
Vitruve dit qu’il vaut mieux les faire eu maçonnerie
qu’en charpente j cependant dans le cas où i’on feroit
un plancher , il faudra , dit-il> faire en-deflbus un
I-ambriffage en tene-çuite ,• qu’on fèra de cettè manière.
On façonnera des barres ou des arcs en fer
qu’on fiifpendra à la charpente avec des crampons
de même métal. On les mettra allez près pour qu’on
puifie pofer, de l’une à l'autre, des tuiles plates fans
rebords , de manière qu’on formera une voûte ifolée
du plancher, ofc entièrement foùtenu par du fer. On
enduira le demis avec un mortier de terre glaife ,
broyée avec, de la bourre 5 & le defl'ous qui regarde
le pavé, fera d’abord enduit d’un mortier de ciment*
enfuite;recouvert de ftuc poli. I l feroit à propos ,
ajoute encore cet- Ecrivain, que la voûte fût double,
afin que là vapeur qui pourrait pénétrer la première
voûte fût arrêtée par la fécondé. De. cettè façon
la charpente fera garantie de l’humidité. '
On obfèrvera qu’ il faut être forcé par les cir-
-conftances, pour employer un pareil expédient. Il
devieridroit infiniment plus coûteux qu’une voûte en
en blocage ,, telles que -les anciens; en1 faifoienc, fe
ae réuniroit pas de plus grands, avantages.
' Les' bains modernes n’étant que des maifons particulières
dont les pièces- font difpofées uniquement
pour la commodité de ceux qui s’y baignent, ou des
enceintes formées dans les rivières par des pieux &
des bateaux , n’ont aucun rapport particulier avec la
conftruétion. ( Voye£ ce qui en eft dit à l’article précédent.
)
B A JO Y E R S , fi f . pl. ( Arckit. hydrauliq. ) C e font
les ailes de maçonnerie qui revérifient la chambre
d’une éclufe fermée aux deux bouts par des portes,
ou des vannes qu’on lève à l’aide des cubles. (Voyirç
E cluse. ) Il eft très-important que ces ailes ayent
Ses fondemens folides, parce que fi elles s’affaifloient,
elles cauferoient un grand dérangement dans les parties
de l’éclufe. Âum leur parement doit fe faire de
la pierre de taille la plus dure. On en choifit pour
eela deux échantillons différens : l’un pour les bou-
tifles qui ne doivent point avoir moins de trois pieds
de queue , & l’autre: pour les pannerefles, auxquelles
on donne’ depuis xo jufqu’à X4 pouces de lit 5 les
unes & les autres ayant i x , 15 ou 18 pouces de
hauteur. On pofe alternativement une boutifle &
une pannerefle ( ce font deux fortes de pierres). Les
plus dures de ces pierres fe réfervent pour les encoignures
& les angles , fur-tout pour les endroits des
jambages & battées des portes.
On n’a point encore déterminé la manière de bâtir
les bajoyers. L a méthode la plus fuivie eft de pofer
leur première affife fur le plancher du radier, afin dé
l ’enclaver dans la maçonnerie. M a isM . Bélidor, dont
la capacité fur ces matières eft très-connue, a fait
voir que cette méthode ne vaut rien. Il lui fubfticue
cette règle : c’eft de pofer fur les traverfînes une plateforme
de grandes pierres dures , d’une épaifleur uniforme
de neuf à dix pouces, les plus longues qu’on
pourra employer. Elles auront au moins quatre pieds
de large , dimenfion néceflaire à cette plate-forme
afin qu’elle réponde à la longueur des boutifles. IJ
faut voir , dans l’ouvrage de M . Bélidor * toutes les
vues relatives à cet objet ,<-& les détails utiles dans
lelqiiels il entre pour la conftruétion des bajoyers.
Nous ne rapporterons, ici que les confeils qu’il donne
pour la confiai ction des mailifs , en avertifiant auparavant
que c’eft dans les bajoyers qu’on pratique des
pertuis, pour faire communiquer l’eau d’une éclufe des
deux, côtés, fans être obligé d’ouvrir les portes.
«. A mefure qu’on élève chaque âflife de parement,
» il faut bien garnir le derrière en maçonnerie de
» briques , toujduiS avèq mortier de ciment,. fur
» l’épaifieur d'environ trois pieds ; le refté peut fe
» faire de nioëlons , de même que les maflifs des ccn-
» tre-forts. Cette maçonnerie doit être bien liée avec
» celle de la brique dont on pourra encore , pour plus
» de foîid ité, faire des chaînes par intervalle dans
» toute l’étendue del ’ouvrage 5 mais il en faut •né-
» cefiairement ‘ derrière le parement ,"pour empêcher
» qu e , par la fu ite , l’eau de la retenue ne pénètre
» dans l’épaifleur du mur, quand les joints viendront
» à fe dégrader. ( Archit. hydrauliq. vo l. 1. de la
» fécondé partie , p. x i j . ' ) »
B A J O Y E R S , terme des ponts & chauffiez Ce
font les bords d’une rivière près des culées d’un
pont.
