
on peut y obierver qu’on n’a mis ni modilîons, ni
denticules dans les parties rampantes du fronton,
quoiqu’on les apperçoive dans celle qui en fait la
bafe. A la place des modillons, eft une doucine ornée
de feuilles & d’un bâton entouré de rubans : au membre
où l’on pouvoir fculpter les denticules , on a
fubftitué un tore orné de feuilles retournées & comme
agitées par le vent.
Il faut encore remarquer une autre particularité
dans ce monument : l’exemple en eft unique. C e font
les denticules placées fous le larmier, dans la cymaife
des ftylobates des colonnes. Les denticules, fe prennant
ordinairement pour la repréfentation des folives _ du
to î t , femblent ne pouvoir fe placer raifonnablement
dans des piédeftaux , 8c par conféquent , ne font
ic i qu’un ornement de pur caprice.
Palladio & d’autres architééles qui n’avoient point
v u , ou avoient mal examiné cet édifice , ont donné
a la hauteur des piédeftaux la largeur des entre-
colonnemens ; ils ont fuppofé ces piédeftaux ifolés de
toutes parts , 8ç profilant fous chaque colonne ce qui
produiroit l’effet le plus maigre. Il n’en eft :pas ainfi.
Le s ftylobates, outre qu’ils font beaucoup plus bas i
ne paroilfent ici que l’équivalent d’un foubaffement.
Ils font engagés dans les marches même qui coridui-
fént au rez-de-chauflee du temple, & qui ont 1 été
prifes dans leur hauteur. On rie fauroit foupçonrier
que ces degrés foient modernes, ou que l’aire du
temple ait été rehauflee , puifqu’une partie des'dégrés
fe trouve vifiblement taillée de J’épaiflfeur d’un doigt
dans le fuft du'ftylobate , enforte que la même pierre
qui forme la cymaife, forme aufli une partie du
degré.'
L a raifon de cette élévation de l’aire du temple,
& de cette addition de dégrés que les anciens y pratiquèrent,
indépendamment de ceux qui environnoient
tout le-tour de l’édifice, fe trouve dans la. fituation
même du temple. Comme il eft dans un lieu bas &
adoffé à une montagne, il eft probable qu’on ne
l’exhaufTa ainfi que pour le garantir de l’humidité
dont l'emplacement devoir le rendre fufceptible.
L ’intérieur de l ’édifice 3 autant qu’on peut le préfumer
par ce qui en refte , formoit un parallélôgrame 5
il n’étoit décoré d’aucun ordré 5 & fà ‘ conftruétion
étoit de briques^
On rencontre encore dans la ville d'Afflfe quel-
quès autres vèftiges d’antiquité : un refte d’aqueduc
derrière l’églife de San-Rufino , des bainsdont il
s’eft conferyé plufieurs colonnes 3 enfin ce qu’on
nomme les Carce t i, à trois mille de là ville.
A S SO U AN ou A S SU AN A que d’autres; aufli
nomment Ejjenai, ville ruinée fur le bord oriental
du N il ÿ c’eft la fameufe Syenne. ( Voye^ Syenne.'')
A S SU JE T T IR , v, acl. Arrêter une chofe, de manière
qu’elle n’ait aucun1 mouvementé ;C)n aflùjettit
les pierres par des. crampons de fer ou de bronze,
A S SU R E R , v. aéL Rendre fe rm é& f ta b le , appuyer
, comme une voûte par des arcs-büttans. |
A S T R A G A L E , f. m. C e mot dérive du Grec
*?pcLyct\Qç. Il .fignifîe cet os du talon qui a une
éminence convexe, & 'qui eft le plus failla.nt de ceux
du tarfe. On a appliqué ce terme à un petit membre
d’architeéture qui entoure ordinairement le haut
du fuft de la colonne.
Il y en a qui veulent que Y ajlragale foit compofé
de deux moulures 5 l’une ronde , faite d’un demi-
cercle , & l’autre d’uri filet. D ’autres veulent appliquer
ce nom à la moulure que no.us appelions talon.
Mais l’u fag eT a confacré particulièrement à défigner
cette baguette qui joint le chapiteau a la colonne j
& -ce nom lui convient, foit parce que fa rondeur
imite celle du talon , foit parce qu’on le taille quelquefois
en forme de boules, ou de grains dér>cha-
pelet, enfilés : aufli Yaflragale fe nommë-t-il folvent
chapelet parmi les ouvriers.
On obferve qu e , dans les plus anciens édifices,
les ajlragale s d’une certaine grofleur étoient , pour
l’ordinaire, laifles tout Iifles & fans ornement. Il n’y
avoir que’ les plus petits , tels que ceux qui font au-
deflous des faces de l’architrave & des chambranles^
qui fuflent taillés en grains ronds ou oblongs , comme
des^ perles & des olives.
