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les légèretés de la penfèe, on imagina d’exécuter I
au-défi us de la chaire , & dé réa'ifer ces couronne-
mens , dont les dais & les impériaux d’étoffe
avoient été le modèle , & fuggérèrent l’imitation.
Rien ne fut plus ridicule que les formes de tous
ces amortiffemens puériles & faélices : des couronnes
, des coupoles des entrelàs de palmes ,
d’anges, de nuages; des rideaux , des draperies,
des pavillons, enfin toutes les inepties, & tous
les caprices poflibles déshonorèrent le fiège deEé-
lôquence & de la vérité. Le plus fouvent-, cette
tribune augufte reffemble à une' foucoupe, dont
le couronnement .& le dais forment le couvercle.
Voilà à quel point de nobleffe ce font élevées
Mes inventions les plus modernes. Ce n’eft cependant
pas encore-là le plus haut degré d’abfurdité :ril
©onfifte dans-le port-à-faux de toutes ces parties ,
& dans l’impoflibilité d’admettre raisonnablement
ces corps avancés, fail-lans, menaçans, dont la fo-
îidité toujours fauffe, dès que’lle paroît l’être , n’eft
connue que de l’ouvrier qui a ficelle les armatures
de fer qui en font la force.
On me pardonnçra,de.ne pas-m’êtendre en preuves
fur ce fujèt , comme aufli de ne point citer
d’exemple fpécial'de tous ces chefs-d’oeuvre« d’ab-
furdités, que tout le'monde ne Gonnoît que trop.,
Si j’avois à faire une mention particulière de\ces
ouvrages , ce- feroit-pour faire pardonner à quelques
uns d-eux-, ie-viee de leurs formes en faveur-
de la beauté du travail &'de la Sculpture, &
peut-être qu’à tous égards, la chaire de S; Etienne-
du,-,mont; à Paris, mérite-oit feule une exception.
Ses bas-reliefs , la figure coloffale du Samfon
qui porte la tribunele motif de cette allégorie,
la nouveauté de la penfée, le mérite de l’exécution
, feroient autant de.titres qu’elle auroit à une
djflinélion.particnlière,.
Je ne voulois citera aucun dé ces mônumerts
de caprice, qui dégradent fi fort-l’afped intérieur •
de nos temples ; cependant, commeen remontant
à l’origine-des- chaires, j’ai fait voir ce que quelques
perSonnes-pourroient appeler l’effai ou l’ébauche
grofiïète de. ces- moniimess conftruits dans
des temps d’ignorance; comme j’ai fuivi la pro-
g-reflion de ce qu’elles pourroient regarder comme
le génie dans ce genre, il ne-fera pas mal, pour
compléter ce petit hiftoriquede faire mention
du dernier ouvrage qui ait> par.», je--veux dire la
chaire. de S1. -Sùlpice , à Paris*
Affurèment-, il- faut convenir. que l’inventeur
de cet te machine à prêcher, y a eu un mérite- qu’ôn
fie fauroit lui comeftér ; c’eft d’avoir fo y réunir
d?une façon nou vellf:, toutes les in vendons "qui,
comme on. l’a vu, ne fer font développées/que
fucceffi-ÿement, & d’y en avoir ajoute une , qu’dh ,
aeut regard en-comme le complément-? de tout ce
qui refloit à inventer; , en Sorte qu’on peut; dire
que l’art trouve dans ce-monument fan plus haut-
a Sç. qu’il eft fort .à cijaiqdr.e .que, félon.
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la deftinéè de toutes les chofes humaines, il ne-
Soit obligé d’en revenir à la première ébauché
de S. Laurent, hors des murs.
En effet, on a vu comment les chaires ont été -
fucceflivement élevées fur des colonnes, attachées
à des piliers , fufpendues en l’àir ; comment leurs
couronnemens en port-à-faux ont fuivi la même
pratique ; comment ces coffres faillans, léurs couvercles,
leurs efcaliers incoliérens avec la conf-
truélion, mafquent & gênent, l’intérieur des temples.
