
r e lie , & i l n’etoit point nécefiaire de lavoir que
Mich el-Ange fe fut fe rvi de trois cercles pour
cachet Symbolique ; mais cette nouvelle co n v e nance
ajoutoit un prix de plus à Pallufion.
A la chaire dans laquelle Benoît Varchi prononça
l’oraifon funèbre, il n’y avoir aucun ornement,
parce q u e , comme elle étoit de bronze avec des
bas-reliefs du célèbre Donatello , toute parure
étrangère eût été moins belle ; mais fur une autre
qui étoit v is -à -v is , on avoit placé un tableau de ’
quatre coudées 8c large de deux en v iro n , qui
repréfentoit une Renommée , ou plutôt la Gloire
dans une Superbe attitude, une trompette à la
main 8c les pieds ap pujés fur le Tems 8c la Mort,
L ’ouvrage étoit de Vincent D an t i, de Péroufe.,
T e l étoit à-peu près l’appareil funèbre de ce
catafalque , le plus célèbre de tous ceux qui furent
jamais élevés , & dans lequel on v it une réu&icu
de beautés , qu’il feroit difficile 8c même injufte
d’attendre aujourd’hui dans les ouvrages du meme
genre. J’ai cru qu’on liroit avec intérêt la del-
''cripii'on abrégée de ce beau monument de g lo ire ,
élevé à l’art par l’art lu i-m êm e , 8ç j’ai penfé
q u ’une teile defeription auroit fur l'imagination
des arriftes- plus de pouvoir que les préceptes
d’une froidethéorie n’en pourroient exercer for leur
efpr.it. De tous les ouvrages que Parchheéhire peut
inventer on diriger, il en eft peu qui préfentent
à fon' génie u n e ‘ carrière plus étendue. Il en eft
peu aufli qui fe prêtent mieux aux caprices du
goût y. car on ne fauroit y exiger la févérité ordinaire:
des règles.
I l Semble , dit J. F. Blondel ,.quand:on admet un
ordre dans ces fortes de décorations, que le compo-
ftte, commeèr’ant le plus varié dans fes ornemens-8c
le moins Sévère dans Ses parties, eft celui qui peur le
mieux en régler l’ordonnance. Les fymboles de la
m o r t , les attributs ou armoiries du défunt, avec
leurs acceffoires, les draperies dé d e u il, des moires
& des g a fës, des torches ardentes & des candélabres
entrent dans la décoration de ces momi-
mèns funèbres. Les cénotaphes affez. Souvent fe
placent fur les gradins, & fur ceux-ci on difpofe
des grouppes de figures,.des génies, des trophées,
dont les allégories doivent fortir du fond même
du Sujet. E n fin , des tribunes doivent entourer
Fencéinre de ce lie u , & des fiéges- y être diftri*
buést a vec fymmétrie.
L e moyen d’afligner un caraclere convenable
à ces décorations ., c’eft de c.ompofer leur ordonnance
de maniéré qu’elle fafte éprouver au Spectateur
cette trifteffe1 deTârne , qui puifte lui re tracer
T i mage de la deftrudion & du néant des
chofes humaines, en lui rappellanr aufli. la-perte
qu’à, fait la patrie dans, .la perforine .à la mémoire
de laquelle ces moriiimens font élevés.
P ouc y. parvenir,, i l faut que la décoration Soit
à: la fois grande & peu chargée de détails. On
doit en exclura, tout, ornement frivole . n’y faire.
entrer ni or ni a z u r , à l’ exception peut-être des
blazons. C e n’eft point de l’é c la t , ce n’eft point
du fafte qu’ il faut i c i , il s’agit de-peindre à Pef-
prit le fèjour de la mort. Pour cela il ne faut
employer que des couleurs Sombres ; il faut dif-
pofer de diftance en diftancedes grouppes de lumières
, dont l’é c la tn’ôte pas trop à l’afpeél fombre
& ténébreux qui eft effentiel pour cara&érifer le
genre des catafalques dont nous parlons, puifqu’ils
ne font autre chofe que la repréfentation des
tombeaux ou des chapelles Sépulcrales dont on
fera mention ailleurs*
On a defirê plus d’unie fois que r'architefte
fût p o è te , peintre & homme de goût. C ’eft bien,
ici qu’il devroit réunir ces diverfes qualités. Pourquoi
nos fêtes & nos pompes funèbres paroiffent-
eiles toujours être faites fur le même modèle ?