B A L B A IT , ville d’Egypte' où l’on vo it les ruines
de l’ancienne B u f i r i s ( K oyc{ Bus.ir is , ) . .
B A L B E C K ou H E L IO P O L IS , ville antique fituée
dans la Coelofyrie , immédiatement au-delfous de
l’Antiliban ,v e r s l’extrémité de là plaine de Bocat,
au Nord-eft, entre les villes de Damas & de Tripoli
dont elle eft également éloignée de feize lieues.
Cette ville paroît avoir tiré fou c u l t e , ‘ainfi que
fon n om , de l’Héliopolis d’Egypte. Le Sàbéifme,
ou culte des aftres , fi répandu dans i’A'fie, femble
s’y être mêlé aux pratiques Egyptiennes. Macrobe
prouve que , de fon tems, la religion de l’Héliopolis
Syrienne n’étoit qu’un mélange des fuperûitions de
là Chaldée & de celles de l’Egypte. C ’eft fous la
domination des Califes que Balbeck cefia de porter le
nom d’Héliopolis : mais en prennant ce nouveau nom,
elle revint à fon ancienne dénomination. Balbeck
fi'gnifié jen Syriàquè ville de bal , cveft-à-diré du
Soleil. Les G re c s , en difant Hélîopolis , n’avoient
f a i t , comme éii bien d’autres c a s , qu’une tràdudicin
littérale de l’Oriental. Il réfulte enfin du double nom
de cette ville,' que le Soleil avoit été l’objet- de fou
culte , & que les temples magnifiques, dont on voit
encore les reftes, furent probablement élevés à cec
aftre divinifé.
T e l eft le fentiment de tous. les vqyagetirs qui ont
vifîté ces fuperbés ruines. M . V o ln e y confirme encore
eetre opinion dans Texcelîent voyage d’Egypte fe de
Syrie qu’il vient de donner au public , 8c dont nous
çbipfunterons quelques détails relatifs a cet article.
U remarque que l’aigle fculpté fur le Soffite du
temple n’a point de rapport à l’ aigle Romain, ce qu’il
prouve par l’aigrette de fa tête , femblable à celle
de certains pigeons ; qu’ on le retrouve de même au
temple de Palmyre, & que par cette raifon , il s’annonce
pour un aigle Oriental, confacré au foleil qui
fat la Divinité de ces deux temples.
On ignore l’état que put avoir Balbeck dans la
plus haute antiquité. Les Hiftoriens Grecs 5c Romains
nous fournifient peu de notions fur cette ville. On
peut trouver plus étonnant que ces grandes conftruc-
rions qui font aujourd’h u i, dans les deflins imparfaits
qu’on en a , l’admiration de toute l’Europe, ri’ayenc
obtenu aucune mention des écrivains anciens. En
vain on les interrogeroit. Un feul fragment -de.
Jean d’Antioche permet d’attribuer le grand édifice
de Balbeck à Antonin le Pieux. Quelques inferiptions
conformes à cette opinion femblent la juftifier j & la
préfomption la mieux fondée tend à rapporter au
règne de cet empereur, ou à celui de Septime Sévère,
l'époque de ces monumens. Le Chriftianifme ayant
pris l’afeendant fous Conftantin , le grand temple fut
négligé, puis converti en églife dont il refte un mur
qui mafquoit le fanétuaire ae l’ idole. Il fubfifta ainfi
jufqu’a l’invafion des Arabes. Il eft probable qu’ils
envièrent aux Chrétiens une fi belle poffeflion. L ’églife
moins fréquentée fe dégrada. Les guerres furvinrent :
bn en fit un lieu de défenfe ; l’on bâtit fur les. murs
de l'enceinte , fur les pavillons & aux angles des
crénaux qui exi'ftent encore : de: ce moment le
temple expofé au fort de la guerre tomba rapidement
es ruinesî
, Les récits ,de quelques voyageurs du dernier fiècle
avoient appris a l’Europe l’exiftence. d’une ville dont
riiifloire,avoit à peine confervé le fouvenir : enfin,
redevable à fes monurnehs plus qu’aux hiftoriens, du
foin dç falmèmoiré.,'B-albechmtap. -de rèyiyre^dans le
bel ouvrage publié à Londres;£n,.i7.j7. ; On -le doit
au zèle 5c à la magnificence des favans Anglois;,
Robert* W ood Davlcins,* qui vifitèi'eiit,/ enriyj; 1 ,
Bàibeck &• Palmyre.: Quoiqu’on - puifle regretter- que
leurs deflins ne folent point accompagnés de mefuresj
& de toutes les autorités; que là -.faine critique des
mc-numens peut exiger, on comrbît.trop les difficultés
de pareils voyages pour ne pas; exeufer ce . qu’ils
peuvent-lai fier àdéûrer on ne faurpft trop.payerde^
teconnoifiance ces généreux .citoyeiis de la république,
des arts q u i, - fe dévouant pour l ’elle 'aux entreprifes
les plus pénibles , vont arracher à l'ignorance & à la
barbarie lès débris précieux de l’antiquité ,V 5ç uous:
font jouir dû fruit de leurs conquêtes. Q u ’ils .reçoivent
donc ici le tribut d’éloges-qu’ils méritent*, 5c
puiffe leur exemple, avoir beaucoup d’ imicaneurs.