Tl ne reftoit plus qu’à imaginer de fufpendre
en l’àir avec le coffre & fa couverture, les efcaliers
collatéraux eux-mêmes, afin, qu’il ne refiât,
plus rien de- cette groffîêre vraifemblance, indigne
de là fupériorité des reffources modernes. Sans
. parler donc de la manière toiit-à-fait neuve , d’ob-
ftruer parce petit château arabefque toute l’étendue
d’une arcade , ni du goût de décoration bien ^ro-
' portionné à là grandeur de l’idée, & qui pourroit
figurer jufques fur.un fur-tout de deffert, je penfe
qu’il faut défefpérer dé rien imaginer de plus en
fait de chaire d’églife. Je le dis rrès-férieufement
aux artifies, & d’après cela je vais continuer de
faire voir comment on peut fe confoler de n’avoir
plus de. conquête à'faire en ce genre d’invention ;
comment, avec-un peu. de bpn_fens, on peut fe
paffer d’avoir tant d’efprit, & comment fur-tout'
on y parviendra , en confultant les convenances
qu’exigent les différens genres d’églifes pour ia
forme ou ia difpofition des chaires.
Celui qui eft chargé de confiruire-, dans les édi*
ffc.es Sacrés , ces tribunes de prédication, aura foin
ayant tout d’interroger le genre de çonfiruéiion
du lieu ..au quel il doit les adapter. Si l’éghfe efi
formée par.des murs fans piliers ni; colonnes, la
chaire pourra fe confiruire à demeure, de quelque
matière qu’on la fa fie. Si les murs dei’églifë font
ornes de niches, celle du milieu fera Ja- place naturelle
qu’il faudra choifir. C’eft ainfi que la chaire
efi..difpofé.e placée, dans l’Oratoire de S. Philippe
de NérL à .Rome^. dont l’intérieur efi du
genre dont, on parle. Cette chaire n’efi qu’un-ou-
vrage de menuiferie ; mais elle,eft à citer encore
pour, modèle de ce.qu’on peut faire à peu defraift
Sa forme, efi la même que celle de Saint-Laurent
hors, des murs ;. .& fans répéter-ici ce qui en a
déjà été dit.., on. obfervera qu’exigeant une devanture,
&■ : un embafement affez. confidérable -, ce
genre..-convient particuliérement. à ,1’efpéce d’édifice
dont .il. s’agit.
Les églifes. en arcades Soutenues par des piédroits
, ne devroient point admettre des chaires
dsme conftruftion aufli inamovible. Si■ l-ôn'vdnloit
yen confiruire de folides -& de permanentes, je
penfe ; que de. toutes-celles qu’on a décrites-, ce
feroit: toujours-la première efpèce qui y convien-
droit le mieux, fok qu’on les adofsât aux piliers,
foir qq’on-les élevât dans un intervalle d’arcades;
A c$t' égard 3 comme les pilliers ou piédroi ts dei
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feliferclont je parle, font prefqtrê toujours ornés j
dspilaftres , la tribune adoflée à un piédroit mal que
nêceflairement leur partie inférieure , & outre
cela a le défavantage d’embarraffer la nef, Je penie
donc que fa place devroit toujours être dan« le_
milieu d’une arcade-; le peu d’efpace qu-elle y
prendroit ne feroit pas -capable d’en obftruer le
paifage, & cela dégageroit nêceflairement 1 atpect
de l’églife.Quant aux inconvéniens qu’on.pourroit
craindre en plaçant ainfi la chaire dans un y urne,
par rapport aux principes deTacouftique , tout le
monde connoît la manière dont on y remedie dans
Us grandes églifes. ,,
Lorfque des-colonnes forment l ’ordonnance d un
intérieur d’églife, on doit bien moins fe permettre
' encore d’y placer des objets étrangers, des corps
ou maflifs fans rapport-avec elle.-Quelque prix I
que le goût ou la matière, piiiffent donner aux
chaires à'prêcher, on ne fauroit les y introduire
fans ôter à l’enfemble.plus de valeur & de mente,
que de tels détails ne .peuvent en comporter par
eux-mêmes. Je-ne reviens pasfurces comppfiuons
de chaires ridicules, fruit de l’extravagance moderne
Sont j’ai parlé , & dont on âuroit honte
de déshonorer la fimplicité des ordonnances de
colonnes.' Je vais jufqu’à dire qu’en fuppolant
même la meilleure forme poffible , les egltfes a
colonnades rejettent abfolumênt tout ouvrage de
cette nature. On argumenteroit en vain de 1 exemple,
des chaires primitives qu’on a donné pour modèle,
& qui fe trouvent cependant , comme à Saint-
Laurent hors des -murs , placées, en avant -des colonnes
de la nef qu’elles coupent & qu’elles interrompent.
Ge n*e(l pas dans les bafiliques de la
nature de celles-ci,.conilruitqs, comme on le lait ,
par des architeéles' fort ignorans, des débris d’édifices
antiques, qu’il faut aller chercher des maximes
de goûr. Mais comment donc faire les. chaires dans
les temples dont il s’agit ? Ma réponfe efi bien
fimple; La feule manière de les faire, eft de n en
point faire du tout. Je m’explique.
