
des murs de Florence , qu’il flanqua de tours. II
donna les deflins de la place appellée d’or S . Micheli,
qui fut bâtie en briques & ornée de loges & de pila-
ftres : il donna auflï ceux de la loge 8c de la place
dei priori. Il fut l’archite&e de la grande églife de
Ste C r o ix , où l’on voit fon portrait fai^ de la main
de Giotto , & de plufieursfaçades d’églife , tours, &
autres monumens.
Mais celui qui a immortalifé le nom d'Arnolphe,
eft la fameufe églife de fanta Maria dei Fiori , un
dés plus grands édifices modernes , 8c qui fuppofe
dans celui qui en donna le plan , un génie aufli hardi
qu’é le v é , un homme enfin qui avoit dévancé fon
fiècle.
Les Florentins , félon le récit de Jean Villani,
ayant formé la réfolution d’élever dans leur ville
un temple qui pût être le dernier effort de l’induftrie
humaine , & effacer en grandeur & en magnificence
tous les ouvrages des hommes , en confièrent le foin à
Arnolphe. Celui-ci conçut le plan le plus vafte qu’on eut
imaginé jufqu’alors : il en fit les modèles , & travailla
à fa conftru&ion. Malgré plufieurs petites églifes,
que l’immenfité du projet renfermoit dans fon enceinte,
& qu’on laifloit fubfifter , il parvint à donner à fon
plan toute la juftefle & toute la précifion imaginables.
Les fondemens en furent conftruits en groffes
pierres dans le fo n d , & en moilons & ch au x, avec
tant de folidité, que l’édifice n’éprouva jamais aucune
altération 5 & que Brunnélefchi pût le couronner,
fans rifques , de cette vafte coupole qui étonne tous
les connoiffeurs. L a première pierre en fut pofée l’an
1x98 , le jour de la Nativité , par le cardinal lé g a t ,
avec toute la folemnité poffible 5 & le peuple donna
à cette églife le nom de Ste Marie des fleurs. Comme
on p ré vo yo it, dit V a fa ri , les dépenfes que devoit
exiger une telle entreprife , on leva une taxe de quatre
deniers par livre fur toutes les marchandifes qui for-
toient de la v ille , & un impôt annuel de deux fols
par tête. En outre , le pape & le légat accordèrent
de grandes indulgences à ceux qui contribueroient
de leurs aumônes à la conftruâion de l’édifice. Arnol--
phe ne vécut point affez pour le terminer j cependant
il fit une grande partie du rêvêtiffement extérieur
, éleva les murs affez haut , & banda les trois
arcs principaux qui foutiennent la coupole. I l mérita
que fon nom fut célébré dans les vers qui font mention
de la dédicace de l’églife ;
Jflud ab Arnulpho templum fu it edificatum ;
Hoc opus inflgné decorans Florentia digne
Regince coeli conflruxit mente fideli :
Quant tu , Virgo p ia , femper dçfende , Maria,.
C e monument antérieur au renouvellement des a rts ,
fans être dans le goût antique , ne tient cependant
en rien du goût gothique qui. régnoit alors : mais
pour le ftyîe , il fait la nuance entre les deux/Aufli
fauroit-on le voir ç fans qu.’ji faffe éprouver un
fenre particulier d’intérêt, que peu d’ouvrages font
ans le cas d’infpirer. Quiconque aime à fuivre les
progrès & les développemens du génie , confiderera.
