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de ne point partager, qu’elle femble n’avoir formé
que pour faire voir tout ce qu’elle peut, 6c
rqu’elle livre a l’admiration, plus qu’elle ne les
propofe à l’Imitation des autres hommes.
Bernin ( L o u is ) , frère du grand artifte de ce
nom, fut architecte théoricien & très-habile dans la
mécanique. Ce fut lui qui inventa cette tour de
bois de quatre-vingts pieds de haut que l’on fait
mouvoir avec tant de facilité dans-l’églife de faint
lierre pour en nettoyer les murs. II. imagina encore
une balance pour pefer les bronzes de la
chaire de faint Pierre & les ftatues coloflales qui
la fupportent.
BERTANO ( Jean-Baptifle^ t né à Mantoue,
vivoit dans le feizième fiècle. Après avoir fait à
Rome une étude particulière des monumens de
l’antiquité, y.avoir acquis des connoiflances profondes
dans la perfpeétive, il retourna à Mantoue.
Le duc de ce nom, Guillaume III de Gonzague,
lui confia la direction de tous les édifices publics
de fes états. Bertano en fit élever quelques-uns qui
lui firent le plus grand honneur, particuliérement
la belle églife de fainte Barbe 8c fon clocher, décoré
de quatre ordres d’architeCture, dans lequel on lit
une infcriptlon à la glc®fe de cet architecte. Il étoit
très-favant & publia différens ouvrages, dont les
plus renommés font une lettre au Baffi fur les
difputes qui s’élevèrent au fujet de la cathédrale
de Milan, & un autre ouvrage, dans lequel il
éclaircit les endroits les plus obfcurs de Vitruve.
On y trouve d’excellens principes fur l’ordre
ionique.
BETON, f. m. ( Corijiruflion'), forte de mortier
qu’on jette dans les fondations & qui s’y durcit
extrêmement. Avec le béton on fait de la maçonnerie
par encadrement pour des ouvrages dans l’eau,
ou qui doivent en contenir, tels que puits, bafïins,
réferveirs, ( Voye^ chacun de ces- mots ),
Cette compofition devient plus dure que la pierre
& ne forme qu’une feule maffe; Les anciens Romains
ont fait de cette manière des réfervoirs, des
naumachies, des voûtes dont on voit encore les
reftes. 11 s’en fait auffi un grand ufage à Lyon
8c dans les pays méridionaux de la France. A
Metz, où la chaux eft excellente , on fait toutes les
voûtes de cave en béton. Belidor recommande particuliérement
l’emploi de ce mortier dans les fon-
demens des ouvrages hydrauliques. ( Voyeç Archi-
teEhire hydraulique, tome 2 de la fécondé partie , liv. y ,
chap. to );
Voici, d’après lui, la compofition de ce mortier.
On forme fur un terrein bien uni & bien battu, une
bordure circulaire, compofée de douze parties de
jjozzolane, de terrafle de Hollande, ou de cendrée
de Tournai-(voy^ Pozzolane & Mortier ) , fur
laquelle on met fîx parties de fable bien grené &
non terreux ? répandu également. On remplit l’intérieur
de ee cercle de neuf parties de chaux vive,
bien cuite, & concaffée avec une maffe de fer, afin
qu’ellf s’éteigne plus vite \ on y jette enfiiite dç
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l’eau (on doit prendre de l’eau de mer pour les
ouvrages maritimes ) , 8c on y mêle, comme en
faifant lé mortier ordinaire, la terre qui fert de
bordure* Lorfque le tout eft bien mêlé, on y jette
treize parties de recoupes de pierres, 8c trois de
mâchefer çoncafle, ou, à leur défaut, treize parties
de recoupés 8c blocailles de pierres ou de cailloux,
dont la groffeur ne doit pas furpafler celle d’un
oeuf de poule. On remue à force de bras toute
cette compofition pendant une heure, & on en
forme des tas qu’on laifle fécher pendant vingt-
quatre heures en été, & durant trois ou quatre
jours en hiver.
Ce mortier eft ft dur, que M. Milet de Monville
ayant fait remplir de maçonnerie de béton 3 une
caille de vingt-fept pieds cubes8c l’ayant plongée
dans la mer, où elle refta deux mois, elle compofa
un corps fi denfe, qu’on'trouva^plus de difficultés
à en féparer les parties que celles d’un bloc de la
meilleure pierre.
