
la reçoivent. Elles fe trouvent aufli dans les jar- |
dins do genre régulier , ou ,pou r mieux dire, !
elles ne fanroient encore fe rencontrer que là ;
car l’ imitation de la pure nature, qui fait l’objet
8c le charme des jardins irréguliers, repouffe tout
ce qui a l’ apparence de l’art & de la contrainte,
K'un n’ eft. plus difficile que de compofer dans
les jardins de ce genre des cafcades naturelles.
D es eaux tombantes font en général tres-diffi’-
elles à diftribuer artificiellement. Elles décèlent bien'
vite la main de l’homme , 8c n’ont que rarement,
l’empreinte de la nature. Ici fur-tout, il faut s attacher
à cacher les moyens qu’on a employés. Un
fe rend ridicule, dès que l’on manque la nature,
que l’on fe propofoit d’ imiter à : force de frais &
d’efforts. D e petits filets d’eau artificiels font plus
ai fis k pratiquer qu’ une ifeule cafcadf^ un peu g J
grande. Les premiers peuvent être vo ilé s , ou du
moins l’oeil n’eft pas rigide en les jugeant. Mais
une cafcade perd .à.n’être point vue.;, elle doit
pouvoir fe montrer hardiment, & elle ne le peut
qu’autant .qu’elle eft recommandable par fa b eauté,,
La beauté de la cafcade diftînguée du file t'
d’eau par la quantité & là force de cet élémen t,
eft principâlèmeht déterminée 'par la hauteur de
laquelle elle fè précipite, & par l’abondance. & la
limpidité de fes ondes. D es cafcades fituéës dans
une rivière ou à l’iffue d’un la c , peuvent plaire
à l ’oreille par leur bruit ; elles n’ont que peu d’attraits
pour 1-çeil. Mais dabord que l’eau defeend ,
en.;fe jouant-, d’une hauteur confidèrable, d’un
mont ou d’un roc , la fcène gagne en impreffipn, >
fur-tout lorfque des maffes' liquides claires 8c
transparentes en animent l’afpeâ . La hauteur peut
même relever cette impreflion jufqu’à l’admiration
& rétonnementi -
Dans les Alpes fe trouvent des cafcades dont,
les flots écumâns femblem jaillir des nu es, le
brouillard qui. les environne cachant leur origine l
L’étranger , 'dit Hallefi, vo it avec furprife des
rivières couler dans les airs , fortir des nues^ 8c
fé IransforîUer èllês-ynénles en nuages.
C ’eft un des ipeéfacles les plus grands & les
plus pompeux , dont la nature fe ferve dans ces
lieux , pour exciter, l’ame à la plus v iv e admiration.
Dans d’autres cantons aufli des cafcades {ont
e f fe t , quoique 'plus foiblement, lorfqu’elles viennent
d’uné certaine ‘ hauteur ; car. c’eft celle-ci
feu le , 8c. non .'leur largeur, qui fait leur beauté.
HUs;l’e>att qui: le joue le long du ro ch e r , eft
clairè , plus'- elle laiffe appercevoir diftinéiement
fou: fon d , 8c pk ise lW 'n o u s charme. La quantité
'la. variété de fes ©bûtes,-la diverfité des arbres
c&iides. buiffon s fufperrdusy en tre ra verdure
deCqueis brillent les ondes argentées , contribuent
extrêmement à la beauté de la cafcad*. Mais ce
qui l ’embellit le plus. c’eft- J a variété ; les coups
de jour ' produits par le .. foleil ? fur-tout lorfquè
l ’aftre à. fon, déclin- répand des. rayons adoucis 8c
uîle luéur d’un rouge tendre. Une cafcade fur
laquelle repofe en plein la lumière du foleil, eft
: b e lle ; mais elle l’eft -bien plus; encore quand la
lueur du foir y jette , à travers les ouvertures des
arbres environnans , des couleurs dont le mélange
embellit le fpeiftacle. O n fera attentif à procurer
aux cafcades; que l’ art compofera dans les jardins,
une fituation fufceptible de cet embeiliffement.
