
■j x o C A R
aux formes des palais,' mais les furpaffer eri grfM*
deur, en -élévation , en riche ffe , en décoration;
Ili e ft bien chantres monumens qui peuvent
w avoiV une phyfionomie particulière | |d o n t l énumération
feroit trop longue. On laide aux artiliës
a ffippléer le refte de ces détails. En interrogeant
t ie n la nature & la propriété de chaque monument
, il fera difficile qu’ ils manquent de moyens
pour l'exprimer.. Et qu’on ne dife pas que les ,
moyens de l’ àrchireâure font trop bornés , que
fesfignes-font en trop petit nombre. V o y e z combien
la nature., fimple dans fes types 9
.dans fes moyens , eft cependant inépuifable «
variée dans toutes les combinaifons qui modifient
fes ouvrages.
Etudiez cet efprit de la n ature; car ce n ed que
dans fon efprit & dans fes intentions que l’architecture
peut imiter ce grand modèle. Vous y apprendrez
ces reffonrces fécondes, ces transitions, infenn-
bles -, ces modifications graduelles, ces moyens fim-
ples & variés qui favent, à peu de frais , & dans le
cercle d’un petit .nombre d’élémens ., changer la
phyfionomie de tous les objets. Sans doute 1 artifte
a.befoin d’être foutenu dans le fentiment délicat
de ces convenances , par le goût éclairé du peuple ,
par un rapport d’intimité.&. de co*intelligence entre
fa manière de s’exprimer & l’entendement de ceux
auxquels s’adreffe fon langage. Maïs ne doutons
pas non plus que les architectes ont beaucoup contribué
à égarer le fens du peuple par l’abus qu’ils
ont fait de tous les moyens propres à caraétérifer
les édifices , & fur-tout par la confufion & l’emploi
irréfléchi qu’ ils on fait des formes générales &
partielles, de Varchite&ure.
Formes générales^ & partielles de l archite&ure. I l ne
fuffit pas,pour carà&érifer les édifices, d’y obferyer
Jes gradations de richeffe que commande l’opinion
& qu’indique la bienféance ; il^ ne fuffit pas de
connoître & de fentir les qualités analogues a la
nature & -à la propriété de chaque monument.
Qu an t l’architeàe -aura faifi par la penfée , la juf-
telle de ces nuances ; quand fon imagination fera
parvenue à déterminer en idée la m e fu re& le
mode propre de chaque édifice , il faut qu il con-
îioiiTe les moyens actifs & matériels qui peuvent
fixer fa penfée 8c lui donner de la confiftance.
Il exifte entre la nature de la plupart des édifices
Sc plufieurs des formes générales & particulières
de l’architeÇhire , un rapport de conformité qu’il
importe extrêmement de connoître .& de rendre
fen fib le , mais fur-tout de ne jamais employer a
contre-fens , fi l’on veut que chaque monument
ait fa lignification propre & diftinéte, & faffe lire
au fimple afpeCl ce qu’il eft & ce pourquoi il eft
jfair.
A le bien pren dre, il n’y a pas d’édifice dont
l’ufage & la deflination n’indiquent la forme génér
é qu’il do if a y o if & les formes partielles qift
doivent doridottrir à fa formation. Les tômples;
exemple, ,-font les. demeures de la divinité ; mais
ces faiut.es .habitations ne doivent fe reffentir en
rien des haJmationsThumaines. Le plan le plus
fimple ., le plus régulier, & le plus uniforme doit
en conftituer la. figure apparente. Les anciens n’y
en ont jamais admis d’antre que la forme, ronde
ou la forme quarrée. Cependant, à confulter nos
ufages , la forme quarrée , longue ou parallélo-
gram e , femble devoir l’emporter fur toute autre«
Rien de plus contraire aux ufages intérieurs de
nos temples que la forme de croix , quelle que foit
l’opinion religieufe fur laquelle on en fonde mal-à-
propos l’emploi. Cette forme rompt l’un ité , introduit
un temple dans un autre, & bleffe la convenance
, qui veut que de tous lés points de 1 intérieur
la vue puiffe fe porter fur l’autel & le
fan&tiaire. La nature &. l’emploi de ces édifices
facrés'empêchent qu’on puiffe y fuppofer raifonna-
bîement la multiplicité des étages qui font le
propre des habitations particulières. Rien par con«
féquent ne fauroit y autorifer ces fro'ntifpices à
plufieurs ordres l’un fur l’au tre , qui ne peuvent
dêfigner autre chofe que plufieurs étages^ ou rangs
d’habirations. Par une fuite de ces bienféances. &
de l’opinion attachée à l’être furnaturel pour qui
l’on élève ces demeures , moins elles fe rapprocheront
dans leurs details des autres demeures ç
& . plus elles auront leur caractère propre. Moins
par conféquent on y multipliera les jours & les
ouvertures, plus elles contrafteront avec les mat-
fons & fe diftingiieront des bâtimens ordinaires.