B EVE AU, ou Biv eau , f. m. (Conflrûtfion.) C’eft
un inftrument femblable à une faufle équerre, dont
les branches font quelquefois mobiles 8c quelquefois
fixes, avec cette différence qu’une des branches
eft ordinairement courbe ou bombée, félon la
douêlle d’un arc ou d’une voûte ; & l’autre droit,
félon lé joint de coupe. Quelquefois aufli un bras
eft courbé 6c l’autre creufé. Il y en a encore dont
les deux bras font creux en dedans.
Cet inftrument fert principalement à prendre
l’angle formé par la furface courbe; d’une voûte,
6c les joints de chaque pierre ou vouffpîrs, à
décrire toute forte d’angles, 8c à marquer fin cl i-
naifon des plans. Il a pfüfieufs autres ufages dans la
coupe des pierres', qu’on peut voir dans les traités
de Derand fur cette matière."
Biveau vient du latin Bivium, qui veut dire
chemin fourchu.
BIAIS , adj. On entend par ce mot les obliquités
qui le rencontrent dans la cpnftruéliOn d’un bâtiment,
dans un mur de face ou mitoyen , 6c qu’on
ne peut éviter, à caufe des.coudes que forment
fouvent les rués d’une ville ou d’un grand chemin,
ou le terrein d’une maifon Voïfine. Le talent de
l’architeéfe eft de les éviter, de les faire difparoître,
ou de favoir quelquefois en tirer parti. Les jeunes
architeéles ne faurolent trop, dans les projets qu’ils
font pour leurs études, fe propçfer de femblables
difficultés, pour apprendre à les furmonter. Elles
fe préfentent fi fréquemment dans la conftruélion
des édifices civils, que celui qui ne faùroit opérer
que fur des fuperfides régulières, éprouveroit à
tout moment, dans la plupart des villes, des obf-
tacles au développement de fes talens. Le grand
art en architecture, eft de favoir mettre à profit les
défauts même 8c les irrégularités du terrein. Cependant,
on ne peut que blâmer certains projets
modernes, dans lefquels on a gratuitement, &
fans néceffité, difpofé de biais certains édifices,
Paris offre plus d’un exemple de çe défaut volon-
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taire ; & le théâtre Italien, récemment conftruit,
eft peut-être le plus ré voltant de tous.
On diftineue plufieurs fortes de biais; 8c ce terme
fe cara&érife fuivant les cas, de la manière fui-
vante.
Biais gras ou maigre. Le premier a lieu lorfque
l’angle d’obliquité eft obtus, 6c le fécond lorfqu’il
eft aigu.
Biais par tête. Déviation d’un plan qui provient
de ce que le mur de l’entrée d’une voûte, droite
ou rampante', n’eft pas d’équerre avec ceux qui
portent la voûte.
Biais pajft. On appelle ainfi la fermeture d’un
arc ou d une vowte fur les piédroits de travers
par leur plan , comme aux deux chapelles les plus
proches du choeur des Minimes de la place royale à
Paris.
Biais. ( Jardinage.) C ’eft à l’art qu’il appartient,
dans les jardins réguliers, de racheter les biais de
l’emplacement qui formeroient des alignemens 8c
des formes fans fymnïétrie; 6c c’eft ce qu’on appelle
fauver un biais.
Dans les pièces couvertes, comme font les bof-
quets, une ligne droite que forme une paliftade,
fuffit pour redrefter un biais, qui fe perd alors dans
les quarrés de bois.
f Dans les lieux découverts, tels qu’un parterre,
un boulingrin , le biais eft plus difficile à corriger,
mais il fe perd auffi plus aifément dans l’étendue 6c
difparoît-fians le vague ; on/ne peut guère, que par
le plan, juger- de l’irrégularité du terrein.
Quant aux jardins d’un petit efpace, on y fauve
le biais en le rejettant fur les plates-bandes 6c en
regularifant la pièce du milieu. Les plates-bandes
alop font redreffées par un trait de buis : des
hfières de bois ou de broffailles couvrent les biais
des,mûrs. Un banc placé dans un angle ou -dans un
berceau, corrige le coude des allées qui ne peuvent
s aligner.