D :oii vient qu’ à l’exception de la couleur des
marbres , ou de quelques ©rnemens poftiches &
empruntés.,, elles- fe reffemblent prefque- toutes ?
C ’eft que la toutine de l’artifte a plus de part à
Ses compositions, que la réflexion & le raisonnement
c’eft qu’on ne veut pas penfer qu’une décoration
de ce g en re, quoiqu’élevée pour un jour
doit avoir un caractère particulier, qui annonce
précisément Son o b je t ; autrement elle ne peut
attirer le Suffrage des perfonnes ec la irees, ni celui
des artifles intelligens, Seuls faits pour juger les
prcduéliops du génie , 8c fans 1 àpplaudiffement
defquels le décorateur ne peut jouir d’une véritable
réputation.
M a is , dira-t-on ,. les deflins de ces- décorations
Se font avec trop de précipitation pour être
réfléchis. O n répond à c e la , comme on le dira
plus au lo n g , en parlant des décorations élevées
pour les fêtes publiques, que les perfonnes chargées
de leur exécution ont le tems de fe préparer
d’avance. Q u ’ils préméditent leurs Sujets ; qïTils
en faflent des développemens ; qu’ ils faflent une
étude particulière de ce genre ; qu’ ils recueillent
ce q u i‘ a été fait avant eux ; qu’ils rempliffent
| leurs portefeuilles d’efquifles, de penfées prêtes
; à Servir au besoin , & certainement ils s’acquitteront
de ces commiflions avec plus de Succès
qu’ils ne l ’ont fait jufqu’à préfent. Mais , ofons
le dire ,. ils ne penfent à rien moins qu’a ce qui
doit les occuper ; ils fe fient fur leur génie, &
. prefque toujours' leurs produirions fe reffentent
; de la rapidité avec laquelle il convient que ces
monumens foient dreffés. Pafîbns à. quelques au-
. très observations de détail fur cette matière.
Il femble que les baldaquins qu’on é lèv e ordinairement
audeflus du cénotaphe , non-feulement
mafquent l ’au te l, mais encore divifent la profondeur
du lieu de la fcène. Pourquoi ne tenteroit-
on pas de placer, & l’autel & le cénotaphe, de
manière que l’un & l’autre réunis enfemble né pré-
fentaflent qu’ un Seul & même tout? Pourquoi nos
décorateurs croient-ils que h plupart des ornemèns
de • Sculpture employés à ces d é c o ra t io n s fe . fat"
C A T
fant en cartonnage , 8c par confisquent d’ une manière
peu drfpendieufe , il leur eft permis d’en
répandre avec excès ? N e voit-on pas que les
Symboles dont ils font une montre fi fu p e ifli.e ,
n’étant que la repréfentation de ceux qu’on em-
ploieroit avec économie dans des monumens durables,
leur image ic i , comme par-tout ailleurs,
ne doit pas Remploye r avec cette prodigalité ,
qui fouvent décèle & le peu d’importance de la
matière, & l’inconféquence de Panifie ?
Les jeunes architeéïes, les décorateurs, les
Sculpteurs , les peintres, appelles enfemble ou
Séparément pour pré fui er à l’ordonnance , ou
travailler à l’exécution de ces Sortes de décorations,
doivent avoir tous puifé leur, art dans la
même Source. A in fi le cara&ère relatif à l’objet,
l’eSprit. de con v en an ce, le choix de Parchiteiriire & celui des ornemens doivent ne préfenter qu’un
Seul & même enfemble. Q u e ces différens artifles
fe rappellent entre e u x , combien il eft indifpen-
fable que leurs opérations foient dirigées d’une
manière analogue aux cérémonies religieufes ; que
fefprit de ces représentations étant de retracer la
perte d’un grand homme, ou d’ un objet cher à
la pa trie, ils d o iven t, par la difpofition, p a r la
févérité des formes & le caraâère fombre répandu
dans l’ordonnance générale , attendrir, tou ch er,
émouvoir l’ame du fpeélateur, au lieu de contrarier
ce m o t if, comme il n’arrive que trop Souv
en t, par la prodigalité des. membres .de l’archi-
te&ure & la profufion des lumières & des ornemens.
Pourquoi faire ufage ici de la dorure 6c
d’une Sculpture fi fouvent Superflue ? Pourquoi
ne pas réfléchir que s’il étoit queftion d’ériger
véritablement un maufolée conftruit de matière
précieufe, 8c qu’il fut exécuté par des artifles
du premier o rd re , ils réduiroient peut-être de
moitié ce fafte défordonné, d’oû certainement il
réfulteroit un cara&ère plus v rai, mieux Soutenu & plus conforme à la vaifemblance ? Q u e ces
courtes réflexions fervent donc de guide à nos
décorateurs , pour ne plus compofer leurs pompes
funèbres dans le goût de la décoration de nos
théâtres, où l’on lait combien les artiftes fe permettent
d’exagération, de ja&ance 8c de fauffeté.