Ou fi les befoins du culte exigent qu’on intro«
duife dans l’intérieur une grande^ lumière , les
fenêtres qui donneront paffage au jour s éloigné-»,
ro n t le plus qu’ il fera poffible des formes , des
fujétions & de ^’apparence de celles qui prêtent
aux habitans des maifons le plaifir ou la facilite de
vo ir extérieurement. En général, tout doit tendre
à annoblir toutes les formes qui rentrent dans celles
des befoins ordinaires de la v ie . Les G recs avoient
fi bien fenti ces principes/lé bienfeances,, qu ils
avoient réfervé. pour les demeures des dieux cette
forme d’architeâure que nous nommons fronton ;
il n’étoit pas permis aux maifons particulières
d’avoir de fafiigium.
Certaines formes font tellement confacrées &
par, la‘ nature des chofes & par l ’ufage & par
l ’opinion, à rendre & exprimer Veffencede certains
monumens , qu’en vain on prétendroit les appli-i
quer à d’autres emplois. T e lle eft, entre au tre s, la
forme des pyramides, relativement aux tombeaux
& aux monumens funèbres. Les Grecs ap p e lè rent
ces monumens pyramides, du root pur, qui
veu t dire feu , parce que leur forme s é lev e & fe
termine en pointe comme la flamme d’un bûcher.
Mais ce ri’eft-lâ qu’ une étymologie de mots.
véritable étymologie de.la forme eft dans la chofe
elle-même. T o u t corps* qu’on rend à la terre pro*
duij; une élévation que plus d’un genre de fuperfii?
chez plus d’un .peuple, s’eft fouvent p lu&
fe niait encore à rendre fenfible & durable, en y
entaffam des pierres. (O n connoît lufag e de ce
oeuplê qui n’enterre fes morts quen leur jettant
in e quantité de pierres affez grande pour les couvrir
& les dérober à. la vu e . ) C eft a de pareils
ufages que doit remonter celui des pyramid es;
Si comme on le v o i t , il ne'.faurbipy ; avoir de
forme plus fighificàiive ni plus indicative de ce
„■ „’.elle doit repréfériter. Ç e u e invention eft du
nombre de cel'les q u i , teilant à des pratiques naturelles,
doit avoir été commune a prelque tous
les peuples. 'Audi , quoique aucun n’ait mis dans
les monumens de ce genre autant de grandeur &
de magnificence que l’E g yp te , ne laifle-t-on pas
d’en trouver chez toutes les nations anciennes. Les
Grecs & les Romains , s’ils ne faifoient pas toujours
des pyramides, conftruifirent Brefque loujours leurs
fépulcres en forme pyramidale. On auroit de la
peine effeaivemenf à en trouver qui rende mieux
fe caraBère propre de ces demeures de la m o r t ,
qui ne doivent avoir aucune reffemblance avec
celles des vivans.Rien n’offre moins l’idée d’habitation
qu’une pyramide ; & malgré *e foin que les
Grecs & les Romains prirent d'effacer , dans les
autres formes qu’ ils donnèrent à leurs tombeaux-,
toutes les traces & toutes les indications de féjours-
habitables, aucune ne porte à l’ame & ne prefeme i l’efprit d’impreffion plus v ra ie , plus profonde ,
plus fenfible & plus' caraffêtiftique de la nature
propre a c e genre d’édifices;' ; " J I / ..,
Les ütô’dernes , dans ta compofmon de leurs
maufolées ont encore confetvê la forme pyramidale
, plutSt pat l’effet, du foifoenir attaché à cette
forme & d e s idées <jtirelte fait naître , que par aucune
convenance de befoin. C e f t plutôt chez eux
un figue fépulcral , une forme allégorique’ , un
‘ o rnement, que toute autre chofe. On veut parler
‘de ces pyramides de bas-relief qui fervent dé fond
aux repréfentations des maufolès. Mais pour avoir
moins dé réalité, ces pyramides fictives n’en font
pas moins devenues l’attribut diftinfïifik fpécialdes
tombeaux. On ne fauroit, fans tomber dans une
faute très-grave contre le caractère , en ufer arbitrairement
dans d’autres édifices. D ’éjà Ion a eu
roccafion défaire obferver au mot A r c de t r iom phe
( v o y e ^ cet article ')-, combien les formes^ de
pyramides employées à la décoration de 1 are
triomphal de la porte Saint-D en is blefloient la
convenance & les règles les plus élementaiies du
caractère. C ’eft comme fi Pindare , pour célébrer
dans fes odes une v iôoire ou les j;eux dO lym p ie ,
eut pris le fly ie plaintif c!e l’ ciegie.