^■ AISER, v. n. Être pofé obliquement, n’être
pas d équerre. La galerie du Louvre biaife du côté
de la rivière, c’eft-à-dire, forme un angle obtus
avec le périftile.
BIANCO (Barthelemi) , architeéle, né dans le
territoire de Corne. Le defir de’fe diftinguer fur
un théâtre plus digne de fes talens, le porta à
yenes, où il fut bientôt employé. On le chargea
de la conftruâion du nouveau mole 6c de la nouvelle
enceinte de la ville. Parmi les édifices qui
.n acquirent dans cette ville une grande réputa-
t>on, on diftingue trois palais qui appartiennent
a a maifon Balbi, 8c le beau collège occupé ci-
eyant par les jéfuites. Sa magnificence eft telle
qu on 1 appelloit leur palais.
BIBLIOTHÈQUE, f. {. Ce mot, compofé de
«eux mots grecs Btfatw, livre, & bmu, theca.'repo-
Jlfonum, heu où l’on ferre, fignifie un endroit def-
tme au dépôt des livres.
B ufage des bibliothèques eft aufli ancien que
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l’exercice des fdences & des arts chez les peuples
civilifés.
ïl Y «voit une bibliothèque facrée dans le temple
de Jérufalem, moins confidérable par le nombre
que par la qualité des volumes qui la compofoient.
Les Egyptiens eurent de grandes bibliothèques. Dio-
dore de Sicile nous apprend que le roi Ofymanduas
en avoit fait conftruire une dans cet immenfe édifice
qu il avoit deftiné à lui fervir de tombeau.
Au - deflùs étoit cette belle infeription ^ v y jA,ç
tcirpeiov, remède de l’ame. Muratori l’a fait revivre
dans la riche bibliothèque que Modène doit à fes
foins.
Il ne nous refte plus que des fouvenirs douloureux
de ces fameufes bibliothèques des rois de Pcr-
game , de celle d’Alexandrie', de celles de la Grèce
& des nombreufes collerions publiques 6c particulières
qui exiftoient dans Rome, 6c que la conquête
du mbnde avoit du rendre auffi précieufes qu’im-
menfes. ^
Vitruve nous apprend qu’ily en avoit dans toutes
; les maifons_ des grands , 6c que l’ufage en étoit
devenu général : mais il ne nous-dit rien de leur
conftruélion, de leur forme, ni de leur difpofition.
Ses préceptes fur. ce fujet fe bornent à recommander
de tourner les. bibliothèques du côté du
foleil levant, « parce que, dit-il, leur ufage de»
” mande la lumière du matin, outre que les livres
” ne fe gâtent pas tant dans celles qui font ainfi
n orientées que dans celles qui regardent le midi 6c
” le couchant j celles-ci fe trouvent fujettes aux
» vers 6c à l’humidité, qui, en même temps qu’elle
» fait naître 6c nourrit les vers, contribue encore
» à faire moifir les livres v.
a On a trouvé dans une maifon de campagne
d’Herculanùm , une petite bibliothèque, d’où fou
a tiré huit cens manuferits antiques. La pièce où
ils étoient renfermés n’étoit pas dùme grande
étendue. Tout autour régnent des tablettes élevées
au-deffus du plancher , de la hauteur d’un homme ,
afin de pouvoir y prendre commodément ces
manuferits : d’autres tablettes ifolées coupoient en
deux ce cabinet par le milieu ; elles étoient de la
même hauteur, 6c l’on pouvoit en faire librement
le tour.
Les bibliothèques des Romains étoient com-
pofées d’armoires, dans lefquelles on plaçoir les
livrés ou rouleaux, 6c on les diftinguoit par des
nombres divers. Vopifque Çtn Taciio, c. 8) dit
que la bibliothèque Ulpienne avo'lrim livre d’ivoire
dans la fixième armoire : habet bibliotheca Ulpia in
armario fexto librum elephanùmim. Celle de Pline le
jeune, dans fa maifon de Lauremum, étoit également
enfermée dans des armoires : la pièce qui
la contenoit étoit circulaire 6c voûtée, 6c percée
de fenêtres qui fuiv'oient le cours du foleil ; cubl-
culum in apfida curvatum , quod ambition jolis fensf-
tris omnibus feqùitur. Dans l’épaifteur des murs ,
étoient des armoires, en forme de bibliothèque, contenant
une collèâion choifie de fes livres ufuels :