toujours cet édifice comme un des plus curieux, des
plus inftruélifs pour l’hiftoire des arts. L e philofophe
qui ne le regardera que de ce côté , y verra toujours
un des chapitres les plus interreffans des annales modernes
de l’efprit humain. L ’artifte n’y trouvera pas
des leçons moins précieufes. Quand l ’art eft développé
par les exemples, & fixé par les livres , on admire
dans lés édifices mille beautés qui n’appartiennent point
à l’artifte , mais qui font dues uniquement à l’art. Il
eft également mille défauts qu’on n’a point le mérite
d’éviter. On ne peut pas dire la même chofe du
fîècle où vivoit Arnolphe : c ’eft du milieu des ténèbres
de la barbarie, qu’ il fait fortir cette lumière pure,
dont les premiers rayons vont éclairer tous fes fuc-
ceflèurs 3 c’eft au milieu de la confufîon de toutes
les parties de l’archite&ure, qu’il affigne à chacune
fa place & fon rang j c’eft du cahos enfin qu’il fait
naître l’ ordre. Mêlees 8c tràvefties dans le gothique ,
la conftruéHon , la difpofition & la décoration fe
difputant leurs droits, ne confervoient entre elle s ,
ni mefure, ni convenance. Arnolphe diftingueces trois
parties , & donne à chacune des loix qui étâbliflent
l’équilibre entr’elles. Si dans ce monument, il ne porta
point la décoration au dégré des deux autres parties,
il n’en faut pas moins avouer qu’il fervit encore l’art
par cette foiblefle même. Ge fut fans doute beaucoup,
que d’avoir pu renoncer à tous ces colifichets , à toutes
ces puérilités gothiques, qui défiguroient l’architecture
de fon tems. L a décoration ne pouvoir fe perfectionner
, & être ramenée à fon véritable e fp rit, que par
la connoiffance & l’étude des monumens antiques :
Arnolphe ne les connoiffoit pas. S’il ne devina point
le génie de la décoration , il eut au moins le mérite
de fentir tout le vicieux de celle qui régnoit de fon
tems : cette confédération doit lui faire pardonner
l’efpèce de pauvreté & de nudité dont fon monument
porte l’empreinte : pauvreté bien précieufe, puifqu’en
défabufant d’un vain luxe qu’elle dédaignoit , elle
permit aux richeffes antiques d’en prendre la place.
C ’eft fous ces points de vue que l’artifte doit con-
fidérer ce monument à jamais fameux. Quand on
penfe à tout ce api' Arnolphe eut d’abus 8c de vices
a éviter & à combattre 3 à tout ce qu’il pouvoit faire,
& qu’il ne fit pas 5 à tout ce qu’il mit à la place de ce
qu’on employoit avant lui 5 on voit qu’indépendam-
ment des beautés réelles qu’on ne fauroit contefter à
fon ouvrage, il faut lui favoir gré de tout .le mal
dont il s’eft abftenu 3 lui faire un mérite de toutes
les fautes qu’il n’a point commifes 5 enfin lui compter
pour autant de vertus tous les vices qu’il a feu
éviter, de forte q u e , quand le monument ne feroit
point un chef-d’oeuvre , 1’architeÇle n’en feroit pas
moins un des plus grands hommes de l’architecture.
Mais on fera toujours forcé d’y admirer, avec Michel-
Ange , une conception grande & hardie , une difpofition
fage, folide 8c légère à la fo is , une combinaifoa
binaifon de forces qui, par cela qu’elle n’eftque jufte,
étonne moins , mais aufli n’a rien d'éxagéré , ni qui
avertifle l’oeil des moyens mis en oeuVre pour en trouver
l’équilibre. On y reconnoîtra une eonftruCtion dont
les principes ont changé l’ancienne manière de b â tir ,
8c qui préparoit l’architeCture à recevoir l’application
de l’art , | & de là méthode des anciens. Enfin on y
verra le modèle des plus grands & des plus beaux
édifices modernes en ce genre.
L ’églife de faut 1 Maria dei Flore, divifée en trois
nefs formées par de vaftes arcades ceintrées , le tout
en pierre revêtue de marbré, en plufieurs endroits,
fur-tout à l’extérieur, a 4 16 pieds de longueur, &
3 63 de hauteur en comptant jufq.u’au fommet d e là
croix. L a croifée a de long 313 pieds,; 6 pouces. L a
hauteur de la nef eft de 143 pieds 6 pouces 8 lignes,
8c celle de? nefs collatérales de 90 pieds 8 pouces.
( V iy e { en les deflms , Fig. 1.99. ) Nous ne parlerons
pas ici de la fameufe coupole qui faitTe principal
ornement de cette églife , 8c qu’on doit au génie de
Brunnelefchi, (V o y e z Brunnelefchi. ) le véritable
reftaurateur de. l’ârchite&ure.
Arnolphe fit encore plufieurs autres ouvrages qui
lui acquirent le titre de citoyen de Florence.
A R O N D E , (TENONS A QUEUED \ ) Vitruve
enfeigne la manière d’aflembler les poutres dans l’entablement
de l’ordre Tofcan qu’on faifoit partie en
bois, -partie en maçonnerie , & de les lier avec des
tenons à qiteue d'aronde. Ces tenons que les Latins
appelaient fubfcudes , étoient de deux fortes : les uns
Amples, & que nous appelions c le f , lefquels étant
enfermés dans deux mortaifes, font arrêtés avec deux i
, chevilles les autres étoient mis en-dehors & taillés i
en queue d'aronde. On les appelloit fecttricloe , parce
qu’ils reflemblent à de petites coignées. C ’eft aufli à
; caufe de leur figure , femblable à la queue d’une
.hirondelle qui va en s’élargiflant, que nous les nommions
a queue d'aronde ou dlhyronde.