Les arcs ou les monumens triomphaux ont suffi ,
dans les ufages qui leur ont donné n a IF an ce ,
des formes caraélérifiiques qui peuvent déterminer
leur manière d’être; L’arc de triomphe.ne dort pas
icflembler à une porte de ville ; ce qui 1 en dif-*
tingue fur-tont . c’efi l’epaifleur & la profondeur
que doit avoir l ’arcade ; profondeur indiquée par
la cérémonie même du triomphe & par le .char &
l’attelage du triomphateur, qui s’arrêtoit -ordinairement
defious , comme fous une efpèce de dais-,
où la viéloire venoit le couronner ( voye^ A r q
DE TRIOMPHE ). La bienféance veut que dans
cette fuppcfition le- héros foit ombragé-& couvert
par le monument qui le reçoit. Quelques artiftes
modernes n’ont pas fenti cette convenance carac-
. térifiique , en aminciffant , comme ils Vont t :u t ,
la mafie du monument , au point de ne pins-
paroître qu’une porte ; ce qui en dégrade Ô4. en
amincit auffi l’idée^
Les portes de villes ne deyr oient avoir également
rien de'commun avec les arcs de triomphé y
fi cependant l’exemple même de l’antiquité pouvoir
démentir ces préceptes , au point qu’on leur
permît de rivalifer avec les monumens triomphaux ,-
la* condition ne feroit pas pour cela réciproque ;
ma'is quoiqu’ une reflemblance' réelle daas la formé
Temble rapprocher entre eux ces deux genres d’ édifice
s, la diverfité de leur deftination réglera fum-
fam'ment celle de leur carjÜ'.re ou d e leur phyfio^
homie. D eu x arcades, par e x emple, feroient fen-
fiblement contraires a là nature d’ün monument
triomphal ; deux arcades à l’entrée d’une ville
's’approprient àffez convenablement à la double
nèceffité qui y conduit fes habitans. Les portes feront
plus ou moins riches , ou plus ou moins fo r te s ,
félon la nature des villes ; mais quelque peu de
défenfe que certaines villes fetnblent exiger , certaines
formes relatives à cet objet , un appareil cte
force & dé folidité eri cOnfiïtueron f vraifemblahié^
ment le type & en prononceront le car a Hère,
Il eft des édifices dont la forme^ eft impérieux
fement preferite & déterminée , Sc fur laquelle?
il ne devroit jamais être permis de varier ; & ce>
pendant, comme, fi ce fentiment groffier des-
convenances les plus palpables étoit un fecret d e
l’art ^ou un raffinement qui dut coû te ra acquérir,
on ne fauroit dire par quelle fatalité les modernes-
ont jufqu’ à prefent été fi loin de le foupçonner.
Je parle des théâtres*
Les premiers qur fe rèûriirérit devant lestrétaux
des chantres de •Racchus.choifirént ou le creux d’ un
vallon , Oi4 Vtnceinte demi circulaire d’une gorge
de montagne ; des gradins de gazon circulaire-,
ment étagés formèrent les premiers théârres.
L ’art de fàrchiteélme- compofa depuis des édfc
fices auffi éloignés pour la magnificence' de ces*
groffièrs effiais, que la lyre de Sophocle l’empor-
toit fur le fifre rufiique de T h e fp is , & des choeurS;
de la vendange. Cependant cette forme circulaire
, la feule qui puiffe réunir à un feu! poinr
de vue les yeux- d’un grand nombre de fp e â a -
teur, fut fidellcment conlervée dans les monumens-
les plus pompeux des vides. Cette forme intérieure
devint auffi celle de i extérieur de 1 édificev
le premier afpeél apprenoit aux paffans fou