Dans les colonnes d’ordre Dorique Grec , on ne
remarque point à’ajlragales. L e chapiteau n’eft féparë
de la colonne que par plufieurs petits filets quarrés,
au nombre de trois ou quatre , quelquefois .par un
cavet, comme au temple de Pæftum. On n’en voit
pas non plus aux colonnes, Corinthiennes du monument
de Lyfîcrates à Athènes, vulgairement appelle
la lanterne de Démojlhènes. A u lieu & ajlragale , il
y règne, dans le haut, un petit renfoncement creux ;
& , comme ce monument, d’après ce qu’on en fait,
& ce qu’en a dit M. le Roy , eft très-ancien, & le
plus ancien que nous cdnnoiflions de l’ordre Corinthien
, on pourroit inférer delà que l’ajlragale, au
fuft des colonnes , n’étoit pas üfité dans les premiers
tems.
Wihcke.Imann femble être de cet' avis , Iorfqu’il
juge que des colonnes trouvées de fon tems , 'dans
une fouille prè$ de Rome , étoient du fiècle des
empereurs', parce qu’elles avoient des ajlragales. Du
tems de V itru v é ,' ajou te-t-il, \es ajlragale s n’étoient
pas en. ufage ; 8c l'onn.e voit pas 11011 plus la raifon,
ou la cauln.qui les a fait employer. Il eft vrai, qu’il
y sëir a' aufli ’ aiax cblôniie's. de la. rotonde 5 mais il
faut fe- r.appeller que !cé temple a été fouvent répare
& renoiivellé fou s Domitien , fous Adrien-; & en
dernier'lïeu , fous Séptime Sévère./-
Depuis long-téms , tous lès fùfts' fupériéurs des
colonnes font terminas par un ajlragale qui leur
appartient , & non au chapiteau , à la xéfervepourtant
des ordres .Tofçan & Dorique.. Mais , aux autres
ordres, l’ajlragale eft' cenfé faire partie de la colonne.
Plufieurs ont. v o u lu , contre le fentiment exprès de
V itrü v e , que-,- dans l ’Ionique ,* Yaflragale appartint
au chapiteau? Ils fe fondent fui* ce qu’ordinairement
y s’y trouve taillé ,& fculpté -en chapelets -, & que
la taille ou la fculoture eft toujours cenfée appartenir
au chapiteau. Cependant il eft certain qu’il y a dans
l’antique , comme au théâtre de Marcellus , dés chapiteaux
Ioniques dont Y ajlragale n’eft point taillé rj
& que beaucoup de grands architeéles modernes,
tels que Vignoïe , Scamozzi , .de Lon n é , ne l ’ont-
point taille., ;
Au refte , ces diftinétions n’ont ordinairement lieu'
que dans les colonnes où l’on employé des matières'
différentes pour les fufts & les chapiteaux, ou.bien
des Couleurs de marbre varié. Lorfque toutes lés
parties de l’ordre font de la même pierre , 'alors
l’identité de la matière empêche qu’on ne falfe'cette
remarque. Néanmoins on doit par rapport à la con--
ftruction, avoir attention que l’ajlragale, ou au moins
le filet de ce membre d’architeéture, appartienne au
fuft de la colonne ou du pilaftre, en voici la raifon.