C A T A N IA , Ca tane, ville de S ic ile , Située au
pied de l’Etna, au voifinage duquel elle doit fon
n om, qui m’eft qu’ une alteration de celui de Ça-
te tn a , qui Signifie fous l’Etna.
C ’eft bien aufli fous l’Etna qu’il faut aller rechercher
quelques traces de cette v ille antique,
ruinée Sans doute par les effets du v o lc an , 8c
enSevelie de manière qu’on eût ignoré Son emplacement
8c preSque juSqu’à fon exiftence, fans
les Soins infatigables du prince-de B ifc a r i, qui a
fu retrouver la ville ancienne fous les fondemens
de la moderne Catane.
C ’eft fous l’églife principale de celle-ci & de-
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vaut fon portail qu’étoient les thermes de la v ille
antique. C e qu’on en a ex ca vé , quoique confi-
déi'nble, n’eft qu’une partie fort petite de ce grand
éd f ic e , & confifte dans une galerie extérieure ,
deux portes d’en tré e , un pèriftile intérieur, qui
diftribtioit pent-éfre dans des appartemens de bain.
C e pèriftile eft compofé de portiques formés par
des piliers avec des voûtes, en plein ceintre. Elles
font enduites de fin e, qui paroît avoir été c sm -
pofé de cend-e de la v e , fur lequel étoient modelées
des figures portées par dès rinceaux d ara-
befque. O n difiir.gne encore les procédés de, c e
genre de travail ; on v o it comment les figures
étoient tracées-fur l’enduit, avant d y ajouter le
relief, & comment les premières malles étoient
difpofées en madère groflière & pareille au premier
enduit, avant de recevoir la couverte ou
l’enduit de ftuc qui perfeflionnoit l’ouvrage. I l eft
. difficile de juger de la forme & des détails de
cet ancien édifice ; l’eau qui s échappe , fans doute
des anciens conduits , ayant empêché de fouiller
jufqu’à fon premier fol. On vo it dans 1 épaitlcur
des murs d’anciens aqueducs , une décharge des
eaux de la partie fuperieure ; dans c e lle - c i, les
chambranles & les couvertes de pierres auxquelles
étoient attachées les portes. Les fondations de
l’églife & celles des maifons particulières ont arrêté
les recherches du prince.
Son zèle a été mieux récompenfe dans les
fouilles de l’amphithéâtre ; elles font bien autrement
confie!érables 8c peuvent faire juger de
Pimmenfiué de ce monument, 8c du foin avec
lequel il avoit été conftruit. C e que l’on en voit
aujourd’hui cependant, n’en eft plus , ft l’on peut
dire , que le Squelette, O n en a enlevé jufqu aux
briques, 8c l’ on n’a épargné que les groffes maftes
en lave , ainfi qu’une conftruirion de moellons.
Ces débris confiftent en gros pilaftres quarrés , fur
lefquels retombent les arcs qui forment la ga-
lcrie extérieure.Une corniche fait leur .chapiteau,
compofé régulièrement de quatre groffes pierres
de lave égales, entre elles. Une fécondé g a le r ie ,
fur laquelle étoit portée la rampe des g rad ins,
diftribu oit, par des efca liers., dans les corridors
fupérieurs & dans les vomitoires. Une rue Baff»
ifoloit cet édifice du terrein élev é de la montagne
qui l’a vo ifin o it, & un tremblement de terre l’ayant
apparemment ébranlé .(comme on croit le r j -
marquer au dérangement des aflifes des pierres ) ,
on avoit adapté aux pilaftres des piliers de maçonnerie,
qui coupoient la faillie de la corniche
8c portoient des arcs qui alloien t, en traverfant
là ru e , pofer fur le mur de revêtiffement fait
contre la montagne. Il y a lieu de croire qu en
même tems on s’étoit fervi de cqs aresboutans
pour communiquer de la rue haute aux couloirs
fupérieurs de l’édifice. O n y trou v e, comme aux
autres monumens du même g en re , des pierres
percées pour recevoir la charpente quiporroit les
toiles çlont on couvroit l’amphithéâtre. La conftruc-
A a a a z