Quoiqu’une eau tombante plaife fans aucune
décoration , lors meme qu’elle découle d’un roc
nu ; cependant elle devient plus agréable , lorf-
qü’ellé deféend , en fe jou ant, parmi la moufle,
les brouffailles & les arbres. Cette observation
doit fervir de guide à ceux qui conftruifent des
cafcades-j. ca r , dans ce c a s , elles déplairont bientôt
par leur apparence fa& ic e, fi elles s^oUtent
nues & découvertes à l’oeil. Aufli les cantons où
ne domine pas abfolument l’air fauvage de la nature
dépouillée dé tout ornement, nous .prèfen-
tent-ils des cafcades décorées, finon d’arbres, au
moins de moufle , de lierre 8c de petits arbriffeaux,
Les branches d’ un buiffon, qui tombent en s’inclinant
au-deffus, pourront donc voiler une partie
d e là cafcade, mais fans la mafquer entièrement,
afift que lés coups de foleil accidentel* ne foient
pas interceptés. Quelquefois un fond totalement
dérobé donne’1 un effet romanefque à la cafcade,
qui naît alors au fein d’u-ri' épais buiffon, ou fe
précipite à travers, les cimes*des arbres^ qui là
couvrent. ‘ ( ?
D ’ordinaire on pratique les cafcades de manière
à- ce que leur point de vue foie de bas en haut;
mais elles font un plus grand effe t, lorfqu’on les
confidère de hailt en bas. L’àfpééf de leur chute
dans une forribre crévaffe', où l’eau s’enfuit par
des routes fe g rè-tes, & celui de leur mouvement
perpétuel 8c progreflif, dont on ne voit ni le commencement,
ni la f in , préfente quelque chofe de
continu 8c d’inépuifàhle, qui appartient à .l’ idec
d e . l’ infini.
L e jugement & le fimple bon fens nous crient
de laUÎer à chaque canton les fcènes qui lui font
propres. Mais qu’on fait peu d’attention à fa,voix !
Rien n’eft plus ordinaire quq. le foin qu’on prend
de ménager les cafcades dans une plaine, 8c
d’en laiffer enfuite couler les eaux dans un“ canal
tiré au cordeau. Une ordonnance femblable ne
peut que déplaire, étant trop éloignée des jp te s tions
de la nature. Eft-il rien de plus oppofe à,
fon voeu qu’une cafcade dans un terrein plat ? La.
nature ne nous place des chûtes ,d’ eau que; dans
des lieux femés de collines , de montagnes ou de
rochers. Lorfque le fol n’a pas une pente remarquable
, ou que celle-ci eft l’ouvrage apprêté de
l’a r t , la cafcade eft contre nature.
Des cafcades modérées p eu v en t , à caufe de
leur v iv a c ité ,’ s’allier à des cantons, agréables. Cependant,
que des-eaux calmes repolenr dans les
: lieux où les paifiblë's attraits des champs 8c du
repos fe déploient entre de petites co llin e s , de
fjants bofquets & des vallées fleuries, une forte
cafcade en troubleroit le caraà-ère. Q u ’elle s’écarte
donc des endroits où doivent dominer là pa ix,
la tranquillité & l’agrément champêtre,, ou qu’elle
s ’ y divife en filets d’eau. Mais elle peut paroître
dans un canton où 'règne la"douce mélancolie;
qu’elle y tombe en murmurant du haut de quelques
r(uines, entre des buiffon s clairs-fernés, pourvu
que par fà grandeur & ' fon bruit, elle ne nuife
point à l’impreflîon de la fcène. Les cafcades appartiennent
le plus fouvënt aux cantons'roma-
nefqùes ^ a caufe dés fôrrrtes variées 8c finguHères
fous lefquelies elles fe précipitent du haut des
rochers", 8c à caille des âccidens qui les accom*.
pagnenr.
Plufieurs petites, chutes amu/ent , animent ,
égaient de diverfes manières •; mais une feule chute
confidérable-e.ft d’un effet plus déterminé. Lorf-
qu’on fe propo.fe de > eau fer des fentimens vifs
d’une certaine efpè.ce , . on d o it, fans contredit,
proférer une cafcade unique à une multitude de
filets d’eau fans effet. On peut la façonner & la
varier fuivant le. but particulier qu’ôn a , & , fui-
vant les befoins de la fcène , lui donner. un
afp s 61 férieux par des roches brutes , un afpeét
agréable par de vertes plantations.
La cafcade fe diftingue aufli de la catara&e.
( Voye£ ce. mot 8c F i l e t d ’ e a u ).
C A S E R N E S , f. f. C e font des édifices defti-
nés au logement des gens de guerre.
■ L e s ‘anciens‘àppelloient du mot général cajlrum
ce que nous, entendons aujourd’hui par cafernés.