L ’ufage veut qu’on unifie le fuft des colonnes à
Yajlragale par un’ congé : or ce congé n’eft autre
chofe qu’un quart de cerclé concave , qui ne peut
terminer feul le fuft fupérieur ou inférieur d’une
colonne. Il faut l’accompagner d’un membre quatré
q u i, par fes angles droits , afsûre la folidité , le
tranlport & la pofe du chapitèau & de la colonne ;
ce qui ne fe pourroit , de quelque matière qu’on
voulut faire cnoix , fans que ce congé fut fujet à
fe caflen.'' ''
A S T R A G A L E L E SB IEN . Les commentateurs
de Vitruve font d’opinion différente far le profil de
cette moulure. Baldus croit que. c’eft un ove , &
Barbara un cavet. Mais Perrault prétend , avec plus
de raifon, que c’eft un petit talon. ( Voye£ les notes
fur V itruvé, 1. 4. ch. 6. )
A TH E N É E & C L É O D AM U S , architectes de
Bifance. Ils fe fo nt acquis une grande-réputation par
le nombre confidéirable dé bâtimens qu’ils ont con-
ftruits. C e n’eft que vers l’an z6z de J. C . qu’ils onè
paru, & du tems q u e , Valérien ayant été pris par
Sapor roi des Perfes, l’empire Romain fut attaqué
par une infinité de Barbares, & partagé par plus de
vingt tyrans qui fé foulevèrent tout-à-coup eu Grèce,
& en divers autres lieux. Aufli l’empereur Gallien,
fous qui ces archite&es travaillèrent, ne les employa,
pour ainfi dire, qu’à fortifier les places dont il étoit
le maître. '
Quelques-uns attribuent à Athenêe le livre de
machines qu’on a imprimé au Louvre fur un manuf-
ent de la bibliothèque du Roi. D ’autres néanmoins
croyent que ce livre a été compofé dès le tems de
M. Marcellus, auquel ils prétendent que l’auteur l’a
dédié. Quoiqu’il en foit , cet architette fut fort
eonfideré de Gallien , puifque ce prince fe repofa
entièrement fur lui & fur Cléodamus, des principaux
ouvrages .qu’il fie faire. On ne fauroit cependant
prendre une haute opinion de leurs talens , quand
? n Pen*e à l’état où l’architecture étoit réduite- de
teur tems, comme on peut le yoir par l’arc de Qal-
; lien , encore, fu.bfiftnnt àiR.om/, & qui n’a de recoin-
; mandable que fa rfolidité»
A TH E N É E . C ’étoit un lieu public à Rome
bâti l ’an 135 de J. C . par l’empereur A d rien ,
pour fervir d’auditoire aux favans , ou à ceux qui
félon la coutume , vouloient lire ou déclamer leurs
ouvragés en préfence d’une1 aflemblée nombreufe. Il
feirVoit'aufli de collège ;• & l’on y faifoit des leçons
publiques. On conjeéture qù’Adrien nomma ainfi cet'
éd ific e , du mot Grec'ot0«vf} Minerve déeffe des
• fciences , ou du nomade la ville d’Athènes , qui
avoit été le féjour & commet là mère des . arts. Un
■ feiiiblable Âthenée , conftruit à Lyon par l’empereur
C a ligu la , fut célèbre, par les prix que ce prince y
fonda , & parlés grands hommes qui y enfeignèrent.
On a étendu le mot d'Athenée aux collèges , auxr-
académies, aux. bibliothèques , & aux cabinets des
favans. :
A T H È N E S , en Grec AQwcti yille de la G rè c e ,'
capitale de l’Attique , célèbre encore ^ar les monu-*
mens d’architeéture qu’on y admire.
Au feul nom de cette belle v ille , à laquelle le.
déefle des arts avoit donné le lien , eft—il un ami ou
un difciple des/mufes, qui ne fente en foi fe réveiller
tous les fentimens de la gloire , toutes les images xde
la beauté ? Quelles idées ce beau nom rappelle &’
retrace à l ’efprit 1 E t qu’on diroit volontiers ce que
difoit d’ilium le plus fènfible de nos poëtes :
Athènes, ton nom feul a des charmes pour moi!
Si l’architeéture eftdetous les arts celui qui fait peut'*
être le plus d’honneur au génie de l’homme, puifque le ;
modèle & l’imitation en font également dûs à, fon
invention 5 qu’on aime à confîdérer le créateur de e t
bel a r t , au milieu, de fes chefs-d’oe u v re , jouiflanc
dans fes ouvrages d’un orgueil que la Nature ne peut
prefquepas lui difputeri Quel.plaifir d’habiter, encore
en idée , cette ville quêtons les a r t s 's ’étoient plu
d’embellir, pour,en faire une demeure digne d’eux; 8c
quelle leçon pour un artifte, que le fouvenir de cette
belle cité !
ce C ’eft là , dit Chambrai, que I’architeéle devroit
» aller faire fes études pour accoutumer fes yeux &
m conformer fon imagination aux idées de ces excel-
a» lens èfprits , qui , étant ’rfés parmi la lumière, &
33 dans la pureté du plus beau climat dé la terre ,
33 étoient fi nets & fi éclairés , qu’ils voyoient'
33 naturellement les chofes que nous découvrons ici
33 à peine , après une longup & pénible étude de
33 l’architeétuce antique. 33
Fuifqu’il ne peut être, donné à tous les artiftes
d’entreprendre un tel v o y a g e , & de vo ir , en o riginal,
ces grands modèlés de l’art ; au moins, ne fauroient-
ils trop confulter les deflins que nous devons au-zèle
des iiluftres voyageurs qui nous en ont retracé les fidèles
copies.
Il eft une autre manière de mettre à profit les
leçons de ccs ruines éloquentes. On voudroit que
V i j