Il ferettt fans doùte bien intéreflant1 pour 'l’hiftoire
de l’ardiiteélure ., de pouvoir f i x e r d ’Une manière
certaine fe; plus pbfîtive, l’époque des monu-
*pens St Balbeck’. Si 1" on ne confültoit que l’analogie
«u ftyle & ‘ du gridt-q^bn y obfei;ÿe 3 on feroit tenté
d’attribuer leur conftru&ion à des fiècles encore p o -
ftërieurs à ceux auxquels il paroît vraifemblable; de
la rapporter. L e fiècle d’Aurélien qui vit élever les
temples de Palmyre , . .paroîtroit aufll réclamer &
devoir s’approprier l’honneur des édifices de Balbeck.
II femble enfin qu’on y v o y e , dans les uns comme
dans les autres , l’architedure parvenue à cet âge
voifin de la vieiileflè , où le fafte & la richefle cherchent
à fuppléçr à la perte de la beauté. Peut-être,
comme l ’architecture prend néçefiairetnent la teinte
du goût des différens 'peuples où elle- fe trouve tranf-
portée , le luxe de l’Afie fe mêla-t-il dans les monumens
de Balbeck- à la (implicite du ftyle des Grecs»
peut-être faut-il attribuer à ce.mélange, qui en altéra,
la pureté, ces bizarreries de détails, fe cette affectation
d’omemens qui déparent cette architecture au
jugement de l’oeil habitué à la fagefle & à la fqb/ô
économie des beaux fiècles.
Quoi qu’il en foit de cés conjectures , & de l’âge
où ces monumens furent .élevés , on y admire une
grandeur de plan, une hardiefle d’entreprife & d’exécution
, une fcience de conftruétion qui ne doivent
laifier aucune doute fur l’habileté de l ’architecte dans
l’art de bâtir.
Les voyageurs n’ont pu voir , fans étonnement,,
la-grandeur aes matériaux employés à la conftruélio«
de ces édifices , l’énormité des blocs , dont plufieurs
ont jufqu’à foixante pieds de longueur » le nombre
prodigieux dé colonnes de granit & de m arbre,.que
leur pefanteur feule a pu préferver de l’ignorante
avidité des Arabes * ou de la cupidité du Grand
Seigireur.
Ôn peut évaluer,à une lieue ,Tencèinte des murs’
que Balbeck préfençe encore aujourd’hui. Ce s murailles
j de même que celles de la plupart des anciennes
villes d e i ’Afîé , paroi fient être le travail mal afiortï
d'e différens'. fiècles. Elles n’o fitent, dans tout leur’
circuit , J c[ü*üâ aflèmblage confus ; de chapiteaux y
d’entablëmens' briféfc , d’InfcriptioiiS Grècques. r'eri-J
verféès j pàr-foüt on y voit l'ouvrage précipité dû
befoin ,'o u le choix ïnal-enfendu des fié dès ignorans
qui en réparèrent les 'rûihès. C e :qu’ôîi vient de dire"
des murs , convient aufll ^généralement aux portes’
de cette ville ; cependant celle du Nord offre les1
ruinés’ d’un grand foubaffement avec dé.s piédeftauX*
& dès bafes pour quatre colounés^ ‘ôn y retrouve'un''
goût de magnificence'& d’antiquité qui l’emporte' de‘‘
beaucoup fur celui des autres portes. ’ (
. Au-dedans , .ainfi. qu’au-déhors des. piurailles r on‘
reuc.ontre des monceaux. confus,, d e . décOjinbres • qui
n’indiquent plus aujourd’hui.que, la place des monumens
, & ne peuvent fournir ;qUe des ’ conjectures
incertaines. Nous'.ne npus. y àxrêterQnç..pas, ; : .
A u lieu le plus éminent des m'urs ;'s'élève une1 colonne
Dorique , la feule de cet ordre qu’on Vôye à^.
B'albeck: Son fuft eft' compofé de plufieurs rnioDoeaùj..
Sa- grandeur , fon travail & fos proporriohs. £e font
moin« remarquer, qu’un petit baifin au-deflùs d e lfon