauffée, il
eft néceflàire de réprendre par-deffous oeuvre jufqu’à
une certaine hauteur, ils difent : lequel mur fera repris
fous oeuvre, & reconjlruit à neuf avec moellon piqué,
pofé de niveau & par arraçe , jufqu ou il pourra être
recueilli , & le furplus dudit mur en Amont, fera
crépi & enduit.
Amont , terme d'architelture hydraulique, On dé-
figne ainfî dans les ponts Sc chauflèes, la plus grande
élévation d’une chofe fur un autre. Quand on dit,
par exemple, que l’avant bec d’une pile eft l’avant
bec à’Amont 3 cela veut dire qu’elle eft au-deffus d’un
pont oppofée au cours de la rivière: & , lorfque
l’avant bec regarde la rivière, & la fu i t , qu’elle fe
trouve au-deffous du canal de la rivière , c’eft un
.avant bec d'A v a l, qui eft l’oppfé & Amont.
AM O R T IS S EM E N T , f. m. s’entend en général
de tout ouvrage qui couronne , terminé & finit un
bâtiment-j Sc qui s’élévè pyramidalement. On donne
.auffi ce nom , félon d’Â v ile r , à tout grouppe de
figures , de trophées, de vafes qui couronnent quelque
partie fupérieute d’une façade.
Ce . mot vient de Mort qui eft la fin & le terme
de toutes chofes : car amortir n’eft autre chofe que
mettre à fin , faire finir , terminer. Le fronton eft
Y Amoytiffement d’un édifice , Sc les ftatues placées
fur les acrotères, font YAmortiffement du fronton.
Les modernes ont inventé une infinité de formes
(YAmortiJfemens qui tiennent fouvent lieu de fronton
dans la décoration extérieure des bâtimens, & que
la fculpture a contourné de toutes fortes de manières
plus bizarres les unes que les autres. Mais on
doit rejetter abfolument, dans la composition de l’ar-
chiteCture, tous ces ornemens frivoles, qui ne forment
que des petites parties, corrompent les maffes, Sç
q ui vues d’en b a s , & à une certaine diftance , ne
lainent appercëvoir qu’un tout mal-entendu, fans
ch o ix , foùvent fans/convenance pour le fujet.
Il faut obferver que les Amortiffemens fe trouvent en
proportion avec T architecture qui les reçoit 5 que
leur forme générale foit pyramidale avec l’édifice.
Une réglé" à fuivre fur ces couronnemens , eft
de ne point affecter de faire entrer dans leur compofition
, quelque membre d’architecture ou d’ornement
, qui prenne naiffance fur le focle qui le
re ç o it , ' & qui paroifTe lui fervir de fouiien.
Il eft peu de partie des bâtimèns qui ait été livrée
a plus d’abus que celle-ci. L a plupart des architectes,
par parefle ou par ignorancé , abandonnent le
foiii de leur-compofition à des fculpteurs peu entendus
, q u i , ne connoiffant pas les principes naturels
de l’architecture , croyent avoir imagine un chef-
d’oeuvre, quand ils ont entafle dés coquilles , des
génies , des fupports , &c. qui ne forment qu’un
tout mpnftrueux , fans g râ c e, fans vérité, fans art
& fouvent même fans aucun mérite d’exécution.
.On ne fauroit fe difpenfer de parler de ces abus
qui ont fi long-tems infeCté T architecture , ni de
recommander aux fculpteurs d’acquérir les principes
de l’architecture", & aux jeunes architectes l’art du
deffin , comme l’âme du goût en architecture. T ou tes
ces frivolités n’ont eu de la vogue que par
l’ignorance des uns & des autres. S’ils étoient mftruits
réciproquement de leur a r t , l’exécution en auroit plus
de fuccès 5 car c’eft dans cette partie principalement
qu’il faut réunir la théorie & l’expérience. L a fculpture
dans un édifice , étant étrangère à la folidité
& à la commodité, elle ne peut trouver raifonna-
blement fa place que dans les monumens facrés, dans
les palais des ro is , & dans les maifons des grands.
Alors elle doit être employée avec noblefle & difcré-
tion. Elle doit être fi bien liée avec l ’architeCture
qui la re ç o it , que l’une Sc l ’autre concourrent au
caractère v r a i, & à la dignité du monument qu’il
s’agit d’ériger.
A M P H IP R O S T Y L E , f. m. C e mot compofé de
trois autres mots grecs ; fa voir , ctp,<po ttço tvaoç de
coté & d’autre , devant, 6* colonne , lignine dou b le,
proftyle ou porche.
C e nom étoit caraCtëriftique d’une efpéce particulière
de temple chez ^les , anciens , dont la Cella
n’étoit -point environnée de ces aîles de colonnes
qui formoient les temples périptères. L ’Atnphiprojlyle
n’avoit qu’un périftyle en avant , appelle pronaos %
& un autre qui lui répondoit à l’autre extrémité du
temple appellé par les Latins pojlicum. Ainfi le
caraCtère de T Amphiprofyle n’ étoit pas , comme on
le définit ordinairement, d’avoir un. portique ou
périftyle à chacune de fes deux extrémités, puifque
tous les temples périptères en avoient également
deux , mais de 11’avoir que ces deux portiques. Il
régnoit ( comme on peut le voir au -mot Temple )
une gradation de richefle depuis le temple à antes
jufqu’au diptère & à l’hypæthre ; & dans cet ordre
Vitruve nous enfeigne que YAmphiprofiyle étoit le
. troifiéme, ( Voye\[ F ig. io i & 101 )
Un autre caraCtère qu’on croit reconnoître dans
T Amp hip ro(Jy le , c’eft que fes périftyles ne dévoient
avoir que quatre colonnes : Quoique Vitruve ne le
dife pas pofîtivement , il le laifle cependant à pen-
fer 3 lorfqu'il dit que Y Amphiprofiyle a les mêmes