En général , excepté certaines églifes dont la
conflruftion, ainfi qu’on l’a vu , admet avec .beaucoup
de vraifemblance, & très-peu d inconvénient,
des chaires permanentes & inamovibles , prefque
toutes les autres nous obligent de regarder comme
des hors-d’oeuvres de conflruftion & de décoration
, ces corps étrangers à l’une & a l’autre , qui
tout au moins gênent la vue & contrarient le bon
goût de difpofition. Je fuis donc d avis - que torf-
tau’on en conflruit de folides , malgré cet abus ,
on s’attache à leur donner le moins d’importance
poffible, & que ces chaires femblent toujours y
avoir été apportées & pouvoir être remportées
quand on le voudra.' Pour les églifes a colonnes,
je propofe, non pas d’avoir de ces chaires roulantes,
dont la forme .eft toujours vicieufe, mais .que
l’on conflruife, comme cela fe pratique dans plu-
fieurs églifes de Rome St^ de l’Italie , une efirade
avec une devanture ; qu’on orne le tout-d’étoffes,
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& que cêtte tribune portative puiffe s’ajufler^où
fe dècompofer avec la plus grande facilité. Si ion
juge même à propos de la laiffer fubfifier pendant
les temps de l’année plus particulièrement affecles
au miniflère de la prédication, cette-eonflruaion
légère, pofticlie , & de fa nature incohérente avec
le refie de l’édifice, ne fauroit nuire ni à fou
afpeâ, ni à fa difpofition , parce que le fpefta-
teur averti de fon amovibilité, fait oifément abf-
traflion d’un objet que le befoin feul amène-,
& que la ceffation du befoin fait difparoltre.
Que fi malgré tout ce qu’on vient de dire, quelque
architefle toujours épris du genre & de la
compofition des chaires modernes , vouloit encore
fatiguer fon gsnje pour tourmentéf nos yeux-,
je lui confeillerois de ne s’exercer en ce genre
que dans quelques mauvatfes_églifes gothiques,
ou l’on ne craint ni de mafquer les membres de
l’architeéhire , ni de rompre l’harmonie de là difpofition
, ni d’ajouter une irjeptie de plus à toutes
celles qui y font déjà. ^
Mais fi quelqu’un vouloit s’exercer de nouveau
dans le genre de la chaire de S. Sulpice, je lui
confeillerois de tranfporter ailleurs fon talent ;
de s’informer, fi l’on prêche dans les pagodes de
la Chine , & dans ce cas, d’y tranfporter, & le
modèle en queftiôn, & le s imitations quU en vou-
droit faire.
-CHAISE', f. f. ( conflruÈlidn ). Dans l’art delà
diarpenterie, on donne ce nom à un affemblage
compofé de quatre fortes pièces de bois, qui forment
un quarré ou un reâaiigle-, fier vaut à établir
un petit bâtiment de charpente., tel qu’un
clocher o.u un moulin à vent. On conftruit aufli
des chaifes pour exhauffer une grue, lorfqu’il ne_
s’en faut que d’un pied ou deux qu’elle ne puiffe
atteindre à l’endroit ou Ion veut pofer un fardeau.
.
C h a i s e s d e C h oe u r . ( Voy e{ F o r m e d E-
g l i s e .
CHALCEDONIA, ville bâtie, dit-on., parles
habirans de Mégare , quelques années avant celle
de Byfance. Elle fut prife & plufieurs fois détruite,
enfin réparée par Juftinien , qui-lui donna fon nom
& la rendit très-puifiante. Ce n’eft plus aujourd’hui
qu’un village rempli de ruines, parmi lesquelles
on voit un affez beau -refie d’aqueduc
fouterrein.
CHALCIDICUM, Chalciiique. Au mot B a s i l i q
u e j’ai déjà eu l’occafion de parler des chaïùdiquesv
qui faifoient quelquefois partie‘des grands édifices
deflinés à l’exercice de la juftice. Je dis quel-,
quefois , & ce n’eft pas fans deffin : car fi les:
chakidiques étoient, ce que quelques interprètes
ont cru & ont avancé, le lieu de la bafiliqtte,
où fe tenoit le tribunal, Us auroient fait une partie
effentielle & néceffaire du monument-. >
Cependant dans la bafilique qu’il conftruifit à
1 Fano, Vitruve nous décrit le lieu & la forme
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