A R P E N T A G E , f. f . eft l’art demefurerla fuper-
ficiedes terres 8c d’en calculer la quantité, pour favoir
ce quelles contiennent d’arpens, de parties d’arpens,
pou d’autres mefures. • * '
A R R A C H E M E N T , f. m. s’entend des pierres I
taillantes qui fervent à former la liaifon d’ une maçonnerie
nouvelle avec l’ancienne. Quand on bâtit
une façade de raaifon, on Jkùfle des bouts de pierres
aüans , pour former liaifon avec la façade qui fera
atie dans la fuite 5 8c , dans ce ca s, on les appelle
purres d attente. M a is , quand on rétablit une façade
ou un mur , on démolit tout ce qui eft mauvais, &
meme quelques parties bonnes, pour former des liai—
ons avec la nouvelle maçonnerie , ce qui s’appelle
former des arrachemens. r
, / ^ lj aPPe^e uuffi de ce nom les premières retom- "
fcées d une voûte enclavée dans un (mur.
A R R A C H E R , v. aét. On dit arracher des pierres
.* un mur. *
drchitçclure. Tome 1,
A R R A N G EM E N T , ( Foyes^D fs ï'im um o w . )
A R R A S ËM E N T , ( FoyeiA rasemen t.)
A R R A S E R , ( Voye^'A r a ser . )
ARRASES , ( Foye{ A rases. )
A R R E T , f. m. ( terme de jardinage. ) C 'e ft ua
obftacle qu’on met aux eaux pour les détourner fie
les faire couler. L a Quintinie conleillede faire d’efpace
en elpace de petits arrêts dans les allées pour détourner
les eaux des grandes pluies dans les quarrés voi-
fins. On conftruit ces arrêts avec des ais mis en terre ,
au travers des a llées, & n’excédant que de deux ou
trois pouces, leur fuperfîcie. Lorfque ces arrêts ne
fuffifent pas , 011 doit ménager une fortie pour la
décharge de ces eaux. E t dans le cas où le voifinage
jne permet pas cette fortie , on doit faire un grand
puilard rempli de pierres féches, dans lequel toutes ces
eaux viennent " fe perdre.
A R R Ê T E R , v . a6t. C ë mot s’entend de plufieurs
manières dans l’art de bâtir. Arrêter une pierre, c’eft
Il’afsûrer à demeure. Arrêter des folives , c’eft les
fceller à demeure. Arrêter fignifîe encore fceller en
plâtre , en ciment, en plomb , 8cc.
A R R E T E R , ( terme de jardinage. ) fe dit de
Ta&ioii d’empêcher un arbre où une paliflade de
monter haut. On les coupe à une certaine hauteur
pour ne pas les laifler emporter, ni s’échapper. On
le dit en général de toute plante ou de tout arbuft#
dont on abbat les hr^s ou les branches trop Ion?»
gués.
A R R IE R E -B E C £ une pile , eft la partie triangu*
laire de la pile d’un pont qui eft du côté d’aval*
Quelquefois Yarri'ere-bec a la forme d’un rhombe j
quelquefois aufli fon extrémité eft circulaire.
A R R IE R E -B O U T IQ U E , f. f. eft une falle àù
fond d’une boutique qui fert de fécond magafin.
(V o y e z magajîn. de marchand. J
A R R IE R E -CHOE U R , f. m. eft le choeur d ’un
monaftère qui eft placé derrière le maître-autel. T e l
eft ordinairement le choeur dans les églifes de Capu cins
5 & t.el eft celui des Prêtres de l’Oratoire, rue St
Honoré à Paris. ( V o y e z Choeur, j
A R R IE R E -C O R P S , f. in. eft la partie d’ une façade
qui eft renfoncée , & qui eft plus ou moins éloignée
du prolongement de la ligne droite , fur laquelle font
établies les parties Taillantes de cette façade. ( V o y e z
Avant-corps, j
A R R IE R E -C O U R , f. f. C ’eft une Jpërite cour ,
q u i, dans un corps de bâtiment, fert à éclairer les
petits appartemens , garde-robes, efcaliers de dégagement,
8cc. Vitruve appelle les arricre-cours, Mefauloe.
•A R R IE R E -V O U S SU R E , f. f. ( conflrutlion. )
C ’eft une partie de voûte pratiquée derrière les feuillures
d’une baie de porte ou de croifée en plein eeins