Quelques reftes de ces édifices , épargnés par le
temps , nous donnent encore à çonnoître aujourd'hui
de quel genre étoit leur cônftruélion.(Voye^
ces détails au niotCASTRUM ). Quant aux édifices
militaires modernes, qui fervent à loger les fol-
dats, on en diftingue deux efpèces. Les premiers
qui fe bâtiffent dans- les villes non fortifiées, ou
même,, dans des v illages. C e font de vaftes bâtiiiiens
qui 'doivent être aérés-, iÿacieuX , commodes dans
leur diftfibution , folidés dansj leur cônflrn61ion
& d’ufie décoration très-fuùple. La grande cour
intérieure de rh ô te f dés invalides à Paris , peut
fe citer comme modèle ep ce genre. Les feçonds
fe conftruifent dans les places de guerre. Les
règles qu’on y obfervé. dépendent dé la fituation
de' leur emplacement, du genre de troupes qu’on
y !|0ge & de l’art 'même des fortifications.
( Voyeç tout ce qui concerne ces objets , traités fort
en détail dans le diftlonfiaire f Art militaire de cette
Encyclopédie j . '
C A S 1NÜM , ville antique d’Ita lie , dont ôn ne
voit prèfentement que les ruines à Çafino, 8c qui
étoit fituée fur le penchant de la montagne, au
fudeeft de l’endroit où eft aéluêllement l’abbaye
du Mont-Caflin , dans le nouveau Latium , qui
porte aujourd’hui le nom de Campagna felicé ou
Terril di lavOro.
Cajîtium fut ruinée par Théodoric , roi des
Goths ; l ’on n’en voit plus que des veftiges : le
plus remarquable eft la chapelle appellée il Cruci~
fijfo. C ’eft Un ancien temple en forme de croix
grecque de 50 pieds de long fur 35 de large ,
bien conftruit 8c de la meilleure confervation. Il
eft formé de gros blocs de pierre de ta ille , dont
quelques-uns ont .huit à n eu f pieds, fans chaux
nji ciment. .
La v oû te eft une efpèce de. coupole baffe ‘
percée dans fa partie fupérieure de quatre petites
fenêtres, par lefquelies il ne vient aucun jour
aéfuellement , le logement de l ’hermite ou da
chapelain fe trouvant bâti au-deffus. Sa conftruc-
tion eft d’ordre tofean, ruftique 8c folide. C ’eft
fans dftute à fa grande foVidité , ainfi qu’à fa
petiteflé , que cet édifice a dû l’avantage de réfifter,
pendant léize ou dix-huit fiè c le s , aux événemena
qui ont eaufé la ruine de cette ville.
Près de-là eft le reftç de l’ancien amphithéâtre ,
fitué à côté du chemin qui conduit à Rome. Il
a environ 82.0 pieds de circonférence, & le milieu
ou l’arène a 200 pieds de lon gueu r, fans
compter remplacement des anciens gradins, quifont
prefque entièrement détruits. La hauteur des murailles
eft de 57 pieds. On y entroit par cinq grandes
portes, qui ont 26 pieds de hauteur fur 13 de
largeur, 8c font faites de groffës pierres de taille.
On y voit encore les loges des bêtes qu’on def-
tinoit aux combats, 8c les acqueducs qui appor-
toient l’eaii pour les naumachies ou combats fur
l’eau. T o u s les murs extérieurs font revêtus de
briques placées en lofanges. Ils font furmontés de-
grandes pierres en fa illie , avec des trous deftinés
à recevoir des mâts où s’attachoient les tentes 8c
les toiles qui garantiffoient les fpe&ateurs du fo leil
8c des injures de l’air. ( Voye^ A m p h i t h é â t
r e . ) On y a trou v é , en 1 7 5 6 , une infeription
antique, dont il a été parlé dans les Nouvelles-
Littéraires de • Lami.
L e théâtre , dont les reftes fe voient un peu'
plus h au t, eft bien moins conferve. Il n’en fuh-
fifte que des débris à . peine reconnoiffables. On
retroiive pourtant encore fa forme d emi-circu la
ire , ou à peu près , dont le diamètre eft de
283 pieds. Ses murs étoient d’ une conftruéiiou
femblable à celle de l’amphithéâtre.
Il y a encore aux environs quelques aqueducs
fouterréins, quelques reftes d’anciens édifices, 8c
un fragment de grand chemin pa vé , comme toutes
les voies romaines, de grands blocs de pierre en
poligones irréguliers.
C A SM E N A , v ille antique de Sicile.
Le feul refte dé cette ville eft un grand efea-
: lie> ; mais il. fuffit, pour donner, une idée .avan-
i tageufé du point de perfeôion où l’art de bâtir
y fut porté , 8c du foin qu’on mettoir à tous les
; ouvrages. Il -eft' taillé dans le roc , les parvis &
, les marches en font taillés avec la-plus, grande