*94 * B G I
En cherchant, par le calcul, la proportion félon
laquelle la force des bois décroît en raifon de leur
hauteur, nous avons trouvé que, dans les bois
quarrés, cette force étoit en raifon inverfe de la
diagonale du reâangle qui forme la bafe comparée
à la hauteur. Ainfi la force abfolue du bois de
chêne ayant été trouvée de 102 livres pour chaque
ligne fuperficielle, fi on multiplie cette force par
le nombre des lignes que contiennent les tringles
des expériences précédentes, c’eft-à-dire , par 36,
on aura pour la force abfolue de ces tringles 3672.
Si on divife cette fomme par le nombre de fois
que la diagonale eft contenue dans les hauteurs
des tringles éprouvées, on trouvera que cette diagonale
étant de 8 lignes , elle fera contenue 17
fois dans les tringles d’un pied de haut. Ainfi, divi-
fant 3672 par 17, on trouvera 216 pour le poids
moyen que ces tringles auroient du porter, au lieu
de 228 j ; ce qui ne s’éloigne pas beaucoup de
ce que donne .l’expérience.
On trouvera que dans les tringles de 2 pieds
de haut, la diagonale dé la bafe étoit contenue
34 fois. Ainfi, divifant 3672 par 34, on aura 108
pour la force moyenne qu’auroient dû porter les
tringles de 2 pieds de haut, au lieu de r i8 que
donne • l’expérience. ■
Par rapport aux tringlès de 3.pieds, on trouvera
que la diagonale eft contenue prefque 51 fois. Ainfi,
en divifant 3672 par 51, on trouvera 71 livres
pour le poids moyen qu’auroient dû porter ces
tringles, au lieu de 72 livres ■£.
Cette règle s’accorde allez bien avec l’expérience
pour qu’on puiffç l’employer à déterminer la force
d’un poteau de charpente. Suppofons par exemple
qu’il faille connoître la force d’un poteau de 6
pouces d’épaiffeur fur 12 pieds de long , en multipliant
102 par 144 , on trouvera que la force
abfolue d’une tringle quarrée d’un pouce de bafe
feroit 14,688. Ainfi, en multipliant cette quantité
par le nombre des pouces de la bafe qui eft 36, on
aura 528,768, qui, étant'divifés par 1 7 , ou le
nombre de fois que la diagonale du quarré de la
bafe eft contenue dans la hauteur »donneront 31,104.
Mais, comme on a obfervé que lesbois trop chargés
rompoient au bout d’un certain temps, il ne faut
jamais confier à une pièce de bois plus du tiers
de la charge qui la feroit rompre. D’où il réfulte
qu’un poteau de 12 pieds de long fur 6 pouces de
groffeur, pofé debout & d’àrplomb, peut porter
fans rifqüe jufqu’à 10 milliers.
Les bois pofés horifontalement fur deux appuis,
n’ont pas, à.groffeur égale, la moitié de'la force
des bois d’à-plomb. Ainfi , une tringle en bois de
chêne de 6 lignes en quarré & de 3 pieds de long,
pofée fur deux appuis., a porté dans fon milieu,
avant de fe rompre, 26 livres.
Une autre idem. .2 8 . •
Une autre idem. . 27.
Ce qui donne. . . 27 livres pour poids inoycn.
B O l
D’après les expériences faites par MM. Parent
Bélidor 8c de Buffon, il paroît que la fotee des
bois de même groffeur, pofés fur deux appuis
eft à-peu-près en raifon inverfe de leur longueur.
Voici quel a été le réfultat: d’une infinité de
calculs , faits pour trouver le rapport de la force
abfolue du bois de chêne, à celle qu’il a pour fou.
tenir un poids , pofé. horifontalement fur deux
appuis. Il faut multiplier la furface d’une pièce de
bois par la moitié de fa force abfolue, 8c divifer
le produit par le nombre de fois que fon épaiffeur
verticale ^ contenue dans fa longueur ; on aura,
à très-peu de chofe près, la force relative de cette
pièce de bois,
Ainfi, dans l’experience précédente, la fuper-
ficie de fa groffeur étant de 36 lignes , fi on la
multiplie par 51, moitié de la force abfolue pour
une ligne, on aura 1836, qu’on divifera par 72,
qui indique le nombre de fois que l’épaiffeur verticale
de la tringle eft contenue dans fa longueur;
ce qui donnera 25 livres £, au lieu de 27 que
donne l’expérience. Nous allons appliquer la même
règle aux expériences faites par M. Bélidor, fur des
tringles de bois de chêne de 3 pieds de long & 1
pouce d’épaiffeur, pofées de la même manière,
le poids moyen fous lequel elles fe font rompues,
eft de 187'livres, en y appliquant le calcul précédent
, on trouvera 204.
T rois autres tringles de 2 pouces en quarré fur
même longueur, fe font rompues fous un poids
moyen de 1585 livres; par le calcul on auroit
trouvé 1654.
Trois autres de même longueur fur 20 à 28
lignes d’équarriffage, pofées de champ, c’eft-à-
dire, de manière que l’épaiffeur verticale étoit de
28 lignes, ont porté pour poids moyen 1660.
Par le calcul , on auroit trouvé 1846.
Le réfultat de douze expériences faites par M. de
Buffon fur des tringles en bois de chêne de 3 pieds de
long fur 1 pouce de groffeur, donne 261 au lieu de
204 que donne le calcul. On voit que la première
expérience donne un peu plus que le calcul ; que
celles de M. Bélidor donnent moins ; que celles
de M. de Buffon donnent plus. Si on prend
48 livres au lieu de 51 pour la force abfolue
de chaque ligne de groffeur du bois pofé hori-
fontalement, le calcul fe trouve affez d’accord
avec les grandes expériences de M. de Buffon.
On trouve que pour rompre une folive de 4
pouces de groffeur fur 7 pieds de long, il falloir pi
poids moyen de 53i2.Parlecalculontrouve5î6o.
Pour 1 cle8 pieds 45 50. . . . * . 460?.
de 9 pieds 4025. . . . . . 4096*
de 10 pieds 3612. . . , 3^
de 12 pieds 2987 j. • • . . . J:3072i
b o 1
Par rapport aux folives de 5 pouces de groffeur,
jVl. de Buffon a trouvé,
Pour 7 pieds de long 1 1525,8c par le calcul 10164.
8 pieds. . . . 9787 £...9090.
9 . . . . . 8308 -j* • • • • 8228.
10 . . . . . 7125. • 7200.
ia . . . . . 6075. . . . . . 5958.
1 4 .....................5 3 ° ° ............... 5 ‘5 8-
16 . . . . » 4350................4488.
l8 . . . . . 37OO. . . . « . 40l8.
2 0 ...................3225. . . . . . 3600.
22 . . . . « 2975. . . . . . 3260.
2 4 ............... 2.162. . . . . . 2979.
a # ................*7 7 5 * . . . . * * 579-
On voit par ces derniers réfultats, que plus les
pièces ont de longueur, moins elles s’accordent
avec la règle : fur quoi il eft bon d’obferver que
dans l’ufage on n’emploie jamais de bois en folives
qui aient plus de 24 fois leur groffeur, tandis que
celles fur lefquelles M. de Buffon a fait ces dernières
expériences, qui paroiffent différer le plus
du calcul, ont en longueur depuis 40 jufqu’à 67
fois leur groffeur. De plus, dans nos calculs nous
avons fait abftraâion de la pefanteur de chaque
pièce, qui devient confidérable, fur-tout pour les
dernières expériences. Enfin, comme dans les ouvrages
en charpente, une pièce de bois ne doit
jamais porter plus du tiers du poids qu’il faudroit
pour la rompre, il réfulte que le calcul que nous
indiquons peut être fuivhà la rigueur dans tous
les cas. L’application en eft fort fimple 8c n’exige
qu’une feule expérience pour chaque nature de
bois, afin de connoître leur force abfolue. C’eft
pourquoi nous nous difpenferons de faire d’autres
calculs relativement aux autres efpèces de bois fur
lefquelles on n’a pas encore fait allez d’expériences
pour acquérir les preuves fuffifantes. Nous allons
reprendre la comparaifon des expériences de M. de
Buffoa.
Pi èces de 6 pouces d’èquarrijfage.
Suivant les expériences de M. de Buffon, ij
faut pour rompre une pièce
de 7 pieds de long 18950. Par le calcul 17774.
1555a.
13824.
12441.
10368.
1886.
7776*
6912.
6220.
On peut faire ici la même remarque, c’eft-à-dire,
que fr-tôt que les pièces paffent 24 fois leur grof-
!eur, le calcul ne s’accorde plus avec l'expérience,
* caufe.de l’élafticité du bois & de fa pefanteur,
vont on a fait abftraélion dans le calcul.
B O I îpf
Pièces de 7 pouces d’êquarrijjdge.
Pour rompre une pièce
de 8 pieds de long, il faut 26050. Parle calcul 24192.
9 pieds. . 22350.
J9 4 7 Ï-
16 17 5 .
13225.
IIQOO.
9425.
8725.
2185O.
I9922,
.16128.
I4III.
120964
IO925.
9961.
Ou remarquera que dans cette comparaifon, ainfi
que dans la précédente , ce font les pièces qui ont
les dimenfions approuvées par l’ufage, qui s’accordent
le mieux avec le calcul, c’eft-à-dire, celles
qui ont depuis 20 jufqu’à 24 fois leur épaiffeur.
Pièces de 8 pouces.
Selon M. de Buffon, une pièce
de 10 pi. de long a porté 27750. Par le calcul 2949 r
23450.
I9 7 7 5 *
16375.
13200.
11487 i.
24576.-
21065.
1843 2.
16384^
*4 7 4 5 -
Nous bornerons là ces tableaux de comparaifon ;
8 c pour ne pas trop étendre cet article, nous
renvoyons les détails de ce genre au mot Charpente,
où l’on trouvera les réfultats d’expériences
nouvelles fur les autres efpèces de bois, ainfi que
fur la manière de déterminer leurs dimenfions.
( Voye^ Charpente ). Quelques notions générales
fur les autres fortes de bois vont terminer cet
article,
Après le bois de chêne, celui dont on fart le plus
d’ufagepourra charpente, eft le fapin. Dans cette
efpèce de bois, ainfi que dans tous les arbres ré-
fineux, le bois des arbres mâles vient moins haut j
il eft plus dur 8c convient mieux aux ouvrages
de charpente. Le fapin femelle paffe pour le plus
grand de tous les arbres.
Le bois de fapin , quoique plus léger que le
chêne, eft fufceptible de porter un plus grand
fardeau. Selon M. Parent , fa force eft à celle du
bois de chêne, comme 119 eft à 100, c'eft-à-dire,
qu’elle eft près d’un cinquième en fus. D’après
les expériencés que nous avons faites fur ces deux
efpèces de bois, nous avons trouvé que la force
du bois de fapin, pofé debout & d’à-plomb, eft
quelquefois un tiers plus grande que celle du chêne
pofé de même. Cependant le bois de fapin étant
pofé horifontalement fur deux appuis, porte moins
que le bois de chêne. Dans cette fécondé pofition ,
fa force eft à celle du bois de chêne comme 8 eft
à 9» Le bois de fapin étant tiré par les deux bouts,